Romance au championnat du monde de basket
Il était 19h et la joie était de mise dans les douches et les vestiaires du grand complexe sportif, où les japonais venaient de gagner leur match contre les espagnols. Malgré le talent de chacun, il fallait avouer que jouer dans un tel contexte n’avait rien à voir avec les matchs du lycée. Pour Midorima et Takao, qui devaient cacher leur relation intime récente, se voir vêtus de leur simple serviette autour de leurs tailles joliment dessinées de muscles saillants, était un véritable calvaire pour leurs hormones en soudaine ébullition. Ils gardaient cependant une attitude détachée.
« Hey les gars ! Vous vous rendez compte ? On a battu si facilement les Espagnols ! s’écria Takao. Mon petit Shin, tes paniers étaient tous extras comme d’habitude !
— Evidemment, tu sais que je mets toujours toutes les chances de mon côté. Puis avec mon objet porte bonheur, ça ne pouvait pas en être autrement, répondit-il naturellement en contemplant et caressant pensivement ledit objet.
— Une pipe…, vraiment ? »
Takao était tout émoustillé par les gestes de son amant secret, dont il n’arrivait pas à détacher son regard. Midorima sortit de ses pensées coquines et jeta un regard entendu au brun avant de reposer son objet au-dessus de son casier pour pouvoir s’habiller.
« Raaah ! C’était trop facile ! bouda Aomine. Mais j’avoue que toute cette ambiance était appréciable !
— Ne t’inquiète pas ! Le niveau va monter crescendo tu verras, le rassura Akashi.
— Hey ! C’est Kagami qui joue le prochain match ! s’exclama Kise. Ça vous dit qu’on y assiste ?
— Pourquoi pas… Ça sera l’occasion de voir ce que les Etats-Unis ont dans le ventre, accepta le capitaine aux cheveux flamboyants.
— J’ai un rendez-vous pour un soin des mains dans moins d’une heure, dit Midorima catégorique. Je vais donc rentrer à l’hôtel, conclut-il en jetant un regard en coin à son compagnon secret.
— Quoi ? Il y a ce genre de service à l’hôtel ! Avec spa et tout ? s’étonna Takao.
— Probablement oui…
— Alors je viens avec toi !
— Hmmm… Je vais venir aussi ! »
C’était la voix de Reo Mibuchi qui, ayant jeté son dévolu sur Takao, eut soudainement envie de partager un spa avec lui. Midorima fut agacé par cette auto-invitation intempestive car ce rendez-vous était un prétexte pour passer du temps seul avec son petit ami. Cet énergumène venait de tout gâcher.
« Puis ça sera l’occasion de faire plus ample connaissance ! Après-tout nous sommes tous les deux remplaçants dans la même équipe hein ? ajouta encore Mibuchi en adressant en plus un clin d’œil à Takao, qui ne savait plus où se mettre tellement il était gêné. »
Midorima fulminait de rage intérieurement. Pour les autres membres de l’équipe, une telle intervention de l’ancien joueur de Rakuzan n’étonna personne puisqu’il ne se cachait pas de son homosexualité. Tout le monde dans le vestiaire se demandait néanmoins, à présent, pourquoi il avait jeté son dévolu sur Takao, sauf Hayama et Akashi qui, eux, étaient au courant. Cette interrogation ne dura pas longtemps : les trois concernés finirent par partir, tandis que le reste de l’équipe se rendait dans les tribunes.
L’atmosphère était encore plus phénoménale maintenant que c’était l’équipe des Etats-Unis qui jouait. En même temps, c’était clairement eux les favoris puisqu’ils détenaient le plus beau palmarès du basket international avec quinze médailles d’or olympiques et cinq titres de champions du monde. Le fait que Kagami ait réussi à intégrer une équipe aussi prestigieuse rendait vert de jalousie Aomine, qui faisait semblant d’avoir accepté à contrecœur de regarder le match. Ils choisirent la tribune réservée aux proches et aux participants du championnat.
Le match avait déjà commencé et les américains venaient de marquer onze points contre six pour les allemands et les paniers s’enchaînaient à une vitesse impressionnante de part et d’autre du terrain. A chaque panier, des hurlements et gémissements féminins se faisait entendre à quelques sièges des japonais qui venaient de s’installer.
« Oh bin il manquait plus que les groupies tien…, dit démoralisé Murasakibara qui avait déjà la tête comme un ballon. Franchement Tatsuya, que tu veuilles voir Kagami jouer ok, mais tu peux m’expliquer ce que je fais là moi ?
— Tu es celui avec qui je m’entends le mieux ici, dit simplement Himuro. Tiens, je t’ai pris tes trois assortiments de chips préféré ! »
Le beau brun à l’œil caché tendit sous le nez du géant aux cheveux violets les sachets. Murasakibara prit un air satisfait et s’assit pour grignoter. Aomine, Kuroko, Momoi et Kise s’assirent à leur tour, ainsi qu’Hayama, Akashi et Imayoshi. Le coach était rentré à l’hôtel avec Midorima, Takao et Mibuchi, en laissant le soin aux autres jeunes de se débrouiller pour rentrer.
Aomine ne lâchait pas Kagami des yeux scrutant le moindre de ses faits et gestes même s’il savait que lui non plus n’allait pas montrer tout son potentiel lors de ce premier match. Quelque chose lui sauta cependant immédiatement aux yeux : les américains adoptaient un style de jeu semblable à du breakdance plutôt qu’à du basketball. La plupart des mouvements étaient du passement de jambes, des tours sur eux-mêmes et des figures acrobatiques tout en faisant circuler le ballon sur tous les endroits possible et imaginable du corps.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda, ahuri, Aomine.
— Du Street-basket ? proposa Kise tout aussi étonné.
— Non… C’est du break dance, intervint Himuro.
— Quoi ? C’est encore de la danse ça ! critiqua le bronzé.
— Ça ressemble à du Street Basket, mais les mouvements sont coordonnés avec une musique inaudible. Du coup ça crée un rythme dansant auquel ne sont pas habitués les joueurs de basket basique.
— C’est fascinant, admit Akashi. C’est comme les filles qui avaient allié le basket à de la gymnastique. Les allemands sont totalement dépassés.
— Kagami est très doué et a vraiment le rythme dans la peau ! releva Momoi.
— C’est vrai que c’est étonnant lui qui est tellement bourru, ajouta Kuroko.
— Oui ! Quand on était jeune, à côté du basket, il s’improvisait danseur de break dance. Je l’ai surpris en flague une fois mais il a toujours refusé de l’admettre. En même temps il n’était pas trop doué je dois l’admettre. »
Il rit de bon cœur entraînant la moquerie de ses coéquipiers. Himuro venait malencontreusement de lâcher un sacré dossier sur Kagami.
« En tout cas il a l’air de s’être amélioré depuis ! Je trouve ça très beau à voir ! ajouta Momoi admirative.
— Oui. Je me demande depuis combien de temps il s’est entraîné, dit Himuro.
— Il va falloir qu’on se méfie de leur technique et trouver un moyen de contrer ce genre de mouvements, intervint inquiet Imayoshi. Pour le moment il n’y aurait qu’Aomine avec ses notions de Street qui pourrait éventuellement le faire.
— C’est même évident ! assura Aomine. »
Une action fulgurante scotcha les joueurs japonais à leur siège. Le meneur, l’ailier et l’arrière américain, avancèrent en ligne diagonale tout en faisant glisser le ballon le long de leur bras. Ainsi, arrivée à l’extrémité de leur main, la balle passait au voisin. Cela avait pour effet de changer clairement la trajectoire du ballon, ce sui empêchait les allemands de l’intercepter. Ils avancèrent comme cela jusqu’à la ligne médiane. Puis soudain, Kagami monta au créneau avec le ballon alors qu’on aurait dit qu’il était encore dans l’action des trois joueurs. Ce fut ainsi que Kagami, à l’aide de mouvements de corps saccadés ainsi que de quelques acrobaties, se hissa de sa superbe détente jusqu’au panier pour dunker.
Les japonais n’en revenaient pas. Aomine était plus que satisfait car cet exploit que Kagami venait d’accomplir signifiait que leur rencontre promettait d’être fort intéressante. Il exulta alors de plaisir. Puis soudain, des cris plus soutenus que les précédents lui cassèrent littéralement les oreilles. Il se retourna en direction des filles qui étaient à l’origine d’un tel boucan et il reconnut immédiatement Alicia, venue assister au match avec deux de ses coéquipières.
La première réaction du garçon fut d’être outré de voir que tout ce vacarme était causé par seulement trois filles. Ensuite, ce fut la tenue d’Alicia qui l’interpela : habillée d’un joli top décolleté rouge et d’une jupe en jean qui lui arrivait à mi-cuisse en plus du maquillage, elle était clairement plus féminine que ce qu’il avait vu jusqu’à maintenant, et cela lui confirma qu’Alicia était vraiment une très jolie fille. Ses longs cheveux châtains, tombaient en boucles délicates sur ses épaules jusqu’à sa poitrine et était attaché à l'arrière de sa tête par une pince laissant tomber quelques boucles sur les côtés de son visage. Une chose l’agaça cependant : elle souriait à outrance et était clairement en pleine admiration devant les prouesses de Kagami. Il se concentra alors de nouveau sur le match cherchant un moyen de l’aborder.
Quand la mi-temps sonna, Aomine ne loupa pas le départ d’Alicia des tribunes qu’il suivit aussitôt, en prétextant qu’il devait aller aux toilettes. Il marcha le long du couloir blindé de monde à la recherche de la jeune fille, qu’il avait perdu de vue, quand il remarqua qu’un de ses lacets était défait. Il s’accroupit pour le rattacher quand quelqu’un trébucha clairement sur lui.
Costaud comme il était, il ne bougea pas mais il sentit un corps s’appuyer sur lui. Instinctivement, il fit un pas de côté pour se relever tout en retenant la personne qui tombait, en positionnant un bras sous son dos pour ensuite l’aider à se relever de sa main libre.
« Mais c’est pas possible de s’arrêter en plein milieu comme ça ! » hurla la personne qui était apparemment une fille.
Aomine ne releva pas puisqu’il ne parlait pas l’anglais. Sans lâcher sa prise, la jeune fille lui fit face et il reconnut alors Alicia. Satisfait, il énonça d’une voix suave :
« Alors ? On ne regarde pas où on va ? »
Bizarrement, en découvrant son interlocuteur Alicia eut l’air agréablement surprise. D’ailleurs, elle ne chercha pas à se défaire de l’enlacement du bronzé. Ils étaient donc face à face. Aucun des deux ne savait si c’était le contact de leur peau, ou tout simplement leur attirance mutuelle mais chacun de leurs regards en disaient long sur leur désir. La jeune fille balaya machinalement du regard la tenue d’Aomine, constatant que sa chemise bleu marine négligemment déboutonnée au niveau de son cou et sa simple cravate fine, défaite elle aussi, faisaient ressortir ses yeux étirés de la même couleur que son vêtement. Son jean et ses baskets à la mode complétaient ainsi une tenue à la fois décontracte et sexy. Elle revint soudain à la raison et s’écarta du bronzé en s’exclamant :
« Qu’est-ce que tu fais là toi ! Et quelle idée de se poster au sol en plein milieu d’une allée !
— Et quelle idée de ne pas regarder où on met ses pieds !
— Quoi ? Personne ne s’attend à avoir quelqu’un par terre !
— Figure-toi que je refaisais mon lacet !
— Alors tu n’as qu'à te mettre sur le côté !
— Mais c’est à toi de regarder où tu vas !
— Grrr… Tu m’énerves ! »
Pendant que la jeune fille ajustait sa veste et vérifiait qu'elle ne s’était pas salie, Aomine remarqua les escarpins qu’elle portait aux pieds. Plusieurs réflexions apparurent dans sa tête. Pour commencer, il se demanda comment on pouvait marcher avec des engins pareils, ensuite il se dit que c’était très sexy et enfin il réalisa qu’elle s’était peut-être faite mal en trébuchant. Finalement il lui demanda d’une voix adoucie :
« Sinon ça va ? Tu ne t’es pas fait mal ? »
Après un instant de réflexion, Alicia, malgré tout touchée de son attention, descendit également d’un ton pour le remercier.
« On a assisté à votre match avec Taiga, vous avez été excellents ! ajouta-t-elle ensuite.
— Ah bon tu trouves ? Il t’en faut peu pour être impressionnée. Je n’ai même pas pu me donner à fond. Cela-dit, l’ambiance était exaltante ! »
*J’avais oublié que c’était pas la modestie qui l’étouffait celui-là », pensa Alicia irritée.
Elle décida de passer outre pour ajouter :
« Tu es venu voir le match de Taiga ?
— Ouais… Après notre match je n’avais rien d’autre à faire alors…
— En tout cas c’est aussi bien parti pour Taiga ! Je suis contente !
— Par contre cette manie d’inclure de la danse dans du basket ! Vous avez raté vos vocations ou quoi ?
— Avoue que c’est plutôt ingénieux et que ça te dépasse hein ? dit-elle d’un air mutin.
— Tu rigoles ou quoi ? Je suis un As du basket de rue, je te signale. Le breakdance ça ne m’inquiètes pas le moins du monde.
— Taiga aussi a fait du Street basket, et tout ce que je peux dire, c’est que ce que vous avez vu durant cette première mi-temps, n’est pas tout ce dont l’équipe est capable ! »
*Argh… Elle m’énerve à le défendre comme ça… Elle aura vite fait de changer d’avis quand on s’affrontera*, pensa-t-il
« Ouais, ouais, passons… répondit-il, comme s’il s’ennuyait. J’ai envie de pisser ! Tu m’accompagnes aux toilettes ?
— Hein ? Heu oui… *Ami de la poésie bonsoir* », pensa-t-elle en levant les yeux au ciel.
Comme cela faisait plusieurs jours qu’Aomine n’avait pas vu Alicia, depuis leur déjeuner de mardi précisément, il voulut donc naturellement savoir ce qu’elle avait fait. Elle ne répondit pas tout de suite, comme si elle réfléchissait à sa réponse puis finit par expliquer vaguement :
« J’ai dû m’occuper d’une affaire familiale plutôt délicate, rien de bien intéressant et je me suis entrainée aussi ! N’oublie pas qu’on doit de nouveau s’affronter ! Et cette fois, je peux t’assurer que je tiendrai la route ! »
Le bronzé éclata simplement de rire en pensant à l’image d’un petit chat qui voudrait s’attaquer à un énorme félin, ce qui vexa Alicia.
« Arrête de rire ! Tu feras moins le malin quand je te battrai ! insista-t-elle.
— Arrête de me faire rire ! J’ai trop envie de pisser en plus !
— Pfff… Qu’est-ce que tu peux être gamin !
— Bon ok, j’arrête.
— Et toi ? Qu’est-ce que tu as fait ?
— Entraînement, massage, dodo »
Ça avait le mérite d’être clair mais peu importait puisqu’ils arrivaient aux toilettes et se quittèrent donc à l’entrée. Dans le local des WC, Aomine se regarda dans le miroir pour vérifier si ses cheveux étaient bien coiffés, un geste qu’il ne faisait jamais, mais là il était en compagnie d’une fille qui lui plaisait alors c’était différend. En sortant des toilettes, il vit un gars avec son bras accoudé au mur près d'Alicia et leur conversation n’avait pas l’air cordiale. La jeune fille se donnait un air sûr d’elle mais le bronzé voyait qu’elle avait peur. Le mec était clairement plus âgé qu’elle et vêtu d’un costume noir, plutôt classe avec des lunettes de soleils. Ses cheveux noirs étaient gominés vers l'arrière de sa tête. Il était plus baraqué qu’Aomine qui, sans réfléchir pressa néanmoins le pas pour les rejoindre :
« Il y a un problème ? demanda-t-il simplement arrivé à leur hauteur.
— Qui c’est ce japonais ?! Qu’est-ce qu’il veut ? gronda l’homme en anglais. »
Il s’était écarté d’Alicia et dévisageait le bronzé en relevant ses lunettes de soleil d’un air agressif. Aomine ne cilla pas et soutint son regard. Voyant que le bronzé avait du cran, l’homme, à l’allure d’un James Bond, se contenta de sourire sournoisement avant de reporter son attention sur la jeune fille, qui retenait son souffle et priait pour que ça ne dégénère pas. Le bronzé quant à lui resta sur le qui-vive, à l’affut du moindre geste déplacé que l'autre pourrait avoir envers Alicia. Ne semblant pas vouloir se faire remarquer plus que ça, l’homme en costume se contenta de lancer un regard entendu à la jeune fille avant de s’en aller.
« C’était quoi son problème ? demanda aussitôt Aomine. »
Elle resta silencieuse comme si elle cherchait ses mots avant de répondre que ça n’était rien d’important. Juste quelqu’un qui lui avait fait des avances qu’elle avait refusé. Il se contenta de cette réponse avant de rétorquer :
« Je ne comprendrais jamais ces lourdauds qui abordent des filles pour les obliger à faire ce que bon leur semble ! Ils sont vraiment pathétiques ! »
Alicia acquiesça simplement d’un signe de tête tout en étant clairement ailleurs, mais si elle ne voulait pas parler de ce qui la tracassait, ça n’était pas Aomine qui insisterait pour qu’elle se dévoile, car il était un peu pareil et ils ne se connaissaient pas assez pour qu’il se permette une telle intrusion dans sa vie privée. Du coup, il décida de la taquiner afin de la faire réagir.
« Le match va reprendre on y va ? Et essaye de regarder où tu vas cette fois ! »
Il passa alors devant elle, les mains dans les poches de sa veste, avec une démarche nonchalante. Cette réflexion remit tout de suite les idées en place d’Alicia qui ne comptait pas le laisser partir comme ça, elle le rejoint alors d’un pas rapide en s’écriant avec de grands gestes :
« De quoi je me mêle ? Puis tout le monde n’est pas aussi stupide que toi pour s’accroupir en plein milieu d’une foule ! Quand on veut s’arrêter dans une foule pareille on se met sur le côté !
— Bin voyons… dit Aomine d’un ton complètement indifférent. Tu ne voulais pas que je mette un clignotant ou les warnings aussi. »
Il continuait à marcher quand soudain il réalisa qu’elle l’avait traité d’idiot. Se tournant vers elle, prêt à lui hurler dessus, il fut surpris de voir qu’elle s’était arrêtée et regardait le sol prise de soubresauts. Intrigué, il revint vers elle pour voir si ça allait bien. Une fois qu'il fut arrivé à sa hauteur, Alicia releva la tête, les yeux rieurs et éclata de rire.
« Qu’est-ce qu’il t’arrive ? demanda Aomine surpris. »
Il eût pour toute réponse un rire ridicule qui ne cessait de résonner dans ses oreilles, comme le bourdonnement d’un moustique qu’on aurait furieusement envie d’écraser.
« Bon ça va là ! Arrête de rire ! ordonna-t-il un ton plus haut.
— Désolée ! C’est pas toi ! »
Le torse recourbé, plus Alicia essayait de parler, plus son rire était ponctué de couinements, semblables à ceux des cochons, chaque fois qu’elle cherchait à reprendre son souffle. Ce fut cette action, loin d’être glamour, qui fit alors sourire le bronzé. Cette fille si jolie et sexy avait non seulement un sacré tempérament mais en plus de ça, un rire tellement communicatif qu’il en avait oublié qu’elle avait dit qu’il était stupide.
Une annonce retentit soudainement, interrompant immédiatement le rire infernal : « Troisième quart temps ! »
« Vite, faut se dépêcher ! » s’exclama alors Alicia.
Elle ne voulait pas perdre une seule miette du match, alors elle passa devant Aomine, lui attrapa la main et l’entraîna à sa suite. Il n’avait aucune envie de courir mais elle ne lui avait pas laissé le temps de dire quoi que ce soit.
« Mais lâche-moi ! Qu’est-ce que tu fais ! grogna-t-il.
— Dépêche-toi ! Ça a commencé ! »
‘’ Mais pour qui elle se prend celle-là ! râla-t-il dans sa tête. Puis comment elle fait pour aller si vite avec des talons pareils ! Cela-dit, ça lui fait un super fessier… ‘’
Leur arrivée précipitée devant l’entrée, plutôt étroite, de la tribune, coupa Aomine dans ses pensées lubriques lorsqu’ils se cognèrent l’un dans l’autre pour passer en même temps l’accès trop petit pour eux. Bien décidé à avoir l'un comme l'autre le dernier mot, ils insistèrent en se chamaillant jusqu’à ce qu’Aomine laisse finalement Alicia passer. Elle trébucha alors légèrement, se raccrochant à sa main qu’elle lui tenait toujours ce qui lui évita de se rétamer au sol.
« C’est bon on a rien loupé : le score est le même ! » s’écria-t-elle essoufflée et enjouée.
‘’Elle est trop bizarre cette fille… Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez elle ou quoi ? se dit-il à lui-même complètement décontenancé par une telle attitude. Puis pourquoi elle reste plantée là à me tenir la main d’abord ?! ‘’
Cette phrase dite silencieusement l’incita à retirer brusquement sa main de la sienne.
« C’est bon je peux la récupérer ?! s’offusqua-t-il gêné par les regards qui se tournaient vers eux.
— Oh ? Désolée ! » se contenta-t-elle de répondre.
Elle vira soudain rouge comme une tomate avant de lui balancer un léger « A+ » pour regagner sa place un peu plus haut. Ahurit, Aomine ne comprit pas trop ce qu’il venait de se passer. Il rejoint son siège aux côtés de Kuroko et Momoi.
« Tu en as mis du temps, lui dit simplement Kuroko.
— Hein ? Ah ! Euh… Oui, je me suis perdu… Vous avez vu comme il est énorme ce complexe ! Puis tout est écrit en américain, et moi je pige rien à l’anglais alors… »
Ça ne ressemblait pas à Aomine de se justifier autant. En effet, il estimait qu’il n’avait de compte à rendre à personne, alors Kuroko, de son air impassible lui fit remarquer :
« Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Je te trouve bizarre.
— C’est vrai ça ! s’en mêla alors Momoi. Tu as l’air à l’ouest complet !
— Tu sembles avoir de la fièvre…
— Rhaaa ! Mais lâchez-moi bordel ! J’ai couru, j’ai chaud, c’est normal non ?! » cria-t-il »
Il se renfonça dans son siège, les bras croisés et essaya de se concentrer sur le match. Alicia occupa cependant toutes ses pensées jusqu’à ce qu’une superbe action de Kagami, mette tous ses sens de basketteurs en éveil.
Comme on pouvait s’y attendre, l’équipe de Kagami, qui affrontait l’Allemagne, avait mené tout au long du match, qui se termina avec un score de 85 à 60 pour les Etats-Unis. Ce match avait permis à Momoi et Imayoshi de récolter pas mal d’infos, afin de mettre en place un entraînement adéquat. Allier tous ces mouvements de Breakdance comme l’avait fait les américains, les dépassaient totalement, et s’ils devaient les affronter lors du championnat, il allait falloir trouver une solution pour contrer ce genre d’attaque.
La tribune se vida peu à peu pour laisser enfin les japonais accéder à la sortie du gymnase, quand Kuroko reçut un message :
« Je vous ai vu en tribune. On va boire un coup pour fêter ça ? »
Il fit part du message à ses coéquipiers mais tous n’avaient pas envie de sortir. Kise et Hayama qui étaient sur la même longueur d’onde au niveau déconne acceptèrent immédiatement. C’était d’accord aussi pour Kuroko qui voulait trop voir Kagami. Il demanda à Momoi de les accompagner mais elle refusa car elle tenait à rentrer pour tout de suite consigner à l’écrit tout ce qu’elle venait de voir sur le match des américains. Imayoshi lui proposa qu’ils revoient ça ensemble avant d’aller se coucher, ce qu’elle accepta. Akashi était également partant, d’ailleurs il ordonna à Aomine de venir car selon lui, il était temps qu’il laisse de côté ses magasines cochons pour profiter de filles en chair et en os, plutôt que de fantasmer sur des idoles qu’il ne rencontrerait probablement jamais. Comme on ne discute pas les ordres d’Akashi, il avait eu l’idée de trouver l’excuse de ne pas laisser seule Momoi, seulement avec Imayoshi et Murasakibara, qui n’attendait qu’une chose, retrouver sa réserve de bonbons à l’hôtel. Elle était plus qu’entre de bonnes mains, alors il se résigna et accepta. Naturellement, Kiyoshi et Himuro acceptèrent également l’invitation.