Les belles choses

Hisoka a toujours aimé les belles choses. Celles qui respirent la puissance de l'artiste, qui expriment le pouvoir destructeur du créateur. Pas forcément les plus luxueuses, pas les plus gracieuses. Celles qui lui parlent, qui lui murmurent à l'oreille. Il aime bien les garder pour lui, jusqu'à ce que la passion cesse, qu'il s'en lasse et qu'il casse. Parce qu'il aime ça, Hisoka. Les tester à les crever. C'est ce qu'il préfère d'ailleurs, faire s'arrêter le cours d'un cycle. La façon de se tordre, les derniers mouvements d'une agonie lente aux découlements haletants. À ce moment-là (une seconde pour eux, une éternité pressante pour lui), que la beauté se révèle. Comme une fleur qui éclot, la splendeur se dénude et expose fièrement son élégance. Comme la dernière note d'un morceau, enjolivant les prémices de la grandeur de magnificence. Vivantes ou mortes, passives ou inactives, ils les préfèrent expressivement ardentes. S'immolant d'une passion dévorante, affamée de reconnaissance.

Hisoka sait qu'il n'est pas un passionné d'art normé. Les statues et les tableaux, de Rembrandt à Picasso, très peu pour lui. Porté Circa et Castiglia, Bloody Art à brodequins. Peu fréquent, son style ; assurément non-fréquentable, son âme. Cela le désole, seul dans sa compréhension du beau [le rassure : seul spectateur d'une science sans artifices].

Hisoka n'a jamais aimé les choses repoussantes que la foule se pressait de voir - il ne comprend pas. Hisoka n'aime pas comprendre. Alors quand il ne trouve pas un réjouissant accommodant à ses yeux, il se baisse à l'humain et assiste la masse dans son exubérante richesse.

Hisoka a toujours aimé les belles choses. Lorsqu'il croise le regard gris opale d'un homme assis à côté de lui, il ne peut empêcher un sourire tranchant de se former. Il l'a trouvé. La plus belle pièce de sa collection.

Hisoka a toujours aimé les belles choses. Surtout au dernier moment de leur existence raffinée. Quand le sang cesse de couler, quand le cœur stoppe ses battements, quand l'étincelle chaleureuse habitant les prunelles disparait. Comme l'écume au bord du rivage en pleine tempête.

Hisoka aime regarder les belles choses ; encore mieux : il adore assister à leur destruction.