L'Ode à la liberté [Livre I]
Une énième journée s'écoula. Les jours se ressemblaient, amenuisant l'humeur du jeune Titan, perdant tout espoir sur son sort.
Il vaut mieux prévenir que guérir, disait Livaï.
Allongé dans son lit froid, Eren tentait de se replonger dans sa mémoire, mais rien ne lui revenait. Il n'était vraiment d'aucune aide. La seule scène dont il se rappelait et dont il ne comprenait toujours pas le sens, était son père - seringue en main - pleurant et criant : « Tu dois protéger Armin et Mikasa ».
Son esprit divagua, se demandant comment allait ses camarades. Quel corps armées ont-ils choisis ? Après l'invasion à Trost, il était fort probable que les meilleurs aient intégré les Brigades et les autres la Garnison. À l'exception de Delroy qui n'avait jamais caché son envie de tuer le Titan Cuirassé de ses propres mains.
Un énorme vacarme réveilla Eren de son cauchemar qui se manifestait à répétition.
— HÉ HO ! Y'A QUELQU'UN ?! Hurla une voix d'homme. EST-CE QUE L'ESCOUADE LIVAÏ JOUERAIT À CACHE-CACHE ?!
Cette voix... Il semblerait l'avoir déjà entendu quelque part. Mais où ? Qui pouvait bien venir d'aussi bon matin ?
Les portes du cachot s'ouvrirent à la volée. Le caporal-chef - toujours d'une bonne humeur massacrante - maugréait dans sa barbe. Trousseau de clé en main, il fit signe à Eren de tendre ses bras. Eren jurerait avoir entendu son chef souffler : « Je vais l'assassiner pour de bon », mais le petit homme continuait à marmonner à voix basse, des mots à peine perceptible.
Enfin libéré de ses chaînes, Eren caressa ses poignets. Après s'être acclimaté du poids des charnières en acier, chaque fois qu'on les lui retiraient, celui lui offrait une sensation des plus bizarres.
— Dépêche toi de te préparer et de manger quelque chose. À partir d'aujourd'hui, avec l'autre taré dans les parages, tu peux dire adieu les vacances.
Comment ça « adieu les vacances » ? En quoi les tâches ménagères étaient une partie de plaisir. Depuis leur venu à l'ancien quartier général, le jeune Titan ne connu aucune pause, excepté pour manger et dormir.
— Oh... et mon dieu, va te laver ! Tu empeste la sueur, continua Livaï la mine dégoûté.
Dans la cuisine, Hanji Zoe - le soldat qui l'avait escorté à l'audience - bondit de sa chaise en voyant le jeune Titan arrivé. Il s'empressa d'aller le saluer. Moblit, son lieutenant l'accompagnait. Ils n'étaient pas seul. Une jeune fille était également présente. Elle portait encore la veste des Brigades d'Entrainement. Sa tête ne lui revenait pas, elle ne devait pas appartenir à la section Sud. Qui était-elle ? Que faisait-elle ici ?
— Qu'est ce qui t'as pris tout ce temps le binoclard ? Ça ne te ressemble pas d'être en retard pour une affaire de cette envergure, bougonna le caporal chef.
— Oui, ria Hanji. Je ne tiens plus en place ! Erwin m'a confié une autre mission avant de venir ici. J'ai péché une autre perle rare. D'où mon petit détour. Voici Æsma !
Alors qu'Hanji faisait les présentation, Eren remarqua des expressions divers et variés se dessiner sur la jeune fille. Alors qu'elle paraissait timide face aux subalternes du Caporal, elle rougissait quand elle observait - les étoiles pleins les yeux - le chef d'escouade, tantôt la colère et le dégoût s'emparait d'elle quand elle fixait Livaï. Pour une raison inconnu, elle semblait déjà la haïr de tout son cœur.
Or quand elle regardait le jeune Titan, elle fronçait les sourcils méfiante. Elle devait donc être au courant de l'affaire. Cela n'enchantait guère Eren, qui sentait le malaise s'installer entre eux.
— D'ailleurs Livaï, j'aimerais te parler seul à seul. Ne t'inquiète pas Eren, après je m'occupe de toi. Je t'expliquerais tout en détail en temps et en heure.
Les deux chefs d'escouades s'échangèrent un regard entendu, tout en restant interdit. Intrigué, Eren se posait beaucoup de questions. Il n'était pas seul à être interloqué.
Eren salua Moblit.
— Qu'est-ce qui vous amène ici ?
— Et bien, nous faisons partie du Bataillon. Cependant notre équipe est en charge des recherches. Comme tu peux t'en douter, notre travail consiste à en apprendre plus sur les Titans. Hanji se fera un plaisir d'approfondir le sujet avec toi.
Le lieutenant Berner sortit une montre à gousset de sa veste.
— Désolé Eren, ça m'aurait fait plaisir de discuter avec toi, mais j'ai encore des choses à faire de mon côté.
Moblit se tourna vers la nouvelle recrue, qui - le regard vide - était perdue dans ses pensées
— Æsma, je te laisse avec Eren. Vu que vous allez travailler ensemble pour un bon mois, c'est l'occasion de faire plus ample connaissance.
De près, Eren remarqua qu'Æsma arboraient deux pupilles vertes aussi clair que l'herbe au printemps. Le sondant encore, il détourna les yeux agacé et gêné. Il ne pouvait pas lui en vouloir d'être sur ses gardes, mais c'était pour avoir une version de Jean au féminin, non merci. Mais la question qui le taraudait le plus : Pourquoi ? Les recrues étaient sensées achever leur formation sans exception. Puis pourquoi se joignait-elle au Bataillon d'Exploration ?
Moblit le fit revenir à la réalité.
— Profitez du peu de temps qu'il vous reste. Nous allons bientôt nous attaquer au choses sérieuses.
Alors qu'il faisait la visite du château, l'ambiance n'avait pas changé d'un iota, amplifiant la gêne entre les deux adolescents. La jeune fille discutait peu, ne répondant aux questions par un oui ou non, ou tout simplement par un hochement de tête. Aussi discrète soit-elle, Eren savait très bien qu'elle le jugeait depuis le début, mais il était incapable de déchiffrer le fond de sa pensée.
C'était le moment d'en avoir le cœur net. Sur le chemin sableux, où ils étaient entouré d'herbes ornés de pâquerettes et de coquelicot, envahit par les pissenlits dont les tiges voilés étaient prêtent le prendre leur envole, ainsi l'odeur du chèvrefeuille chatouillèrent leur narine, Eren se stoppa net sur le chemin sableur pour affronter en face à face son interlocutrice.
— Je peux savoir pourquoi tu me regardes comme ça ? Demanda-t-il agacé.
La bouche ouverte, les yeux écarquillés, la blondinette baissa les yeux aussitôt. Ses joues se teintèrent légèrement, soudainement embarrassés par la situation. Elle esquissa un petit sourire timide.
— Je suis désolée, ce n'était pas mon intention, s'exclama-t-elle enfin.
Le visage cramoisi, Æsma gesticulait dans tout les sens, cherchant ses mots. Elle finit par se mordiller la lèvre inférieur.
— Hanji m'a raconté ce qu'il s'était passé. L'attaque, le procès... Je ne m'attendais pas à tout ça et j'ignorais ce qui allait m'attendre ici.
Elle se gratta le côté droit de son crâne.
— Je dois t'avouer que ta présence me fascine tout autant qu'elle m'intimide, dit-elle tout essoufflée.
C'était au tour d'Eren d'être surpris. L'honnêteté de la jeune fille déconcerta le brun, ou serait-ce dû à ce sourire aussi maladroit que timide qu'elle lui offrait ? Elle ressemblait à cet enfant qui n'osait pas quémander son goûter par peur des représailles. Lui qui croyait être le seul à être déstabilisé.
Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle devait être vachement douée pour une conscrit. Aussi doué que Mikasa. Sinon pourquoi serait-elle ici ? Sa curiosité prenait peu à peu le dessus.
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À la fin du repas, Eren eut le malheur de s'intéresser aux travaux du chef Zoe. Hanji narrait ses anecdotes dans les moindres détails. Bien que fascinant, il regrettait légèrement, comprenant pourquoi les autres soldats avaient fui. Il ne pensait à une seule et unique chose : son lit.
Alors que le chef d'escouade de recherche terminait enfin, Moblit, accompagné du reste des subalternes - Abel, Keiji et Nifa - rentraient dans la pièce en panique.
— Chef Hanji ! Les Titans... Les Titans ont été tués !
Les deux Titans capturés à Trost, avaient été éliminé. Après s'être battu becs et ongles, ses plans auront été anéanti en une fraction de seconde. Les espoirs d'Hanji éclatèrent en milles morceaux. Meurtri pas ce terrible évènement, Hanji Zoe hurlait de douleur et de désespoir face à la mort de Sawney et Bean. Oui, il avait donné des prénom à chacun d'entre eux au grand damn de ses collègues. Le pauvre homme.
De nouvelles rumeurs courraient. Quelqu'un se serait chargé de tuer les Titans pendant la nuit, avec l'aide de l'équipement tridimensionnel.
Le Major Erwin, également présent sur la scène de crime, analysait l'environnement dans le moindre de ses détails. Il vînt même interroger Eren.
— D'après toi, qui est notre ennemi ? L'interrogea-t-il.
Le jeune Titan ne comprenait absolument pas le sens de cette question. Comment ça un ennemi ? À qui - ou à quoi - faisait-il référence ? Tout ce qu'observait Eren, c'est qu'un soldat, dicté par la peur, à préféré supprimé les deux Titans. Il continuait de suivre du regard le Major qui allait de soldat en soldat. Æsma paraissait tout aussi troublée.
Erwin Smith ordonna de passé au cribles tous les soldats présents à Trost, ainsi que toutes les nouvelles recrues. En attendant de trouver le coupable, de leur côté, l'escouade tactique et de recherche débuteront les expériences dans quelque jour.
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Cinq jours s'enchaînèrent. Sans succès. Eren ne progressait pas d'un iota. Le garçon se mordait la main de milles et une façons, mais il se transformait à peine, voir pas du tout. Seul le buste apparaissait, ou parfois c'était un bras ou un jambe.
Encore aujourd'hui, les résultats étaient catastrophique. Malgré tout ses échecs, le chef Zoe restait enthousiaste, s'émerveillant à la moindre partie du corps de son Titan. Il griffonnait et annotait tout ce qui entrevoyait de la transformation.
De la vapeur chaude émanait de la carcasse. Préalablement muni d'une veste et de gants, Æsma aida Eren à s'extraire du Titan. À chaque essaie, le jeune homme se sentait de plus en plus épuisé.
Prêt à fondre en larme, après cet tentative ratée, Eren préférait ne rien laisser paraître devant sa nouvelle camarde. Il devait se montrer plus fort et plus courageux.
Æsma pris soin de bandés ses mains pleines de sang. En temps normal, son pouvoir de Titan lui permettait de cicatriser rapidement, mais la régénération avait cessé de fonctionner.
— Il faudrait qu'on stoppe les tests pendant quelque jour souffla Æsma.
Est-ce qu'elle s'inquiète ou est-elle simplement déçu ? Se questionna Eren.
— Quoi ?! Mais non ! répliqua-t-il.
— On a pas le choix. Regarde ta main Eren ! Dit-elle.
La blondinette agrippa la main du brun pour lui montrer l'étendu des dégâts.
— Tes blessures mettent de plus en plus de temps à guérir. Tu es à cours d'énergie ! Rétorqua-t-elle. Je vais dire à Hanji que tu as besoin de te reposer. Ce n'est pas bon de se préciser dans ton état.
Ils ne se connaissaient que depuis quelques jours et cette fille se souciait déjà de lui. Eren se sentait déjà proche d'elle. En plus, elle ne le considérait pas comme un bébé, contrairement à Mikasa. Peut-être était-ce dû à un rêve partagé ? En tout cas, cela était bénéfique pour que cette relation évolue rapidement et dans le bon terme. Aux yeux d'Eren, cette fille n'était pas comme les autres. Comme Annie, mais encore différente.
Hanji acceptait - sans trop broncher - d'arrêter les expériences pour aujourd'hui : « C'est l'heure de manger de tout manière » murmurait-il la mine boudeuse.
Le chef Zoe pouvait se montrer bien plus têtu que le chef Livaï.
Après mûre réflexion, Eren constata que la majorité des soldats du Bataillon étaient quasiment tous cinglés. Auruo se mordait la langue un nombre incalculable de fois... Hansi, un fou amoureux des Titans... Et Livaï, bien qu'énigmatique, était un grand maniaque de la propreté. Le plus marquant était son étrange façon de boire le thé.
Le jeune Titan essayait de tenir sa cuillère, mais sa main tremblait. Force était de constater qu'Æsma avait raison. Il avait trop forcé. La cuillère tomba. La frustration était à son comble. Le garçon se baissa pour ramasser la cuillère, rentrant dans un colère noir, s'insultant de tous les noms.
Brusquement des éclairs jaillirent du sol.