Chapitre de la rencontre

Hinamizawa, 1983

- C'était une bonne journée aujourd'hui, pensa Chie-sensei.

Elle terminait de fermer l'école d'Hinamizawa à la fin d'une autre journée de cours. Elle leva les yeux vers le ciel et sourit à la vue du soleil. 

- Il est toujours aussi brillant. Ce serait ennuyant de rentrer directement chez moi.

Elle vérifia l'heure sur sa montre. 

- Angel Mort devrait être ouvert, pensa-t-elle.

Son estomac grogna et elle soupira.

- Vas-y…, dit-elle en se dirigeant vers le vélo qui l'avait conduit à l'école ce jour-là. Je vais aller à Okinomiya.

Plus tard…

- C'est parti, dit Chie en finissant de sécuriser son vélo. 

Son sac sur l'épaule, elle monta les marches jusqu'à la porte du restaurant. Alors qu'elle s'apprêtait à fermer la porte derrière elle, elle se figea quand une voix derrière elle cria : 

- Tenez la porte !

En se retournant, elle réussit à maintenir la porte ouverte juste à temps pour qu'une silhouette la dépasse dans le restaurant, pour trébucher et s'écraser sur le sol.

- Dr Irie ? demanda Chie lorsqu'elle réalisa qui venait d'entrer dans la pièce.

En la regardant, les yeux de l'homme en question s'écarquillèrent. 

- Ah, Mlle Chie ! Excusez-moi, dit-il en se dépoussiérant. Alors, qu'est ce qui vous amène?

- Je suis venue parce que j'ai envie de bien manger. Et vous ? demanda l'enseignante.

Le médecin se mit à rire nerveusement.

- Eh bien... c’est embarrassant, mais j’espérais avoir des idées de costumes que je pourrais faire pour Satoko, dit-il en se grattant la nuque.

Ces mots firent rétrécir les yeux de Chie.

- DONC, vous êtes ici pour confectionner d'autres tenues inappropriées pour l'une de mes élèves ? demanda-t-elle avec un ton menaçant.

Irie devint tout pâle.

- Eh bien, heu, dis ça comme ça…, dit-il embarrassé.

Chie se rapprocha dangereusement de l'homme tremblant.

- Vous savez quoi, docteur… si vous vous joignez à moi pour manger et me promettez de laisser Satoko tranquille, j'oublierai cette conversation. Marché conclu ?

- M-Marché conclu, balbutia le docteur.

Chie sourit et recule.

- Génial ! s'exclama-t-elle, faisant Irie se détendre.

- Est-ce que cette table vous convient ? demanda Irie en désignant l'une des tables. 

- C'est parfait, répondit l'enseignante.

Pendant qu'Irie et elle s'asseyaient, une des serveuses s'approcha d'eux pour prendre leurs commandes...

Quelques minutes plus tard…

Au bout de quelques minutes, les deux adultes avaient entamé une conversation amicale. La serveuse apporta le repas. Irie sourit quand il vit Chie baver devant le plat au curry qu'elle avait commandé.

- Vous aimez vraiment le curry, n'est-ce pas ? demanda-t-il.

Chie sortit de sa transe en rougissant vivement.

- Je… Taisez-vous ! hurla-t-elle le visage rouge vif.

Le docteur se mit à rire aux éclats.

- Je ne l'avais jamais remarqué avant, mais maintenant qu'elle rougit, Mademoiselle Chie est en fait très jolie, pensa Irie avant de rougir vivement. Mais enfin qu'est-ce que je raconte ?

Chie sourit en le voyant rougir. 

- Dr Irie, y a-t-il un problème ? demanda-t-elle, faisant sursauter Irie. 

- N-non, c'est juste que…, dit-il en détournant le regard.

Elle haussa un sourcil de façon accusatrice. Irie osa la regarder dans les yeux.

- En fait... C'est juste que... je vous trouve très jolie, dit-il.

Chie écarquilla les yeux pendant qu'Irie rougissait encore plus.

- Vous le pensez vraiment ? demanda-t-elle.

- Oui... Je ne suis pas très doué avec les femmes, vous avez dû le remarquer, alors je suis désolé si je vous ai offensé.

Chie se mit à rire.

- Mais ce n’est pas grave, docteur ! En fait, je suis même flattée par votre compliment, dit-elle.

- Alors… vous n'êtes pas fâchée ? demanda Irie.

Le fou rire de l'enseignante se calmait. 

- Non, je ne suis pas fâchée. C’est juste que… personne ne m'a dit que j'étais jolie avant que vous le fassiez. Alors ça m'a pris au dépourvu, juste un instant. Je suis désolée que vous ayez pensé au pire.

Elle essuya les larmes de rire de ses yeux.

- Maintenant, je crois que nous avons un repas à prendre non ? demanda-t-elle en prenant sa cuillère. 

- Oui c'est vrai, répondit Irie en prenant ses ustensiles.

Plus tard cette nuit…

- C'est bien ici votre adresse ? demanda Irie pendant que la voiture s'arrêtait.

- Oui c'est ici. Merci de m'avoir déposé, docteur Irie.

Ils sortirent du véhicule. 

- Je vous en prie Mlle Chie. C'était la moindre des choses.

Il souleva le vélo de l'enseignante du toit de sa voiture qui avait été sécurisé après leur dîner à Angel Mort.

- Alors, je suppose qu'on se reverra bientôt ? dit Chie avec un léger rougissement sur son visage.

Irie se gratta la nuque nerveusement. 

- J'espère que oui, Mlle Chie. 

- S'il vous plaît, docteur... Appelez-moi Rumiko.

- Entendu. Vous pouvez également m'appeler par mon prénom.

Ils se regardaient dans les yeux. Soudainement Chie s'avança, se pencha et embrassa le docteur sur la joue. Il fut extrêmement surpris et rougit. En reculant, l'enseignante lui sourit tandis que la rougeur sur ses joues s'estompait.

- Bonne nuit Kyōsuke, dit Chie.

Elle se retourna et marcha en poussant son vélo à ses côtés. Irie sourit en levant la main sur la joue qu'elle avait embrassée avant de baisser la main. 

- Bonne nuit Rumiko...

Il monta dans sa voiture et démarra le moteur. En s'éloignant du trottoir, Irie pensa à une chose, et pour une fois, cela n'avait rien à voir avec les costumes de servante :

- Je dois essayer un peu de ce curry.