Avant que tu ne changes: Akashi X reader
Quand elle arriva enfin chez elle, le calme de son petit appartement lui sauta au visage. Elle poussa la porte lentement, comme si le silence à l'intérieur pouvait lui hurler quelque chose. Elle déposa ses chaussures dans l'entrée, laissa tomber son sac comme un poids qu'elle traînait depuis trop longtemps, et s'adossa un instant contre le mur, les yeux fermés.
Elle respirait l'air de Kyoto, mais elle ne se sentait pas encore vraiment chez elle.
Ses parents étaient restés en France. Par choix, par nécessité. Ils lui avaient fait confiance, lui avaient dit qu'elle était assez forte pour vivre seule. Et elle l'était. Elle l'avait toujours été. Mais ce soir-là, dans le silence de cet appartement encore trop neuf, elle aurait voulu qu'on l'accueille avec des bras ouverts, un regard tendre, une voix familière. Quelque chose. Quelqu'un.
Elle se redressa, alluma une petite lampe dans le coin du salon. Pas question de rester dans l'obscurité, même si elle lui ressemblait un peu ce soir. Elle attrapa une bouteille d'eau dans la cuisine, ouvrit la baie vitrée qui donnait sur le petit balcon, et s'y installa. Le vent du soir soufflait doucement, tiède. Elle observa la ville, les lumières qui s'allumaient peu à peu, les passants en contrebas qui vivaient leur vie comme si rien n'avait changé.
Mais pour elle, tout avait changé aujourd'hui.
Akashi.
Elle porta la main à sa poitrine. Le pendentif était toujours là, suspendu à une fine chaîne dorée. Une étoile stylisée, lisse au toucher. Il le lui avait offert peu avant son départ. Un cadeau sans mots, comme tout entre eux à l'époque. Plein de choses tues, mais ressenties avec une intensité folle pour leur âge.
Elle ferma les yeux.
Sa voix à lui, dans sa tête, résonnait encore avec une étrange clarté. Ce souvenir était si net qu'il lui serra le cœur.
Elle avait tenu sa promesse.
Elle revoyait ses yeux, tout à l'heure dans le couloir. Il ne l'avait pas ignorée. Il l'avait regardée. Longuement. Mais son visage était resté figé, impassible, comme s'il portait un masque taillé sur mesure. Et ce n'était pas un simple masque de politesse. C'était une armure. Une barrière invisible.
Elle se leva et retourna à l'intérieur. Son sac était resté au sol, grand ouvert. Elle s'accroupit, en sortit son emploi du temps et le fixa un moment. Littérature, demain. Même classe que lui. Ils allaient devoir se croiser. Se parler, peut-être. Elle n'était pas prête. Mais elle le ferait quand même.
Elle se releva, s'étira un peu, et alla s'affaler sur le canapé. La fatigue de la journée commençait à peser lourd sur ses épaules, mais ses pensées étaient trop vives pour lui permettre de dormir. Alors elle alluma la télé, mit un fond sonore, n'importe quoi. Juste pour ne pas penser.
Mais ça ne marchait pas.
Parce que sous le bruit de la télé, derrière l'apparence d'un retour normal au Japon, il y avait ce nom qui battait comme un second cœur dans sa poitrine : Seijuro.
Et elle savait, au fond, que ce n'était que le début.
Ellipse de la nuit
Le lendemain matin, elle se réveilla après une nuit agitée, le sommeil morcelé par des souvenirs flous, des fragments de voix, des regards qui s'entrechoquaient dans sa tête. Elle s'assit au bord du lit, les cheveux en bataille, le soleil de Kyoto filtrant doucement à travers les rideaux.
Elle resta là quelques minutes, les coudes sur les genoux, le regard vide. Elle pensait à lui. Encore.
Ça suffit... murmura-t-elle, presque pour se convaincre elle-même.
Elle se leva, traîna les pieds jusqu'à la salle de bain, et s'observa dans le miroir. Ses traits tirés, ses yeux fatigués. Pas seulement par le manque de sommeil, mais par ce poids qu'elle s'était remise sur les épaules depuis la veille.
Pourquoi devait-elle être la seule à ressentir quelque chose ?
Pourquoi devrait-elle raviver un passé que lui-même semblait vouloir enterrer ?
Il n'avait rien dit. Rien montré. Rien fait.
Elle se mordilla la lèvre, les doigts crispés sur le rebord du lavabo.
Très bien... souffla-t-elle, le ton un peu plus ferme cette fois. S'il veut faire comme si de rien n'était, alors moi aussi.
Elle releva le menton, croisa son propre regard dans la glace. Il y avait une détermination nouvelle dans ses yeux, un éclat qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps.
Je ne suis plus une gamine.
Si Seijuro Akashi voulait ignorer leur passé, alors elle ferait de même. Elle n'allait pas courir après quelqu'un qui lui tournait le dos. Même si une part d'elle hurlait l'inverse. Elle s'habilla soigneusement ce jour-là. Pas pour lui. Pour elle.
Elle prit le temps de déjeuner, rangea un peu son appartement, relut ses cours de la veille. Tout pour garder l'esprit occupé. Contrôlé.
Et quand elle sortit enfin, sac sur l'épaule, elle avait ce même masque que lui. Calme. Froid. Impeccable.
Elle ne le chercherait pas du regard.
Elle ne tenterait pas de lui parler.
Elle allait l'ignorer. Exactement comme lui.
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Chapitre 7 terminé! J'espère qu'il vous aura plus. :)