Une vie
CHAPITRE 13 :
LA DÉCISION
C'est vrai que le beau Sesshoumaru a été absent depuis quelques chapitres mais il occupe toujours les pensées de sa protégée. Je me suis toutefois permis de consacrer une toute petite parenthèse au taiyoukai pour certains d'entre vous qui ne jurent que par lui (rires!).
Rin se réveilla dans un endroit doux et chaud. Qui plus est, elle n’était pas sur un sol dur ou légèrement humide. Cela ressemblait plutôt à un futon moelleux dans lequel elle avait l’impression de s’enfoncer toujours davantage. Ce qu’elle fit avec volupté : la chaude couverture sur son dos l’y contraignait un peu plus agréablement.
Même à travers ses paupières fermées, elle pouvait sans peine affirmer que le soleil était déjà levé. Elle plissa davantage les yeux non pas parce qu’elle était incommodée mais parce qu’un détail la chiffonnait. L’odeur. Ou plutôt l’absence d’odeur et de bruit. Où était passé le parfum des arbres que la rosée du petit matin faisait ressortir ? Celui de l’herbe qui chatouillait parfois son nez ? Où étaient donc passés les oiseaux qui pépiaient joyeusement ou bien encore le murmure du petit ruisseau près duquel elle avait établi son petit campement ?
Soudain, la réalisation. Elle ne savait pas combien de temps elle avait dormi mais elle se souvenait qu’elle venait d’être hébergée par Kagami, le souverain des Territoires du Sud, en remerciement pour avoir sauvé la vie de son fils.
Rin se retourna sur le dos et mit son bras nu sur ses yeux pour essayer de bloquer la lumière qui tout à coup lui devenait pénible. Mais peine perdue pour se rendormir. L’heure de la journée devait être bien avancée alors autant se lever et ne pas abuser de l’étonnante hospitalité de ce peuple youkai.
Rin rejeta les couvertures et se redressa sur son séant. Tai-chan dormait encore paisiblement quand il sentit un courant d’air froid dû à l’enlèvement soudain des couvertures. Il ouvrit son œil à demi et grogna faiblement. Sa maîtresse lui sourit :
— Allons, allons ! Il faudra bien que tu te lèves. Et puis, nous ne pouvons pas rester indéfiniment ici. On peut déjà s’estimer heureux d’avoir eu un bon repas et un bon bain. On partira dès que j’aurai vu l’état du blessé.
Tai-chan l’ignora. Rin se leva entièrement et chercha ses vêtements ! Diable ! Où étaient-ils donc passés ? Elle inspecta tous les coins de la chambre et finit par soulever le futon. Dans le même processus, elle délogea Tai-chan qui grogna plus fortement cette fois. Sa maîtresse était vraiment obstinée quand une idée lui trottait dans la tête. Il bâilla et s’étira. Il reprendrait son sommeil plus tard si Rin voulait bien arrêter de s’agiter dans tous les sens. Résigné, il souffla fortement par ses naseaux.
Alors qu’elle avait littéralement retourné la pièce pour trouver ce qu’elle cherchait, Rin se résolut à sortir dans son yukata et à obtenir l’aide de quelqu’un. Tant pis pour la bienséance. Elle se dirigea vers le shôji et l’ouvrit suffisamment pour passer la tête. Personne. Pas même un garde ou une femme de chambre. Bon ! Et ben…
Elle n’eut pas plutôt fait coulisser la porte entièrement pour sortir dans le couloir avec Tai-chan entre ses pieds qu’elle entendit quelqu’un l’appeler et vit cette personne courir vers elle. À la seconde près !
— Rin-san ! s’exclama la même camériste qui s’était occupée d’elle à son arrivée.
La jeune hanyou reprit son souffle.
— Grands dieux ! Comme vous êtes matinale.
— Matinale ?! s’indigna presque Rin. Le soleil est dé…
— D’un autre côté tant mieux ! Vous tombez à point nommé pour le repas.
Tai-chan remuait frénétiquement sa queue et sa mauvaise humeur semblait s’être dissipée comme par enchantement.
— Mais je n’ai p…
— Mon amie va vous apporter de quoi vous vêtir. Ah ! Justement ! La voici qui vient ! Retournez dans votre chambre ! dit-elle surexcitée.
Le hanyou poussa Rin vers l’intérieur. La jeune femme qui avait une pléthore de questions à poser n’avait même pas eu la possibilité de les formuler intégralement. Et l’autre servante qui était à l’intérieur n’allait pas lui faciliter la tâche non plus.
— Ah ! Rin-san ! Dépêchez-vous ! Dans moins de dix minutes le repas sera servi.
Mais pourquoi étaient-elles dans cet état ? Était-ce un jour de fête ? Même mentalement ses questions furent coupées sans cérémonie quand les deux servantes se jetèrent presque sur elle pour la déshabiller afin de la revêtir d’un kimono plus conventionnel. Tai-chan qui avait compris la leçon de la veille tourna le dos à cet essaim de femelles survoltées et se coucha.
Le youkai déplia un premier kimono fait d’une toile blanche, assez fine, qui servait de sous-vêtement. Rin qui n’était pas habituée à se faire assister dans une tâche plus que simple se plia de bonne grâce aux exigences de la première camériste. Comme elle se sentait ridicule et surtout vulnérable ! Elle ressemblait à une poupée de chiffon manipulable à souhait.
Pendant que les deux femmes s’affairaient à lui superposer, de manière interminable, ses différents kimonos, Rin profita de leur concentration pour leur demander brièvement :
— Comment va-t-il ?
Tout en faisant les nœuds de sa ceinture et en arrangeant les plis, le youkai lui répondit par-dessus son épaule :
— Bien ! Il est hors de danger et tout cela grâce à vous.
— Oui ! enchaîna le hanyou qui peignait et ordonnait à présent ses cheveux. Il est encore un peu faible mais il rejoindra sa famille d’ici trois jours.
Rin soupira de soulagement mais sa quiétude ne dura pas longtemps. Un petit cri de surprise sortit involontairement de sa bouche quand les deux femmes l’agrippèrent soudainement par les bras pour la traîner le long des corridors. Mais comment courir avec cet accoutrement sur le dos et des tabis ? Furtivement, la pauvre humaine se retourna pour voir Tai-chan qui la suivait joyeusement. Elle crut déceler dans son regard une petite lueur de moquerie. Il s’en fichait, lui ! Il n’avait que ses poils sur le dos !
Arrivée pantelante devant deux grandes portes, les servantes arrangèrent encore quelques derniers détails. La femelle hanyou annonça Rin et la voix chaude et rassurante de Kagami résonna derrière les panneaux:
— Entre, Rin.
La servante youkai fit coulisser l'un des battants et Rin fut bien forcée d'entrer. La porte se referma ensuite derrière Tai-chan et elle. Rin n'avait pas osé lever les yeux. Elle ne savait pas combien de personnes occupaient la pièce mais elle pouvait sentir une pléthore de regards braqués sur elle. Tout ce qu'elle souhaitait en ce moment, c'était partir, quitter ces youkai pourtant très aimables; mais ils n'auraient certainement pas accepté qu'elle s'en aille comme une voleuse. Ç'aurait été faire un ultime affront à l'éducation que lui avait donnée Sesshoumaru. Elle se sentait mal à l'aise jusqu'au moment où Kagami s'arrêta devant elle. Elle s'inclina respectueusement.
— Allons, mon enfant. Je te l'ai déjà dit hier, euh... non, ce matin. Relève la tête.
La jeune fille inspira profondément et obéit. Elle regarda Kagami droit dans les yeux, n'osant pas porter ses yeux sur les autres membres de la famille qu'elle devinait sans peine assis derrière le dos du souverain. Mais le youkai recula de deux pas.
— Regardez-moi ça! s'exclama-t-il tout à coup. On ne dirait absolument pas que c'est le guerrier d'il y a à peine quelques heures! Ce kimono te va à ravir, Rin-chan. C'est beaucoup mieux que cet accoutrement barbare que tu as sur le dos.
Rin ne pouvait prononcer une parole pour saluer le souverain. Elle sentit ses joues devenir très chaudes. Elle n'avait pas eu le temps de se voir mais l'éclat des yeux de Kagami finissait par l'en convaincre. Le kimono vert sapin qu'elle portait faisait ressortir la couleur noisette de ses prunelles. Il avait toujours bon goût, malgré ses années, et il s'en félicitait.
Rin prit peu à peu confiance et murmura un timide merci. C'était la première fois qu'on la trouvait belle à regarder et surtout, qu'on le lui disait; la première fois aussi qu'un homme ... euh ... youkai, bref, mâle, lui adressait ce genre de compliment. Mais c'était la deuxième fois aussi que le mot « barbare » s'appliquait à elle. Elle fronça légèrement les sourcils mais se détendit. Kagami ne devait certainement pas penser à mal.
— Rin-chan, laisse-moi te présenter les autres membres de ma famille.
Ces derniers s'étaient alors tous levés autour de la table.
— Voici mon épouse, ma chère et tendre Minako. Un ange.
Rin s'inclina devant la souveraine.
— Kagami, mon cher ! N'en faites pas trop ! Je suis un ange de patience pour supporter vos excès, c'est vrai, mais un véritable démon quand il s'agit de vous corriger! s'exclama joyeusement la souveraine.
— Me suis-je déjà plaint de vos corrections, ma douce ? demanda suavement Kagami.
Minako baissa la tête et soupira. Son époux était incorrigible, même après toutes ces années, non, siècles de vie commune. Après avoir entendu le court échange du couple, Rin trouvait d'ailleurs que Kagami et Miroku devaient partager certaines tendances vis-à-vis des femmes.
— Rin-chan ..., reprit Minako.
La jeune fille releva la tête et put enfin admirer le youkai dont Kagami raffolait des charmes. Des cheveux blancs, magnifiques, relevés en un simple chignon. Un visage souriant qui, elle le sentait, inspirait la crainte aussitôt que les traits exprimaient la colère.
— Merci pour ce que vous avez fait.
Les deux femmes s'inclinèrent respectueusement.
— Allons ! tonitrua Kagami. L'heure doit être aux réjouissances. Aiku est vivant! Arrêtez de vous confondre en remerciements et autres mondanités. Voici mon deuxième fils, Shiroku et son frère, Keisuke. C'est le plus agité de mes trois garçons. Et enfin, mon unique fille, Yukiko, qui tient beaucoup de sa mère, accompagnée de son mari, Hiroki.
À chaque fois, que Kagami désignait verbalement une personne, celle-ci inclinait automatiquement la tête ce que fit également Rin. Mais que de têtes blanches ! Excepté l'époux de la princesse. Après inspection, Rin s'aperçut qu'il était ... humain. Humain! Mais elle ne cria pas pour exprimer sa surprise. Tout de même ! Un humain au sein d'une famille royale ! Et ce n'était pas tout ! Quand Rin passait en revue les personnes qu'on lui indiquait, ses yeux s'arrondirent autant que le ventre de Yukiko. Elle était enceinte. Et donc, en toute logique, le bébé qui naîtrait de cette union serait... un hanyou. Elle en avait déjà vu dans la cité et parmi les serviteurs, mais dans la famille royale ..., est-ce que cela n'était pas un peu... « risqué »?
Kagami remarqua l'expression de Rin quand son regard s'arrêta un peu plus longtemps sur sa fille que sur le reste de la famille. Il se râcla la gorge et la jeune fille reprit ses esprits, confuse d'avoir été surprise en train de dévisager la princesse. Mais Yukiko n'en prit pas ombrage et sourit à son hôte.
— Comme tu peux le voir, ma fille attend un heureux événement. Dans deux mois, je serai grand-père. J'ai hâte de voir la tête de ma petite-fille !
— Qui vous dit que ce sera une fille ? interrogea Rin.
— C'est obligatoirement une fille puisque j'ai déjà trois garçons, sourit Kagami qui sentit que Rin se détendait.
Puis le souverain éclata d'un rire franc et massif alors qu'il indiquait de la main la place de Rin, le coussin vaquant situé à sa gauche. Tout le monde se rassit et soupira en même temps.
— Chéri, reprit Minako. Il vaut mieux pour cet enfant que ce ne soit pas une fille. Je connais trop bien votre attitude vis-à-vis de la gent féminine.
— Ma chère, rétorqua le souverain qui feignait de ne pas comprendre les allusions de son épouse, tout ce qu'elle risque c'est de se voir un peu trop gâtée par son grand-père, tout comme Rin ici présente, termina-t-il en adressant une œillade à l'intéressée.
Oui ! Décidément, Kagami était le pendant youkai de Miroku. Était-ce possible de la part d'un souverain ? Avait-il alors dans ce cas des enfants illégitimes, avec des humaines peut-être, ce qui expliquerait la parfaite cohabitation entre les différentes espèces ? Comme s'il avait lu dans ses pensées, Shiroku, le doux rêveur, fit entendre sa voix pour la première fois lorsqu'il vit que le teint de Rin virait au rouge sous l'effet des paroles de son père.
— Rin-san, ne vous en faites pas. Père n'est pas un coureur de jupons. Il n'a jamais fait aucune infidélité à notre mère.
— Vrai ! renchérit Keisuke qui sentait que c'était le moment d'intervenir. Il parle beaucoup mais il ne ferait jamais une chose pareille ! De toute façon, Mère l'aurait plumé comme un vulgaire poulet et embroché sur le champ si cela avait été le cas.
Rin s'imagina alors Kagami sous sa véritable forme, en train de subir le terrible châtiment, et immédiatement, un sourire presque moqueur se dessina sur son visage. L'image était vivace et elle ne fut pas la seule à avoir cette réaction. Toute la tablée fut contaminée par cette bonne humeur et Kagami lui-même fut le premier à partir dans un fou rire. Les autres suivirent. Lorsque les sept personnes se calmèrent, le repas commença.
Rin se sentait un peu mieux mais elle éprouvait toujours une petite incertitude. Une petite voix lui disait de se méfier: être acceptée aussi facilement n'allait-il pas se solder par un renvoi cuisant ? Elle gardait en mémoire son court séjour chez les villageois. Mais ces derniers étaient des humains, des paysans, des gens qui n'avaient pas d'éducation et donc des préjugés fortement ancrés, doublés de superstitions. Quoique ... à bien y réfléchir, les humains n'avaient pas été tendres non plus avec elle avant qu'elle ne rencontre Sesshoumaru.
Or, ici, le contexte était radicalement différent. Il s'agissait de youkai de noble lignée dont l'un des membres avait un humain pour compagnon, lequel humain mangeait côte à côte avec le reste de la famille et semblait en bonne intelligence avec les démons. Comment se fait-il que l'intégration se fasse mieux dans un sens que dans l'autre ? Elle aussi pouvait témoigner : c'est un démon qui a tacitement accepté qu'elle le suive.
Tai-chan, lui, n'avait pas perdu de temps et ne se posait pas autant de questions que Rin. Il faisait le tour de la table pour quémander aux invités quelques bouchées. Rin avait émi un « NON ! » énergique en voyant qu'il se comportait comme un mendiant. On devait avoir sa dignité tout de même ! Mais Kagami leva l'interdiction en voyant les yeux de sa fille s'illuminer sur le petit youkai qu'elle trouvait « aussi mignon qu'un animal en peluche ». Rin soupira, vaincue. Pourquoi les inu youkai charmaient-ils autant les femmes ? Très mauvaise question : elle aussi s'était prise d'affection pour son compagon ! Et ne parlons surtout pas de … À l'instar de sa fille, Minako gavait Tai-chan de nourriture autant que de caresses. Bah ! Après tout ! Laissons faire ! Tant que tout le monde y trouve son compte ...
Rin ne se lassait pas d'observer le souverain. Pour un youkai, il était rassurant, attentionné, drôle même ! Changeait-il de personnalité sur un champ de bataille ? Puis, son imagination vagabonda. Est-ce que Inutaisho, le père de Sesshoumaru-sama était également ainsi ? Son maître ...err ... son ancien maître ne lui avait jamais parlé de lui. Elle ne lui avait jamais rien demandé non plus à son sujet. Si Sesshoumaru-sama ne voulait pas en parler, il était de son devoir de ne jamais rien lui demander.
Mais après avoir appris qu'oncle Inuyasha était à moitié humain, elle se mit à penser que le terrible et respecté général devait réellement apprécier les ningen. Sesshoumaru-sama aurait dû être content d'avoir un père qui faisait fi des distinctions raciales. En plus, ce n'était pas comme s'il avait répudié Sesseika puisque cette dernière était morte en couches ! Alors pourquoi autant de ressenti et de honte envers son père ? Rin secoua la tête. Ne plus penser à Sesshoumaru ! Ne plus penser à Sesshoumaru ! chantait-elle comme une incantation.
Kagami surprit le mouvement de la jeune fille et s'enquit du bien-être de son invitée.
— Ça va, Rin-chan ? demanda-t-il avec une pointe d'inquiétude dans sa voix tout en posant sa grosse main sur la sienne.
— Oh ! fit-elle surprise. Oui, très bien. J'étais juste en train de rêvasser.
Kagami retira sa main et cette fois-ci, sa mine devint plus sérieuse, plus grave.
— Tu as envie de partir, c'est cela ? J'ai vu ton air absent, dit-il sans transition.
Rin fut surprise par cette affirmation abrupte et baissa la tête. Oui, elle avait l'intention de partir.
— En effet, mais avant cela, j'aurais souhaité voir votre fils pour m'assurer que tout va bien. Je ne peux pas me permettre d'abuser plus longtemps de votre chaleureuse hospitalité.
— Et où iras-tu?
Là, elle fut bien obligée de répondre qu'elle n'en savait fichtrement rien.
— Eh bien ... euh ..., bredouilla-t-elle. Disons que je n'ai pas de destination bien précise mais j'ai une mission (ouf ! Le prétexte était assez bancal mais un souverain comprendrait certainement le sens du devoir.).
— Une mission ? Quelle est-elle ?
Zut ! Plutôt persistant le youkai ! Trouver quelque chose ! Vite !
— Et bien ... cela ne va pas vous faire plaisir mais j'extermine les youkai et ...
— UNE TAIJIJA ! s'exclama Minako au bord de l'évanouissement.
Yukiko mit aussitôt ses mains sur son ventre et son mari la serra fortement dans ses bras. Shiroku et Keisuke se levèrent vite de table et rejoignirent le premier leur mère et le second Yukiko. Voyant le malaise et l'attitude de défense qu'elle avait engendrés, Rin tenta malgré tout de rectifier le tir.
— Non ! Non ! Enfin ... oui ... dit-elle très nerveusement en secouant les mains devant elle pour faire baisser la tension ; mais uniquement ceux qui menacent la sécurité des villages, ajouta-t-elle.
Tout le monde soupira de soulagement. Rin aussi.
— Tu es une taijija itinérante ? reprit Kagami. Tu n'as pas de point d'attache ?
— Non.
Bien que l'envie de rectifier « pas de point d'attache » par « plus de point d'attache » la tourmentât intérieurement, Rin se retint.
— Dans ce cas, poursuivit le youkai avec un grand sourire, puisque tu n'as pas de destination précise et que tu n'es soumise à aucune contrainte ou engagement, tu peux bien passer l'hiver chez nous, non ?
Rin se prépara à répondre par la négative mais fut immédiatement coupée par Kagami.
— Je te laisse du temps pour y réfléchir. Tu nous donneras ta réponse dans trois jours. En plus, Aiku sera parmi nous. Je ne te force pas mais je suis toujours ton débiteur et puis cela me ferait ... pardon, NOUS ferait tellement plaisir.
— Mon cher, vous prenez toujours des décisions sans avoir mûrement réfléchi. Mais pour une fois, je dois admettre que j'abonde totalement dans votre sens, soutint la souveraine qui sourit à la jeune fille maintenant que sa frayeur était passée.
Rin, décontenancée par le couple royal ne savait plus que faire. Elle passait en revue les autres personnes mais ce ne furent que des regards implorants qu'elle rencontra, surtout celui de Yukiko. Elle baissa la tête pour avoir l'avis de Tai-chan: ce dernier la regardait avec des yeux qui n'allaient pas tarder à se mouiller de larmes si elle refusait. Décidément! Il n'était pas d'une aide précieuse! Tout ce qu'il voulait, c'était continuer à s'empiffrer bien au chaud et surtout en charmante compagnie ! Le traître ! Rin soupira.
— Entendu, je vais y réfléchir.
— Bien ! sourit Kagami. Nous espérons que tu resteras à nos côtés au moins pendant quelques mois.
Là-dessus, le repas s'acheva. Tout le monde se leva et Yukiko se planta devant la jeune femme pour lui prendre la main.
— J'aimerais beaucoup que tu nous honores de ta présence. En plus, j'aurais une autre femme avec qui discuter au lieu de subir les sujets typiquement masculins de mon mari, mon père ou mes frères.
Rin lui sourit mais elle savait qu'elle ne pourrait pas non plus tenir une conversation typiquement féminine. Au fait, de quoi parlaient les femmes quand elles se retrouvaient entre elles ? Pas de maniement d'armes, c'est certain, ni des points faibles des youkai. De colliers et de couronnes de fleurs peut-être ? Rin comprenait le vide de la jeune princesse. Ça n'a pas dû être facile pour elle non plus de grandir entourée d'hommes, mis à part sa mère, et de ne pas avoir de compagnons de jeux du même sexe. Avec un peu de chance, Yukiko partagerait les mêmes centres d'intérêt qu'elle ; après tout, elles avaient pratiquement baigné dans le même milieu masculin.
— Allez Rin-san, viens ! Je vais te faire visiter. Ça te fera un argument supplémentaire pour rester, plaisanta-t-elle en lui adressant un clin d'œil.
— Yukiko-sama, dans votre état il ne ...
La princesse éclata de rire.
— Ce n'est que dans deux mois. Et puis, je suis enceinte, pas malade. J'ai une envie folle de bouger avant d'être alitée et puis Tai-chan est tellement mignon ...
Rin roula les yeux à cette remarque. Voulait-on qu'ELLE ou que TAI-CHAN reste ?
Les deux jeunes femmes prirent congé du couple et des trois autres hommes, ou plutôt, l'une d'entre elles fut forcée de suivre l'autre avec peine car peu habituée à être engoncée sous des couches de kimonos. Quelques secondes plus tard, le couple royal se retrouva seul car chacun alla à nouveau vaquer à ses occupations.
— Si je ne vous connaissais pas, très cher, murmura Minako à l'oreille de son mari, je dirai que votre intention n'est pas uniquement d'héberger Rin à cause des grands froids. C'est une brave jeune fille.
— En effet, sourit malicieusement Kagami. Peut-être que notre aîné lui donnera une raison définitive de rester ... à moins que ce ne soit moi, ajouta-t-il de manière provocatrice.
— Chéri ... ! s'indigna la souveraine.
Quelques heures plus tard, après avoir bien écumé le palais et les jardins, ce fut une Rin sur les rotules qui franchit la porte des bains afin de se faire présentable pour le dîner. Yukiko l'avait traînée un peu partout, passant en revue les différentes pièces du palais, leurs occupants et les caractères de ces derniers. Elle s'était arrêtée un peu plus longuement devant la chambre de son frère aîné, Aiku, celui-là même que Rin avait sauvé.
Il fallait entendre parler la jeune princesse de son frère ! C'était un dieu pour elle ! Elle retrouvait d'ailleurs quelques traits de son caractère chez son époux. Il était doux, prévenant, pas irascible du tout, savant et beau par-dessus tout. Elle était certaine que Rin allait beaucoup l'apprécier. Le futur souverain était déjà énormément respecté de la population et aimé ; il portait bien son nom ! En tout cas, Yukiko ne tarissait pas d'éloges sur lui ce qui faisait sourire Rin. La princesse lui demanda même de lui dire tout ce qu'elle penserait de son frère une fois qu’elle le verrait de ses propres yeux, d’ici trois jours.
Lorsque les deux femmes se déshabillèrent avec l'aide de quatre servantes, Rin ne put s'empêcher d'être à nouveau mal à l'aise. La raison en était complètement ridicule mais elle n'avait jamais partagé son bain avec une autre femme, encore moins un youkai et enceinte de surcroît ! Au bout du compte, cela faisait beaucoup de raisons pour être anxieuse. Lorsqu'elle se baignait, c'était toujours sous la surveillance éloignée, afin de respecter son intimité, de son gardien. Et son « gardien » actuel, attendait patiemment devant la porte.
Une fois totalement dévêtue, Rin entra précipitamment dans le bain et s'éloigna le plus possible de Yukiko. Elle s'immergea entièrement et ne ressortit que la tête. La princesse, amusée par sa réaction lui demanda timidement une fois que les servantes avaient quitté les lieux :
— Que se passe-t-il, Rin-chan ? Pourquoi me fuis-tu ?
L'interpellée fut évidemment obligée de répondre mais tenta de cacher son trouble :
— Rien..., rien..., bredouilla-t-elle. C'est juste que..., je n'ai..., termina-t-elle lamentablement.
La princesse sourit et entra à son tour dans l'eau. C'était assez amusant de voir la réaction de la jeune humaine : elle était timide, très pudique, alors qu'elle n'avait pas hésité à se battre contre un youkai et à l'abattre !
— Juste que quoi ? poursuivit-elle.
— Et bien ...
Au fur et à mesure que Yukiko se rapprochait de Rin, elle remarquait qu'elle devenait de plus en rouge et essayait tant bien que mal de fuir son regard en rasant les parois du gigantesque bain. Se pouvait-il que ...
— Ne me dis pas que tu n'as jamais vu de femme nue !
De rouge, Rin passa à cramoisie et s'enfonça un peu plus dans l'eau pour ne laisser dépasser que son nez. Loin de se moquer d'elle, Yukiko s'assit tranquillement afin de lui éviter encore davantage de gêne. Rin tenta de se justifier.
— La dernière fois que j'ai pris un bain avec une femme, c'était avec ma mère, il y a un peu plus de dix ans.
— Oh, tu étais toute petite donc.
Rin hocha la tête. Yukiko qui sentait qu'elle n'en dirait pas plus, essaya néanmoins de dédramatiser la situation.
— Tu n'as pas de gêne à avoir. Nous avons le même corps qu'un ningen, du moins, quand nous ne sommes pas sous notre véritable forme. Accepterais-tu que je te lave le dos ?
Avait-elle bien entendu ? Une femelle youkai de haut rang s'abaisserait à laver le dos d'une ningen légèrement évoluée ? Que faire ? Refuser serait une insulte et accepter serait se dévoiler.
— Je ..., je ..., d'accord.
Rin tourna alors le dos à sa compagne et releva ses cheveux en un grossier chignon. Quand Yukiko prit le savon et l'éponge qui se trouvaient disposés sur le rebord, ses yeux furent immédiatement attirés vers la marque que Rin portait sur le côté gauche de son cou. Elle préféra ne rien dire pour ne pas effrayer encore plus la jeune fille qui ne semblait pas du tout être à l'aise face à la nudité. Mais elle se réservait la question pour plus tard.
Rin se laissa faire sous les doigts experts de la princesse qui savonnait, frottait, rinçait et recommençait l'opération. Quand elle finit sa tâche, Rin voulut lui rendre la pareille par politesse officiellement, mais pour appréhender un peu mieux le corps de l'autre, officieusement. Elle procéda de la même manière et on pouvait entendre Yukiko glousser à souhait. Rin était tendue au début car elle croyait faire mal à la peau délicate de son hôte mais elle prit vite confiance en elle et frotta un peu plus énergiquement.
Au bout de presque une heure, une fois lavées et séchées, les deux jeunes femmes furent à nouveau prises en charge par des caméristes qui les vêtirent différemment pour l'occasion. Quand elles sortirent du bain, Tai-chan bâilla à s'en décrocher la mâchoire. D'habitude, quand sa maîtresse prenait un bain, cela durait nettement moins longtemps ! Mais il ne fallait pas se plaindre car tout le monde se dirigeait vers la salle de réception. Le meilleur moment en quelque sorte. Cela valait bien un petit sacrifice, non ?
Trois jours passèrent dans la joie et la bonne humeur. Rin s’était peu à peu habituée au contact chaleureux de ses hôtes mais très peu, voire pas du tout, à sa nouvelle tenue. Il lui semblait bien loin le temps où elle gambadait pieds nus vêtue d’un simple yukata ou bottée et en armure mais toujours libre de ses mouvements. Quoi qu’il en soit, elle ne perdait pas un moment pour s’entraîner histoire de ne pas perdre la main. Comme elle ne pouvait pas compter sur les gardes du palais qui n’avaient pas le même niveau qu’elle, elle était bien obligée d’employer Tai-chan qui avait une fâcheuse tendance à lézarder et à manger. Un peu de mouvement lui ferait du bien !
Mais il est vrai que les bons moments de la journée étaient les repas où les histoires de politique, d’administration et de diplomatie avec les autres youkai ne manquaient pas. Toutefois, le troisième soir …
Comme à son habitude, Kagami accueillit Rin avec un énorme sourire. La jeune fille constata cependant que la disposition à table avait changé. Un fauteuil vide se trouvait en face d'elle, celui du convalescent. Elle gardait sa place à côté du souverain. Une fois que tous les convives furent installés, Kagami fit chercher son fils. En l'espace d'à peine deux minutes, ce dernier arriva, mais pas par la même entrée. Ce furent les portes situées bien en face de Rin qui s'ouvrirent pour laisser entrer...
Oh, mon Dieu ! Une chance que le repas n'était pas encore servi car Rin aurait laissé tomber ses baguettes négligemment sous le coup de la surprise. Était-ce le même youkai qu'elle avait sauvé ? Il était ..., il était ..., bref ... il était exactement comme sa sœur l'avait décrit : un port noble mais pas méprisant du tout, la gentillesse émanait de cet homme ... err ... youkai, le même regard noir que tous les autres membres de la famille et des cheveux blancs laissés tels quels lui allant jusqu'aux omoplates. Son habillement était très simple mais on sentait le futur souverain. En clair, c'était Kagami mais en plus jeune et ... encore plus beau.
Puis tout sembla s'accélérer pour Rin. Les plats passaient sous ses yeux à une vitesse fulgurante. Elle se demanda même si elle avait mangé. Les conversations lui arrivaient de très loin. Elle ne s'apercevait même plus qu'elle écoutait distraitement, le regard rivé sur son propre plat au lieu de s'appesantir sur la personne qui était installée face à elle. La jeune fille était en décalage complet et voyageait dans un autre monde. Elle fut tirée de sa rêverie quand la voix familière du souverain se fit entendre dans un silence monacal.
— Alors Rin-chan, ta décision ?
La jeune femme devait reconnaître qu’elle n’y avait pas beaucoup réfléchi. Il fallait improviser.
Mais qu'est-ce qu'il faisait froid ! Jaken sautillait d'une patte sur l'autre en attendant que son maître revienne du « petit » tour de surveillance. Le batracien et le dragon bicéphale attendaient bien sagement sous les flocons qui tombaient doucement, heureusement pour eux. C'était plutôt étrange que le seigneur des Territoire de l'Ouest sorte, comme cela, simplement pour une patrouille, en plein cœur de l'hiver, et à plusieurs reprises. D'habitude, l'hiver marquait le ralenti des activités des humains et démons. Pour ces derniers, certaines espèces hibernaient même. Les seuls qu'il fallait constamment avoir à l'œil étaient les ningen.
Mais pourquoi diable, Sesshoumaru les emmenait-il de plus en plus fréquemment hors du palais, et par un froid de canard ? Jaken avait beau être un démon mais cela de l'empêchait pas d'être sensible aux variations de température! La dernière fois qu'ils étaient sortis comme cela remonte à ... à ... quelques années, quand Rin était encore à leurs côtés. Rin... C'était la fois où Sesshoumaru l'avait testée et apparemment, elle avait bien réussi l'épreuve que le youkai lui avait infligée.
Rin ... Que faisait-elle à présent ? Était-elle au moins vivante ? Et si oui, où était-elle maintenant que la saison froide s'était installée ? Avait-elle rejoint le demi-frère de son seigneur lige ? Il n'en savait rien et puis de toute façon Sesshoumaru n'en aurait jamais parlé. Bien que cela démangeât le crapaud de savoir ce qui s'était réellement passé ce jour-là quand ils rentrèrent à trois, il s'était bien gardé de poser la question !
Au fur et à mesure que les mois avaient passé, Jaken avait éprouvé une sorte de vide. Ah-Un était le principal affecté de l'absence de l'humaine et peu à peu, la mélancolie, voire tristesse du dragon s'était emparée du fidèle serviteur. Et Sesshoumaru ? Il aurait été incapable de savoir ce que le taiyoukai éprouvait en ce moment. Il l'avait bien vu sortir de la chambre, réduite en pièces, de Rin. À cet instant il ne l'avait pas reconnu. Toutefois, il remarquait que le souverain n'était plus tout à fait lui-même.
Sesshoumaru était devenu plus agressif et encore plus renfermé qu'à son habitude. Jaken se prenait souvent des coups de la part du youkai quand ses paroles dépassaient sa pensée mais depuis peu, les séances de molestassions étaient devenues plus fréquentes et quasiment gratuites. Sesshoumaru n'était pas un youkai reconnu pour ses caprices et ses sautes d'humeur, il ne frappait jamais sans une bonne raison. Quoique ... jamais Rin n'avait été victime de ses jets de projectiles alors qu'elle avait commis bien plus d'énormités que lui.
Le youkai tenait moins en place aussi. Autant il l'avait connu posé et réfléchi, d'une patience infinie quand il s'agissait de mener de front une attaque, autant Sesshoumaru était devenu aussi agité qu'un jeune chiot inexpérimenté qui teste sa force en se mesurant toujours à plus fort que lui. Il n'attaquait jamais sans être provoqué ; ces derniers temps, il réglait de manière assez expéditive de petits litiges qui ne le concernaient même pas.
Le respect et l'admiration qu'éprouvait Jaken s'étaient mus en peur. Qui sait si un jour, pour il ne savait quelle raison obscure, il n'allait pas servir de défouloir, voir pire, de victime à un youkai passablement énervé ? Plus Jaken mettait bout à bout les éléments qui lui permettaient de comprendre le changement d'attitude de son souverain et plus il déduisit que l'absence de Rin n'était pas étrangère à tout ce chaos. C'était pratiquement indéniable.
Quand elle avait rejoint leur trio, il l'avait supportée tant bien que mal mais la moindre plainte sur le comportement de la petite protégée à Sesshoumaru et c'était lui qui servait de bouc émissaire. Il put néanmoins apprécier sa tranquillité : Sesshoumaru était beaucoup plus aux côtés de Rin ce qui occupait assez le taiyoukai pour ne plus se servir du crapaud comme d'un paillasson. Quand le démon se battait, Jaken pouvait sentir qu'il mettait plus de rage et de conviction dans ses actions lorsque Naraku était en scène. Au début, il mettait cela sur le compte de la vengeance, le fait d'avoir été utilisé comme pion par l'odieux hanyou pour ses propres plans. Petit à petit, sa perception changea avec du mal toutefois. Sesshoumaru ne pouvait tolérer l'affront qu'on lui faisait si l'on s'attaquait à ce qui lui appartenait, c'est-à-dire Rin essentiellement. La bataille contre Setsuna Takemaru était la seule preuve dont Jaken avait besoin pour affirmer avec certitude que son seigneur s'était attachée à l'humaine, même s'il dissimulait ses actions sous le couvert d'un honneur offensé.
Tout était clair à présent même si Sesshoumaru ne l'avouerait jamais par peur de ressembler à son père. Rin lui manquait énormément et le youkai était tourmenté au point de ne plus pouvoir tenir en place. Les escapades dans la neige servaient certainement à la retrouver ou s'assurer qu'elle allait bien si le youkai l'avait localisée. Hmppf ! Même les grands finissent par tomber.
— Jaken!
Une puissante voix qui l'appelait de loin le tira de ses contemplations et surtout ... de l'épaisse couche de neige qui l'avait transformé en un petit bonhomme de neige.
— Hai, Sesshoumaru-sama! se dépêcha de dire le crapaud.
— Allons-y !
Oui, ils repartaient. Mais où ? Jusqu'à quand allaient-ils encore maintenir ces petites excursions ? Jaken soupira intérieurement. Si seulement Rin pouvait réapparaître miraculeusement !
Tous les convives retenaient leur souffle, même Aiku qui avait eu vaguement connaissance de ce que son père avait « comploté » derrière son dos. Dans leur regard se lisait l'impatience mais aussi l'envie de recevoir une réponse positive.
— Tout d'abord, commença Rin, je tiens à vous remercier pour l'hospitalité dont vous avez fait preuve à une taijija. Ensuite, je suis ravie de voir qu'Aiku-sama est bien rétabli ...
— Passons les formalités jeune fille, coupa brusquement Kagami qui était sûr de la réponse.
— J'y arrive, reprit Rin. C'est entendu.
Une clameur et des soupirs de soulagement s'élevèrent chez les invités. Mais Rin ne semblait pas avoir fini.
— J'accepte votre offre mais vous ne devez pas vous sentir redevable par rapport à ce que j'ai fait pour votre fils. En revanche, je souhaiterais ne pas rester inactive pendant le court temps où je resterai et je vous demande donc de gagner mon séjour ici.
Kagami qui avait peur qu'elle n'émette plus de conditions que cela fut extrêmement ravi.
— C'est plus qu'acceptable Rin-chan. Je ne t'empêcherai donc pas de travailler puisque c'est ce que tu souhaites.
Le repas se termina joyeusement. Quand tout le monde réintégra ses quartiers, Kagami lança fièrement à son épouse :
— Alors ? Qu'est-ce que je vous disais ?
— Rien ne nous dit qu'elle a accepté à cause de lui, voyons ! Ce n'est pas parce qu'elle l'a vu que soudainement elle a décidé de rester. Ces choses-là prennent du temps et Rin est une personne assez réfléchie.
— Très chère ! se moqua Kagami, vous n'avez jamais entendu parler de « coup de foudre »?