Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 99 : XVI Cette Vie que tu aurais voulu

3783 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 19:33

           CHAPITRE XVI : CETTE VIE QUE TU AURAIS VOULU

 

           Le temps était clair en cette matinée d’été. Pierrick était heureux d’être revenu dans ce pays qui l’avait vu grandir. Qui puis est pour une occasion aussi heureuse. Il se releva et regarda à côté de lui dans son lit. Il n’y avait personne mais ne s’en inquiéta pas. Su était allée dormir chez ses parents. Une dernière fois. Il la verrait au moment de la cérémonie. Plus belle et souriante que jamais. Il l’aimait tant. Depuis ses huit ans. Il se souvenait encore comme-ci c’était hier du jour de leur premier baiser. Et aujourd’hui, après quatre de vie commune en France, ils allaient s’unir pour la vie. Enfin.

           Pierrick se leva et alla faire sa toilette matinale. Il se rendit ensuite à la salle à manger où il fut accueillit par ses parents avec un sourire. Le majordome servit une tasse de thé au jeune homme.

« Un bon thé chinois, fit-il. En France, ils ont la manie du café.

-Moi, c’est le café qui me manque, avoua son père.

-Je t’en enverrai quand nous serons rentrés.

-Pas trop nerveux ? questionna sa mère.

-Pour l’instant non. Je peux te répondre tout à l’heure. »

           Les plaisanteries et les rires allaient bon train. Pierrick parla à ses parents du déroulement de sa carrière professionnel aux Chasseurs. Il espérait bientôt pouvoir se présenter aux tests pour intégrer la section spéciale.

           Il perçut un mouvement sur sa gauche. Il se dit que ce devait être un serviteur mais se tourna quand même par habitude. Au lieu d’un serviteur il vit l’espace d’un instant un homme chauve aux yeux marrons le regarder avec profondeur et gravité. La moitié du visage de cet homme était horriblement brûlé et du sang coulait le long de son corps sur le sol. De son bras droit il tenait le corps sans vie d’une jeune fille de seize ou dix-sept ans. Elle avait visiblement été violentée avant de mourir. L’homme tendit sa main gauche vers Pierrick. Une main en lambeaux dont les doigts pendaient à des morceaux de chair noircis par la putréfaction. Le chauve ouvrit la bouche pour parler.

           « Pierrick. »

Le regard terrifié et la respiration haletante, Pierrick se tourna vers son père. Ce dernier parut inquiet.

« Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda t-il. »

Pierrick redirigea son regard vers le chauve. Mais il avait disparu sans laisser de trace.

« Je… j’ai cru voir quelqu’un. Là. J’ai dû rêver.

-Ça y est, la nervosité commence à te faire perdre les pédales ! sourit Gilles Chaldo.

-Ça doit être ça. »

Malgré tout, Pierrick ne put s’empêcher de regarder partout durant l’heure qui suivit.

           Les préparatifs pour la cérémonie et la réception qui suivait se mettaient en place sous les ordres de Françoise Chaldo. La mère du futur marié démontrait une autorité insoupçonnée proche de la dictature. Bientôt, Liang, la mère de Su vint en renfort. Pierrick se doutait qu’elle n’était pas venu seule. Son mari, Peng prenait le thé en compagnie de Gilles Chaldo. Mais c’était surtout à Su que Pierrick pensait. Françoise avait alloué une chambre à la préparation de la mariée. Elle devait être entre les mains des servantes pour se faire belle. Qu’est-ce qu’il ne donnerait pas pour se glisser dans cette chambre et la voir. Mais s’il faisait ça, il se ferait certainement tué par sa mère. Il se contenta d’aller rejoindre son père et son futur beau-père.

           Alors que l’heure de la cérémonie approchait, Pierrick alla se changer. Il avait opté pour une robe de sorcier verte claire. Il s’avança vers le miroir pour apprécier le résultat. Et une apparition le figea. Un homme blond que Pierrick reconnut comme étant un agent de la section S qu’il avait déjà croisé dans les couloirs du Département des Chasseurs se trouvait derrière lui. Il était horriblement blessé. Il lui manquait un bras et ses intestins se répandaient sur le sol par une ouverture à l’abdomen. Un de ses yeux pendait sur son visage, retenu à l’orbite par le nerf optique. Les lèvres du blessé remuaient. Il parlait mais aucun son ne sortit. Pierrick se retourna d’un coup. Mais il ne vit personne à part son père qui entrait.

           « Qu’est-ce qui se passe Pierrick ? demanda Gilles en remarquant l’expression de son fils.

-Je… je ne sais pas, balbutia t-il. J’ai vu quelqu’un dans le miroir. Un homme blessé. Un homme que j’ai déjà vu. Un chasseur. Mais quand je me suis retourné, il n’y avait personne.

-Comme ce matin ?

-Oui. Mais ce matin je ne le connaissais pas. Enfin je crois.

-Et qui était-ce cette fois-ci ?

-Je crois qu’il s’appelle Marus, Jonas Marus. Ses lèvres bougeaient. Il me parlait mais je n’ai rien entendu.

-Ce n’est rien. Tu es nerveux et c’est tout à fait normal. Calme-toi, prend tout ton temps. Après tout, la cérémonie ne commencera pas sans toi. »

           Gilles Chaldo ressortit. Pierrick s’assit dans un fauteuil et chercha à se calmer en fermant les yeux. Mais le visage de ces gens qu’il voyait depuis ce matin l’obsédait. Devinant qu’il ne pourrait pas penser à autre chose pour le moment, il se concentra pour se remémorer avec précision les mouvements des lèvres de la dernière apparition. Sa formation aux Chasseurs lui avait appris à lire sur les lèvres. Pour le peu, l’exercice était déjà difficile à la base mais là, il devait le faire à partir d’un souvenir fugace. Il revit l’homme. Puis parvint à ne voir que son visage. Puis ses lèvres.

« Pierrick… Pourquoi n’es-tu pas venu ?... Pourquoi nous as-tu laissé mourir ?... »

Pierrick ne comprenait rien. Il en conclut que son père avait raison : ce devait être la nervosité. Il se força à penser au bonheur qu’il ressentirait dans peu de temps, quand il serait uni pour la vie à la femme qu’il aimait.

           L’heure arriva. Même si, par moment, il repensait aux hallucinations qu’il avait eu, ses pensés étaient principalement tournées vers Su. Elle était là, à quelques mètres de lui. Mais il devait encore attendre pour la voir. Qui était cet imbécile qui avait inventé cette stupide tradition disant que les mariés ne devaient pas se voir avant la cérémonie. Un sourire béat se dessina sur ses lèvres en pensant à une autre tradition : la nuit de noce.

           Un tambourinement le sortit de sa rêverie.

« Pierrick, ça va être l’heure, lança la voix de son père. »

Pierrick ouvrit. Il était prêt. Enfin, peut-être…

 

           La cérémonie se déroulait dans le jardin. Pour l’occasion, les deux mères l’avaient littéralement transformé. Partout, des rubans, des ballons formant des animaux fantastiques et colorés en mettaient plein les yeux aux invités. Mais Pierrick savait que le mieux restait à venir pour le soir.

           Pour la cérémonie en elle-même, les deux fiancés avaient choisi de faire un mix entre leurs deux cultures. Pierrick attendrait à l’autel du Ciel et de la Terre que sa promise le rejoigne au son de la marche nuptiale au bras de son père. Le mage officiant prononcerait les paroles en chinois. Ils prieraient devant les tablettes des Anciens. Ils échangeraient leurs alliances. Et Pierrick ne soulèverait le voile qu’au dernier moment. Il savait déjà quelle serait la couleur de la robe de Su : rouge. Car en Asie, le blanc est la couleur du deuil.

           Pierrick se dirigea vers le lieu de la cérémonie. Il voyait les dernières rangées de sièges où les invités discutaient en attendant. Mais alors qu’il marchait, il sentit une étrange sensation dans son dos. Comme le frôlement d’un vêtement. Il se retourna pour voir qui passait dans son dos. Personne. Il hocha la tête en se disant qu’il avait dû rêver. Mais en se tournant de nouveau vers sa destination, il tomba nez à nez avec un homme à la peau blafarde comme celle d’un cadavre. Pierrick était sûr de l’avoir déjà vu mais jamais parlé. C’était un homme roux avec des lunettes rectangulaires. Il était aux Chasseurs, dans la section IRIA. Que faisait-il là ? Pierrick était sûr de ne pas l’avoir invité. Il ne le connaissait que de vu. Il ignorait même son nom.

« Excusez-moi, fit-il. Vous êtes de la section IRIA, n’est-ce pas ? Que faîtes-vous ici ? »

L’homme ne répondit pas. C’est alors que Pierrick remarqua ses yeux vides d’expression, ils étaient décolorés. Comme ceux d’un cadavre. Et ses lunettes, le verre de gauche était brisé et la monture tordu. Avait-il heurté quelque chose ? Pierrick allait lui faire remarquer quand le roux leva une main vers lui. Une main aux doigts grisâtres et aux ongles noircis. Même s’il n’était chasseur que depuis trois ans, Pierrick avait vu des choses pas très belles. Les bas-fonds de ce monde se dévoilaient à lui petit à petit. Ainsi, il reconnut tout de suite un cadavre. Croyant à un inferi, Pierrick sortit sa baguette et bondit en arrière. Il savait comment combattre ce genre d’ennemi : le feu.

« Pourquoi n’es-tu pas venu Pierrick ? soupira le cadavre. »

           « Pierrick ! »

Le jeune homme se tourna vers son père. Ce dernier le regardait d’un air surpris où se lisait l’incompréhension. Pierrick reporta son attention sur le roux mais il avait disparu. Il regarda dans toutes les directions.

« Où est-il ? lança t-il.

-De qui tu parles ? questionna son père.

-De l’inferi.

-Pierrick, Je n’ai rien vu. Tu étais seul. »

Gilles s’approcha de son fils qui tournait sur lui-même frénétiquement.

« Pierrick, ça va, assura t-il. Ce n’est qu’un mariage. OK c’est le tien mais pas besoin de se mettre dans état pareil. »

Pierrick plongea dans les yeux de son père un regard empli de détresse.

« Qu’est-ce qui m’arrive ? dit Pierrick. Je deviens fou !

-Tu as encore vu quelqu’un que tu connais ?

-Je ne le connais pas. Enfin, je l’ai déjà croisé dans les couloirs du Département mais c’est tout. Je ne connais même pas son nom. Mais lui me connaissais. Il m’a parlé. Il m’a dit la même chose que Marus tout à l’heure, me demandant pourquoi je n’étais pas venu. Mais où voulaient-ils que j’aille ? Et surtout, pourquoi étaient-ils tous morts ?

-Calme-toi. Respire. Tout va bien. Ce n’est rien. Tu es juste nerveux. Ton grand-père m’a raconté qu’il avait failli s’évanouir en voyant ta grand-mère arrivé le jour de leur mariage. »

Pierrick ferma les yeux et respira un grand coup. Son père avait sûrement raison.

« Ça ira, assura t-il. Allons-y.

-Tu es sûr ? questionna Gilles. On peut retarder la cérémonie d’une heure si tu veux.

-Non, je ne veux pas faire attendre Su. On attend ça depuis tellement longtemps.

-Bien. »

           Pierrick et Gilles remontèrent les travées jusqu’à l’autel sous les vivats des invités. Pierrick sourit. Personne ne sembla remarquer que son sourire était forcé. Malgré ce qu’il avait dit à son père, les trois visions qui l’avaient assailli depuis ce matin continuaient à lui occuper l’esprit. Il s’inclina respectueusement devant l’autel comportant les tablettes des Anciens. Il se releva à peine que l’orchestre se mit à entonner la marche nuptiale. Elle arrivait. Oubliant toutes ces visions inquiétantes, il se retourna. Habillée d’une magnifique robe chinoise de satin rouge, le visage dissimulé gracieusement sous un voile de même couleur, Su s’avançait vers l’autel à petits pas. Son père lui donnait le bras et souriait en ce jour de bonheur. Arrivé à un pas de l’autel, Peng tendit la main de sa fille à Pierrick. Ce dernier se saisit en douceur de la fine main de porcelaine. Les deux fiancés se tournèrent vers l’autel et s’agenouillèrent.

           Pierrick ferma les yeux. Mais quelque chose troubla la quiétude dans laquelle il souhaitait se plonger. Une présence à la fois douce et violente. Ce fut plus fort que lui. Il releva la tête en rouvrant les yeux. Et sans prévenir, il se releva, s’attirant des regards surpris de la part de ses parents, de ceux de Su, des invités, et de Su elle-même. Une femme se tenait derrière l’autel. Sa peau était blafarde et ses cheveux d’un noir profond. Mais ce qui surprit le plus Pierrick était sa ressemblance avec Su. Mis à part quelques détails physiques. Ses yeux noirs étaient voilés. Encore une vision de mort. Pierrick remarqua que la femme portait un enfant dans ses bras. Un bébé. Un enfant mort.

« Pierrick, appela Su. Qu’est-ce qui se passe ? »

Mais il ne pouvait pas répondre. Il était subjugué par cette vision.

« Pourquoi Pierrick ? soupira la femme. Pourquoi n’es-tu pas revenu ? Pourquoi nous as-tu laisser mourir ?

-Qui êtes-vous ? questionna Pierrick.

-C’est moi Su, fit Su de plus en plus inquiète.

-Je suis… M’as-tu oublié ? C’est pour ça que tu m’as laissé mourir ? continua l’apparition.

-Allez-vous en ! s’écria Pierrick. Laissez-moi en paix !

-Tu dois choisir Pierrick, fit quelqu’un derrière lui. »

           Pierrick se retourna vivement pour se retrouver face à quelqu’un lui ressemblant comme un reflet dans le miroir. Un reflet tout habillé de noir. Pierrick remarqua alors que le monde s’était figé autour de lui.

« Cette vie, continua l’homme en noir. C’est celle que tu aurais aimé avoir. Celle qui aurait été parfaite selon toi. Continuer à vivre en Chine jusqu’à la fin de tes études. Rentrer en France pour intégrer les Chasseurs. Epouser la fille dont tu étais amoureux depuis tes huit ans. Malheureusement, ce fut une tout autre voie qui s’ouvrit à toi. Une voie parsemée de mort et de malheur, c’est vrai. Mais aussi de bonheur. Comme une lumière blanche au bout d’un tunnel de ténèbres.

-Pourquoi ? fit Pierrick. Pourquoi n’ais-je pas eu le droit à un bonheur simple, à une vie normale ? Etait-ce… ?

-Ton destin ? Non. Le destin n’existe pas. Nous sommes maitres de nos vies. Tout ce qui se passe dans ce monde n’est que le résultat des choix que nous faisons. Le destin, ce n’est rien d’autre que l’excuse des faibles pour expliquer leurs erreurs. Tu n’as pas choisi que tes parents ou que Su meurent, mais d’autres ont fait ce choix. Tu t’es laissé emporter par les choix des autres durant trop longtemps. Il est temps pour toi de reprendre ta vie en main.

-Et pour faire quoi ? Je n’ai apporté que le malheur.

-Non, tu te trompes. Tu as des amis qui comptent sur toi. Ça veut dire que tu n’as pas fait que le mal. Et il y a Chun. Elle t’attend. »

Pierrick se tourna de nouveau vers la femme tenant un bébé. Elle était maintenant entourée de tous ceux qui lui étaient apparus depuis ce matin. Maintenant il se souvenait de leurs noms. Thomas, Jonas et Franck. Ses amis. Il tenait à eux tous. Il aimait Chun plus que tout. De toute son âme.

           « Su, m’as-tu pardonné ? fit Pierrick. Je n’ai pas su te protéger. Et en plus je t’ai oubliée.

-C’est faux, dit Su. Tu ne m’as pas oubliée. Mais tu ne pouvais pas rester toute ta vie à te morfondre et à ressasser tout ce qui aurait dû se passer. Tu ne peux vivre dans ce rêve. Des gens t’attendent dans la vraie vie. Dans ta vie. Chun t’attend. Tu dois lui revenir. Elle t’aime. Et toi tu l’aimes, n’est-ce pas ?

-Oui.

-Je serais toujours dans ton cœur. Mais je ne dois pas être plus qu’un souvenir. Ton cœur lui appartient maintenant. Te pardonner ? Je ne t’en ai jamais voulu. Tout ce que je veux : souviens-toi de moi. Mon cœur est éternel. »

Pierrick se tourna vers les invités. Ses parents lui souriaient.

« Nous sommes désolés d’avoir dû te mentir Pierrick, dit Gilles. Nous ne savions comment t’en parler. Ou plutôt, nous manquions de courage.

-Nous avons essayé de te donner autant d’amour que si tu avais été notre vrai fils, raconta Françoise. Et ça a marché, nous ne pensions même plus à tes véritables origines. Tu étais notre fils. Et tu l’es toujours. »

Pierrick fixa ceux qui avaient été ses parents.

« Je vous remercie de m’avoir élevé. Grâce à vous, j’ai appris ce que c’était d’être un humain. C’est vrai que ce rêve est la vie que j’aurai voulu. Mais on m’attend ailleurs. »

 

           Le jardin disparut, emportant les invités, les apparitions, les Chaldo et Su. Il était de nouveau dans la grotte étoilée. Seul Corvus était toujours présent. Sa main passa sur sa poitrine, là où une marque de naissance rougeâtre se dessinait sur sa peau. Maintenant, il se souvenait qu’elle n’était pas naturelle. Il se souvenait ce qu’elle signifiait. Un Pentagramme inversé et une épée. Un symbole de magie noire et de Justice unit ensemble. Le symbole du projet Gladius.

« Je suis le fruit des amours improbables de la magie noire et de la Justice, dit-il.

-La magie n’est ni noire ni blanche, dit Corvus. Comme le Bien et le Mal, ce ne sont que des illusions de l’esprit. Rien n’est blanc ou noir. Ce monde n’est qu’un panache de gris. La seule chose qui importe c’est ce que nous désirons défendre, nos valeurs. Protéger, sauver des vies, ou au contraire les détruire, les asservir. Vivre pour les autres ou pour soi-même. Ce que nous appelons magie noire, je m’en suis servi durant mes combats contre ceux qui désiraient vivre au dépend des innocents. Et si c’était à refaire, je le referais sans hésiter. Le pentagramme, qu’il soit inversé ou non est devenu pour beaucoup un symbole de mal. Mais il fut d’abord un symbole d’amour. Pour les grecques, il représentait la déesse Aphrodite, son étoile, la planète Vénus dessinant ce signe dans le ciel en quatre ans. »

           Pierrick ne parla plus. Il se contenta de marcher vers la sortie sans lancer un seul regard vers Corvus.

« Bonne chance, Corbeau, lança ce dernier. »

Pierrick s’arrêta et se tourna vers lui.

« Suis-je toujours un Corbeau porteur de malheur ? dit-il. »

Corvus ricana.

« Tu sais, la croyance populaire disant que le corbeau porte malheur et est le messager de la Mort n’est vieille que de quelques siècles. A l’origine, cet oiseau est un symbole de création et de bienveillance. Il est même lié au soleil dans plusieurs cultures comme en Chine. Tu dois le savoir mieux que moi. La Lumière fut apporté par dix corbeaux et un corbeau à trois pattes fut le symbole impérial. Chez les peuples nomades, il est positif, chez les sédentaires il est négatif. Mais même les romains voyaient en lui un symbole d’espoir, son croassement signifiant demain. Si tu es symbole de malheur et de mort, ce n’est que pour ceux qui ont choisi de vivre par le malheur. Pour les autres, les innocents et les bienveillants, tu es l’espoir. Tu leur permets de voir au-delà du crépuscule. »

           Pierrick ne répondit rien et partit. Corvus resta seul.

« Tu as toujours été notre espoir. »

 

 

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