Kingdom Hearts : Will of Past - Tome 1 : Vivre dans le Passé
Chapitre 25 : Sora
Perdu dans l'immensité ténébreuse, Sora errait inlassablement, avançant à tâtons, espérant trouver quelque chose ou quelqu'un, et tâchant de se remémorer comment il avait pu en arriver là.
Le jeune garçon se souvenait avoir été aux commandes du Vaisseau Gummi, accompagné par Terra et Kairi. Ils avaient tous trois aperçu le monde désertique et dénué de vie depuis l'immense baie-vitrée, et donc le châtain s'était empressé d'annoncer la nouvelle à ses autres camarades éparpillés il ne savait où à travers le vaisseau. Puis, il avait annoncé les turbulences liées à l'arrivée dans la stratosphère du monde. Le Vaisseau Gummi avait de ce fait beaucoup tremblé. Puis ils s'étaient posés sur le sol aride, et ensuite... Trou noir. Un peu comme cet endroit dénué de vie !
Sora vit peu à peu une vive lumière apparaître devant lui. De forme circulaire, telle une sphère, cette dernière flottait paisiblement dans l'air, pile face au jeune garçon, comme si elle attendait quelque chose de sa part. Intrigué par cette soudaine apparition, l'Élu leva une main tremblante en direction de cette boule éclatante de pureté, qui dénotait clairement avec le reste de ce lieu sinistre, dans le but de la toucher. Il pensait que quelque chose allait se produire en faisant cela. Son intuition était la bonne. Le bout de son index effleura seulement la surface douce de la sphère que cette dernière se mit soudainement à rayonner, déployant toute sa splendeur, mais aveuglant par la même occasion le jeune garçon. Sora dû mettre deux bras devant son visage pour ne pas se retrouver aveuglé le restant de ses jours à cause de la trop forte luminosité.
Lorsqu'il sentit la chaleur diminuer peu à peu, le jeune Porteur de Keyblade retira lentement ses bras, pour contempler les effets d'un tel rayonnement qui, en son humble avis, ne pouvaient être que de bon augure. Et, en effet, lorsque ses yeux rencontrèrent la silhouette familière, entourée d'une aura douce et bienveillante de Kairi, Sora sut immédiatement que tous ses soucis allaient être en partie réglés : il n'aurait plus à errer dans les Ténèbres seul.
Heureux de retrouver sa meilleure amie, Sora s'élança, bras écartés, dans sa direction, pour l'accueillir d'un puissant câlin réconfortant dont lui seul possédait le secret. Seulement, et à sa plus grande surprise, l'auburn leva une paume dans sa direction, lui ordonnant ainsi de ne plus bouger d'un seul pas, et de ne pas tenter de s'approcher davantage d'elle. Ses sourcils auburn éclatants étaient froncés de frustration, et des flammes de colère brûlaient dans ses pupilles d'ordinaires si calmes. Sora ne put s'empêcher d'ouvrir des grands yeux confus. Jamais il n'avait vu une pareille expression sur le visage de son amie d'enfance. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Lui en voulait-elle de l'avoir laissée seule dans cet amas de Ténèbres ? Lui-même ignorait pourquoi et comment ils se trouvaient coincés ici !
« Kairi, laisse-moi t'expliquer…, tenta-t-il de sa voix la plus sincère.
‑ Non, dit-elle d'une voix dure qu'il ne lui connaissait pas. Tu m'as abandonnée, tu m'as laissée tombée. »
Le jeune garçon ouvrit de nouveau la bouche pour s'expliquer, pour la rassurer, lui dire que lui-même n'avait pas les idées claires concernant leur drôle de situation, mais Kairi prit les devants :
« Riku et toi, vous m'avez trop souvent laissée sur la touche. Mais contrairement à toi, Riku a toujours tenté de me lever le haut, alors que toi… »
Sora vit ses poings se fermer puissamment, sans aucun doute de colère et de frustration.
« Tu ne me laissais jamais faire mes preuves ! explosa-t-elle, les yeux embués de larmes. Regarde où j'en suis maintenant à cause de toi !
‑ Kairi, je t'en prie, laisse-moi te dire que…
‑ NON ! Je n'en ai pas terminé avec toi ! J'ai laissé trop longtemps pour moi les reproches que je gardais au fond de mon cœur, et tout cela a fini par me ronger ! »
Sora se souvint, à cet instant précis, les drôles de confidences qu'avaient eu sa meilleure amie avec Yen Sid à la Tour Mystérieuse. Vanitas avait attisé les Ténèbres en elle. Et donc, tout cela, toute cette énergie ténébreuse alimentée par le double maléfique de Ventus, ce serait… par sa faute ?
« A cause de toi, reprit Kairi sur un ton de plus en plus méprisant, je n'ai pas pu devenir aussi forte que je le souhaitais. Je n'ai pas pu développer des pouvoirs aussi extraordinaires que les tiens ou ceux de Riku. Vous êtes adorés, tous les deux, alors que moi, je ne suis bonne qu'à passer ma vie à attendre derrière vous ! »
Le jeune garçon tomba sur ses genoux, des nues, implorant Kairi de son regard voilé par les larmes de culpabilité de bien vouloir s'arrêter. Oui, elle avait raison. Sur toute la ligne. Il voyait parfaitement où elle voulait en venir. Sora avait toujours pensé que s'il préservait de son possible sa meilleure amie du danger, alors elle serait en sécurité, sans même comprendre que le véritable danger, c'était lui. L'Élu avait créé sans le vouloir une prison artificielle autour de la confiance de la jeune fille, l'empêchant de s'épanouir, et de devenir la Princesse guerrière qu'elle aurait toujours dû être. Des larmes commencèrent à couler le long de ses joues rondes.
« Kairi, je t'en supplie, arrête ! l'implora-t-il en plaquant deux paumes sur ses oreilles, ne supportant plus les remontrances de son amie d'enfance. Je te le jure, je n'ai jamais voulu ça pour toi. Je voulais juste te protéger. Je croyais bien faire. Je m'en veux tellement, si tu savais !
‑ Je suis faible aujourd'hui, et cela je te le dois, poursuivit l'auburn, toisant le jeune garçon effondré sur le sol invisible d'un regard dédaigneux. A cause de toi, les Ténèbres de Vanitas ont triomphé sur ma Lumière, et j'ai succombé, par deux fois. Et tu connais le proverbe, n'est-ce pas ? Jamais deux sans trois. Notre prochaine rencontre avec Vanitas approche, et qui sait dans quel état je serai à ce moment-là ? »
Sora vit ses propres larmes tomber silencieusement à terre, ne souhaitant même pas se dérober de cette vision pathétique qu'il renvoyait à la jeune fille. Cela lui était égal. Si c'était sa façon de se racheter à ses yeux, alors il serait prêt à endurer la pire des souffrances et des humiliations.
« Je t'en supplie, reprit Sora d'une voix brisée par l'émotion et par la douleur de culpabilité qu'il ressentait au fond de son cœur. Kairi, arrête. J'ai mal… »