Nouvelle vie
Pohang, Corée du Sud.
Des camions militaires sortaient d'une base cachée à l'intérieur d'une montagne. Deux jepps servant d'escorte au camion blindé.
- QG, rapport de situation. A vous.
- Détenu sous la garde du Commandant McGarrett. A vous.
Steve McGarrett était assis à l'arrière face au prisonnier avec deux autres gardes. Le détenu avait les mains attachés devant lui par un lien en plastique. Il bougeait ses mains l'une contre l'autre pour essayer de se libérer sans être vu. Il faisait une petite grimace quand le plastique lui rentrait légèrement dans la peau. Une goutte de sang commença à perler.
- Ça c'est marrant. Tu n'as pas l'air d'un Hawaïen, s'exclama le prisonnier.
Steve lui jeta un vague coup d’œil, un sourire flottant sur les lèvres. Il se pencha légèrement vers le détenu.
- Tu vas nous dire tout ce que tu sais, Anton, dit-il.
- Pourtant, tu es né sur l'île et tu y as grandi, répliqua le prisonnier.
- Le nom de chaque fournisseurs qui vous vendaient des armes, de chaque groupuscules terroristes à qui vous les refourguiez, chaque associés et chaque clients de votre trafic.
- Tu n'en as jamais eu marre de nous chercher partout pendant cinq ans comme un vulgaire toutou. Tu ne t'es jamais dit que nous aussi on pouvait s'occuper de toi.
Anton faisait comme si il n'entendait pas les questions du jeune homme. Le téléphone portable de Steve se mit à sonner dans sa poche. Il le sortit sans lâcher des yeux son prisonnier. Il jeta un regard sur l'écran. Son père.
- Tu ne décroches pas pourtant tu ne parles pas à ton père si souvent que ça.
Steve redressa vivement la tête et fusilla du regard l'homme assis en face de lui. Ils s'affrontèrent du regard un instant avant de décrocher son téléphone.
- Papa.
- Salut Champion, répondit son père.
- Tout va bien.
Il ne lâchait pas des yeux son prisonnier qui lui faisait un petit sourire en coin. Il sentait une pointe d'inquiétude s’insinuer au plus profond de lui.
Maison des McGarrett, O'ahu, Hawaï.
John était ligoté à une chaise. Du sang séché collait ses cheveux cendrés. Tout le côté droit de sa tête était transformé en un énorme hématome. Un homme se tenait debout derrière lui et pointait le canon d'un pistolet collé sur sa tête. De l'autre main, il tenait le téléphone près de l'oreille de John.
- Tu connais ces minables, Steve, balbutia-t-il.
L'homme reprit le téléphone en mettant un coup de crosse de pistolet sur l'épaule de son prisonnier. John tomba sur le sol.
- Je sais de qui tu tiens ta tête de mule maintenant, répliqua Victor.
Pohang, Corée du Sud.
Steve fit un signe au garde près de lui pour avoir de quoi écrire. Il griffonna rapidement l'adresse de son père. Il souligna deux fois le mot rapide avant de rendre le carnet. Victor Hesse était un trafiquant d'armes international ainsi qu'un tueur professionnel. Anton, son petit frère, lui servait de garde-du-corps et d'homme à tout faire.
- Tu vas m'écouter attentivement, Steve. Nous avons tous les deux quelque chose d'important à perdre. Je t'offre un marché. Ton petit papa contre mon petit frère. Tout compte fait, cette offre est plus que généreuse.
Steve serrait tellement fort le téléphone contre son oreille que ses phalanges étaient blanches. Il se contrôlait également pour ne pas éclater la tête d’Anton qui le fixait en souriant bêtement. Il avait passé cinq ans à les pourchasser à travers tout le globe. Il tenait enfin un des frères Hesse certes pas le plus important mais il savait que celui-là le conduirait à Victor. Mais, il n'avait pas imaginé se retrouver dans ce genre de situation. Son père était retenu en otage par un tueur.
- Tu n'es pas assez idiot pour croire que je vais gober ça.
- Merci pour le compliment et je te le retourne. Toi non plus, tu n'es pas idiot.
- Victor, je te rappelle que nous ne négocions jamais avec les terroristes.
Maison des McGarrett, O'ahu, Hawaï.
Victor le gardait en ligne pour laisser le temps à son collègue de localiser le portable de McGarrett. Victor se tourna vers lui, une nouvelle fois, pour connaître la situation. Il lui chuchota de continuer à le faire parler. Le moniteur indiquait qu'il se trouvait en Corée du Sud mais il devait être plus précis que ça. La carte s'agrandit encore et la balise indiqua la position exacte de Steve et de son escouade. Il leva le pouce vers Victor signe que tout était bon pour passer à la phase suivante du plan. Il attrapa le téléphone satellite posé à côté de lui.
- Position triangulée. Le convoi est à treize kilomètres de votre situation.
Pohang, Corée du Sud.
Anton n'avait pas lâché son petit sourire arrogant ni quitter des yeux Steve. Il sentait que ce dernier commençait à perdre patience.
- Hors de question de négocier dans ces conditions, Victor.
- Ah bon, on négocie, répliqua Victor.
- Si il arrive quoi que se soit à mon père, tu perds toutes tes chances de revoir ton frère vivant.
Anton ravala temporairement son sourire. Il connaissait assez la réputation de McGarrett pour savoir qu'il ne mentait pas. Steve entendait au loin la voix de son père à travers le téléphone.
- Passez le moi, hurlait son père. Passez-moi mon fils. Je pense être capable de le faire changer d'opinion. Je suis son père, il fera ce que je lui dirais.
Steve serra un peu plus le téléphone contre son oreille. Il entendit des pas sur le parquet. Son père toussa. Une chaise racla sur le sol.
- Ecoute-moi Champion.
- Papa ? Je vais te sortir de là. Les renforts ne devraient pas tarder à arriver.
- Je te demande pardon pour t'avoir menti.
- Menti ? Mais menti sur quoi ? Qu'est-ce que tu racontes papa ?
- Je t'aime plus que tout, Steve. Je sais que je ne te l'ai pas dit souvent mais c'est la vérité. Quoi que ces gens veulent de toi surtout ne cède pas.
Steve entendit une chaise tombée et son père hurler qu'il ne devait pas céder.
- On ne joue plus, Steve. Je récupère mon frère.
- Je te jure que je vais te retrouver, Victor, et que je vais t'abattre comme un chien.
Il commençait à avoir du mal à entendre ce que lui disait Victor au téléphone. Des hélicoptères passèrent au-dessus d'eux. Anton se mit à rire. Steve le regarda, déconcerté.
- Hey... Boom, lui dit Anton.
Steve écarquilla les yeux. Il venait de comprendre dans quel piège il était tombé. Un des deux hélicoptères repassa au-dessus d'eux et tira un roquette sur la jeep qui se trouvait devant le camion. La voiture explosa sous l'impact. Le fourgon la contourna et accéléra. L'autre hélicoptère se posa devant eux. Des hommes en noir en descendirent et tirèrent au fusil mitrailleur. Ils abattirent les militaires qui conduisaient le fourgon. A l'arrière, Steve et les deux gardes s'armèrent et sortirent. Ils s'aperçurent que la jeep qui les suivait s'était arrêté sur le bas côté et commençait déjà à riposter. Steve traîna Anton derrière le fourgon pour le mettre en sécurité. Une nouvelle roquette fut lancée qui explosa la jeep restante. Steve eut juste le temps de se mettre à couvert. Ça tirait dans tous les sens. Steve et Anton se trouvaient à l'intérieur du fourgon. Il restait deux gardes à l'extérieur qui assurait la protection. Steve abattit un des hommes en noir. Un des militaires s'étala sur le sol, une tâche de sang s'étalant sur la jambe de son pantalon. Steve força Anton à enfiler un gilet pare-balle avant de le tirer en dehors du fourgon. Pour la sécurité de son père, il savait qu'il ne devait rien arriver à son prisonnier. Il devait aussi laisser le temps au policier hawaïen de se rendre sur les lieux. Il tira sur l'hélicoptère qui survolait toujours la zone tout en poussant Anton pour qu'il avance. Tout était en flamme autour d'eux. Des corps de militaires gisaient sur le sol. Steve se servait de son prisonnier comme bouclier humain. Il savait très bien qu'aucun d'eux ne tirerait sur le petit frère de Victor Hesse. Il tomba nez à nez avec un des hommes en noir. Il bloqua Anton contre lui. Un militaire qui reculait tout en tirant se retrouva dans la ligne de mire.
- Attention couche-toi, lui hurla Steve.
Mais trop tard. Le militaire tomba sur le sol, mort. Anton lui balança un coup de coude et parvint à s'échapper. Steve attrapa son fusil et vida le chargeur dans le corps de l'homme en noir. Anton se jeta sur le corps d'un des militaires et attrapa son pistolet. Il le braqua sur Steve.
- Non Anton, ne fais pas ça, cria-t-il.
Anton s'apprêtait à tirer mais Steve plus rapide lui tira une balle dans le cou. Le prisonnier s'étala sur le sol, s'étouffant dans son sang. Steve se jeta près de lui.
- Anton, tiens bon.
Il essayait de calfeutrer la blessure avec sa main mais des litres de sang s'écoulait de la plaie.
- Non Anton, reste avec moi.
Il était mort. Steve se frotta les mains sur son treillis pour retirer le sang. Il était toujours à genoux près du prisonnier. Son téléphone se mit à sonner dans sa poche de veste. Il se leva et regarda tout autour de lui. Des flammes. Des morts. Il décrocha en retenant sa respiration.
- Dis-moi où on en est ? Demanda Victor.
- Victor, écoute-moi.
- Je veux parler à Anton.
Steve n'arrivait plus à parler. Des larmes affluaient à ses yeux. Il savait au fond de lui que son père ne serait pas sauvé. Victor Hesse l'aurait tué même si il avait récupéré son frère.
- Il est mort c'est ça ?
- Victor attend.
- C'est ça ? Tu l'as tué ? Alors ton père aussi doit mourir.
Steve entendit un coup de feu et un corps qui tombe lourdement sur le sol. Il vit les voitures incendiées, les corps de ses coéquipiers et les hommes en noir abattus.
- Non, hurla-t-il avant de tomber.
Los Angeles, Californie.
Alyssa courait sur la marina tous les matins pour se maintenir en forme. Avec son MP3 attaché sur son biceps et ses écouteurs enfoncés dans les oreilles, elle courait à un rythme soutenu. Elle s'arrêta près d'un banc et fit quelques mouvements pour assouplir ses muscles. Ses yeux verts se posèrent sur l'océan où des surfeurs attaquaient les vagues. Elle sourit en repensant à sa meilleure amie, Kono. Cette dernière avait failli devenir célèbre en surfant mais une blessure au genou avait eu raison d'elle. Elle s'assit sur le banc tout en continuant à regarder les vagues et les planches les combattre. Son téléphone vibra à sa ceinture. Elle sourit en découvrant le nom de son correspondant.
- Salut ma poulette, justement je pensais à toi, rit-elle. Les Californiens ne sont pas super doués pour le surf.
Une alarme s'alluma au fond d'elle lorsqu'elle entendit les reniflements de Kono.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- John McGarrett a été tué ce matin à son domicile.
Alyssa était dévastée. Ce vieux brigand avait été tué. Elle était devenue flic grâce à lui et avait quitté Hawaï pour voler de ses propres ailes sur ses conseils. Elle essuya une larme qui coulait sur sa joue. Elle se revoyait petite fille jouant dans son jardin ou sautant sur ses genoux. Elle se rendit compte qu'elle avait toujours le téléphone collé à son oreille.
- Je vais prévenir Joe et je rentre à Hawaï.