JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Chapitre 62 : Lake Shore Drive (Partie 1)
2787 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 05/05/2024 16:16
Après avoir terminé son histoire, la fillette se mit à sangloter. Ce dernier souvenir enfoui au plus profond d’elle était l’épicentre de tous ses tremblements. Job, qui était allongé sur le canapé, se leva, ramassa une couverture et la posa sur son dos avant de se diriger vers la petite cuisine de la Mystery.
Shizuka : Job, tu nous as entendus ?
Job : Bien sûr, Signorina. Je peux entendre des bruits de pas à cinq cent mètres de distance alors deux personnes qui discutent à un mètre de moi pendant que j’essaye de dormir…
Shizuka : Oh ? Je suis vraiment désolée…
Job : Ne vous inquiétez pas, Signorina… c’est toujours plus supportable que les ronflements de l’autre…
Adam : Hé ! Retire tout de suite ce que tu viens de dire, espèce de…
La remarque de Job fit rire aux éclats la fillette et illumina son visage autrefois triste. Content de la voir à nouveau sourire, Adam se retint de répondre aux provocations de l’italien et se contenta de suivre l’émotion nouvelle de Shizuka. Job revint avec une tasse de lait chaud et la confia à la plus jeune, emmitouflée.
Shizuka : M-merci, Job…
Le silence s’était imposé dans le camping-car et rien ne semblait pouvoir le déloger à l’exception des “slurp” à répétition de Shizuka qui buvait le contenu de sa tasse. Une sonnerie de téléphone retentit alors sous la forme d’un vieux jingle de super héros. Adam décrocha.
Adam : Ziggy ! Enfin, on a aucune nouvelle depuis des heures ! On a eu le temps de résoudre le Mystère pendant c’temps !
Adam appuya sur une touche du téléphone et activa le haut-parleur.
Job : Encore cet informateur véreux ? On ne va pas continuer de le mettre au courant de nos avancées !
Ziggy : J’aimerais bien t’y voir, Adam ! J’ai dû me dépêcher de détourner le signal de toutes les antennes présentes dans la régions en évitant d’avoir les sociétés de comm’ et Interpol sur le dos… tout ça pour me rendre compte que les communications fonctionnaient à nouveau normalement !
Adam : Lady Stardust est au courant que tu t’amuses à bidouiller des trucs qui pourraient te faire gagner une carte “Allez directement en prison” ?
Ziggy : C’est pas vrai…Vous vous êtes passés le mot ! Layla est juste une… bref, vous avez réussi à obtenir le nom du prochain Mystère ?
Shizuka posa sa tasse et retira la couverture de ses épaules avant de se lever.
Shizuka : Oui, Vizioz nous a appelé et on lui a donné le nom du Mystère, il a dit qu’il était “intéressant”. C’était quoi son nom déjà… ”Lake Shore Drive”, je crois ?
Ziggy : Lake… Shore… Drive… ça ne me dit rien… je vais regarder ça tout de suite.
A plusieurs centaines de kilomètres de l’ancienne Road To Nowhere, dans son sous-sol humide où la lumière peinait à pénétrer, des fenêtres s’ouvraient sur l’écran du jeune garçon au rythme des cliquetis des touches de son clavier mécanique.
Ziggy : De ce que je peux voir, ça concernerait des disparitions aux abords d’un lac dans la forêt de Brocéliande…
Job : Encore des disparitions ? Ça ressemble beaucoup à Road To Nowhere… est-ce que c’est une coïncidence ?
Ziggy : Les disparitions ne sont pas la partie la plus étonnante… ce fameux “lac” n’existe sur aucune carte. Aucun point d’eau de cette taille n’existe dans les alentours.
Job : Un lac qui apparaît et qui disparaît, qu’est-ce que ça peut vouloir dire...?
Adam : On verra sur place. Les gens ont tendance à exagérer, ils ont sûrement vu une mare un peu grande et ont halluciné un lac ! Tu peux nous envoyer les coordonnées GPS, Ziggy ?
Ziggy scruta une carte satellite qui s’affichait sur l’écran rayé de son ordinateur et fit danser son pointeur sur les différents repères du dessin.
Ziggy : Il y a un petit village à proximité du prétendu lac… Honky Château, c’était un ancien site industriel qui faisait vivre la région alentour mais depuis que l’usine a fermé, il ressemble davantage à un village fantôme. Après y'a toujours un restaurant qui a 4 étoiles sur…
Adam : Ziggy, on a pas le temps pour tes enfantillages !
Il se mit à chuchoter à l’appareil pour que les auditeurs autour de lui n’entendent rien.
Adam : C’est quoi comme genre de restaurant…?
Mais sa jeune amie n’était pas dupe.
Shizuka : Adaaaaaam… qu’est-ce que tu chuchotes ?!
Adam: R-rien du tout ! Bon, dès demain matin, on part pour Honky Château, si on ne se dépêche pas, le Mystère risque de s’élucider tout seul !
Adam et Shizuka s'apprêtaient à rejoindre leur lit pour aller se coucher mais Job attrapa le bras de la jeune fille.
Job : Signorina, vous n’allez pas faire à nouveau confiance à ce Ziggy Stardust ! Il finira forcément par nous trahir et nous envoyer dans la gueule du loup ! Les Mystères sont trop dangereux pour qu’on puisse se permettre d-
Shizuka : C’est le frère d’Adam, Job ! Je comprends que tu sois méfiant mais je suis sûr que Ziggy est de notre côté, je l’ai senti avec mes ronces… au fond de lui, il ne nous veut aucun mal.
Job : V-vous avez sûrement raison…
La vie criminelle et solitaire de Job l’avait rendu méfiant et rien ne semblait pouvoir effacer ses doutes. Cependant, les mots de Shizuka l’avaient fait questionner ses certitudes. Comment l’avis d’une fillette pour laquelle il travaillait pouvait faire vaciller son instinct ? La suivait-il toujours dans le but de récolter l’argent pour Michelle ou le cruel et invincible Chef d’Orchestre était-il en train de se ramollir ?
***
Les yeux de Shizuka étaient collés à la fenêtre devant laquelle les étendues vertes se succédaient, parfois tâchées de blanc par les gelées hivernales et parfois broutées par des animaux blancs tâchés de noir. Au milieu de la toile bleue elle-aussi tâchée de formes blanches, la silhouette d’un château de roches grises verdies par les années se dessinait.
Shizuka : C’est lui le château qui a donné son nom au village ?
Ziggy : Tout à fait ! D’après leur site, il a servi de studio d’enregistrement dans les années 70 mais depuis, à part les quelques visites des touristes passionnées de légendes arthuriennes, il est aussi désert que le village…
Shizuka : “Arthuriennes”... comme le roi Arthur ?
Adam se retourna de sa place de chauffeur avec le regard illuminé de pouvoir raconter les histoires qu’il avait appris par cœur quand il était petit.
Adam : Oui exactement, Jojo ! Vous apprenez peut-être pas ça chez les ricains mais la forêt de Brocéliande, c’est l’endroit où Merlin est enterré et c’est aussi l’endroit où habiterait la fée Viviane, la Dame du Lac.
Job : Ça m’étonne qu’autant d’informations aient pu rentrer dans sa boîte crânienne mais ce sciocco a raison…
Shizuka : La Dame du Lac ? Je me demande si ça a un lien avec notre Mystère…
Adam : C’est bon, on y est. Là y a le château, la forêt est par ici et juste à droite… je veux dire… quelle surprise ! Il y a un restaurant et mon instinct me dit qu’ils font des crêpes à tomber… enfin, c’est ce que dit leur site… que je n’ai absolument pas lu bien sûr !
Job et Shizuka lâchèrent un soupir synchronisé mais, devant les gargouillements de leurs estomacs, ils se décidèrent à suivre le jeune français. La jeune Joestar sentait comme une ambiance pesante en traversant le village fantôme. L’usine aux vitres cassées perçait le ciel de ses quatre ailes brisées, chacune armée de tours de briques cramoisies. La plupart des maisons étaient en ruines et leurs fenêtres murées ou masquées par de larges planches de bois.
Les seuls passants qui peuplaient les rues étaient les statues figées de l’église qui toisaient les allées du village. Une large imitation d’obus entourée de chaînes faisait office de monument aux morts. Les murs des bâtiments qui l’entouraient étaient recouverts de bataillons de papillons sombres menaçants, alignés comme les ombres de bombardiers planant au-dessus des hombres*.
Shizuka : A-Adam, qu’est-ce que c’est que ces trucs sur les murs ?!
*”hommes” en espagnol
Adam : Ah les papillons tout noirs ? Ce sont des phalènes du bouleau. La plupart du temps, ils sont clairs mais dans les endroits à forte pollution, la sélection naturelle a favorisé les individus les plus sombres… Ils sont super mignons, tu ne trouves pas ?!
Shizuka : O-Oui… bien sûr…
Les muscles de la petite fille tremblaient sous le fardeau de l’ambiance pesante sur ses épaules. Elle interpella à nouveau son aîné qui s’était retourné après avoir répondu à sa dernière question.
Shizuka : Adam, ce village est bizarre… Vous ne voulez pas aller directement regarder dans la forêt ?
Adam : Jojo, ne me dis pas que tu as encore peur des fantômes ?!
En réponse au sourire taquin de son ami, la jeune fille gonfla ses joues et son visage se colora de rouge.
Shizuka : Adam, tu sais très bien que je n’y crois plus depuis la nuit dans les catacombes ! Les fantômes, ça n’existe pas !
Adam : C’est vrai… la main toute blanche sur ton épaule doit être fausse alors…
Shizuka : Ah ! Quelle main ?! Adam, aide-moi ! Je veux dire… c’est peut-être un Stand et…
Adam explosa de rire devant la réaction paniquée de la fillette qui avait sauté à pieds joints dans son piège. Derrière son épaule, le visage de Shizuka devenait terrifiant tandis que ses ronces enroulaient ses bras.
Shizuka : Tu vas me le payer, Adam !
Tandis que les deux autres se couraient après, Job s’approcha de la devanture du magasin pour le trouver volets fermés et porte close. Une feuille de papier était accrochée à l’entrée mettant en garde tous les visiteurs.
Job : “Fermé définitivement à tous les touristes. Allez-vous-en !”. Madre di Dio… quel accueil. Signorina, je pense qu’il va nous falloir décaler le restaurant à plus tard.
Job entendait des remous derrière les volets opaques. Il y avait bien quelqu’un à l’intérieur mais visiblement, on ne voulait pas les recevoir. Est-ce que ça avait un quelconque rapport avec le Mystère ?
Shizuka : Ne t’inquiète pas, Adam. On en trouvera bien un autre en route. De toute façon, je suis contente de quitter cette ville, je suis sûre que même la forêt sera plus accueillante… brrrrrrrrr…
Le Chef d’Orchestre mena la marche et ils quittèrent les rues désertes du village sous le vacarme des murmures cachés derrière les murs. À l’intérieur du téléphone, la voix de Ziggy continuait de les guider vers la position du prétendu lac.
Ziggy : L’entrée de la forêt devrait être juste à côté de vous…
Les trois explorateurs se tenaient face à deux arbres dont les branches formaient l’encadrure d’une porte et la brume formait presque un portail vers d’autres dimensions. L’orée de la forêt se dressait comme une fortification infranchissable qu’aucune volute de brouillard ne pouvait dépasser. Job passa son bras avec précaution en faisant lentement suivre le reste de son corps comme s’il traversait une cascade.
Shizuka : Cette brume est encore plus effrayante que le village… je ne pensais pas que c’était possible…
Job : Signorina, arrivez-vous à distinguer des énergies…? La brume et les arbres m’empêchent de bien distinguer les sons…
Shizuka : Non… et c’est bien ça qui m’inquiète… même les animaux semblent avoir déserté la zone !
Adam : Avec cette brume, si un ennemi nous attaque, on aura beaucoup de mal à répliquer… Au moins, on sera sûrs que sa tare est la tricherie de nous attaquer en traître !
Job : Tu pourrais faire disparaître cette brume avec ton moustique météo ?
Son tendre ennemi témoigna tout le mépris qu’il ressentait pour le sobriquet dont il avait affublé son allié.
Adam : Idiot… son nom, c’est “Cloudy” pas “Mr. Blue Sky”... s’il chasse la brume, ça sera avec une tornade ou un blizzard ! J’ai essayé de la dégager avec les ailes de mon Butterfly mais cette coquine de brume n’a rien de naturel !
Derrière le voile grisâtre, Shizuka distingua une zone sans brume qui ressemblait à une clairière. Elle l’indiqua aux deux autres et déploya les ailes de son Stand.
Shizuka : Je vais vous rendre invisible… c’est plus prudent. Achtung Baby !
Les ailes du Stand protégèrent la petite fille de tous les regards. À mesure que le duvet gris recouvrait leur corps, leur apparence s’assoupissait dans les draps de brume, allongée sous une couverture d’invisibilité. Après quelques pas prudents, ils atteignirent une petite clairière où les rayons venant du ciel frappaient le sol en remplaçant les flots de brume. Une petite oasis de clarté dans le désert végétal se dressait devant eux. Un petit écureuil était même en train de manger au pied d’un grand arbre avant de fuir en remarquant leur présence. La seule ombre à cette idylle était un tas de bouteilles de verre sûrement laissées pas des touristes irrespectueux qui jonchaient l’herbe. Une d’entre elles semblait même récente car du liquide s’échappait de son goulot pour former une flaque.
Shizuka : Beurk ! Les gens pourraient faire plus attention ! Cet endroit est magnifique et ils y laissent traîner leurs ordures !
Adam : Les phalènes sont clairs ici, ça veut dire que même la pollution de l’usine a épargné cet endroit… bon sang, c’est incroyable…
Job s’avança vers le tas de bouteilles et s’arrêta devant l’une d’entre elles, qui semblaient contenir quelque chose. Il la remua pour en faire sortir un petit papier sur lequel se trouvait un message écrit avec la même encre que sur l’enseigne du restaurant.
Job : “Prenez garde au loup.”... Encore une énigme ?
Le Chef d’Orchestre fourra le papier dans la poche de son pantalon tout en répétant les mots qu’il venait de lire comme une formule magique.
Shizuka : Parfois, j'aimerais tellement que nos vies soient plus simples… ?! Oh non, mon pauvre… Qu’est-ce que tu fais là ?!
Devant elle, dans la boue, frétillait un petit poisson doré. Ses yeux étaient à facettes comme ceux des insectes mais leur couleur azur évoquait davantage de petites pierres précieuses.
Adam : Il est vraiment magnifique… je n’ai jamais vu ce genre d’espèce avant…
Shizuka le manipula avec précaution et lui attrapa la queue dans l’espoir de trouver une petite mare où le libérer plus tard lors de leur exploration. Cependant, au moment où elle voulut saisir l’extrémité de l’animal, il s’en sépara comme un lézard ce qui fit crier la petite fille.
Adam : La brume, elle nous enveloppe !
La fumée grisâtre était en train de se répandre sur la petite clairière, effaçant tout sur son passage. Les trois manieurs se prirent la main (avec Shizuka au centre bien entendu) pour ne pas se perdre dans les méandres nuageux.
Job : Signorina, vous allez bien ?
Shizuka : O-Oui, Job, je crois !
Peu à peu, la brume se désépaissit pour les laisser voir une partie des alentours. Ils avaient tous l’air perplexe devant le nouveau décor qui les accueillait. Adam fut le premier à mettre des mots sur leurs interrogations communes.
Adam : C-comment ce lac est arrivé ici ?!