Kingdom Hearts : Will of Past - Tome 1 : Vivre dans le Passé
Chapitre 54 : La Lumière dans les Ténèbres - Partie III
4997 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 11/06/2020 10:15
Chapitre 19 : La Lumiere dans les Tenebres
Partie III
Entourés par toute une troupe de Balourds, ces gros Nescients ressemblant fortement à des peluches géantes si on oubliait leur tête immondes, Kairi, Lea et Ventus déambulaient dans les couloirs du vaisseau de l'Espace Profond. S'ils voulaient en apprendre plus sur leur raison de s'attarder dans ces lieux, ils n'avaient eu d'autres choix que de se laisser arrêter. Les mains liées dans le dos, ils étaient, pour le moment, à la merci de leurs adversaires.
Conduits par les Balourds secondés par des Patrouilleurs Soniques dans le cas où un des Porteurs de Keyblade parviendrait à s'enfuir, les trois compagnons arrivèrent dans une nouvelle salle, sans doute le cœur du vaisseau. Contrairement aux deux autres rencontrées dernièrement, celle-ci leur parut bien plus petite. Il s'agissait d'une pièce circulaire, quelques ordinateurs sophistiqués étant incrustés directement dans les parois métalliques des murs. Au fond de cette salle se trouvait un écran géant, pour l'instant éteint, ainsi qu'un nouveau panneau de contrôle, ce qui ne les étonnait même plus ; ce vaisseau en semblait rempli !
Soudainement, apparut juste devant l'écran un couloir obscur. Comme les trois Porteurs de Keyblade s'y attendaient, ce fut une silhouette vêtue totalement de noir et rouge qui en sortit. Vanitas.
D'un geste de la main, celui-ci fit disparaître en poussière ses Nescients, comme s'ils n'étaient rien de plus que de vulgaires pions sans importance dans son jeu. Puis, sans prendre garde à ses invités surprise, il pianota quelques touches sur le clavier du panneau de commandes.
« Vanitas, cracha Ventus entre ses dents. Qu'est-ce que tu fabriques ici encore ? »
L'être des Ténèbres poursuivait son petit manège, semblant ne prêter aucune attention aux trois guerriers de Lumière derrière lui.
« Oh, moi, tu sais, la routine » finit-il enfin par dire au bout de quelques secondes de silence.
Vanitas se tourna vers ses invités. Son casque se désintégra, laissant place ainsi à une version plus ténébreuse du visage de Sora. En le découvrant, Kairi ne put s'empêcher de lâcher un petit cri de surprise, les yeux écarquillés par la surprise à la vue de visage démoniaque de l'être aimé. Puis l'ahurissement laissa place à de la colère sur son beau visage. Grimaçant, elle tenta de se lever pour en découdre avec lui, la jeune fille avait un sérieux compte à régler avec ce dernier. Elle n'avait pas encore digéré sa défaite au Palais des Rêves. Mais Vanitas semblait avoir prévu ce coup, puisque, en levant juste sa main, une nouvelle horde de Nescients apparurent, et ceux-ci forcèrent l'auburn à se rasseoir à genoux sur le sol métallique, à l'instar de ses amis. Son visage n'avait cependant rien perdu de sa colère.
« Je vais dans les Mondes et je répands mes Ténèbres, répondit Vanitas, indifférent à l'animosité que lui vouait la Princesse de Cœur.
‑ Et tu enlèves leurs habitants ! rappela froidement Lea qui lui lançait à son tour un regard de glace.
‑ Oui, aussi. Mais vous saurez peut-être un jour pourquoi. »
Un rire mi-machiavélique mi-amusé sortit de la bouche de Vanitas, digne des plus grands méchants (allez savoir pourquoi ils s'amusaient tous à faire cela). Puis il reprit :
« Seulement, votre mémoire sera effacée dans très peu de temps. Vous n'aurez pas le loisir de vous en souvenir.
‑ Notre mémoire sera effacée ? répéta Ventus en fronçant ses sourcils face à l'incompréhension. Mais comment est-ce que tu comptes t'y prendre pour faire une chose pareille ? »
Le noiraud croisa ses bras sur sa poitrine, dévisageant chaque Porteur de Keyblade d'un œil jaune mauvais.
« Ce ne serait pas drôle si un méchant dévoilait tous ses plans du premier coup. Mais ne vous en faites pas, vous le saurez bien assez tôt. En attendant, il va d'abord vous falloir sortir vivant de ce vaisseau. »
Vanitas se tourna de nouveau vers le tableau de bord. Là, il appuya sur une touche bien précise, ce qui mit en marche l'écran géant qui les surplombait tous. S'afficha alors une image d'une planète bien ronde. De couleur bleue et verte, elle semblait en majeure partie composée d'eau. Les trois amis froncèrent les sourcils en même temps face à l'incompréhension. Qu'avait-il en tête encore ?
« Voyez-vous, reprit Vanitas mystérieusement, ce Vaisseau se dirige très exactement en direction de cette charmante planète bleue plus connue sous le nom de Terre.
‑ Ils sont pas aller chercher bien loin pour le prénom…, commenta Lea à voix basse.
‑ Tu peux parler ! répliqua Ven qui l'avait entendu. Appeler ce monde l'Espace Profond parce qu'on est dans un univers infini, ce n'était pas très intelligent non plus.
‑ Mais, tu as dit pourtant que j'étais un génie ! se vexa le rouquin.
‑ Oublie pas le « parfois ». »
Kairi donna soudain un léger coup de coude dans les côtes de ses amis, leur intimant de se taire, car Vanitas leur devait encore des explications, et qu'ils devaient de ce fait rester majoritairement concentré sur ce sujet des plus importants.
« Et donc, on se dirige vers cette planète, la Terre, se reprit le blondinet. Mais qu'est-ce que tu comptes y faire une fois là-bas ?
‑ Vois-tu, cette grosse bille bleue abrite une forme de vie intelligente nommée Humains. Ils sont un peu comme vous.
‑ Tu comptes les enlever eux aussi, c'est ça ?! » comprit Kairi qui sentait la colère monter toujours plus.
Nouveau rire mauvais de la part de l'être des Ténèbres. Il mit une main sur son visage, de sorte à limiter le plus possible ses ricanements.
« Les enlever ? Ils ne me serviraient à rien dans le plan génial que j'ai concocté. Voyez-vous, ils sont… »
Vanitas se tourna une nouvelle fois vers l'écran. L'expression sur son visage leur parut bien plus sérieuse, tout à coup.
« Nuisible, termina-t-il dans un seul souffle.
‑ Nuisible pour toi et pour ton plan, donc tu cherches à les éliminer » comprit immédiatement Ventus.
Le noiraud agrippa fermement le bord du tableau de commandes, le regard dans le vague. Il était comme pensif.
« Tu ne comprends pas. Ils sont nuisibles pour le monde. Pas seulement pour moi. »
Vanitas secoua rapidement la tête de gauche à droite, chassant ses pensées. Il en avait bien trop révélé à son goût.
« Mais bon, vous ne comprendrez jamais de quoi je veux parler. »
Retrouvant ses airs de méchant de l'histoire, le sosie ténébreux de Sora se plaça de nouveau face aux Porteurs de Keyblade à genoux devant lui.
« Voyez-vous, reprit-il sur ce même ton acerbe, ce vaisseau fonce droit en direction de la Terre. Avec une telle vitesse, lorsque les deux corps entreront en collision, il ne restera plus rien de cet appareil, ni même de la planète. Boum. »
Vanitas imita les explosions avec ses doigts, un sourire cruel scotché aux lèvres.
« Pas si on t'en empêche ! » s'emporta Kairi qui tenta de se lever malgré les Balourds qui la retenait clouée au sol, que Vanitas avait fait apparaître à nouveau au moment où il avait sentit la haine de la jeune fille grandir.
Un sourire mesquin au coin des lèvres, Vanitas s'avança lentement vers la Princesse de Cœur, d'une démarche presque féline. Là, il lui prit son visage entre son pouce et l'index, et la força à le regarder droit dans les yeux. Le noiraud adorait l'expression de colère et de haine qu'il pouvait lire dans les deux éclats des iris océans de la meilleure amie de Sora et Riku, parce qu'il savait qu'il était le responsable d'une telle animosité, et cette pensée lui plaisait drôlement.
« Tu as plus de répondant que la dernière fois, j'aime ça. Tu sembles t'être endurcie. »
Kairi, d'un mouvement brusque, parvint à se défaire de son emprise. Elle le regardait cependant toujours dans le blanc des yeux, lui lançant un regard de braise. Si ses pupilles avaient été des pistolets, elle l'aurait déjà descendu depuis la première seconde où elle avait posé le regard sur lui.
« Malheureusement, là où tu vas, je doute que ta force seule te permette de t'en sortir. »
Le noiraud se releva et regarda ses Nescients tour à tour.
« Emmenez-les. »
Appuyée contre la vitre de sa cellule, Kairi ruminait contre elle-même. Mais surtout contre Vanitas. Il était juste là, juste devant elle ! Il ne lui aurait fallu qu'un simple coup de tête pour le remettre à sa place ! Pourquoi avait-il fallu que des Nescients viennent s'en mêler ?!
Énervée, la jeune fille tapa fortement du poing contre la vitre de sa prison métallique, espérant ainsi la faire céder. En vain. Elle ne savait pas en quelle matière elle était faite, mais elle était incroyablement résistante, pour une glace !
« Tu vas finir par te faire mal » dit Lea, allongé sur le lit de sa propre cellule, bras derrière la nuque et yeux rivés vers le plafond.
Le rouquin avait eu droit à une cellule juste à côté de celle de son amie.
« Mais on doit trouver un moyen de sortir d'ici ! répliqua l'auburn, en proie à la panique et à la colère. On ne peut pas rester là les bras croisés en attendant que le vaisseau s'écrase sur cette planète, et nous à son bord ! En plus de causer notre propre mort, on enclenchera par la suite celle d'innombrables personnes innocentes !
‑ Je suis du même avis que toi » annonça à son tour Ventus, assis sur le sol métallique de sa cellule, dos collé contre la vitre.
Le blondinet avait lui eut droit à une prison juste en face de ses amis, comme s'il avait été volontairement mis de côté.
« Vanitas, cracha-t-il entre ses dents. Qu'est-ce que tu as en tête encore… ? »
Intrigué par cette réplique, Lea lança son regard vers son camarade de cellule juste en face de la sienne. Le jeune homme s'assit sur son lit, paumes plaquées contre ses cuisses et dos légèrement courbés vers l'avant.
« Attends une minute…, sembla-t-il comprendre. Vanitas, c'est bien ton double maléfique ?
‑ Part de Ténèbres est plus approprié, rectifia Ven dans un soupir de lassitude.
‑ On s'en fiche, c'est pareil ! Ce que je veux dire, c'est qu'il est peut-être possible que tu accèdes à ses pensées, non ? »
Le meilleur ami de Terra et Aqua secoua doucement la tête de gauche à droite, découragé, tout en soupirant à nouveau longuement de dépit cette fois-ci.
« Si seulement. On est pas exactement la même personne.
‑ Un peu comme Sora et Roxas ? » vérifia Kairi qui était restée discrète jusqu'ici.
« Ou Naminé et moi… », pensa-t-elle en son fort intérieur, sans en faire part à ses deux amis. Elle n'aimait pas se dire qu'elle possédait une part de Ténèbres, elle aussi, bien qu'elle adorait Naminé.
« Un peu. Mais c'est encore autre chose. »
Ne supportant plus de rester les bras croisés sans rien faire, et parce que son côté hyperactif prenait le dessus, Lea décida de se lever et de s'approcher de sa vitre. Mains sur les hanches, yeux plissés de concentration, il tentait aussi bien que possible de comprendre son fonctionnement. Ce truc devait bien avoir un point faible. Il en était sûr. Un bon coup, peut-être ?
Sans y réfléchir d'avantage, Lea s'élança à toute vitesse sur la vitre qui le retenait prisonnier dans cette stupide cellule. Et, contre toute attente, celle-ci se désintégra dès le premier contact avec son corps, sans opposer aucune résistance. Mais, pris dans son élan, le rouquin s'effondra tête la première contre la petite passerelle qui permettait d'accéder aux différentes prisons, soit plus hautes, soit plus basses.
« Mais comment tu as fait ?! » s'écria Kairi, front collé contre sa propre vitre pour pouvoir admirer son camarade plus bas.
Se remettant difficilement sur ses pieds et de sa chute improvisée, Lea posa une main sur sa tête, décontenancé. Une telle chute lui avait fait extrêmement mal ! Puis il leva les yeux vers la jeune fille restée dans sa cellule, avant de hausser les épaules face à l'incompréhension.
« Aucune idée ! Peut-être que c'était ouvert…
‑ Mais quel veinard ! » s'exclama Ventus toujours bloqué lui aussi dans sa petite pièce.
La petite passerelle amena Lea au niveau du sol. Les mains sur les hanches, il regarda tour à tour ses deux amis encore emprisonnés, avant de lever un pouce en l'air, et de s'exclamer fièrement et héroïquement :
« Ne vous en faites pas les gars ! Votre héros va vous sortir d'ici !
‑ Si le héros pouvait éviter de trop crâner et pouvait se dépêcher légèrement, car il a une planète à sauver, il se rendrait plus utile ! plaisanta à moitié Kairi.
‑ J'y vais de suite, vous pouvez compter sur moi ! »
A ces mots, le rouquin s'élança vers les portes immenses du donjon dans l'espoir de trouver la salle des commandes qui lui permettrait à la fois de délivrer ses amis mais aussi de stopper une bonne fois pour toute la course folle de ce vaisseau meurtrier !
Lea sortit à peine de la grande salle des cellules qu'il regretta amèrement de ne pas avoir trouvé un moyen de sortir immédiatement ses amis de ce pétrin. Il ne savait par ailleurs pas comment s'y prendre, ni même où est-ce qu'il devait se rendre pour les sortir tous de ce mauvais pas. Est-ce que, tout comme la gravité, il existait, quelque part sur ce vaisseau immense, un tableau de commandes pour activer et désactiver à notre guise les cellules ? Seulement, le voici son problème majeur : la taille gargantuesque de ce navire ! Comment allait-il faire pour trouver son chemin ? Et s'il parvenait par un pur hasard ou miracle à trouver l'objet de sa convoitise, comment ferait-il ensuite pour retourner auprès de ses amis ? Il était né sans le sens de l'orientation. Ou plutôt, celui-ci s'enclenchait bien souvent de manière sélective et totalement aléatoire ! Il ne se souvenait pas avoir eu ce problème en temps que Simili !
Mains sur les hanches, se désespérant lui-même, le jeune homme finit par atteindre une immense baie-vitrée donnant sur l'espace. Celui-ci défilait à vue d'œil, rapidement, conforme à la vitesse du vaisseau. Divers Mondes défilaient devant ses yeux. Il reconnut parmi ceux-ci le Pays des Merveilles qui le fit frissonner de dégoût. Il y avait passé les trois-quarts du temps enfermé dans une cage et suspecté d'un soi-disant crime qu'il n'avait pas commis ! Dire qu'il avait failli y perdre sa précieuse tête ! Plus jamais Lea ne souhaiterait revenir dans ce Monde sans dessus-dessous !
Une secousse ébranla tout à coup le navire, et le rouquin failli en perdre l'équilibre. Il comprit immédiatement pourquoi celle-ci avait été provoquée lorsqu'il passa à une vitesse raisonnable de la Cité du Crépuscule. La force d'attraction gravitationnelle de la planète avait dû attirer le vaisseau et celui-ci lui avait résisté avec force, ce qui avait dû provoquer l'ébranlement soudain.
En revoyant l'immense tour de l'horloge de la Cité du Crépuscule, le cœur de Lea se serra dans sa poitrine. Les instants passés à manger des glaces tout en haut de la tour, en compagnie de ses deux meilleurs amis, lui manquaient terriblement. Cela faisait déjà quoi, environ une semaine qu'ils étaient partis en mission ? Le temps passait certes incroyablement vite en voyageant à travers les Mondes, mais ils n'avançaient pas dans leur quête pour autant. Ils vivaient cependant des aventures incroyables en compagnie de Kairi et Ventus, mais il aurait préféré les vivre aussi avec Xion et Roxas. Même si, dernièrement, il avait eut l'impression d'être légèrement mis de côté par les deux adolescents. Lea n'était pas dupe. Il savait pourquoi ce changement dans leur amitié. Ce qui devait arriver arriva. Xion et Roxas commençaient à tomber amoureux. C'était évident.
Tout à coup, alors qu'il se trouvait en pleine réflexion intensive, le jeune homme se reçu un poids sur la tête. Paniquant en premier lieu, Lea tenta d'enlever la chose qui lui était subitement tombée dessus, mais cette « chose » était incroyablement agile et furtive. Rapidement, celle-ci se déplaça à l'aide de ses griffes sur le corps du rouquin, comme à la recherche de quelque chose. Une fois trouvée, la drôle de créature laissa Lea tranquille pour retourner se lover sur le plafond métallique du vaisseau.
Levant les yeux vers le haut, le Porteur de Keyblade découvrit avec stupéfaction que la chose en question était en réalité une drôle de créature bleue avec quelques tâches noires plus foncées en niveau du dos et des pattes, et aux grands yeux noirs. La drôle de petite bête pouvait rester accrochée ainsi au plafond grâce aux griffes pointues de ses pattes arrières, tandis que ses bras avants agrippaient l'objet dérobé à Lea.
« Hé ! s'écria ce dernier en reconnaissant son bien. C'est à moi ça ! Alors rends-le moi ! »
Le rouquin sauta vainement dans les airs en s'aidant de la force de ses jambes pour tenter de reprendre sa possession, mais il ne parvenait tout simplement pas à l'atteindre. Et la chose continuait à le narguer du haut de son perchoir ! Sur le moment, Lea regretta que toutes les salles de ce navire ne soient pas équipées d'un tableau de commandes gravitationnelles ! Ca lui aurait été bien pratique pour lui pour récupérer son précieux Gummiphone !
« Descends de là, petit monstre ! s'énerva Lea à cause de l'impatience. J'en ai besoin pour rester en contact avec mes amis !
‑ Stitch ! s'écria soudainement une voix de petite fille. Rend son truc au Monsieur ! »
Le meilleur ami de Roxas et Lea écarquilla grand les yeux en entendant l'ordre. Laissant de côté un instant la drôle de bestiole bleue, il se concentra sur la fillette qui venait de crier. Il s'agissait d'une gamine d'environ huit ans maximum. Elle avait de très longs cheveux noirs épais mais soyeux pour autant qui lui descendaient jusqu'au bas du dos. Ses petites rondeurs au niveau des joues et son nez arrondi lui donnaient un air tout à fait mignon et enfantin. Enfin, elle portait une longue robe rouge écarlate aux motifs à fleurs hawaïennes blanches. Ses petits pieds boudinés étaient nus. Une chose était certaine concernant cette petite fille : elle n'habitait certainement pas dans ce vaisseau, mais semblait pour autant très familière avec la créature bleue.
« Cette chose est à toi ? » questionna Lea en s'agenouillant pour faire face à la fillette.
Cette dernière fit une moue boudeuse, ce qui la rendit d'autant plus adorable. Même en colère, elle ne pouvait pas être autre chose que mignonne.
« Cette chose comme tu dis est un chien ! s'offusqua-t-elle en gonflant ses joues rondes. Et il s'appelle Stitch !
‑ D'accord, d'accord, on se calme ! capitula le rouquin en levant les mains en signe de reddition. Mais dis-moi, tu ne pourrais pas lui demander de me rendre mon Gummiphone s'il te plaît ?
‑ Ton téléphone tu veux dire ? » vérifia la gamine en fronçant les sourcils.
Elle ne semblait pas réellement en accord avec le terme « Gummiphone », mais comme l'appellation ressemblait étonnement avec « téléphone », elle avait eut l'incroyable intelligence de faire le rapprochement entre les deux objets qui occupaient par ailleurs une fonction identique !
« Oui, bon, appelle-le comme tu veux… Moi je veux juste le récupérer ! »
La petite fille aux cheveux d'ébène leva la tête en direction de son animal de compagnie et prit une grande inspiration, avant de déclarer :
« STITCH ! Descend de là immédiatement et rend son téléphone au Monsieur ! Ce n'est pas bien ce que tu fais, tu es méchant ! »
Le-dit Stitch stoppa instantanément sa contemplation du Gummiphone et baissa la tête en direction de sa maîtresse plus bas. Ses grandes oreilles arrondies s'abaissèrent, comme s'il n'appréciait pas la remarque faite par la petite fille. Il semblait comme honteux de son propre comportement vis-à-vis de Lea.
A la manière d'un petit lézard, la créature bleue s'agrippa aux parois murales du vaisseau réquisitionné par Vanitas et toucha enfin le sol. Là, il se mit droit comme un humain et marcha sur ses pattes arrières, à la grande stupéfaction du rouquin. La tête baissée et les oreilles toujours adorablement rabattues vers l'arrière, il s'approcha doucement du Porteur de Keyblade, mains derrière le dos. Sans rien dire, et une fois devant le rouquin, la chose découvrit ses paumes griffues où se trouvait le Gummiphone de Lea.
« Désolé » s'excusa-t-il d'une drôle de petite voix tandis que son propriétaire recouvrait son bien.
Le rouquin écarquilla grands les yeux en écoutant le son de sa voix.
« Mais ça parle en plus cette chose ! » s'écria-t-il face à la surprise.
Comme offusqué par cette remarque, Stitch se mit en position offensive. Comme retrouvant ses instincts animaliers, il se posa de nouveau sur ses pattes arrières, et bomba le dos à la manière d'un chat, tandis que ses poils bleus et ses petites antennes sur son dos s'étaient eux aussi dressés. Ses grands yeux noirs se plissèrent de méfiance.
« Holà ! Doucement, doucement…, tenta Lea en ravalant sa salive et levant les mains pour apaiser la créature.
‑ Stitch, calme-toi ! Le Monsieur a juste eu peur, c'est tout. »
La petite boule de poils ouvrit grand les yeux, comme s'il comprenait tout ce qu'on lui disait, ce qui était assez étonnant. Puis toute trace d'animosité s'envola, et Stitch se posa de nouveau sur ses deux pattes arrières, redressant ses grandes oreilles rondes. Finalement, comme cela, Lea trouva cette petite créature était tout à fait adorable !
« Bon, alors la boule de poil, c'est Stitch, résuma Lea en posant ses mains sur ses hanches. Et toi petite ? »
Le jeune homme posa ses yeux émeraude sur la gamine. Cette dernière lui adressait un large sourire, les mains derrière le dos. Ses grands yeux chocolats pétillaient de malice.
« Je m'appelle Lilo ! Enchantée de faire ta connaissance, heu… Monsieur ? »
Le rouquin se posa sur un genou pour faire face à la petite fille semblant venir des îles.
« Je suis Lea. C'est bon, c'est retenu ? plaisanta-t-il en tapant deux fois rapidement son index contre son front.
‑ Monsieur Lea ? répéta Lilo d'une voix aiguë. C'est un nom bizarre.
‑ Hé ! Lilo aussi c'est bizarre ! » se vexa le rouquin en se relevant d'un bond.
Les enfants, de nos jours ! Toujours à dire le fond de leur pensée avec une parfaite innocence !
« Même pas vrai d'abord ! » se défendit la gamine en lui tirant la langue.
Lea entra dans son jeu et lui tira la langue à son tour.
« M'enfin bref, se reprit-il en repensant à ses amis enfermés dans les cellules mais aussi au vaisseau qu filait à vitesse grand V en direction de la planète Terre. Est-ce que, par le plus grand des hasards, vous sauriez comment on ouvre les prisons ? »
Lilo et Stitch se regardèrent quelques instants, les sourcils haussés, puis la petite fille reprit la parole :
« Stitch doit savoir. »
La créature bleue hocha affirmativement la tête, avant de se retrouver une fois de plus à quatre pattes et de s'engager dans un nouveau couloir, perpendiculaire à celui menant aux cellules. Un sourcil arqué, le jeune homme pencha la tête sur le côté pour voir où est-ce qu'il pouvait bien mener. Tout ce qu'il parvint à voir fut un long corridor sombre et mal éclairé. Pas bien rassurant.
« Viens ! s'enjoua Lilo en tirant son nouvel ami par sa chemise noire. Il est parti par là !
‑ Mais comment est-ce que tu peux être certaine que ta chose va nous mener au mécanisme déverrouillant les cellules ?
‑ Je t'ai déjà dit que mon chien s'appelle Stitch ! s'énerva doucement l'enfant. Et j'en suis sûre parce qu'il est né ici ! »
Impatiente à l'idée de pouvoir aider cet étrange inconnu, Lilo prit Lea par la main et l'entraîna à sa suite dans le couloir. Le jeune homme haussa de haut sourcils étonnés. Dire que les enfants le fuyaient lorsqu'il avait encore l'apparence d'Axel parce qu'il avaient peur de ses deux tatouages violets sous les yeux !
Le corridor les mena dans une nouvelle salle circulaire. Cette dernière se composait d'une étrange machine reliée à une sorte de plate-forme au centre de la pièce.
Perplexe, Lea posa ses mains sur ses hanches tout en fronçant les sourcils. La solution à ses problèmes se trouvait réellement dans cette salle toute étriquée et lugubre ?
Stitch, qui avait pris la désagréable habitude de grimper au plafond, se laissa tomber tête la première sur le rouquin juste sous lui, ce qui arracha un cri d'horreur et de surprise à ce dernier. Déjà qu'il trouvait ce vaisseau fantôme complètement flippant, voilà que des créatures bleues se faisant passer pour un chien tombaient du ciel dans l'unique but de l'effrayer !
Comme si de rien n'était, la boule de poils sauta au sol pour quitter la crinière de feu de Lea et se dirigea rapidement vers la plate-forme droit devant eux. Lilo s'empressa d'aller rejoindre son drôle d'ami qui prenait déjà place sur le tremplin circulaire.
« Tu viens Lea ? appela la petite fille en lui adressant de grands gestes. Le téléporteur va bientôt se mettre en marche ! »
La boule de poils bleue se dressa sur ses deux pattes arrières et imita adorablement sa maîtresse.
« Sauver amis Lea, répéta Stitch en essayant de parler comme un être humain.
‑ C'est bon, c'est bon, j'arrive ! »
Le jeune homme se plaça sur la plate-forme à son tour et attendit. Une seconde. Deux secondes. Cinq. Dix. Vingt. Rien.
« Heu ? Vous êtes sûrs que c'est réellement un téléporteur ? vérifia le rouquin en posant son regard vert émeraude sur les deux compagnons.
‑ Stitch ? fit Lilo en adressant un regard presque sévère sur son petit animal de compagnie. Tu es sûr que ce bidule fonctionne ? »
Sentant les reproches dans le ton de la voix de sa maîtresse, les grandes oreilles de la créature s'abaissèrent de tristesse. Puis sa truffe bleue se dressa et Stitch se mit à humer étrangement l'air. Ses grands yeux noirs se posèrent sur la machine reliée au tremplin.
« Activer machine pour fonctionner téléporteur » assura l'étrange chien.
Stitch s'apprêta à descendre de la plate-forme pour activer l'ordinateur dans le coin de la pièce, mais Lea le retint d'un bras.
« Attend ! Si tu vas l'activer tout seul, tu ne pourras peut-être pas revenir après.
‑ Qu'est-ce qu'on fait alors ? s'inquiéta Lilo en prenant son animal de compagnie dans ses bras pour le serrer contre elle, de sorte à ne pas le perdre.
‑ Ha ! Très simple ! Regardez faire le pro ! » se vanta légèrement le jeune homme à la chevelure de feu.
Levant le bras, Flammes Libératrices prit place dans sa paume dans une gerbe d'étincelles. Agrippant le pommeau à deux mains, il arqua l'embout de son arme en direction de la machine. Il n'avait qu'une chose simple à faire. Cette chose étant un objet électrique, il ne lui faudrait qu'un petit sort de Foudre pour le faire fonctionner, il en était plus que certain. Seulement, à part les sorts de feu, Lea n'avait pas vraiment l'habitude des autres sortilèges – la glace et l'eau notamment, dont il avait horreur ! Il parvint cependant à se remémorer la formule d'un sort de Foudre basique que lui avait appris Roxas une fois lors de leur temps libre. Un petit nuage gris se forma juste au dessus de la machine et, après un léger grondement qui fit sursauter Lilo, un éclair fondit à la vitesse de la lumière sur sa cible. L'appareil se mit à trembler à ce contact soudain, puis, après quelques secondes d'attente, quelque chose vibra dans les câbles électriques reliés à la plate-forme. Une vitre transparente s'abaissa soudainement et enferma les trois compagnons dans un espace étriqué.
« Ne me dites pas que c'était un piège ! » paniqua Lea qui pensait avoir – encore – fait une bêtise.
Une brume opaque commença à prendre forme au-dessus de leurs têtes puis cette dernière enveloppa les trois corps ensemble. Lorsqu'elle se dissipa, Lea, Lilo et Stitch avaient disparus de la plate-forme, et la pièce recouvra son calme d'antan.