L'école des démons acte 1

Chapitre 33 : Callego

2588 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/01/2022 12:55

Ses blessures n’ont rien de grave et à vrai dire, il les a à peine pansés. Son oncle fut surpris de le voir revenir seul et monter chercher les affaires la rousse et les confier à un domestique, pour le lui apporter. Son air maussade a immédiatement alerté l’adulte que cela ne va pas avec son neveu. Celui-ci s’est rué vers la salle d'entrainement, ignorant les appelle du démon qui l’a pourtant suivi jusqu’au sous-sol.

Il entre dans la salle, alors que le plus jeune fait exprès de faire des mouvements brusques pour que Gianni ne s’avance pas. Celui-ci se contente de s’adosser au mur en observant la tête de mule, en soupirant.

 

— Eh petite tête, que s'est-il passé ? Pourquoi les deux autres ne sont plus là ?

— Des membres de leur clan ont attaqué ses frères et elle a perdu le contrôle de son pouvoir, Shichiro l’a amené à sa mère pour la guérir.

— Pourquoi tu n’es pas avec eux ?

— Pour éviter de les gêner.

— Pardon ? dit l’oncle, moqueur.

— Je suis occupé là ! râle Callego.

— Je pensais que c’était ta copine et tu ne l’aides pas ? dit le démon.

— Elle est autant à moi, qu’à Shichiro.

— Je vois, mais je ne vois pas en quoi cela change le fait que tu ne sois pas avec eux alors que tu l’avais invité à vivre quelques jours ici, au départ ?

 

Un arc électrique s’écrase contre le mur près de l’adulte qui s’est raidi en le voyant arriver. Callego lui fait face en serrant crocs et points ! Son visage est coléreux et douloureux. Son oncle en cligne des yeux, c’est bien la première fois qui lui voient cette expression. Une colère telle qu’il en a les larmes aux yeux, mais il connaît le démon, il refusera de dire ce qui le ronge et compte de fait, celui-ci quitte la pièce. Gianni n’a pas dit son dernier mot, il rattrape son neveu par l’épaule pour lui faire, faire volte-face.

 

— Tu n’as pas compris que je refuse de te parler ! rage le brun.

— Oh que si, petite tête ! Mais je ne vais pas te laisser partir avant de t’avoir tiré les vers du nez !

— Je n’ai rien à te dire, bon à rien d’oncle !

— Monsieur, le bon à rien, je te prie, cher neveu ! Callego, je suis sérieux, sa blessure est grave ? Et, toi, c’est quoi ses brûlures ?

— Ce n’est rien, c’est Degan qui s’enflamme un peu trop et je n’ai rien à te dire.

— Je sais que la petite est malade, le directeur m’a demandé de garder un œil sur elle. Tu te rappelles ? Je suis le surveillant de l’école.

— Qui ne fait pas correctement son travail !

— Pourquoi je le ferai ? Tu dois bien te faire la main pour quand tu me remplaceras, plaisante le démon.

 

Callego essuie ses yeux humides, insultant sans aucune conviction son oncle. Il sent son téléphone vibrer, cela fait quelques minutes qu’Aérin et Shichiro le noient de message pour avoir de ses nouvelles. Cette fois, Aérin l’appelle directement, il manque de faire tomber le téléphone en le prenant et le laisse sonner sous le regard perplexe de l’adulte.

 

— Elle ne va pas me lâcher, explique-lui que j’ai dû partir et que je ne peux pas répondre, dit Callego.

— Pourquoi je ferai ça ?

— Ça va, soit sympas !

— J’accepte uniquement si tu te décides à parler, réplique Gianni.

 

Callego grince des dents, Gianni lui prend le téléphone des mains et rappelle la rousse, excusant l’absence de Callego convié soudainement par son père et de son absence temporaire et raccroche l'appareil qu'il rend au brun.

 

— Voilà, j’espère que tu te réjouis, ils s’en font pour toi !

— C’est Aérin, répond Callego.

— Ta copine et ton copain ! Tu pourrais au moins leur répondre, toi !

— Je ne peux pas faire ça, sinon, je vais culpabiliser, réplique Callego, qui rougit de honte.

— Culpabiliser sur quoi ? Tu m’expliques où je t’attache sur une chaise et je te fais boire !

— Essaie seulement, grommelle le brun.

 

Callego se tourne pour aller dans le salon suivit par Gianni ou ils s’assoient sur le divan. Le démon n’est pas franchement décidé à parler… Que lui dire de toute manière ?

 

— La magie d’Aérin, lui permet d’avoir une affinité magique avec tous les éléments, explique Callego.

— Elle n’a pas de problème d’opposition ?

— Justement, elle a perdu le contrôle de sa magie, c’est Shichiro qui l’a arrêter, dit-il le regard bas.

— Tu es resté figé ?

— Bien sûr que non ! Mais je n’ai pas été d’une grande aide non plus. Et, quand je vois comment il agit avec elle, ça m’énerve ! déclare le brun, en colère.

— Tu es juste complexé ? Shichiro est plus résistant que toi, je suppose qu’il a enduré sa magie pour l’atteindre. Tu n’es pas subtile, que ce soit par ta magie ou ton comportement, dit Gianni, avec une certaine malice.

— Je le sais ! réplique Callego, sèchement.

— Et tu penses qu’en t’éloignant d’eux, tu vas arranger les choses ?

— Aérin et Shichiro sont faits pour être ensemble, je n’arriverai jamais à être comme lui, dit Callego, qui détourne les yeux.

— Et tu ne te dis pas que c’est ce qu’ils aiment chez toi ?

— Pourquoi tu les mentionnes tous les deux ? râle le brun.

— Ce que vous faites tous les trois ne me regarde pas, mais vous êtes ensemble d’un commun accord si je ne me trompe pas. Que ce soit Aérin ou Shichiro, tu devrais peut-être prendre ton courage à deux mains et leur dire ce qui ne te va pas. Est-ce que tu as réellement une idée de la raison pour laquelle tu les fuis ?

— Je ne les fuis pas, je ne m’impose pas…

— Non Callego, tu fuis !

 

Il détourne les yeux, peu importe comment il le voit concrètement, il est toujours dépassé par les évènements. Shichiro est celui qui soutient réellement Aérin... Il regarde ses genoux d’un air maussade. Son oncle a les yeux sur lui et soupire en passant sa main dans sa chevelure non entretenue en se portant sur le dossier du fauteuil.

 

— Ah, les jeunes et leurs peines de cœur, dit-il presque moqueur.

— Ne compare pas ça, à moi ! râle Callego.

— C’est pourtant ce que c’est, ricane l’adulte.

— Mais rien à voir ! Je me retire volontairement parce que ce n’est pas pour moi !

— C’est Shichiro qui a fait le premier pas ?

— De quoi, pour se mettre ensemble ?

— Oui.

— Non… C’est moi. Et, je savais que Shichiro était amoureux, avoue-t-il, gêné.

— Tu l’as courtisé par jalousie, pas vrai ?

— Si… Et, c’est venu comme ça… Parce qu’elle était dans un moment de faiblesse.

— Tu as profité de sa faiblesse pour te rapprocher d’elle ? dit-il en levant un sourcil.

— Mais non ! Enfin oui, mais je n’en ai pas profité, disons que ç'a joué. Je pense que la voir aussi révoltée contre sa propre condition et de la comparer à cette fausse joie qu’elle affiche en permanence… Ma simplement, touché.

— Je ne suis pas certain de tout comprendre, Sullivan m’a juste dit qu’elle était sujette au cycle du mal.

— Elle a eu un accident, elle est mourante et elle déteste que l’on s’inquiète pour elle.

— T’éloigner est ridicule, réplique l’oncle.

— Pourquoi ? Rétorque Callego, agacé.

— Parce que, je suis certain que tu l’aimes.

 

Callego tique et détourne son visage devenu rouge.

 

— Vous savez, jeune maître Naberius, je ne vous avais jamais vu aussi détendu qu’en présence de ses deux jeunes.

 

Callego et Gianni se retournent sur le domestique qui fait les poussières dans la pièce et qui leur fait un signe avant de continuer son ménage.

 

Zya et Degan longent l’escalier pour rejoindre la chambre d’Azael. Degan suppose qu’il est dans la salle de bain, en passant la dernière marche, il aperçoit le félin qui revient vers eux.

 

— Vous êtes remonté ?

— Oui, Zya souhaiterait voir les autres blessures d’Azael, explique Degan au chat.

— Ou profiter puisqu'il est à moitié nu, répond celle-ci d’un clin d’œil. 

— Je ne veux pas en profiter, dit-elle en agitant les mains, son visage devenu rouge vif.

— Eh ! C’est moi qui fais ce genre de blague ! dit le rouge, vexé.

 

Opéra ouvre la porte de la chambre et crie au démon :

 

— Azael ! Ta future femme souhaite vérifier que son futur mari ne soit pas trop amoché ! Tu es nu ou encore assez décent pour laisser rentrer une dame ?

 

Azael a presque manqué de glisser en entendant la voix du chat.

 

— Elle m’a déjà soigné ? répond le démon confus, il renfile vite fait son pantalon : c’est bon !

 

Opéra laisse rentrer Zya qui s’approche de la porte de la salle de bain et frappe à celle-ci. Elle attend l’accord d’Azael et y entre, essayant de ne pas virer au rouge.

 

— Que veux-tu faire de plus ? dit-il d’un ton un peu sec, dont il s'aperçoit que trop tard.

— Juste vérifier tes autres blessures, s’écrase l’albinos.

— Je pense avoir été touché dans le dos, dit-il, plus posément.

 

Il est juste griffé, mais il porte aussi des traces de morsures sur les bras et les épaules.

 

— Les lésions sont moins importantes, réplique Azael.

 

Le démon se penche alors qu’elle sort onguents et bandages.

 

— Elles sont plutôt profondes, je peux, lui montre-t-elle le kit médicinal.

 

Il acquiesce et se déporte pour qu’elle ait plus facile. Les plantes qu’elle lui applique ont une affinité avec la foudre, elle avait tout prévu ?

 

— Tu es botaniste pour avoir des antiseptiques et antidouleurs qui considèrent mon affinité magique ?

— Oui, j’espère devenir guérisseuse pour notre clan, répond Zya, en souriant.

— Les démons s’en fichent d’aider les plus faibles pour la plupart, je ne serais pas aussi indulgent, dit Azael en tournant la tête vers elle.

— Ils ne le sont pas tous, la preuve avec vous, répond Zya.

— C’est le propre des démons Zya, si Aérin n’avait pas eu son accident, peut-être serions-nous moins compatissants, déclare le bicolore.

— Peut-être, mais Callego, Shichiro et Opéra ne sont pas de notre clan et pourtant ils vous soutiennent chacun à leur manière.

 

Azael remonte les yeux vers elle qui lui sourit timidement malgré son air triste. Sans doute attendait-elle un peu plus de compassion de la part de sa famille ? Elle se recule un peu après avoir appliqué le cataplasme, Azael se redresse vers elle et vient glisser la main derrière sa tête pour venir l’embrasser abruptement. Zya tressaille tout en serrant le pot d’onguent dans ses mains.

 

— Tu es une bonne démone, Zya.

 

Elle est rouge comme une pivoine et a plus qu’envie de fuir, mais il lui reste une plaie à faire. Elle se presse de terminer sa besogne, n’osant plus du tout regarder Azael dans les yeux et sort en hâte de la pièce.

Azael sourit malgré lui sur la réaction de la jeune, qu’il trouve en même temps mignonne et ennuyeuse, parce qu’à l’évidence, elle a toujours peur de lui. Sa toilette de terminer, il retrouve son lit. Il sort son téléphone et par l’heure tardive, préfère ne pas appeler sa sœur. Il s’allonge sur le matelas. Il entend son frère parler avec Zya dans le couloir avant que chacun rejoigne sa chambre… Opéra ouvre la porte et passe sa tête en le pointant de son doigt.

 

— Couché ou je te ligote ! dit-il, sur son ton sérieux.

 

Azael tique et sourit en même temps… Les heures passent, mais la douleur le dérange trop, il n’arrive pas à dormir. Il se relève, laissant là ses béquilles pour ne pas faire de bruit et risquer de réveiller Opéra et se glisse alors dans la chambre de Zya. La démone se redresse à son intrusion, allumant la petite lampe de chevet, plus que surprise de le voir, là ?

 

— Azael ? chuchote-t-elle.

— Désolé de t’ennuyer, je n’arrive pas à dormir, explique-t-il sur le même ton.

— Tu as besoin de quelque chose ? demande-t-elle.

— Pas vraiment, tu m’en veux pour tout à l’heure ?

— Ça m’a surprise, mais je ne t’en veux pas. C’est pour ça que tu n’arrives pas à dormir ?

— C’est plutôt à cause de la douleur, Zya, puis-je dormir avec toi ?

— Quoi ? Mais heu…Azael… balbutie la jeune, en se crispant.

— Juste dormir Zya, je n’ai pas envie de rester seul.

 

Elle hésite, puis s’écarte en l’invitant à la rejoindre, bien que son cœur fasse du cent à l’heure et que ses joues soient de nouveau en feu. Azael la rejoint et se glisse à ses côtés, Zya s’immobilisant sur son dos en maintenant la couverture de ses mains.

 

— Tu es sûr que tu ne serais pas mieux tout seul ? demande-t-elle, embarrassée par sa présence.

— Non et je n’ai pas envie de dormir avec Degan, il bouge de trop. Opéra ne bouge pas, mais il fait flipper à rester statique toute la nuit, on dirait un cadavre, réplique Azael, en se souvenant de la fois où il est resté la nuit complète à dormir le cul en l’air sans avoir de torticolis le lendemain.

 

Zya éteint la lampe, les plongeant de ce fait dans le noir. Elle sent son cœur faire des bonds, elle n’est pas sereine et elle prend garde à ne pas le coller. Du moins, jusqu'à ce qu’Azael se tourne sur elle et la prenne dans ses bras, à la grande surprise de l’albinos.

 

— Ça ne te dérange pas ?

— Heu… Non, chuchote-t-elle, perdue.

— Tu peux refuser, plaisante-t-il pour la détendre.

 

Tant qu’il ne va pas plus loin, pense-t-elle. Pourquoi agit-il de cette façon ? Il doit sans doute chercher un moyen de faire passer son inquiétude pour Aérin, se dit la jeune démone.

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