Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 102 : XIX Anarkia

4002 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:49

           CHAPITRE XIX : ANARKIA

 

           Pierrick, Yann et Thomas ne restèrent pas longtemps fascinés par cette vision d’horreur. Il devait rejoindre les combats au plus vite. Ils ne s’arrêtèrent pas auprès des hommes blessés qui gémissaient au sol. Ils n’avaient pas le temps. Par contre un cri de douleur accompagné d’un rire malsain et d’où transparaissait la folie résonna dans le hall. L’origine venait d’une porte double dont l’un des battants était de travers, ne tenant plus que par un seul gond. Ce rire. Aucun des trois hommes n’ignorait l’identité de son détenteur. Kylian Névris. Quand aux hurlements de douleur, ils étaient tellement déformés par la souffrance que personne ne pouvait reconnaître son émetteur.

« Je vais m’occuper de lui, dit Pierrick en faisant un pas dans la direction mais il fut arrêter par Thomas.

-Non, interdit le dragoniar. Tu as une autre cible. On ignore quels pouvoirs possèdent Janus. Tu es sûrement le plus à même de l’éliminer. J’ai un compte à régler avec ce malade. Il a tué la famille de Hans et celle de Frida. Il les a torturés. Je vais lui faire payer pour tout.

-Tu veux que je t’aide ? demanda Yann.

-Ça ira. Va aider les autres toi aussi.

-Surtout ne le sous-estime pas, finit Pierrick en continuant vers la bataille avec Yann. »

           Thomas Zimong s’avança dans l’embrasure de la porte. Elle donnait sur une pièce rectangulaire qui devait être une sorte de salle d’attente. Névris se tenait debout, quasiment en plein centre. Sa baguette pointait sur Suzanne Janis recroquevillé contre le mur du fond. Thomas avait de la peine à la reconnaître tellement son visage était tuméfié et recouvert de sang et d’écorchures. Ses cheveux plaquaient contre son crâne, collés par l’hémoglobine noirci. Ses paupières avaient tellement gonflé qu’elle ne pouvait plus rien voir. Son corps était pris de convulsion sous le joug du sortilège de torture que lui infligeait le mage noir.

           Le sang de Thomas ne fit qu’un tour. Ses yeux devinrent dorés, il tendit la main et un éclair rouge en surgit. Névris perçut au dernier moment le sifflement déchirant de l’éclair. Il bondit en arrière par réflexe. Suzanne se relâcha complètement sur le sol, la torture ayant été interrompue. Névris tourna son regard violacé vers le dragoniar dont les yeux reprenaient déjà leur teinte habituelle. Le sourire de Névris avait vraiment quelque chose de dérangeant.

« Le professeur Thomas Zimong, dit-il. Quelle surprise ! Je pensais que vous préféreriez rester avec votre famille.

-Je suis là où je dois être, lança Thomas. Pour les protéger, je dois me battre.

-Quel courage ! fit Névris d’un ton ironique. Seulement il n’y aura rien d’autre ici pour vous que la mort.

-Oui. La tienne et celle de tes copains. »

Le rire de Névris éclata encore plus fou que précédemment. Il était vraiment un dément pour que sa propre mort le fasse s’esclaffer ainsi.

« La mort, dit-il. Oui bien sûr. Alors pourquoi attendre ? »

           La tension était palpable entre les deux ennemis malgré le sourire malsain de Névris. Le sorcier aux yeux violets garda ses bras le long du corps dans une posture naturelle. Mais Thomas savait qu’il demeurait vigilant. Comme lui disait sa mère en lui enseignant le Ngam Lung Quan : « Le débutant usera de la garde, le maître partira d’une posture naturelle ». Névris avait des années de combat derrière lui. Il avait torturé et tué plus que de raison. Thomas n’était pas sûr de pouvoir le vaincre. Mais il ne pouvait reculer. Pas maintenant. Il avait tant de gens à protéger. Ses élèves, ses amis Pierrick, Yann, Hans, sa sœur Laura, Hermione, et Marion, sa légère fleur blanche. Il n’avait pas le droit à l’échec.

           Combien de temps restèrent-ils à s’observer ? Qui sait ? Suzanne Janis s’était glissé contre le mur et attendait le premier coup. Ce fut Thomas qui l’envoya. Ses yeux devinrent dorés, signe qu’il éveillait ses pouvoirs dragoniars. Il tendit la main et un éclair vert s’étira vers le mage noir. Celui-ci parvint à esquiver d’un bond sur le côté mais il se fit surprendre par un coup de pied sauté latéral qui le percuta à la mâchoire. Le dragoniar enchaîna avec un coup de sabre mais il ne rencontra que la baguette de Névris devenue aussi dure que l’acier. Son sourire goguenard accroché à ses lèvres pâles, Névris repoussa Thomas en arrière d’un coup de genou à l’abdomen. Il continua avec un uppercut à la pointe du menton et un coup de pied retourné direct au visage pour le propulser encore plus loin. Il tendit sa baguette en hurlant :

« Cofringo ! »

L’explosion ricocha contre le plat de la lame du sabre que Thomas avait renforcé par magie et mis en opposition. Le contre fut immédiat avec un éclair rouge qui ne rencontra que la baguette de Névris, l’annulant d’un mouvement coulé.

           « Impressionnant, sourit Névris d’un air gourmand. Je savais que le combat serait intéressant. Je n’ai malheureusement pas le temps d’en profiter autant que je le voudrais. J’ai une guerre a gagné pour mon maître.

-Je ne compte pas te laisser la victoire, cracha Thomas.

-Ça tu n’y pourras rien. La victoire est déjà notre. »

Thomas ne supporta pas la dernière injonction de Névris. Il lança un nouvel éclair mortel, annulé par son adversaire. Il bondit en avant, effectuant un salto avant pour venir frapper de tout son poids d’un coup de sabre de haut en bas. Névris se contenta de reculer d’un pas pour l’éviter et contre-attaqua d’un puissant crochet à la tempe qui envoya le professeur au sol. Malgré tout il ne se laissa pas endormir et bien qu’à terre, il se remit sur pieds en pivotant, balayant le mage noir. Les deux combattants continuaient leur joute au sol, se rendant coup pour coup, maléfice pour maléfice, s’esquivant et se bloquant mutuellement. Thomas parvint à percuter la tête de Névris d’un coup de talon retourné mais le mage noir contra immédiatement d’un coup de coude à l’épine nasale en cassant la distance. Finalement, Névris posa le bout de sa baguette sur le torse de Thomas alors que le dragoniar faisait de même de sa paume sur celui du mage noir. Ils firent deux Repulso simultanés et furent tous deux projetés chacun dans une direction jusqu’à percuter durement les murs et retomber lourdement au sol.

           Les deux guerriers se relevèrent sans se lâcher des yeux. Névris avait perdu son sourire et grimaçait l’air furieux. Il n’était pas habitué à ne pas mené largement durant un combat, la dernière fois que ça lui était arrivé c’était au mois de janvier contre le Corbeau. Et ce simple professeur de défense contre les forces du mal démontrait une ténacité capable de le faire douter de sa puissance. Etait-ce ça la puissance légendaire du peuple Dragon ? Et pourtant, ce Thomas Zimong n’était qu’un sang-mêlé, qu’un batard de sorcier et de dragoniar. Il ne pouvait le vaincre, lui qui était de sang-pur. La victoire lui appartiendrait.

 

           Chergnieux poussait ses hommes à avancer. Il le fallait. Un moldu chinois nommé Sun Tzu a dit un jour qu’aucune guerre longue n’était profitable, même pour le vainqueur. Il avait entièrement raison. En repensant à cette citation, Chergnieux pensa à Pierrick Chaldo. Malgré la certaine aversion qu’il ressentait pour le Corbeau, il aurait voulu qu’il soit là. Il aurait été plus qu’utile. Mais il devait se débrouiller sans lui.

           Il donna des ordres au groupe 1, il devait investir la prochaine pièce en longeant le mur à droite, neutralisant la menace ennemie, barricadée derrière un muret dressé en plein centre, par un feu nourri. La précision n’était pas le maître mot, il devait forcer les mages noires à se mettre à couvert le temps que le groupe 2 entre en longeant le mur de gauche pour pouvoir leur tomber dessus en revers. Le groupe 1 se mit en place à l’entrée. Le premier du groupe sortit une fiole contenant une potion rouge. Il lança la fiole dans la pièce, se cachant les yeux aussitôt. Lorsqu’elle se fracassa contre le sol, un flash de lumière aveuglant emplit l’espace. Des cris de surprise se firent entendre. Le groupe 1 fonça sans hésitation, canardant à tout va. Chergnieux risqua un coup d’œil, les mages noirs étaient fixés. Il ordonna au groupe 2 d’agir. Sans démontrer plus d’hésitation que le groupe précédent, ils pénétrèrent dans la pièce.

           Mais alors qu’ils tentaient de contourner le muret, appuyé par le groupe 1, d’autres sortilèges venant de la porte située de l’autre côté les atteignirent. Deux chasseurs tombèrent morts. Certains chasseurs du groupe 1 tentèrent de faire cesser ce tir mais les mages noirs se servaient de la porte comme une meurtrière. Chergnieux allait ordonner la retraite quand un coup de feu retentit de la porte d’où il venait, faisant taire un des mages noirs. Chergnieux se tourna vers la source des coups de feu et découvrit Yann Firvel s’avançant, son pistolet pointé vers l’autre porte.

« On reste et on continue ! hurla t-il à ses hommes. Avada Kedavra ! »

L’échange de maléfice s’intensifia. Les ennemis cachés derrière le muret furent tous neutralisés ou éliminés.

           Chergnieux fit signe au groupe 1 de se placé à son tour derrière le muret de sorte de mettre en place une base d’appui face à la seconde porte. Mais les mages noirs intensifièrent leurs efforts. Plusieurs chasseurs tombèrent. Chergnieux fut touché par un rayon rouge lui entaillant l’épaule profondément. Un éclair vert s’allongea vers lui mais fut arrêté in extremis par un charme du bouclier. Chergnieux regarda dans la direction de son sauveur. Il crut qu’il rêvait. Debout dans l’embrasure de la porte, Pierrick Chaldo se tenait, le regard sombre pointé vers l’autre porte. Le Corbeau bondit en avant, se transformant en oiseau noir. Il plana jusqu’au bastion des ennemis, esquivant les éclairs des maléfices. Il passa l’embrasure et disparut dans l’ombre. Des cris de surprise se firent entendre en même temps que le feu magique des baguettes des mages noirs cessait. Il n’y eut pas un éclair, juste le bruit de quelques coups. Un mage noir vola dans la pièce tenue par les Chasseurs, KO et la mâchoire brisée. Un bruit de fuite.

           Les chasseurs se regardèrent. Ils ne pouvaient que deviner ce qui se passait. Imperceptiblement, leurs baguettes se baissèrent. Ils les relevèrent d’un coup quand quelqu’un passa la porte pour les baisser aussitôt en reconnaissant Pierrick Chaldo.

« Groupe 2, sécurisez la sortie, ordonna Chergnieux. Groupe 1, restez sur vos positions. »

Chergnieux se releva et s’avança vers le Corbeau qui lui aussi venait à sa rencontre. Yann se contentait d’observer silencieusement. Les deux chasseurs se toisaient d’un regard dur.

« C’est maintenant que t’arrives ? fit Chergnieux. Tu sais qu’on t’a cherché partout.

-A ce qui parait, dit Chaldo. Mais j’avais des choses à régler.

-On règlera ça plus tard. Où est le professeur Zimong ? J’aurai cru qu’il serait venu.

-Il se bat contre Névris.

-Je vois. Vous venez nous aider ?

-Non, juste prendre un café, ironisa Firvel.

-Je vais combattre Janus personnellement, expliqua Pierrick.

-Pourquoi ? questionna Chergnieux. Pourquoi toi ?

-Je ne sais pas. J’ai l’impression qu’il le faut. Je dois le faire pour savoir si j’ai vraiment ma place dans ce monde.

-Il ne sera pas facile à atteindre.

-Je vous laisse vous débrouiller avec le menu fretin. Plus tôt il sera mis hors d’état de nuire, plus tôt cette guerre s’arrêtera. »

Chergnieux plongea ses yeux bleus dans ceux noirs de Chaldo. Ils étaient toujours aussi froids. Mais il y décela autre chose : de la détermination, une réelle envi de faire cesser ce combat. Quelque chose qu’il n’avait jamais vu dans ses yeux avant. Pierrick Chaldo avait changé.

« Nous allons te dégager la voie, annonça t-il. Pour les premiers mètres du moins. »

Chergnieux donna ses ordres. Pierrick se tenait prêt. Le chef de la section AI décompta un compte à rebours avec ses doigts. Arrivé à zéro, il hurla un « Go ! » retentissant. Lui et deux autres chasseurs avec Yann se portèrent en vu de l’ouverture et se mirent à arroser les mages noirs surpris. Pierrick bondit, se transformant en corbeau pour voler au dessus de l’échange de tirs sans être remarqué par les ennemis. Les chasseurs et Yann ne se remirent à couvert qu’une fois qu’il eut disparu après un angle de couloir.

« Je me demande si c’était vraiment une bonne idée de le laissé y aller seul, dit Chergnieux.

-Je ne vois pas qui pourrait se frotter à un mage noir de la réputation de Janus et s’en sortir si ce n’est lui, fit remarquer Yann. Tu as beau ne pas l’apprécier, tu le sais aussi.

-Depuis quand on se tutoie ?

-N’est-ce pas plus convivial ?

-Bof, je sais pas. Oh ! Et puis rien à foutre. Couvre-nous par tes tirs, il faut avancer.

-OK. »

 

           Dans un autre couloir, Georges Nide menait ses deux groupes avec maîtrise. Comme à son habitude, il ne restait pas en arrière, menant l’assaut depuis la pointe. La baguette armant sa main droite lançait maléfice sur maléfice et parfois dressait un bouclier informulé. Son bras gauche restait en forme de lame pour tranché les chairs des ennemis trop imprudents s’approchant en le sous-estimant.

           Malgré tout, Nide sentait qu’il n’avait plus vingt ans. Un combat d’une telle intensité lui démontrait qu’il avait vieilli. Et alors qu’il se protégeait derrière un bouclier, il sentit ses forces l’abandonner. Il fit signe au chef du groupe 5 de prendre la relève. Nide recula de quelques mètres pour se laisser tomber assis à l’abri d’un angle de mur. L’infirmier du groupe 6 s’approcha de lui.

« Monsieur, vous allez bien ? demanda t-il.

-Oui, parvint à sourire difficilement Nide. Juste un peu de fatigue passagère. Vivement la retraite. »

L’infirmier sortit une fiole d’une de ses poches. Il la déboucha et la présenta à Nide.

« Ça devrait vous redonner des forces, dit-il. Mais il faudrait mieux que vous repartiez en arrière.

-Certainement mais ma place est ici, fit Nide en prenant la fiole. Ça ira, je vais vous rejoindre tout de suite. Rejoint ton groupe. »

L’infirmier se releva et courut rejoindre ses collègues qui avaient continué d’avancer. Nide but la fiole d’une traite. Il dut quand même attendre quelques minutes avant d’en sentir les effets.

           Il ne pouvait rester là pendant que ses hommes, ses enfants pour ainsi dire, se battaient à mort. Il se releva et retourna en pointe. Ils étaient arrivés à repousser les ennemis jusqu’à un point stratégique : un palier donnant sur trois cages d’ascenseur. Les hommes de Janus s’étaient terrés derrière un véritable bunker dont les murs avaient été montés par magie. Des meurtrières, ils lançaient divers maléfices en demeurant protégé de ceux des Chasseurs. Ces derniers ne trouvaient pas de faille dans le rempart de fortune. Plusieurs chasseurs tombèrent sous les Avada. Les survivants restèrent à couvert mais ce faisant, ils ne pouvaient plus tirer efficacement.

           Nide observa la tournure des évènements. Il ne pouvait supporter de voir ses hommes mourir ainsi. Il chercha une solution. Mais à vrai dire, il n’en voyait qu’une seule. C’était à lui de le faire. A personne d’autre. Il donna ses instructions aux deux chefs de groupe. Ces derniers pâlirent en comprenant ce qu’il comptait faire mais aucun n’osa lui dire de ne pas le faire.

           Au signal, une équipe du groupe 5 surgit et canarda le bunker sans chercher la précision. Ils voulaient juste forcer les mages noirs à se cacher hors de vu des ouvertures. Nide profita de ce tir de couverture pour venir se plaquer contre la paroi du bunker. Ainsi placé, les mages noirs ne le voyaient plus. L’équipe se replia, permettant aux ennemis de reprendre leurs positions.

           Le bras gauche de Nide se changea en une lame effilée. Il se rapprocha d’une meurtrière en restant plaqué contre le mur. Un éclair vert fusa hors de l’ouverture. Lorsqu’il disparut, Nide se porta en face et frappa de sa lame dedans. Un cri de douleur se fit entendre. Sa lame était recouverte de sang ocre. Il tendit sa baguette.

« Cofringo ! »

L’explosion fit voler le mur en éclats. Nide s’y engouffra immédiatement, lançant un Avada sur sa droite et frappant de nouveau de sa lame celui qu’il avait juste blessé précédemment. Sa lame, virevoltait dans l’air d’un ennemi à l’autre alors que sa baguette lançait des panaches d’éclairs rouges, verts et d’autres couleurs.

           Soudain, en plein assaut, Nide se figea. Une large entaille venait de s’ouvrir dans son dos. Il se retourna et vit le mage noir armer de nouveau son bras pour le trancher une seconde fois.

« Sectumsem… »

La formule du mage noir se perdit dans un gargouillis incompréhensible quand la lame de Nide lui pénétra l’estomac. Nide sentait son sang couler le long de son dos. Il avait l’impression que l’entaille allait jusqu’à sa colonne. Sa respiration était sifflante et de l’air s’échappait douloureusement en formant de petites bulles à la surface de la blessure. Nide savait ce que cela signifiait : un de ses poumons était perforé, ou plutôt ouvert. Déjà, il sentait la tête lui tourner. Il continuait malgré tout à se battre, parvenant avec un sang froid phénoménal à casser la distance avec un ennemi lui lançant un Avada qui atteignit un autre adversaire. Il était rentré dans sa garde en lui saisissant le poignet armé. Nide lui coupa le souffle d’un coup de genou à l’estomac avant de lui trancher le bras d’un geste fluide. Le mage noir hurlait de douleur quand l’ancien chef de la section AI le décapita.

           Georges Nide aurait continué son œuvre de mort si un mage noir ne l’avait pas de nouveau attaqué dans le dos, lui tranchant une jambe d’un Sectumsempra. Malgré la douleur qui lui brouillait l’esprit, Nide parvint à tendre le bras vers son agresseur.

« Avada Kedavra ! »

L’éclair vert retira toute vie du mage noir. Mais un autre désarma le vieux guerrier d’un Experliarmus. L’ennemi s’approcha d’un pas du chasseur maintenant impuissant en faisant attention à rester hors de porté de sa lame. Il allait l’éliminer définitivement quand un éclair vert le frappa. Nide vit le groupe 6 s’engouffrer dans la brèche qu’il avait faite, éliminant les derniers ennemis debout.

           L’infirmier vint tout de suite auprès de Nide. Il constata les dégâts et vit qu’il ne pouvait pas faire grand-chose. Georges Nide lut le désarroi dans ses yeux mais lui sourit.

« T’en fais pas petit gars, dit-il. Il fallait bien que je prenne ma retraite un jour.

-Monsieur, souffla t-il. Il faut vous emmener d’urgence à Gardevie.

-On ne peut pas transplaner. Le temps que l’on sorte du champ anti-transplanage, il sera trop tard, tu le sais très bien.

-Je peux empêcher le sang de couler par un garrot et un pansement compressif.

-J’ai un poumon tranché et sûrement la colonne vertébrale atteinte. Je connais mon corps mieux que quiconque. Te fatigue pas. Déjà, la lumière diminue devant moi, l’écho des combats me semble de plus en plus lointain. L’odeur du sang, elle, par contre, je continue à la sentir dans mes narines. J’aurais toujours vécu entouré par cette odeur. Il était normal que ce soit elle qui m’accompagne pour mon départ en retraite.

-Monsieur.

-Tu es d’origine moldue, n’est-ce pas ?

-Oui.

-Tu es chrétien ?

-Ma famille l’est. Moi non. J’ai trop vu de chose horrible pour y croire.

-Moi aussi. Mais il y a une prière qui m’a toujours fasciné chez les chrétiens : celle qu’ils disent quand quelqu’un meurt.

-Le Seigneur est mon berger, je ne crains aucun mal. En vérité, quand je marche dans la vallée de l’Ombre de la Mort, je n’ai pas peur, car Tu es avec moi. »

Nide sourit.

« Ils ont tort, murmura t-il. Car dans la mort, on est toujours seul. »

Ce furent ses derniers mots. La Vie quitta les yeux de Georges Nide pour ne jamais y revenir. L’infirmier lui ferma les yeux. Il se releva et rejoignit ses compagnons dans la suite de cette guerre.

 

 

NDA : Le grec « Anarkia » signifie « Fatalité ».

 

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