Les Lumières dans les Ténèbres : La Réalité de la Fée Noire
Il... me manque quelque chose.
Je le sens... et depuis plusieurs années maintenant.
Pour être honnête, je ne pourrais pas exactement décrire ce sentiment. Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'avais l'impression...
...de n'être plus que la moitié de moi-même.
- Maxwell !
La voix de Lydia me fit redescendre sur terre. Ma meilleure amie, en colère, avait élevé la voix, ce qui ne lui ressemblait pas.
- Tu as recommencé.
- Vraiment ?
Elle avait raison. Ça faisait déjà un moment que j'étais dans mes pensées. Je savais qu’elle et moi étions en train de parler quelques instants plus tôt et, d'un coup, j'eus la tête ailleurs. C'est une manie chez moi. Il m'arrive de temps en temps de discuter avec quelqu'un et de me mettre subitement à penser à autre chose. Du coup, j'avais laissé Lydia parler dans le vide. Or elle n’aimait pas ça du tout. Déjà qu’elle ne parlait pas souvent, si en plus on ne l’écoutait pas…
Cela dit... je n'arrêtais de me poser cette question : "Pourquoi avais-je cette impression depuis autant de temps, au juste ?"
En regardant mon amie, je m'aperçus que ses yeux me lançaient à nouveau des éclairs (enfin, son "œil" plutôt : l'autre étant caché par ses cheveux, comme une partie de son visage).
Oh.
J'avais recommencé.
- Désolé, désolé, m'empressai-je d'ajouter. Tu sais bien que je ne le fais pas exprès.
Son expression reprit sa douceur habituelle et elle se remit à observer autour d’elle. Lydia était impressionnée par le vaisseau. Mais ce qui retenait le plus son attention, c'était l'espace. Un lieu infini qui s'étendait sous nos yeux à l'extérieur du cockpit. Nous nous trouvions au centre d'un maelström de couleurs allant du bleu foncé au rose, le tout saupoudré de plus d'étoiles qu'il était possible de compter. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser que Thomas aurait été émerveillé par tout ça s'il avait été avec nous. Et ce, bien plus que nous. Curieux comme il est, ça lui aurait vachement plu.
Lydia pointa un des astres du doigt.
- Et donc, ça c'est...
- Un monde, ouais, répondis-je. Toutes les étoiles, c'est pareil.
- Ouah, laissa-t-elle échapper. C'est juste... incroyable.
- Euh, qu'est-ce qui est incroyable exactement ?
- Tout ça ! Je veux dire, en moins de vingt-quatre heures, des monstres bizarres sortis de nulle part nous attaquent, il y a cette voix de femme qui nous a parlé, Thomas disparait et j'apprends que mon meilleur ami cache un vaisseau spatial dans l'enceinte de notre collège.
Sur ces mots, elle se mit à me fixer. Mais je préférai ne pas croiser son regard.
- Comme je te l'ai dit avant qu'on ne parte, lui rappelai-je, tu sauras tout quand Thomas sera là.
Je détestais cacher des choses à mes amis. Je leur devais la vérité, je le savais, mais... je ne voulais pas les mêler à tout ça. Je pensais ça, mais avec ce qu'ils venaient de vivre... C'était déjà trop tard.
Je sentais le regard insistant de Lydia. Finalement, sentant qu'elle n'obtiendrait pas plus de réponses de ma part, elle reporta son attention sur l'extérieur du vaisseau.
- Mais ce qui me surprends le plus, c'est...
Sa Keyblade apparut au creux de sa main dans une mini-tornade, ne manquant pas de faire pousser à mon amie un petit cri de surprise. Une épée-clef de couleur bleu ciel avec une garde ovale. En guise de lame, elle avait deux longues tiges de tailles différentes - qui semblaient relativement tranchantes - qui se recourbaient au bout. Elle la regardait comme si elle avait encore du mal à croire à ce qui se tenait sous ses yeux.
- Evidemment, dis-je. C'est quoi son nom, déjà ?
- Cyclone du Châtiment, répondit-elle immédiatement.
Sur ces mots, sa Keyblade disparut. Elle resta plusieurs minutes à regarder la main qui tenait son arme quelques instants plus tôt.
- Tu vas t'y habituer, lui ai-je assurée.
Elle m'a lancé un regard perplexe, l'air peu convaincue. Aucun doute, Lydia avait encore pas mal de questions, mais je l'ai vue faire de gros efforts pour se retenir. Je me suis promis de l'aider un maximum une fois à destination. Je ne pensais pas être le mieux placé pour répondre à ses interrogations. Puis, elle a reporté son attention sur les étoiles.
- Sinon, quand est-ce qu'on arrive ? demanda-t-elle.
- Dans une demi-heure, je dirais. S'il n'y a pas de... turbulences.
Lydia fit volte-face. L'inquiétude se lisait sur le peu de son visage que je pouvais voir.
- Quel genre de turbulences ?
Soudain, une ombre passa à côté du vaisseau. Il devait être assez gros car j'eus l'impression qu'il allait nous renverser. Lydia faillit perdre l'équilibre mais parvint à se rétablir à temps.
- Ce genre de turbulences.
- C'est quoi, ça ?! s'écria-t-elle.
J'avais une idée mais j'espérais sincèrement que je me trompais. L'ombre passa devant nous, à quelques mètres à peine avant de disparaitre aussitôt. Il était clair qu'il s'agissait d'une créature. Au début, je croyais qu'elle était juste de passage puis je remarquai que le monstre faisait le tour du vaisseau, comme s'il cherchait à savoir par où il allait attaquer en premier. Quoi qu'il en soit, on devait s'éloigner le plus loin possible de la créature. Et rapidement. Je me tournai vers le tableau de bord. À première vue, il aurait pu faire peur à n'importe quel pilote : il était composé d'une multitude de boutons et de leviers tous repartis de façon équilibrée, sans être trop loin de la chaise du pilote. Devant moi se situait deux leviers, un à droite et un gauche. Le gauche était bleu et permettait de se déplacer dans l'espace tandis que l'autre, rouge, servait pour l'accélération et la décélération. En gros, si je voulais avancer tout droit, je devais pousser les deux leviers vers l'avant par exemple. Et si je voulais juste décoller, je devais laisser le levier bleu droit et seulement pousser le rouge vers l'avant. Vous suivez ?
Le vaisseau fit une autre embardée. On devait agir vite. Le problème, c'est qu'à part ce que je viens de vous dire, je ne savais pas grand-chose de notre moyen de locomotion. Je ne m'en étais pas assez servi.
- Attache ta ceinture, Lydia ! Ça va secouer !
Mon amie s'exécuta. Elle s'assieds sur un siège non loin du mien, boucla ce qui ressemblait à une ceinture et me lança un regard apeuré. Soudain, deux énormes yeux violets apparurent à l'extérieur du cockpit, en face de nous. Le temps parut ralentir pendant que la silhouette de la créature se dessinait petit à petit. Je crus distinguer ce qui ressemblait à des tentacules difformes, aiguisées comme des rasoirs, toutes arqués vers le cockpit. Pas le temps de chercher à savoir ce que nous avions réellement sous les yeux.
La créature allait attaquer.
Heureusement, Lydia me fit revenir à la réalité :
- Maxwell !
Je respirai à fond.
Calme-toi, Maxwell. Paniquer ne t’avancera à rien.
Il me fallut quelques instants, mais je parvins à reprendre mes esprits. Je ne savais pas si le vaisseau disposait d'armes et je manquais d'expérience en tant que pilote. Alors impossible pour moi de savoir à moins d'appuyer sur tous les boutons, et c'était hors de question : je ne voulais pas tenter le diable. Et puis, je ne pensais pas que quelqu'un d'aussi sage que le roi Mickey laisserait un vaisseau spatial blindé d'armes à un gamin. Une seule solution : la fuite. En une fraction de seconde, je tirai le levier de droite vers moi au maximum et nous perdîmes de l'altitude (si on peut dire ça dans la mesure où nous étions l'espace) immédiatement. J'attendis quelques secondes pendant que nous chutions puis, je poussai les deux leviers vers l'avant et nous nous mîmes à foncer à toute vitesse. Malgré la magie qui opérait, je peux vous promettre qu'on la sentait, la vitesse. J'avais l'impression que le vaisseau tremblait tandis que Lydia hurlait non loin de moi. Le problème, c'est que je ne voulais pas piloter le vaisseau gummi à cette vitesse. Et se concentrer à cette allure sans compter qu'une fille criait à mes côtés, ce n'était pas évident. Nous fonçâmes à toute vitesse dans le vide sidéral. Après un moment, mon instinct me dicta de m'arrêter. De ce fait, je tirai le levier de droite vers moi afin de ralentir la vitesse. Une fois que le vaisseau retrouva l'allure que nous avions avant de rencontrer cette chose. J'entendis non loin de moi Lydia pousser un soupir de soulagement.
- Qu'est-ce que… Qu’est-ce que c'était ? me demanda-t-elle.
- Aucune idée, répondis-je. Par contre, tu peux être sûre que cette chose ne nous voulait pas du bien.
Un silence de crainte s'installa entre nous deux. J'avais peur, c'est vrai. Mais je ne devais pas le montrer. Je devais garder mon sang-froid comme je l'avais toujours fait. Maintenant que j'y pense... avais-je vraiment "peur" ? Ou est-ce que... ça y ressemblait juste ?
- Quoi qu'il en soit, après l'accélération que l'on vient de faire, on devrait être à une dizaine de minutes de notre destination.
Lydia me lança un regard lourd de sens. Je savais ce qu'elle allait me dire. Cependant, je ne lui laissai pas le temps de parler :
- Oui, je sais que l'on aurait dû accélérer plus tôt. Mais le souci c'est que je ne contrôle pas encore parfaitement ce vaisseau. Je n’avais pas envie de nous causer un accident.
Mon amie resta silencieuse. Puis nous restâmes là, Lydia admirant les étoiles par le cockpit et moi vérifiant que le vaisseau était en bon état. Plusieurs minutes passèrent sans que l'un d'entre nous ne parle. Je sentais que plus le temps passait, plus Lydia s'impatientait de revoir Thomas : je voyais qu'elle remuait de plus en plus sur son siège en tripotant ses cheveux blonds avec un petit sourire rêveur sur le visage. Bien évidemment, j'étais aussi impatient qu'elle de retrouver notre ami. Même si j'avais une idée de l'endroit où il devait être, j'avoue que j'avais quand même quelques appréhensions. Mickey l'avait-il trouvé ? Allait-il bien ? Je veux dire, d'après Lydia, il s'était fait attaquer par des Ombres et par un Darkside, un géant, ce n'était pas rien quand même.
Au bout d'un moment, Lydia, admirant toujours les mondes, me demanda :
- Euh, Max ? Ces deux étoiles n'ont pas l'air un peu trop proches d'après toi ?
En effet, deux points lumineux côte-à-côte se trouvaient devant le cockpit. Je dis bien devant. C'est alors que l'espace devint un peu plus lumineux. Un éclat violet relativement lointain nous éblouit soudainement, nous permettant de nous apercevoir de ce qui se trouvait en face de nos yeux. Je savais bien que les deux points lumineux que Lydia avait mentionnés plus tôt étaient étranges. En fait, ce n’étaient pas des étoiles. Mais des yeux. Comme ceux que l'on avait vu plus tôt. La lumière qui brillait laissait voir la véritable forme de la créature. Je ne savais pas trop si l'on pouvait parler de "forme". En effet, le monstre ne ressemblait pas à grand-chose. On aurait dit un calamar géant grossièrement dessinée, comme sortie tout droit du dessin d'un enfant de quatre ans. Son corps n'était composé que de tentacules - trop pour que je puisse les compter - de forme incertaine, d'une tête avec des petits yeux violets ainsi que d'un symbole ressemblant étrangement à un petit sceptre au milieu de sa tête. La créature semblait également entourée de ce qui ressemblait à... des flammes vertes.
Nous restâmes muets de terreur. Le monstre nous regardait, parfaitement silencieux. Je commençai à avoir du mal à respirer.
- Maxwell... Qu'est-ce... que c'est... que ça ? demanda Lydia d'une voix tremblante.
Je n'eus pas le temps de lui répondre : dès qu'elle acheva sa phrase, une tentacule s'agita et attaqua en direction du cockpit. Si cette chose brisait la vitre, c'en était fini de nous.
Lydia hurla.
La tentacule tranchante approchait dangereusement.
J'étais terrifié.
Enfin... c'est ce que je croyais.
Je repris mes esprits. Quoique... avais-je vraiment perdu le contrôle ?
Il devait y avoir un moyen de protéger le vaisseau, avec un bouclier ou quelque chose de semblable... C'est alors que je me souvins de ce dont Mickey m'avait parlé il y a longtemps. Ni une ni deux, je posai ma main sur le levier de gauche et j'appuyai sur le bouton qui se trouvait dessus. Tout à coup, le vaisseau se retrouva dans une sphère transparente et le monstre fut projeté en arrière. La protection disparut quelques instants après.
- Un... bouclier ? s'étonna mon amie, ne criant plus à présent.
- On dirait... Maintenant, accroche-toi, je dois le semer !
Lydia se cramponna de toutes ses forces à son siège.
Nous n'étions plus très loin de notre destination mais cette créature posait problème. On devait mettre le turbo si on voulait s'en sortir.
La créature attaqua de nouveau, mais cette fois-ci, je m'y attendais : j'appuyai sur le bouton du levier et le bouclier s'activa encore, nous protégeant une nouvelle fois de la créature. Elle recula légèrement. J'en profitai pour jeter un coup d'œil au peu d'espace de notre champs de vision qu'elle n'occupait pas et je distinguai un château blanc et violet aux toits pointus : notre destination. Nous y étions presque.
- Tiens encore un peu, Lydia !
Elle ne répondit pas, elle avait les yeux rivées sur le monstre. Je suivis son regard et me rendis compte qu'elle fixait les tentacules de la créature. Plus précisément, l'une d'entre elles. Celle-ci s'entourait de flammes vertes brillantes d'un éclat dangereux. Puis, la créature arma sa tentacule en direction du cockpit. Je réfléchissais à toute vitesse. Si je laissais ce monstre faire...
Soudain, les flammes disparurent. Le monstre recula tout doucement, nous fixant de ses yeux violets avant de s'éloigner en volant. Je parcourus l'extérieur du regard avant de me rendre compte de la raison de sa fuite : la créature nous avait tellement occupé que je n'avais pas remarqué que nous étions à présent à proximité du monde où l'on devait se rendre. Nous étions arrivés à Disneyville. Je jetai un coup d'œil à Lydia. Malgré les frayeurs qu'elle avait eues, elle souriait. Je savais que nous pensions la même chose :
On arrive, Tom.
Puis, je dirigeai le vaisseau en direction du monde.
Je n'étais moi non plus jamais venu à Disneyville. Ainsi, je fus ébloui par la multitude de couleur. Quand nous survolions la ville, je pouvais juste voir des ballons multicolores qui s'envolaient de temps en temps mais quand nous nous posâmes... c'était une autre histoire. En jetant un œil un peu partout, on pouvait apercevoir une partie de la ville où se trouvaient des stands de glaces, de gâteaux et autres sucreries ou même des stands de jeux et autres amusements en tout genre. Partout, on entendait la foule et des rires. Pendant quelques instants, je parvins même à oublier que nous manquions juste de nous faire tuer par un genre de calmar de l'espace. Et puis, bien sûr, il y avait le château de Mickey, devant lequel nous nous étions posés. Il s'agissait d'une majestueuse forteresse composée de hautes tours colorées en blanc et en violet. Le palais dominait sans conteste la totalité de la ville, attirant irrémédiablement les regards vers lui. Une fois en dehors du vaisseau, Lydia, encore un peu secouée s'exclama :
- Quel monde ! Thomas ne doit pas être en danger dans un endroit comme celui-ci.
Elle marcha un peu autour du vaisseau en regardant partout autour d'elle lorsque son pied heurta un débris... de vaisseau. Cela éveilla quelque peu ma curiosité : qu'est-ce que ça faisait ici ? Toujours était-il que Lydia n'y prêta aucune attention : elle préféra admirer le château. Au passage, je trouvai un peu bizarre le fait qu’aucun garde ne se manifeste. Le roi les avait sans doute prévenus de notre arrivée.
- Où se trouve donc cet ami dont tu m'as parlé ? me demanda Lydia.
- Sans doute à l'intérieur, répondis-je en désignant l'édifice. Mais je ne suis pas absolument sû...
Lydia se précipita à l'intérieur avant même que je ne puisse finir ma phrase.
- Eh ! Attends-moi !
Je me lançai derrière mon amie.
Elle passa par la porte d'entrée - qui, étrangement, était déjà ouverte - et nous traversâmes un long couloir à toute vitesse avant d'arriver à des escaliers en colimaçon. Après les avoir montés, nous arrivâmes devant une porte à deux battants violette haute de plusieurs mètres. Lydia fut la première à s'apercevoir qu'une porte de taille humaine était ouverte en bas à gauche. Sans nous poser de questions, nous passâmes à travers avant de nous retrouver dans une immense salle - assez pour plusieurs centaines de personnes - avec de grandes colonnes blanches de part et d'autre de la salle. Au centre se trouvait un trône - blanc lui aussi - relié à la porte d'entrée par un tapis rouge et or. Non loin de celui-ci se trouvait un petit groupe composé d'adolescents de mon âge environ (voire un peu plus vieux). Tous regardaient avec frayeur la scène qui se passait sous leurs yeux : devant eux - pas très loin de nous - se trouvaient une fille aux cheveux noirs de jais brandissant ce qui me semblaient être une Keyblade en direction d'un garçon brun à l'allure familière au sol. À en juger par sa position, il venait juste de tomber. Des cristaux de glace très aiguisés gravitaient dangereusement autour du garçon. Celui-ci faisait des allers-retours du regard entre la fille et les cristaux, l'air en colère et effrayé en même temps. Il tenta de bouger mais son cou rencontra la pointe d'un cristal. C'est alors que nous comprîmes la situation : le garçon au sol était Thomas.
Et il était sur le point de se faire tuer.