Romance au championnat du monde de basket
Chapitre 6 : Retrouvailles et explications
4587 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 23/10/2020 12:03
Le lendemain, le coach Harasawa laissa carte blanche à son équipe pour la matinée. Aomine ne rata pas cette occasion de roupiller quand, vers 9h, quelqu’un toqua à la porte. Dans un grognement il cria un « Quoi ! » et ce fut la voix de Kuroko qui s’éleva :
« Aomine ? Tu peux m’ouvrir s’il te plaît ? J’ai quelque chose à te dire !
— M’en fou ! Reviens plus tard ! cria-t-il de nouveau en enfouissant sa tête dans son oreiller tel un ours qui hiberne dans sa caverne.
— Ça concerne Kagami, insista Kuroko toujours derrière la porte. »
A ces mots, il ne fallut pas plus d’une minute à Aomine pour ouvrir à son coéquipier et l’entrainer de force par le col dans sa chambre en refermant derrière lui.
« Tu aurais pu au moins mettre un pantalon, dit alors Kuroko d’un ton indifférent. Ca n’est pas poli tu sais.
— Oh ça va Tetsu, me saoule pas ! grogna-t-il en obéissant. Qu’est-ce que ta venue a à voir avec Kagami ?
— Il m’a envoyé un message et a demandé qu’on se voit. Alors je me suis dit que tu aimerais le savoir et venir aussi.
— Et pourquoi je voudrais voir cet imbécile heureux ?
— Le fait que tu m’aies ouvert aussi vite à l’annonce de son nom, montre que tu lui portes de l’intérêt.
— Quelqu’un a prononcé le nom de Kagami ? dit Kise qui sortit de la salle de bain simplement vêtu d’une serviette autour de la taille.
— Va t’habiller toi ! grogna Aomine qui lui jeta un coussin à la figure.
— Ok, ok… mais je viens avec vous ! renchérit l’autre de l’intérieur de la salle de bain. »
Kuroko avait raison. Il avait vu juste en pensant qu’Aomine voudrait venir. Le bronzé avait beau le nier, le petit joueur au cheveux bleu cyan savait que son coéquipier respectait beaucoup Kagami pour son talent inégalé au basket. De plus, Aomine n’avait qu’une seule idée en tête : reprendre sa revanche. Cela dit, il était surtout curieux de savoir ce qu’il voulait à Kuroko, car secrètement il était très jaloux de leur amitié.
« Bon ok ! Je viens ! » répondit-il convaincu, en se grattant l’oreille de son petit doigt.
Kise et Aomine, maintenant prêts, descendirent au réfectoire retrouver tous les autres membres de l’équipe, sauf Midorima et Takao qui étaient aux abonnés absents. Himuro, qui prenait son café tranquillement, fut étonné d’entendre la voix de Kuroko derrière lui :
« Tu veux venir voir Kagami avec nous ? »
Il s’étouffa de surprise entraînant ainsi une quinte de toux qu’il dût calmer avec son verre de jus d’orange.
« Taiga m’avait bien dit qu’il fallait avoir le cœur bien accroché avec toi, dit-il en souriant. Il m’a aussi contacté justement. Alicia a dû lui dire qu’on était là. Merci quand même d’avoir pensé à moi.
— De rien. Hey Kiyoshi !
— Hein ? dit le géant qui venait de se servir un café.
— Il aimerait que tu viennes aussi, ajouta Kuroko.
— Ah ! Il avait intérêt à m’inviter sinon il aurait eu affaire à moi, ah ah ! »
Teppei Kiyoshi avait été un des piliers de l’équipe Seirin. Ayant été un des Senpai* de Kagami, il estimait que c’était naturel de lui demander de venir aussi.
« Attends Tetsu ! Je peux venir avec vous ! Ca me fera plaisir de revoir mon petit Kagami.
— Oui si tu veux Momoi.
— Depuis quand c’est ton petit Kagami d’abord ! bougonna Aomine.
— T’occupes, se contenta-t-elle de répondre à l’aide d’une grimace. »
Kagami Taiga, qui avait le même âge que l’ensemble de la « Génération des Miracles », était un jeune homme doté d'une corpulence très développée. Très grand, il dégageait une aura écrasante. D’ailleurs, certains disaient qu'il avait le regard d'un tigre sauvage et qu’il était également doté d’un instinct animal hors-pair, tout comme Aomine.
En fait, lorsque les membres de la « Génération des Miracles » s’étaient séparés à la sortie du collège Teiko, Kuroko s’était retrouvé dans la même équipe que Kagami au lycée Seirin. Au fur et à mesure que l’année s’écoulait, le jeune homme aux cheveux bleu ciel avait compris que celui aux cheveux auburn avait carrément tout d’un joueur de la « Génération des Miracles ». Ainsi il était devenu l’ombre de ce dernier comme il l’avait été pour Aomine plus jeune, et ils avaient gagné ensemble la Winter Cup, balayant par la même occasion chaque équipe de chacun des membres de la « Génération des Miracles ».
Arrivés à destination, le groupe composé d'Aomine, Kise, Kuroko, Momoi, Himuro et Kiyoshi, se rendit à l’adresse indiquée et ne fut pas étonné de voir que le rendez-vous se déroulait sur un terrain de basket en plein cœur du Venice Beach, là où tous les grands joueurs de basket de rue venaient jouer, une véritable référence qui enchanta Aomine dès son arrivée. Le sol du terrain était dans des tons de bleu, situé à côté d’un semblant de tribune taillée dans la pierre et à quelques mètres de la plage et de ses restaurants.
Chacun des joueurs repéra facilement Kagami. Il ne pouvait passer inaperçu puisqu’il était sur le terrain en train de taquiner le ballon avec deux autres joueurs, ou plutôt joueuses, que chacun reconnut aussitôt. C’était Alicia et Virginie, les deux joueuses contre lesquelles ils s’étaient mesurés la veille. Aomine regarda d’un mauvais œil la complicité clairement présente entre la brune et son rival, tandis que Kiyoshi était ravi de voir la jolie rousse. Himuro, lui, eut l’impression d’être projeté une dizaine d’années en arrière. Les voir jouer ensemble lui pinça le cœur rempli soudain d’amertume.
« Eh bien Kagami ! Tu en es réduit à jouer contre des filles tellement tu es mauvais ! cria Aomine.
— Hein ! Qu’est-ce que tu fous là toi ! cria-t-il surpris.
— C’est pas vrai ! Encore lui ! marmonna Alicia irritée par cette réflexion. »
Le regard furieux de Kagami s’estompa aussitôt qu’il vit son ami d’enfance situé un peu plus en retrait, sans penser une seconde à Alicia.
« Tatsuya ! s’exclama-t-il
— Bonjour Taiga ! répondit-il en affichant son plus beau sourire. »
L’émotion naissante, il le checka à l’américaine et le prit dans ses bras, épaule contre épaule. Dans l’accolade, il ne put s’empêcher de lancer un nouveau regard lourd de sens à Alicia plus loin. Ils échangèrent quelques mots en anglais quand une voix semblant sortir de nulle part, les interrompit.
« Salut Kagami ça faisait un bail. »
Pris de frayeur car il ne s’attendait pas à avoir quelqu’un d’autre dans son dos qu’Alicia, il sursauta. D’ailleurs, les filles firent de même puisque qu’un jeune homme s’était immiscé sans qu’elles ne le voient entre eux.
« Putain ! Kuroko ! »
Kagami passa son bras autour de son cou pour coincer la tête du petit jeune homme et lui ébouriffa le crâne avec l’autre main. Kuroko se débattit comme il put jusqu’à ce que Kagami le lâche.
« Je t’ai déjà dit de ne pas me refaire ça ! gronda ensuite la brute mais sans animosité.
— Moi aussi je suis content de te voir Kagami, dit simplement Kuroko qui se massait la tête.
— Eh bien, eh bien ! Ne va pas nous blesser notre cher Kuroko ! Ah ah ! intervint Kiyoshi qui se précipitait les bras ouverts pour enlacer le roux.
— Hey, ça va ! Me serre pas comme ça ! râla-t-il, gêné.
— Oh allez va ! C’est comme ça qu’on salut son vieux Senpai* ? le charria-t-il encore en ébouriffant ses cheveux à son tour. »
Débraillé, Kagami réussit enfin à se libérer de l’étreinte du géant.
« Kuroko ! Je t’ai demandé d’amener Kiyoshi… pas ces deux guignols ! cria-t-il en pointant du doigt Aomine et Kise.
— Quoi ? Répète un peu ? rétorqua Aomine les poings serrés.
— Franchement mon petit Kagami, ça me désole que nous voir ne te fasse pas plaisir, dit le mannequin en faisant la moue.
— Je trouvais juste sympa l’idée de nous retrouver, dit indifféremment Kuroko.
— Argh ! Mon petit Kuroko ! Tu es beaucoup trop sentimental ! se moqua Kise qui passa son bras autour des épaules du petit joueur de basket.
— D’ailleurs qu’est-ce que tu lui veux à Kuroko ? s’empressa de demander Aomine.
— Qu’est-ce que ça peut te faire ! Et toi Kise ne m’appelle pas mon petit !
— Allez les gars ! Ne gâchons pas nos retrouvailles à nous chamailler ! intervint Kise. »
Kuroko demanda alors à Kagami comment il était au courant qu’ils étaient là, et il leur expliqua que c’était son amie Alicia qui le lui avait dit. Il les présenta brièvement. Immédiatement, Aomine se demanda quel fut leur rapport à tous les deux.
« D’ailleurs, la prochaine fois que tu lui parles mal tu auras affaire à moi toi ! ajouta-t-il à l’attention du bronzé.
— Bin voyons… Parce que tu crois que tu me fais peur ?
— C’est bon Taiga ! Je sais me défendre ! intervint Alicia qui planta son regard plein de défi dans celui du bronzé.
— Oh ! Alors comme ça tu as une petite amie ? Sacré Kagami si je m’attendais à ça ! intervint Kise en posant son bras autour de ses épaules. Dommage pour toi mon petit Aomine !
— Fermes-là ! Ca n’est pas ma petite amie ! se défendit-il en repoussant son étreinte. Attends… Comment-ça dommage pour Aomine ?
— T’occupes pas de ça… Il raconte n’importe quoi… »
Et une dispute repartit de plus belle entre les trois protagonistes, laissant les filles derrière complètement pantoises. Le regard d’Alicia s’attarda sur Himuro qui ne voulait pas la regarder. Attristée, elle ne le pensait pas si rancunier. Virginie n’était au courant de rien. Malgré le fait qu’elle ait lié une grande amitié avec Alicia, elle s’était rendu compte que finalement elle ne connaissait pas grand-chose de son passé, et elle voyait clairement le malaise qu’il y avait entre eux pendant que les trois autres se chamaillaient toujours. Elle fut sortie de ses pensées quand Kiyoshi vint vers elle pour la saluer.
« Ah bin on se revoit plus vite que prévu ! lui dit Kiyoshi un grand sourire aux lèvres.
— Oui ! Quelle coïncidence ! dit-elle tout sourire elle aussi. »
Kiyoshi ne se douta pas une seconde, qu’en réalité c’était Virginie qui avait demandé qu’il vienne, car elle avait très envie de le revoir. Kuroko s’interposa comme par magie entre Kagami, Aomine et Kise pour dire de son éternel air simplet :
« C’est vraiment déconcertant toutes ces embrouilles vous ne trouvez pas ?
— Arrête de faire peur à tout le monde toi ! cria Kagami à son attention. »
Cela eut au moins le mérite d’arrêter la dispute jusqu’à ce qu’Aomine défie le roux :
« Bon je commence à m’ennuyer là… Kagami, viens faire quelques paniers ! ordonna Aomine qui s’était emparé de la balle pour aller marquer d’un beau lay-up.
— Ok ! C’est parti ! dit-il exalté en cognant un de ses poing sur son autre main.
— Hey ! Moi aussi je veux affronter mon petit Kagami ! s’exclama Kise.
— Je l’ai défié en premier ! cria Aomine.
— Tu m’as pris de court !
— Et si on jouait tous ensemble ? dit la voix simplette de Kuroko.
— Ouais ! Je prends Kuroko ! commença Kise.
— Non Tetsu viens avec moi, dit Aomine catégorique.
— Quoi ? Mais tu t’entraînes constamment avec lui ! C’est pas juste ! bouda le blond.
— Je ne veux pas vous vexer les gars, mais j’aimerais jouer avec Kagami, intervint le petit jeune homme sans prendre de pincettes. »
Les visages du bronzé et du mannequin se décomposèrent. Déçus, ils comprirent cependant la décision de leur coéquipier qu’on appelait le « joueur fantôme ». Le duel commencerait donc en 2 contre 2, avec Aomine et Kise d’un côté et Kuroko et Kagami de l’autre. Kiyoshi fut un instant déçu qu’aucun de ses anciens coéquipiers ne lui propose de jouer mais il relativisa en se disant qu’après tout il était en très bonne compagnie.
« Je ne sais pas comment le prendre, dit Kiyoshi dans sa langue natale un peu vexé.
— Ne t’inquiète pas mon petit Teppei ! On est là nous ! Hein les filles ? Au fait je m’appelle Momoi Satsuki, enchantée ! ajouta-t-elle en se courbant pour les saluer.
— Qu’est-ce qu’elle a dit ? demanda discrètement Virginie à Alicia.
— Elle s’est juste présentée. Elle s’appelle Momoi Satsuki.
— Franchement, qu’est-ce qu’une si jolie fille fait avec tant de basketteur. Puis elle s’est adressée à Kiyoshi tout à l’heure. Qu’est-ce qu’elle lui a dit ?
— En fait il est dégoûté que les gars ne lui aient pas demandé de jouer et elle a lui a répondu qu’il était en bonne compagnie.
— Hm… réfléchit Virginie. C’est elle la bonne compagnie ? ajouta-t-elle en grimaçant.
— Non elle s’adressait à nous aussi je pense.
— Mouais.
— Bon ! Et toi Himuro ? Pas trop vexé qu’ils jouent sans toi ? demanda le géant.
— Non, je n’avais pas envie de jouer de toute façon. Je vais faire un tour. »
Le grand brun à la frange lissée, leur tourna le dos pour s’éloigner du groupe. Il était hors de question qu’Alicia le laisse partir sans avoir une discussion, alors elle le suivit :
« Attends ! Alicia ! Où tu vas ? la retint Virginie.
— Je dois aller voir Tatsuya. Je t’expliquerais après d’accord ? En attendant, profite de ton géant aux grandes mains ! »
Elle lui fit un clin d’œil et partit rejoindre un de ses deux amis d’enfance. La rousse rit intérieurement face à cette phrase lourde de sens et trouva qu’elle n’avait pas tort. Qu’importe la relation que Kiyoshi avait avec Momoi, elle comptait bien montrer qu’elle était là, alors elle alla s’installer stratégiquement et naturellement s’asseoir à côté du géant basketteur. Heureusement pour elle il parlait anglais, sinon faire connaissance eût été bien compliqué.
Plus loin, Alicia courait après Himuro qui, malgré ses appels, ne s’arrêtait pas. Il se contentait simplement de marcher, faisant comme si de rien n’était. La jeune fille arriva enfin à sa hauteur et l’attrapa brusquement par le bras pour le forcer à s’arrêter.
« Tatsuya s’il te plaît ? » dit doucement Alicia essoufflée.
Le basketteur aux cheveux noir ébène respira profondément avant de faire face à la jeune fille. Son seul œil, gris clair en amande si délicat et découvert de sa longue frange, reflétait à la fois de la tristesse et de la colère. Il détourna aussitôt les yeux quand il vit la peine présente dans ceux d’Alicia qui ne savait pas comment engager la conversation.
« J’ai toujours espéré te revoir un jour tu sais, et je ne pensais pas que tu m’en voudrais encore après autant d’années, commença-t-elle. »
Impassible, Himuro ne daignait pas la regarder ni lui répondre. Alors Alicia insista :
« Je sais que je n’aurais pas dû prendre le parti de Taiga. C’étaient vos histoires et je n’avais pas à m’en mêler. Mais m’en vouloir à ce point, vraiment je ne comprends pas ! On s’appréciait tellement ! »
La voix de la jeune fille se brisa en sanglots et elle n’arriva plus à retenir ses larmes. Elle baissa alors la tête, détestant qu’on la voie pleurer. Touché, Himuro eut beau feindre l’indifférence, il n’aimait pas voir Alicia dans cet état. Il respira un grand coup, sans dire un mot, avant de relever le visage de la jeune fille par le menton à l’aide de son pouce et de son index, afin qu’elle le regarde dans les yeux. Il contempla chaque parcelle du visage d’Alicia et constata qu’elle était encore plus jolie que dans ses souvenirs, qui étaient revenus le frapper de plein fouet. Troublée, Alicia, quant à elle, rougit comme une tomate. Elle constata alors que son regard à la fois franc et doux, ainsi que son léger sourire étaient désarmants.
Lorsqu’ils étaient enfants, Alicia tenait beaucoup à Tatsuya, autant qu’à Taiga, mais jamais elle ne les avait vu comme des amoureux, cela-dit que ça soit en primaire ou au collège, les garçons ne l’intéressaient pas. Aujourd’hui adulte, Alicia connaissait ce qu’était de désirer charnellement une personne et aussi elle savait reconnaitre lorsqu’un homme voulait l’embrasser. Et ce geste tendre que Tatsuya lui adressait, semblait dangereusement dire qu’il allait passer à l’acte.
En effet, Himuro n’était en quelque sorte plus maître de lui-même. Il avait laissé sa colère et sa rancœur de côté dès le moment où il avait vu Alicia pleurer. Contrairement à la jeune fille, Himuro était amoureux d’elle lorsqu’ils étaient jeunes et s’il avait été autant rancunier, c’était parce qu’elle lui avait littéralement brisé en le cœur le jour où, quand il avait frappé Taiga, elle l’avait traité de monstre sans cœur. Bien-sûr, depuis le temps il l’avait oublié. Son amour pour elle s’était estompé au fur et à mesure qu’il côtoyait d’autre filles, mais la revoir, réveilla ses sentiments qu’il avait refoulé avec soin. Selon lui, ce geste qu’il s’apprêtait à accomplir n’avait rien de déplacé. Il approcha donc de plus en plus son visage de celui d’Alicia, qui ne bougeait pas, jusqu’à effleurer les lèvres de celle-ci. Le baiser s’intensifia une fraction de seconde jusqu’à ce qu’Himuro se retire.
Ils restèrent tous deux décontenancés. Un blanc régna un petit laps de temps, jusqu’à ce qu’Alicia devienne furax devant les yeux écarquillés de Tatsuya.
« Tu te fous de moi ! hurla-t-elle. Ca fait plus de dix ans que tu me snobes et là ça te prend l’envie de m’embrasser ! Tu n’as pas répondu à mes appels ! Tu n’as jamais cherché à me revoir ! »
Elle gesticulait dans tous les sens offrant ainsi une scène plutôt comique. Le garçon se contenta de lui sourire bêtement, en attendant qu’elle finisse son cinéma. D’ailleurs, cela eut pour effet de la calmer immédiatement.
« Et ça te fait rire en plus ! bouda-t-elle gênée par la situation.
— Excuse-moi, je ne voulais pas te mettre mal à l’aise, finit-il par dire avec beaucoup de courtoisie.
— Alors qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi tu m’as embrassé ?
— Je ne sais pas. Une envie soudaine, dit-il en haussant les épaules. »
Alicia réfléchit un instant à tout ceci et finit par comprendre l’attitude d’Himuro. Fière de sa théorie, elle s’exclama :
« J’ai compris ! Tu étais amoureux de moi !
— Bravo Sherlock ! se moqua gentiment le jeune homme. Je sais que mon attitude était puérile, reprit-il avec plus de sérieux. Mais est-ce que tu imagines ce que ça fait d’entendre quelqu’un qu’on aime nous traiter de monstre sans cœur ?
— Oui je comprends. Mais je ne le pensais pas. J’avais juste eu peur de voir une telle violence venir de toi. Et j’avais peur pour Taiga aussi ! Tu ne l’avais pas loupé avec ton coup de poing alors qu’il pensait bien faire !
— On ne fait jamais exprès de perdre face à un adversaire. C’était irrespectueux de sa part !
— Oui je sais !
— Cela dit, je comprends que ça t’ait fait peur. Quand on me met réellement en colère, c’est vrai que je peux être violent. Ensuite, si je n’ai pas cherché à te contacter, c’est que je t’avais tout simplement oubliée. »
Le charme venait clairement de se briser. Le visage d’Alicia se décomposa. Qu’il ne fut plus amoureux n’était pas grave, mais qu'il l'eût oubliée la peina grandement. Voyant qu’il l’avait vexé sans le vouloir, Himuro s’excusa et lui expliqua avec de meilleurs mots.
« Ce que je veux dire, c’est que mon cœur avait été brisé à un tel point que je ne voulais vraiment plus entendre parler de toi, ni de Taiga d’ailleurs.
— Oui il m’a raconté comment vous vous étiez revu. Et effectivement, il ne vous est pas une seule fois venu à l’esprit de parler de moi, dit-elle encore déçue.
— Quoiqu’il en soit, si je t’avais oublié c’était pour ne plus souffrir.
— Je comprends… Si j’avais su… On était encore au collège et je ne vivais que pour le basket. Je vous voyais comme mes frères et les amourettes ne m’intéressaient pas le moins du monde. »
La notion de frère était un sujet sensible pour Alicia. Quand elle avait rencontré les deux garçons elle venait de perdre le sien, Jason. Ses yeux s’embuèrent de nouveau à cause de l’émotion. Tatsuya pour détendre l’atmosphère lança une plaisanterie.
« Arrête si tu te mets à pleurer je vais encore devoir t’embrasser !
— Quoi ?! Il en est hors de question ! s’exclama-t-elle outrée.
— C’était si désagréable que ça ? ajouta-t-il soudain avec sérieux.
— C’est pas ça… A vrai dire c’était plutôt agréable… Mais non, ça ne peut pas se faire comme ça ! Pas après toutes ces années !
— Ca va Alicia je rigole ! Je ne t’ai pas demandé en mariage ! dit-il en riant. »
A bien y réfléchir, Himuro comprenait le trouble de la jeune fille. Alors il posa ses mains sur ses épaules, la tourna pour lui faire face et reprit son sérieux en la regardant droit dans les yeux :
« Ecoute, ne tiens pas compte de ce qu’il vient de se passer d’accord ? Te revoir a tout fait remonter d’un seul coup. Te voir en face de moi si triste et vulnérable m’a donné envie de t’embrasser c’est tout. »
Himuro parlait calmement et posément, ce qui rassura Alicia qui n’osait pas le couper.
« Sans compter que tu es encore plus jolie et talentueuse ! ajouta-t-il soudain charmeur.
— Arrête ! s’exclama Alicia en faisant la moue. C’est pas marrant !
— Sérieusement Alicia, on s’est embrassé mais ne t’inquiètes pas. Ca ne veut pas dire qu’on est en couple. Ok ?
— Ok… Mais… Est-ce que tu m’aimes encore ? se risqua-t-elle à demander.
— Hm… Non… répondit-il simplement. Je te l’ai dit c’était juste une envie soudaine dû au contexte de la situation. Tu es trop excentrique.
— Quoi ! Ca veut dire quoi ça ! »
Il repartit sans demander son reste en direction du terrain pour rejoindre les autres.
« Hey ! Attend ! ordonna Alicia qui insistait pour avoir plus d’explications. »
Cette façon qu'il avait de souffler le chaud et le froid l’énervait. Ce fut ainsi en se chamaillant qu’ils regagnèrent le terrain sur lequel se déroulaient les duels.