A New Dawn - A Miki pseudo-route
Deux grandes passions guidaient ma vie: courir et l'histoire.
Je pouvais passer des heures sur une piste, pour courir jusqu'à m'effondrer de fatigue. Et passer des nuits entières à lire des livres sur la mythologie ou encore sur le moyen-âge.
Je ne pense pas avoir un niveau exceptionnel à la course, mais je me débrouille. J'arrive à tenir du moins. Même s'il pleut, je suis dehors, à courir. C'était le seul moyen que j'avais d'échapper à ma vie, que je trouvais plutôt morne. Toujours les mêmes choses à faire, les mêmes gens à qui parler.
Tant que je posais les pieds sur une piste, je me sentais enfin moi-même. Durant ces moments passés uniquement à me pousser à mes limites, je ne pensais à rien d'autre. Je me sentais heureux.
......
ça va faire deux mois que je n'ai pas couru... Deux mois que j'ai passé dans le même putain de lit d'hôpital. Sans pouvoir faire autre chose que passer mes journées à regarder la télé et a parler avec mes parents ou les quelques amis qui venaient me rendre visite.
Cela va également faire deux mois que ce bandage me nargue. Sensé recouvrir quelque chose qui a disparu. Qu'il soit présent ou pas, ça ne change rien. Cela ne change rien au fait que mon avant-bras droit ai disparu. Il ne cache que ce qui est bien trop visible.
Je me rappelle... De cette nuit. D'il y a deux mois. Tout ne me reviens pas, mais je sais ce que je faisais ce soir là. Je rentrais d'une fête entre amis, il devait être vers 4h du matin. Ma mère était passée me chercher, tout allait bien. Il n'y avait presque personne sur la route, il faisait certes froid, mais ma fenêtre était tout de même ouverte. Je m'étais légèrement assoupi, et à partir de là, c'est un grand trou noir.
Ma mère m'avait expliqué ensuite ce qu'il s'était passé. Je pouvais clairement lire la culpabilité dans ses yeux. Elle se sentait coupable de n'avoir été que peu touchée durant l'accident, seulement quelques fractures. Tandis que j'avais perdu une grande partie de mon bras, beaucoup trop touché. Elle m'expliqua aussi que je ne retournerais sûrement pas dans mon école.
«Quoi? Mais... Pourquoi?» lui demandais-je, inquiet.
«Calme toi Eikichi, c'est difficile pour toi, je le sais, mais ton état ne te permet pas de rester dans ton école.» me répond ma mère, essayant par dessus tout de garder un air calme et un ton doux.
«Mais... Tous mes amis sont là bas. J'vais quand même pas rester à la maison? Je pourrais pas le supporter maman...» lançais-je, toujours la même inquiétude dans la voix.
«Ta mère a raison Eikichi. Mais on ne peut pas te scolariser à la maison. Il y a de ça 5 jours, nous sommes allés dans un institut, je suis sûr que tu t'y plaira. Tout le monde y est comme toi.» rétorque mon père, essayant ainsi de m'apaiser.
Un institut spécial donc... Pour les gens comme moi... Putain, que je détestais cette phrase. Depuis quand les gens avec un handicap devaient être mis à part dans des instituts à part... Cette idée me dégoûtait. Je bouillonnais, ce qui fit que le médecin prit un ton très calme pour me parler.
«Tu sais Eikichi, tu sera très vite accepté là bas et personne ne te jugera. Tu t'y fera de nouveaux amis. La décision est brutale certes, mais faite pour ton bien.» me dit mon médecin, m'expliquant des choses que j'aurais pu comprendre dès le départ.
«Mon bien... Pour mon bien, je dois accepter d'aller dans une école où on met les étudiants handicapés parce que le système normal est pas fait pour eux? Ça choque que moi?» lui répondis-je, passablement énervé.
«Un étudiant aveugle par exemple, aurait beaucoup de mal dans le système éducatif normal, tu ne crois pas?» me dit-il, calme et sérieux.
Sa déduction me tomba dessus alors que je ne m'y attendais pas. Mais il avait entièrement raison. Je devais me calmer, et essayer d'y penser à tête reposée. La nuit me porterait conseil, et de toute manière, j'allais y entrer à la rentrée prochaine, qui était dans une semaine. J'aurais sûrement le temps de m'y adapter avant cela.