JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby

Chapitre 99 : The Man who sold The World (Partie 12)

2014 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a 20 jours





Salomon : Alors la gosse parfaite, qu’est-ce-que tu choisis ?! Vas-y, tue-moi qu’on en finisse ! Sacrifie le fou qui se trouve devant toi pour sauver Adam comme Ziggy l’a fait il y a dix ans !


En pointant son arme tremblotante en direction de la petite fille, Salomon plongeait un peu plus vers l’hystérie. Dans son obsession auto-destructrice, il ne pouvait pas laisser ses adversaires s’échapper en faisant fi de tous leurs sacrifices. Il s’accrochait à sa vision du monde chancelante comme un capitaine planté sur le pont inondé de son navire. 


Shizuka : Je ne signerai plus rien, Salomon. Tu prétends que tes contrats sont honnêtes mais ils sont remplis de petites lignes. 


Salomon : Q-qu’est-ce-que tu racontes ?! J-j’ai un flingue braqué sur toi ! Si tu évites le choix, je vais ti-


Adam : Jojo, il a raison ! On a déjà perdu Batya, il faut que tu te dépêches de…


Malgré la pression et la panique ambiantes, la jeune fille restait calme et impassible. Même le revolver braqué sur elle ne semblait pas la faire tressaillir. 


Shizuka : On est censés faire face à ton Stand, c’est ça ? S’il peut réellement nous attaquer directement, pourquoi avoir mis en place tous ces stratagèmes pour nous blesser ? Un Stand si puissant n’aurait pas à s'embarrasser à poser des dilemmes…


Ziggy se retourna vers la jeune fille et hocha la tête, le regard fier.


Ziggy : J’en déduis qu’on est arrivés aux mêmes conclusions. J’ai quelques doutes depuis un certain temps mais la main d’Adam a confirmé mes soupçons…


Adam : Ma main…?


Ziggy : Adam, tu l’as toi-même dit. Quand Salomon t’a tranché la main, il n’a pas respecté le contrat qu’il avait passé avec moi…et toutes les hypothèses sur le fonctionnement du Stand qu’on avait émises reposait sur l'honnêteté des contrats qu’il nous proposait.


Salomon : Q-qu’est-ce-que vous racontez ?! C’est Adam qui s’est sacrifié la main de lui-même ! 


La main du chef des lieux était cramponné à la crosse de son arme toujours plus tremblotante. Il crachait ses mots à la face de la fillette dont le visage ne présentait toujours aucun signe de peur.


Shizuka : Justement, c’est Adam qui a sacrifié sa main. Ton Stand n’a pas la capacité de dérober quoi que ce soit…enfin si…c’est plutôt qu’il a besoin que la personne croit au dilemme qu’elle est en train d’affronter pour que ton Stand fonctionne, c’est ça la réalité. 


Ziggy eut un sourire malicieux en direction de son ancien ami, acculé contre son bureau luxueux. 


Ziggy : Après tout, si on ne croit pas en ce que dit un contrat, c’est rien d’autre qu’un bout de papier, pas vrai, Salomon ?


Salomon : Espèce de sale…


Shizuka : Toute ta mise en scène repose sur la crédulité et la lâcheté de ton adversaire. Mais dès l’instant où on arrête de te craindre, tu n’as plus aucun pouvoir.


Face au poids des charges contre lui, Salomon restait désespérément silencieux pendant ce procès pour contrefaçon de Stand. 


Adam : Jojo, Ziggy, vous allez m’expliquer ?! Comment tout ça pourrait être une mise en scène alors que ta jambe est vraiment brisée, ma main vraiment tranchée et Batya…Batya… 


Shizuka : Adam, repasse sous l’arche que tu viens de traverser. Ne lui fais pas face, contente-toi de reculer doucement…


Avant le dernier mot de sa phrase, Salomon frappa avec son bras atrophié contre l’étagère de rage, éclaboussant son visage d’encre noir. Quand il réalisa ce qu’il venait de faire, il poussa à un grognement geignard.


Salomon : Adam, je t’en supplie…ne fais pas ça ! Je veux dire…si tu fais ça, tu perdras quelque chose d’encore plus grand ! Tu perdras…Tu perdras…Tu perdras tout ! 


Au bord du craquage, celui qui s’était hissé au-dessus du monde perdait pied. Ses doigts glissants de sueur cramponnés au coin de son bureau l’empêchaient péniblement de chuter de son piédestal. Loin de ce spectacle au jeu d’acteur médiocre du riche industriel, Adam lança un regard à Shizuka qui lui répondit naturellement par un modeste hochement de tête. Le jeune homme amputé recula d’un pas timide et passa le seuil du Torii en fermant les yeux. Quand il les rouvrit, sa main était revenue bien en place. Il n’en croyait pas ses yeux.


Adam : Q-qu’est-ce-qui s’est passé ?! Pourquoi ça a annulé le sacrifice ?


Salomon ne réagit pas. Ses tremblements étaient le seul signe que son cœur battait encore.

 

Shizuka : J’ai eu l’intuition au moment où il nous a dissuadé de revenir en arrière…C’est la forme des portes qui m’a mis sur la voie…


Salomon : Les Torii…?


Shizuka : Pourquoi ne pas simplement prendre l’apparence de bêtes portes occidentales ? Rien ne l’expliquait…Si j’avais compris plus tôt, ça nous aurait épargné tellement de malheurs…


La jeune fille serra son poing, les yeux légèrement humides. Elle finit par baisser la tête avec un petit sourire triste dessiné à l’encre invisible. Elle s’avança vers la porte du bureau et se dressa face au seuil. 


Shizuka : Il y a une vieille tradition au Japon qu’on enseigne aux enfants : le Torii représente le passage entre la réalité et le monde spirituel alors…si on passe en dessous en entrant dans le temple, on doit le ré-emprunter dans l’autre sens sous peine de rester bloqué parmi les esprits… 


Adam : Alors il suffisait vraiment de repasser par les portes qu’on avait déjà traversées ?!


Ziggy : Justement, non…c’est là que le Stand de Salomon est si puissant. Si la personne ne se rend pas compte qu’elle s’est faite rouler, elle ne récupérera jamais ce qu’elle a perdu. C’est seulement s’il comprend l’escroquerie qu’il sera sauvé. C’est ça, la vraie clause d’annulation. 


La petite fille franchit le seuil de la porte du bureau et, au moment précis où elle le fit, au bout du long couloir, la porte de l’ascenseur s’illumina d’une lumière artificielle blafarde et vacillante comme celle d’une gare laissée à l’abandon. Adam et Ziggy la suivirent. Salomon resta en arrière à griffer la surface de la table en tremblant. 


Au moment où Adam mit le premier pas dans le couloir, son expression changea et sa tête se tourna dans tous les sens comme pour comprendre ce qui se passait. Les portes de l’ascenseur se fermèrent dans un grincement inquiétant. Elles se réouvrirent sur une silhouette familière. 


Shizuka : Batya ! 


La petite fille courut vers la femme qui les attendait, adossée au mur, faisant des bulles avec son chewing-gum. Elle se jeta dans ses bras et Batya l’accepta par politesse. Bien que la situation aurait exigé un océan de questions, la revenante conserva la moindre goutte de salive. 


Batya : Je viens tout juste de me réveiller. Je ne sais pas ce que vous avez fait là-haut mais j’en conclus que je me suis fait rouler en beauté. J’avais soigné ma sortie pourtant. 


Adam : B-Batya…Mais je…je veux dire…on t’a vu…on t’a vu…mais alors tu savais que…?


Adam avait les yeux gorgés de larmes. Il se tourna subrepticement vers Ziggy qui semblait plus rassuré que sa théorie soit confirmée que surpris de voir une femme ressusciter.


Ziggy : Je pense qu’elle croyait sincèrement qu’elle allait mourir au moment où elle a franchi la porte…sinon on n’aura même pas eu l’image de sa mort. J’avais des soupçons sur elle mais une chose est sûre, elle s’est réellement sacrifié pour toi, Adam.


Porte après porte, ils revécurent, scène après scène, leur ascension de la tour, privés cette fois-ci de la narration hautaine du maître des lieux. Suivant scrupuleusement chaque lumière, leur indiquant le chemin de leurs choix passés, ils rachetèrent toutes leurs hypothèques, une à une. Seule la porte qui avait pris Maneater et Job les garda jalousement.


Adam : C’est étrange…le bouffeur de pâtes et la sardine ne reviennent pas…j’espère qu’il ne leur ait pas arrivé quelque chose.


Shizuka : Je l’aurais ressenti si leurs énergies vitales avaient totalement disparu. Je ne peux pas les localiser mais je sais qu’ils sont vivants…mais ça m’inquiète aussi…


Ils arrivèrent dans le hall toujours en ébullition. Les mouvements erratiques du bal des employés tranchaient avec le calme chirurgical des étages supérieurs. Shizuka se sépara du groupe et se fraya un chemin vers l’entrée du bâtiment. 


Shizuka : Nous y voilà… 


Adam : On va vraiment partir comme ça, Jojo ?! On a même pas pris un échantillon de sang noir pour HOPE !


Ziggy : Tu n’as toujours pas compris, frérot ? 


Adam : Comprendre quoi ? Je suis perdu depuis qu’on a quitté ce foutu bureau ! 


Shizuka : Il n’y a qu’une seule porte qui n’a eu aucun effet sur nous depuis le début. C’est la porte d’entrée du bâtiment. Le premier sacrifice a eu lieu ici. C’est là que le déclencheur invisible du Stand s’est activé…


Shizuka commença à approcher sa main de la porte vitrée avant qu’une voix ne vienne l’interrompre. Elle se retourna et le Stand à l’allure humaine se dressait derrière elle comme un vieux souvenir voulant empêcher le présent de l’oublier.  


Salomon : Je ne peux pas te laisser faire ça, gamine. 


Ziggy : Il le faut, Salomon ! C’est fini…tu as perdu ! 


Salomon : The Doors n’est pas très doué pour se battre à la régulière mais je ferai tout pour vous empêcher de franchir cette porte. 


Il serra dans sa main le foulard blanc taché de sang, seul vestige de sa vaillance passée.


Salomon : Je n’abandonnerai pas cette fois-ci. 


Le Stand se lança avec sa main manquante sur la petite fille. Des ailes sortirent des épaules de Shizuka dans une tornade de poussière féerique. Le bras d’Achtung Baby attrapa le mirage et le plaqua violemment contre la porte vitrée. Entre les deux parties de la porte, un mur invisible marquait les limites de l’enceinte du Stand colossal. Le vieux souvenir lui lança un regard suppliant.


Salomon : S’il-te-plaît…


Shizuka : Il est temps de retourner à la réalité, Salomon. 


Achtung Baby : NUNBANUNBANUNBANUNBANUNBA ! 


Contre la frontière invisible, le visage du Stand disparaissait petit à petit jusqu’à s’évaporer définitivement au moment où la porte se brisa en un milliers d’éclats de verre spectral. L’instant suivant, comme par magie, ils se retrouvèrent à nouveau dans le bureau de Salomon dans l’état où il l’avait laissé. 


Adam : C-comment on est revenu ici ?!


Un seul détail changeait. Un homme était assis sur la chaise de Salomon. Un bandage sur le haut de son visage dissimulait un œil manquant. Un de ses bras - recouverts de plaques rouges et brunes - se finissait en un moignon disgracieux et son souffle était chaotique, haletant à chaque tremblement de son corps faible. Sa main unique s’accrochait à un revolver posé sur la table. 


Shizuka : Ca fait plaisir d’enfin te rencontrer…Salomon. 



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