Noir comme Neige
Chapitre 7 : Coeur de Dragon
3950 mots, Catégorie: K+
Dernière mise à jour 10/11/2016 09:21
COEUR DE DRAGON
- Pourquoi ne puis-je pas venir avec vous ? insista une dernière fois Ginny, dressée sur la pointe des pieds à côté du dragon.
Harry ne répondit pas. Il se pencha et l'embrassa sur le front.
- Nous serons bientôt de retour, assura-t-il.
Ginny borda un peu plus la couverture qui enveloppait l'enfant installé sur les genoux de son père.
- A tout à l'heure, Albus, murmura-t-elle en posant un dernier baiser sur la joue très pâle du petit garçon inconscient.
Charlie, qui était assis en croupe devant Harry, se retourna nerveusement.
- Il faut qu'on parte, dit-il sourdement. "Le jour va bientôt se lever."
L'aube dorée et rouge fendait déjà la nuit, au bout de la plaine recouverte de neige.
- Soyez prudents, dit Arthur Weasley.
- Courage, Harry… souffla Hermione qui n'en savait pas plus que Ginny mais qui avait deviné que quelque chose de terrible se tramait.
Ron lui passa son bras droit autour des épaules – le gauche était déjà autour de sa mère.
- Neville, on compte sur toi, lança-t-il au jeune professeur qui était assis derrière Harry et s'agrippait au poil épais du dragon d'un air un peu verdâtre.
- J-J'aime p-pas t-trop voler, bredouilla celui-ci d'un ton d'excuse. "M-mais ça ira. J-j'ai vu pire."
- Nous sommes prêts, dit Charlie, penché sur l'encolure du dragon.
Celui-ci s'écarta de quelques pas du groupe, puis déploya ses grandes ailes. Le vent qu'elles provoquèrent froissa les cheveux roux de Ginny et fit envoler le châle de Molly. Les muscles et les vaisseaux sanguins puissants ondulèrent sous le cuir noir brillant et l'immense créature prit son envol dans un nuage de neige poudreuse.
- Est-ce qu'ils y seront à temps ? murmura Ginny, ses mains moites et fébriles nouées sur le cœur.
- Je ne sais pas… dit Arthur Weasley en prenant sa fille dans ses bras. "Mais je veux y croire."
Leurs prières silencieuses montaient dans la nuit d'encre qui s'ourlait d'or sur les montagnes à l'horizon.
oOoOoOo
Le brouillard de nuages filait autour d'eux comme un flot cotonneux et gris.
Charlie plissa les yeux, essayant de voir devant lui, mais n'y parvint pas. C'était une bonne chose le dragon n'aie pas besoin de guide. La vitesse brûlait les paupières du dragonologiste et le froid mordait âprement ses joues. Un peu de glace effrangeait sa tignasse rousse. Harry était recroquevillé autour d'Albus, le protégeant de son mieux. Derrière lui, Neville claquait des dents, le visage violet.
C'est ici.
- On est arrivés ! cria Charlie par-dessus son épaule alors que le dragon amorçait sa descente.
Les immenses ailes battaient lentement et les nuages s'ouvraient devant elles, comme s'ils s'écartaient en haie d'honneur. Le sommet de la montagne apparut, teinté de rose et d'or par l'aube qui transperçait le ciel de rayons dorés éclatants. Le dragon glissa en rase-motte le long de la crête.
- L'aurore… oh non. Est-ce que c'est trop tard ? grelotta le professeur de botanique.
Non, c'est encore temps. Cours, chercheur de terre. Trouve ce que tu dois trouver.
- Saute, Neville ! Fonce, on peut encore y arriver !
Sans hésiter, le jeune homme brun bascula ses jambes du même côté et se laissa glisser contre le flanc du dragon. Sa chute l'envoya faire un rouler-bouler sur le matelas naturel. Il se redressa, un peu étourdi, les sourcils et les cheveux blancs et poudreux, et se mit aussitôt à fouiller autour de lui dans les entailles des rochers bleus qui dépassaient de l'épaisse couche de neige.
Le dragon se posa un peu plus haut. Ses griffes puissantes agrippèrent le faîte de la montagne, puis ses ailes se replièrent doucement.
- Tout va bien, Harry ? demanda Charlie, un peu haletant, en se retournant. "Comment est Albus ?"
Le jeune homme entrouvrit la couverture.
- Toujours inconscient, mais il respire un peu mieux, j'ai l'impression, dit-il d'une voix soulagée.
Il faut faire vite.
Charlie sauta du dragon et tendit les bras pour aider Harry à descendre.
- Où est Neville ? On ne peut rien faire tant qu'il…
Le voici. Il a trouvé ce qu'il cherchait.
Harry se retourna en entendant appeler son nom et son cœur s'accéléra en voyant Neville courir vers eux entre les rochers, trempé et hors d'haleine, mais l'air rayonnant.
- J'EN AI UNE ! HARRY, JE L'AI TROUVEE ! J'EN AI UNE !
Il trébucha en arrivant près d'eux et serait tombé si Charlie ne l'avait pas rattrapé.
- Regardez !
Il ouvrit sa main dont les doigts gourds étaient gonflés et pourpres. Il y avait dans sa paume une fleur très délicate aux pétales blancs veinés d'or.
- Lacrimae solis, souffla Neville, émerveillé. "Une des plantes les plus rares du monde, qui ne fleurit qu'à l'aube dans les lieux où l'air et la lumière sont parfaitement purs."
Charlie coupa court avant que le jeune professeur ne se perde dans plus de détails d'intérêt uniquement botanique. Il se pencha, ramassa une poignée de neige et remplit rapidement sa gourde avant de la tendre à Neville.
- Est-ce que tu peux en faire un genre de bouillie ? Harry, il faut faire avaler ça à Al, d'une manière ou d'une autre.
Hâtez-vous. Si l'enfant s'endort plus profondément, il ne sera plus possible de le réveiller…
Le museau du dragon se pencha par-dessus l'épaule d'Harry et ses narines soufflèrent tendrement sur le précieux paquet dont dépassait seulement une masse de cheveux noirs bouclés.
Neville réussit à sortir le bol et le pilon de la poche de son manteau sans les faire tomber. Il s'activa, oubliant qu'il était congelé et que ses ongles étaient passés de bleu à noir.
- Al. Albus, réveille-toi, appela doucement Harry en caressant la joue de l'enfant qui tressaillit à peine. "Al, faut vraiment que tu ouvres les yeux. C'est papa, Al. Allez, un effort. Albus. Albus, réveille-toi, je t'en prie."
Le petit garçon frissonna et sa bouche s'entrouvrit. Ses longs cils noirs palpitèrent faiblement.
- Al ! Tiens-bon, mon grand.
Harry releva la tête et croisa le regard bienveillant du dragon.
Tout ira bien, père.
Charlie se tourna anxieusement vers le professeur.
- Maintenant, Neville !
Harry poussa la mixture entre les lèvres de l'enfant qui tourna la tête avec un gémissement et crachota.
- Al, s'il te plait….
Il échangea un regard paniqué avec les deux autres hommes. Derrière eux, le soleil se levait lentement, irradiant sur la neige, glacé.
Le temps s'enfuyait et avec lui la vie d'Albus.
Harry réfléchit un instant, puis plongea la main dans le bol. Avant que Neville ne puisse l'en empêcher, il fourra la bouillie de fleur et de neige dans sa bouche et la mâcha avec application.
Puis il la recracha au bout de ses doigts et tenta de nouveau de la faire avaler à l'enfant. Albus geignit, trop faible pour repousser la main, avala un peu, se mit à tousser.
- Encore, murmura Harry, les larmes aux yeux. "S'il te plaît, Al. Un peu plus…"
Albus entrouvrit les yeux. Ses pupilles étaient voilées mais il sembla reconnaître son père.
Harry profita de ce qu'il essayait de parler pour enfoncer une minuscule boulette et ses articulations blanchirent tandis que le petit garçon avalait en s'étouffant à moitié et que de grosses larmes débordaient sur ses joues pâles.
Neville posa sa main sur l'épaule de son ami et la serra.
Charlie surveillait anxieusement la descente du niveau dans le bol et la montée du soleil au-dessus des nuages. Les rayons dardaient la neige et le ciel se teintait de soie rose.
Albus termina d'avaler la bouillie avec un dernier hoquet. Il y avait une goutte de sang au bord de ses lèvres et son corps crispé tremblait dans les bras de son père.
- Okay, dit Charlie d'une voix hachée. "Maintenant, donne-le au dragon."
Le cœur glacé, Harry souleva l'enfant et le serra contre lui une dernière fois. Il embrassa les cheveux bruns emmêlés, pressa doucement la nuque de son fils.
- Ça ne sera pas long, Al. Je te le promets.
Sa voix s'étrangla.
- Ça ne te fera pas mal.
Les bras de l'enfant se nouèrent autour de son cou, confiants.
- Je t'aime, papa…
Harry ferma les yeux pour empêcher ses larmes de s'échapper. Il respira profondément, puis défit l'étreinte avec douceur et déposa le petit garçon dans le creux de la patte du dragon noir.
Aie confiance, père.
L'œil vert et or de la créature ancienne passa devant son visage, rempli de bonté.
Rassemble ton courage.
Le dragon se redressa et les trois hommes reculèrent, impressionnés par la majesté qui se dégageait de lui. Il leur fit face, dressé devant le soleil éblouissant, ses ailes noires immenses déployées comme des étendards, son long cou gracieusement incliné.
Une très ancienne et très puissante créature, dont la beauté n'avait d'égale que sa bienveillance.
Maintenant, fils d'homme.
Charlie prit une longue respiration.
- Viens, Neville, dit-il d'une voix rauque, en entraînant le professeur plus bas sur la crête. "Nous ne pouvons pas rester juste à côté."
- Mais Harry… protesta le jeune homme.
Le dragonologiste secoua la tête.
- Harry doit faire ça seul.
Ils s'éloignèrent et ne s'arrêtèrent que lorsque la silhouette d'Harry ne fut pas plus haute que celle d'un enfant en face de l'énorme dragon. Charlie s'assit dans la neige et enfouit son visage dans ses mains.
- On ne peut pas regarder ? demanda Neville qui claquait des dents.
- Crois-moi, tu ne veux pas regarder, souffla l'homme roux. "Harry va tuer Albus, Neville."
Papa…
Oui, Al ?
N'aie pas peur, papa.
Je t'aime, Albus.
Harry sortit sa baguette de sa poche et affermit ses doigts qui tremblaient sur la mince baguette de bois.
- N'y a-t-il pas d'autre moyen ?
Non, père. C'est la seule façon.
- Est-ce que tu… vas-tu vraiment… comment puis-je être certain que tu… Promets-moi que tu me le rendras !
De la glace s'accrochaient aux mèches noires du jeune homme et de la buée s'était formée sur ses lunettes à cause des larmes qui coulaient sans retenue sur ses joues.
Je te le promets.
Harry hoqueta, un son qui ressemblait à un rire cassé ou à un gémissement de douleur.
- Je croyais que je n'aurais plus jamais à lancer ce sortilège !
Je sais.
Il essuya sa bouche d'un geste vif. Il s'était mordu la lèvre et un peu de sang chaud coulait sur son menton.
Tu es mort une fois pour sauver un monde, Harry. Pour tuer l'homme qui t'a laissé cette cicatrice.
- Je n'avais pas le choix ! Je ne veux pas qu'Albus…
Sa voix se brisa.
Cette cicatrice-là sera différente. Ton fils ne la portera pas comme un sceau maudit. Et il vivra.
- Mais tu vas mourir, dragon.
L'or dans les yeux de jade leur donna une expression étrange, comme s'il riait.
Ne t'inquiète pas, père.
Sa voix était chaude et remplie d'amour.
Fais ce que tu dois faire.
Harry avala sa salive. Il ferma les yeux, puis les rouvrit. Son corps avait cessé de lui faire mal, il lui semblait qu'il n'était plus vraiment là, plus vraiment debout dans la neige glaciale au sommet d'une montagne auréolée par le soleil levant.
Il leva sa baguette.
En face de lui, le petit garçon avait ouvert ses grands yeux verts, blotti dans le jabot de fourrure noire. Il regarda autour de lui, sembla reconnaître son père et il sourit.
Le cœur d'Harry éclata en mille morceaux alors que le sortilège fusait comme une comète.
- Avada kedavra !
Un éclat vert – le corps de son fils secoué par un soubresaut.
Puis tout disparut.
La montagne, le ciel, le dragon noir aux ailes comme des voiles de bateau, le dernier regard de l'enfant.
Tout devint blanc.
Vide.
Silencieux.
oOoOoOo
Un rire cristallin.
Frais, heureux. Un rire d'enfant insouciant.
Il ouvrit les yeux et vers lui accourait un petit garçon aux épaisses boucles noires, ses grands yeux verts pétillants de vie dans l'écrin de ses longs cils sombres. Il tenait dans ses bras un tout petit dragon au poil d'ébène, dont le bidon rondouillard ballotait contre ses jambes.
- Regarde, papa ! Crocmou a avalé un poisson entier à lui tout seul !
Les pattes retroussées par l'étreinte glissée sous ses aisselles, le dragon avait un air de suprême résignation. Il émit un soupir et ses moustaches argentées frissonnèrent. Ses yeux verts fendus d'un trait d'or regardaient Harry comme s'il attendait un coup de main.
Un enthousiaste yepee et une bourrasque au gout d'aventure et de défi.
Harry se retourna brusquement.
Le gamin aux yeux verts surfait sur les nuages, debout sur le dos d'un dragon noir adolescent dont les ailes fendaient l'espace avec force et audace. Ils étaient parfaitement synchronisés, penchant et virant sur les courants comme si le ciel tout entier leur appartenait.
Le garçon sourit et agita la main, sans perdre son équilibre.
- Papa ! Regarde-moi ! Tu ne crois pas qu'avec Crocmou et moi, James et Lily, Hugo et Rose et Teddy, on pourrait faire une équipe de Quidditch à nous tous seuls ? On pourrait sûrement gagner la coupe du monde !
Le dragon renifla avec approbation. Sa queue en forme d'as de pique balaya une partie des étoiles et elles se mêlèrent à la trainée de brume qui filait derrière les deux amis.
Harry ferma les yeux. Il ne savait pas s'il était mort ou s'il rêvait.
Il rouvrit les paupières et son souffle se coupa en voyant le jeune homme qui s'avançait vers lui avec une grâce féline, passant une main négligemment dans ses épaisses boucles noires. Un grand sourire sur le visage, il marchait avec assurance et ses yeux verts brillaient d'un éclat doré, remplis de tendresse.
- Hé, papa. Tu m'as attendu longtemps ?
Il était beau et dégageait une force majestueuse, mais c'était de son regard dont Harry ne pouvait détourner les yeux.
Un regard rempli de bonté et de douceur.
Derrière lui, sortant du brouillard lumineux, le suivait un immense dragon au port de tête princier et aux ailes déployées, dont la fourrure d'ébène prenait des reflets satinés.
Albus ne se souviendra pas de moi, ni de ce que tu as fait.
Mais il n'oubliera pas.
Un jour tu le verras, père. Un jour…
Harry ouvrit la bouche pour poser des milliers de questions à la voix qui s'évanouissait avec un écho, mais il glissait hors de l'inconscience et les sensations de froid et de douleur revenaient dans ses membres.
- Harry ! Harry, réveille-toi. Harry, bon sang ! Reprends tes esprits !
Il ouvrit les yeux.
Il était toujours sur la montagne couverte de neige. Charlie et Neville étaient agenouillés de chaque côté de lui, le nez rouge, le visage épuisé, l'air d'avoir sérieusement perdu leurs propres esprits.
- Oh, Harry, tu… Tu… commença Neville qui s'interrompit pour souffler dans ses doigts d'un air complètement confus.
Charlie passa les mains sur son visage et inspira profondément.
- Harry, c'était incroyable. Je l'ai entendu raconter des tas de fois, mais ça n'avait rien à voir. Cette lumière, ce…
- BOUM ! Une explosion de lumière ! interrompit fébrilement Neville. "C'était… c'était dingue ! Magnifique ! Terrifiant !"
Harry avait mal à la tête. Il s'assit péniblement, regarda autour de lui en clignant des yeux pour s'habituer à l'éclat insoutenable du soleil qui se réverbérait sur la neige. Il découvrit qu'il avait toujours sa baguette à la main et tout déferla de nouveau dans sa mémoire.
- Al !
Il se redressa brusquement et vacilla sur ses jambes, aussitôt soutenu par les deux autres.
- Albus ?
Il serra le poing sur la mince baguette de bois qui avait ouvert le feu sur son propre fils et s'approcha lentement de ce qui brillait tant au sommet de la montagne.
Dans un cocon d'or et de chaleur flottant dans les airs, le petit garçon dormait paisiblement. Harry voyait son souffle soulever régulièrement le torse de l'enfant. Ses joues avaient repris des couleurs, ses cheveux sombres semblaient brillants et souples, comme avant.
Il s'avança très lentement et tendit les bras. Délicatement, le corps d'Albus se déposa contre lui alors que la lumière s'atténuait. Il caressa le visage du petit garçon, la peau si douce, le nez en trompette, les longs cils, cette bouche ourlée qui souriait dans son sommeil.
- Al… Al, tu es vivant…
Charlie hocha la tête vigoureusement, à court de mots.
Neville mit sa main sur l'épaule d'Harry.
- C'était une magie très grande et très ancienne, bien trop puissante pour un récipient aussi fragile, murmura-t-il. Mais une magie si belle qu'elle pouvait être contenue dans ce qu'il y avait de plus pur…
Il écarta un peu la chemise de l'enfant et Harry découvrit la cicatrice inscrite sur le torse du petit garçon. Une lueur dorée pulsait encore doucement à travers la marque en forme de fleur de neige. Elle s'éteignit au bout de quelques instants, mais le corps resta chaud et paisible, blotti contre la poitrine d'Harry.
Puis Albus ouvrit les yeux et sourit. Il tendit sa menotte potelée et toucha la joue de son père.
- Papa ?
Alors Harry sut qu'il était sauvé.
oOoOoOo
Ginny dormait dans le fauteuil à côté du lit en forme de barque, tenant toujours la main du petit garçon. Albus s'étonnait de toutes ces attentions qu'on lui portait et gloussait de son rire cristallin quand les adultes le soulevaient pour l'embrasser ou le mettre sur leurs épaules dans un élan de reconnaissance ou de joie.
James et Lily ne faisaient aucune mention de la maladie de leur frère, comme si les sept derniers jours n'avaient jamais existés pour eux non plus.
Les adultes se rappelaient de Crocmou, mais ils ne parlaient pas, alors ils finiraient eux aussi par oublier. Seuls Neville et Charlie savaient ce qui s'était vraiment passé sur la montagne et ils ne le trahiraient jamais.
Harry avait honte de se laisser porter par le flot paisible de leur bonheur retrouvé, de ne pas insister, de ne pas avoir planté de drapeau, élevé de stèle.
D'avoir tu le sacrifice du dragon et de le laisser doucement s'enfoncer au fond de ses souvenirs.
Mais rien n'a été oublié.
Il sursauta en entendant la voix au fond de lui-même alors qu'il était debout à côté de la fenêtre, à contempler les étoiles qui scintillaient sur la plaine où la neige fondait lentement, laissant place aux crocus.
Un jour, père.
Un jour, tu le verras.
Ce que deviendra Albus Severus Potter.
Ce que peut faire un homme à l'intérieur duquel brûle un cœur bon et courageux.
Un cœur brave et sage.
Un cœur prêt à combattre et à mourir pour ceux qu'il aime.
Un cœur pur comme celui d'un enfant.
Un cœur de dragon.
FIN
Et s'ils vous manquent déjà, retrouvez Albus et Crocmou huit ans plus tard à Poudlard dans "Clair comme Nuit" !