La quête du monstre blanc d'Orcanie
Chapitre 1 : Où l'Empire qu'on croit ne contre-attaque pas où l'on croit
2376 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 15/01/2022 20:35
Cette fanfiction participe aux Défis d’écriture du forum Fanfictions .fr : Crossover improbable - (janvier février 2022).
La Quête du Monstre Blanc d’Orcanie
ou comment l’Empire ne contre-attaque pas dans le Royaume de Loth
3 CORS
1. INT. SALLE DE LA TABLE RONDE – JOUR
Séance de la Table Ronde, tous les chevaliers présents ont raconté leurs quêtes. Le Père Blaise, la plume en l'air, réalise que c'est le tour de Perceval.
Père Blaise — Bien, je crois que j'ai tout ce qu'il me faut.
Perceval — Non, attendez, j'ai pas dit la mienne !
Père Blaise (de mauvaise foi) — Oh, c'est ballot, j'ai pas pris assez de parchemin…
Perceval — Oh non ! Pour une fois qu'il s'est passé un truc bien…
Léodagan (goguenard) — On les connait vos trucs « bien » ! Si c'est pour qu'il y ait encore des vieux ! Moi, j'ai les miches comme du bois à force de rester le cul sur cette chaise…
Arthur (sévère) — Beau-père, restez assis ou je vous en donnerai, moi, des raisons d'avoir mal quelque part. Perceval est arrivé dans la cour du château couvert de neige en plein mois de mai, avec un artefact magique précieux, alors j'aimerais un minimum entendre son explication…
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OUVERTURE
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2. INT. SALLE DE LA TABLE RONDE – PLUS TARD
Perceval continue de raconter son aventure face aux chevaliers médusés.
Gauvain (enthousiaste) — Oh, mon oncle, vous avez bien fait de poursuivre la séance ! Comme c'est palpitant !
Arthur — Non, non, non, ne l'interrompez pas ! Il était bien parti. Donc Seigneur Perceval, vous disiez que vous reveniez du bois de Dagonet et qu'une nouvelle Porte du Chaos était apparue d'un coup dans une clairière…
Perceval — Attendez… Moi, j'ai pas dit que c'était une Porte du Chaos. C'était une porte directionnelle.
Arthur — Dimensionnelle ?
Lancelot — Dimensionnelle ou démonique ? Parce que c'est pas tout à fait la même chose…
Arthur le regarde de travers et incite Perceval à poursuivre d'un geste.
Perceval — Bon, moi je sais pas, mais c'était une porte pareille que celle de la dernière fois, quand j'ai atterri dans le désert. Sauf que là, c'était pas le désert. Enfin, y avait personne, mais il y avait ça de neige !
Arthur — Un indice de là où vous vous trouviez, Seigneur Perceval ?
Perceval (souriant fièrement) — Non, Sire, j'ai pas vu de panneau. En vrai, j'étais pas rassuré parce qu'il y avait des machins étranges qui sifflaient dans le ciel.
Léodagan — Alors vous, vous êtes un cas. Vous franchissez des portails les doigts dans le nez et vous avez les miquettes pour des piafs qui sifflent ? C'était déjà assez casse-bonbons comme ça sans ajouter le détail de la faune locale.
Perceval — Non mais après c'est mieux ! Dans la neige, il y avait une trace comme si on avait traîné une bestiole. Sur le bord, j'ai vu un bibelot brillant à moitié enfoncé. Comme un genre de spectre.
Calogrenant ouvre la bouche et Arthur, mécontent, lui fait signe de se taire.
Perceval (réalisant le flottement dans l'assistance) — Quoi ? C'est pas comme ça qu'on dit ? En même temps, je suis pas sûr, parce que quand je l'ai ramassé, j'ai vu que c'était une merde magique. Le bazar s'est mis à grésiller et y a un bâton vert qu'est sorti par un bout. Je peux vous dire que je l'ai balancé vite fait ! Cette saloperie a failli me bousiller les yeux !
Lancelot — Et voilà, je le savais ! Le vert est la couleur du Malin, c'était donc bien un portail démonique !
Arthur — Ah tatatatat ! Une grande lame verte ronde et très brillante ? J'en ai déjà vu une. Père Blaise, j'espère que vous êtes en train de prendre des notes.
Père Blaise (levant la tête, l'air de revenir à lui) — Ah, non, mais moi j'étais déjà parti sur autre chose…
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3. INT. SALLE DE LA TABLE RONDE – ENSUITE
Perceval — Je peux y aller, Sire ?
Arthur — Oui. Qu'est-ce que vous avez fait après ?
Perceval — J'ai été reprendre le petit bâton, sinon vous alliez encore me traiter de gros débile. J'ai voulu jouer la sécurité avec les 30° pour pas le regarder en face, mais ça n'avait rien à voir avec la température, et il y avait des engins volants qui lâchaient des caisses explosives. Moi je veux bien tout ce qu'on veut, mais pas que ça explose !
Yvain (pensif) — Autant une angine, je vois à peu près ce que c'est parce que ça fait hyper mal au doigt, autant un angin volant, je vois pas.
Arthur — Mais chu-teu ! Vous allez fermer vos mouilles, oui ?!
Père Blaise — Et allez-y ! Des engins volants, maintenant ! Je vous préviens que je suis en train de raturer la quête du Seigneur de Rinel pour ça…
Arthur — Ah bon ? Elle parlait de quoi la sienne, déjà ?
Léodagan (grinçant) — Mais si ! La mission d'espionnage… Quand il s'est radiné avec dix cagettes de chou pourri de chez Guethenoc…
Arthur — Ouais, bon c'est pas grave, on la refera après dans les grandes lignes…
Yeux baissés, le Père Blaise énervé claque le registre sur l'écritoire. Léodagan se penche sur la Table montrant un subit revirement d'intérêt.
Léodagan — Minute, revenez un petit poil en arrière. Vous disiez des engins volants qui crachaient des projectiles en feu ? Laissez-le parler, laissez-le parler enfin !
Perceval — C'est ça. Y en a un qui m'a foncé dessus, alors je me suis planqué dans une caverne. Et là, il y avait un gars pendu… mais pendu à l'envers. C'est pas la classe, ça ?
Yvain — Vous voulez dire qu'il était debout, du coup ?
Perceval — Euh, non, il tenait par les pieds. Quand il m'a vu, il a dit un truc et je me suis rapproché, au cas où ça aurait été « à l'aide ».
Calogrenant — En même temps, je ne vois pas ce que pourrait dire d'autre un type pendu par les pieds tout seul dans un désert de glace…
Arthur (contenant son impatience) — Et c'était très noble de votre part, Perceval, de vouloir lui prêter assistance dans des conditions si hostiles. Mais a-t-il essayé de communiquer ? Vous a-t-il fait passer un message ?
Perceval — Oui, mais j'ai pas bitté un broc de ce qu'il a dit. Vous voulez que je vous le redise quand même ?
Arthur — Ah bah si vous pouvez le faire de mémoire, oui !
Perceval — Et il fallait faire gaffe parce que derrière lui, y avait une espèce d'ours moche avec des cornes qui boulottait une carcasse.
Karadoc (émergeant de somnolence) — Une carcasse de quoi ?
Perceval — J'sais pas. Tout ce que je peux dire, c'est que c'était laineux et blanc.
Karadoc — Dommage que vous en ayez pas ramené, c'était p'têt bon ?
Arthur, un sourire factice à la bouche, pianote son énervement sur le plateau de la Table Ronde.
Perceval — Oui, Sire, j'arrive. Vous allez voir, ça va vous plaire… Le type m'a dit qu'il s'appelait Luc Marcheciel et qu'on était dans le Royaume de Loth. Il voulait que je le libère parce que l'Empereur avait lancé une attaque de cas de riposte. Il a parlé de machines, c'était pas clair, alors j'ui ai tout de suite dit que j'étais une bille en polyarthrite… ah non, poliorcétique ? Bon, ça me gonfle ces mots pour faire des phrases… Au bout d'un moment, j'ai compris que c'était comme des tours de siège mobiles, avec une cabane de métal en haut et des grandes pattes pour avancer et qui tirent des flèches de feu qui font exploser… Je voulais pas passer pour un glandu alors j'ai fait genre que je pigeais, mais il devait quand même pas avoir le cerveau en face des trous. Le mec était bleu, il pissait du nez avec l'air de s'être mangé une grosse mandale et il voulait encore y aller en solo…
Léodagan (se frottant les mains, positivement enthousiaste) — Eh bien moi, je dis que ça mériterait bien une petite excursion des familles pour voir ça de plus près !
Lancelot — Sire, si Perceval a raison, c'est une information capitale. Si l'Empire romain a déjà pris pied au nord de l'Orcanie en y envoyant troupes et magiciens, et renforcés par de nouvelles machines de guerre qui plus est, c'est une violation éhontée des traités en vigueur !
Calogrenant — Mais ne tournez pas autour du pot, Seigneur Lancelot, dites-le carrément ! C'est une invasion ! Même si je suis pas loin de penser, excusez-moi Gauvain, que votre père est un connard que et ça lui ferait les pieds…
Gauvain — Y a pas de mal.
Calogrenant — …mais si c'est aujourd'hui l'Orcanie, et demain, ce sera quoi ? Tout le Royaume de Logres ?
Père Blaise (la plume en l'air) — Bon, alors je note quoi, moi ? J'ai un peu réussi à gratter, mais je vous le dis tout de suite, va pas falloir que j'appuie trop fort… Pour le titre, j'avais pensé à « Perceval et le monstre gardien du sceptre d'argent ». Ça a de la gueule, non ?…
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4. EXT. FORET – JOUR
Arthur, Léodagan et Perceval stationnent devant le portail miroitant toujours actif. La Dame du Lac apparait, Arthur sursaute, Perceval la voit mais ne bronche pas.
Arthur — Ah bah vous tombez bien vous ! C'est vous qui avez fait ça ? (Puis se tournant vers ses compagnons) Et vous deux, la Dame du Lac est là. Commencez pas à me courir avec vos questions pendant que je lui parle !
La Dame du Lac (inspectant le portail de plus près) — Ah non, celle-là, c'est pas moi, c'est une collègue qui s'est gourée... Rassurez-moi, vous n'êtes pas allés de l'autre côté, j'espère ?
Silence gêné.
La Dame du Lac (déçue et les larmes aux yeux) — Mais pourquoi vous faites tout pour me faire mal voir des Dieux ?
Léodagan — Bah alors, on va se les voir les tours de siège romaines, oui ou merde? Je sais pas vous, mais moi ça me déplairait pas de voir Loth se ramasser des gadins modèle géant sur la tronche…
La Dame du Lac — Mais c'est PAS chez le Roi Loth ! C'est sur une PLANÈTE DANS UNE AUTRE GALAXIE !
Perceval — Oh ça va la rouquine ! Pas la peine de gueuler. On va pas rester longtemps, après faut que je filoche rejoindre Karadoc à la Taverne.
Arthur — Hopopop… Perceval, vous la voyez maintenant ?
Perceval — Bah oui. Mais comme c'est pas votre cousine, je vais pas lui dérouler le tapis rouge non plus…
Arthur (un peu jaloux) — Hey ! Mais pourquoi il vous voit lui maintenant ? Je croyais que c'était que moi, rapport à l'Élu et tout le bazar ?
Ignorant la question, la Dame du Lac distraite claque plusieurs fois des doigts face au portail et rien ne se produit.
La Dame du Lac — Oui, normalement. C'est peut-être parce que là-bas tout le monde peut voir les holog… les esprits désincarnés… Ah zut, il y a comme un truc qui bloque…
Léodagan — Mais qu'est-ce qui se passe encore ? Ça va bien maintenant ! Restez là plantés comme des quilles à bavasser ; pendant ce temps, moi je traverse…
Elle essaie encore de refermer le portail sans succès, puis se retourne brusquement vers eux, prise d'un doute.
La Dame du Lac — Attendez, ne me dites pas que vous avez, en plus, pris quelque chose sur place ?
Arthur — Pris un truc ? C'est-à-dire que… un peu.
Frustré, Léodagan lève les bras au ciel et jette son épée.
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5. INT. SALLE A MANGER – JOUR
Quelques jours plus tard, Arthur déjeune seul avec Perceval.
Arthur — Mais faut pas vous faire de bile… La Dame du Lac, elle a ses nerfs, mais elle est pas méchante. Moi j'ai trouvé que c'était une super quête. Bon, ça n'a pas tourné exactement comme on voulait, mais mieux vaut ça plutôt qu'une invasion romaine… On a rattrapé le coup en jetant le truc dans la caverne où le gars à qui ça appartient pourra le voir quand il sortira des vapes. Léodagan est enfermé depuis trois jours dans sa piaule à faire des dessins pour les menuisiers… Non, l'un dans l'autre, on s'en tire bien. Mais à partir de maintenant, on va partir du principe que quand vous trouvez un genre d'épée ou un sceptre qui peut faire épée, vous les prenez pas. La Dame du Lac a dit que ça été moins une que le sort de toute la galaxie de l'autre côté du portail ne soit foutu, parce que l'autre gus n'avait plus son épée magique.
Perceval — Bah, ça me soulage ce que vous dites, Sire. Parce que j'aime pas trop que les épées me flamboient dans les mains… ça me fait carrément flipper.
Arthur — Et puis aussi, si jamais vous retombez sur un autre portail, ne vous jetez pas immédiatement dedans. Je sais que c'est très courageux, si on veut le voir comme ça, mais prenez au moins un autre chevalier avec vous.
Perceval — Je veux bien mais Karadoc a préféré rentrer pour se faire un casse-dalle au pâté… Et si le portail n'était plus là à notre retour ?
Arthur (conciliant) — Eh bah, tant pis, là. Je préfère que vous rentriez en un seul morceau.
Perceval — Non mais vous comprenez pas, Sire. Imaginez que ça soit notre seule occasion de le trouver ? Je veux dire, le Graal. A force de pas mettre la main dessus, c'est peut-être parce qu'il est pas chez nous ? On sait même pas si c'est une pierre incandescente ou quoi, alors pourquoi ça pourrait pas être un spectre-machin d'un autre monde ?
Méditatif, Arthur soupire et acquiesce silencieusement, tout en mâchant une boulette de mie de pain.
Arthur — J'espère pas. Mais ceci étant, ça expliquerait bien votre présence à la Table Ronde…
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NOIR
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Arthur — …mais c'est quand même con d'avoir dû virer votre quête du registre, parce que vous aviez correctement retenu « indice » et « poliorcétique »…