CHRONOS ET DEIMOS. Traduit de russe, auteur TsissiBlack

Chapitre 12 : Chapitre 12

2747 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 28 jours

De retour au présent, Déimos tenait à peine debout, vacillant sous le poids du corps inerte de Regulus.

-      Kreattur !

-      Maître... Le Maître n'a pas menti au fidèle Kreattur ! Le Maître a sauvé le naïf Regulus ! Le Maître ne l'a pas abandonné ! Kreattur se punira pour avoir douté...

-      Tais-toi, par Merlin. Si j'étais un elfe de maison, je serais devenu ton admirateur dévoué – tu as interprété ton rôle parfaitement, racontant avec conviction à trois adolescents stupides la mort héroïque de Regulus Black.

-      Kreattur a suivi les ordres du chef de la noble et ancienne maison Black. Harry Potter n'était pas encore le chef de famille. Harry Potter n'était que le Maître. Kreattur ne pouvait pas désobéir à un ordre, alors Kreattur a menti. Le rebelle Regulus a été banni de la famille à juste titre. Cela lui apprendra...

-      Tu es un bon elfe. Fais léviter cet idiot jusqu'à sa chambre. Je vais me reposer un peu pour récupérer, puis j'exécuterai un Rituel.

-      Maître souhaite accomplir un rituel ? demanda Kreattur en soulevant le jeune Black avec un Mobilicorpus avant de regarder Harry avec espoir.

-      Le rituel de l’avènement d’un héritier, précisa ce dernier. Tu ne crois quand même pas que je vais prendre Scorpius Malefoy comme second époux, comme Val le voulait ? Je vais rendre ses droits à cet imbécile, dit-il en montrant Black inconscient d'un geste. Je l'adopterai par Magie, et les héritiers deviendront son problème. Qu'il épouse qui il veut : un Malefoy, un Velanne de sang pur ou même un centaure.

-      Un centaure, ce n'est pas bien, Maître, marmonna Kreattur en sortant. Pas bien du tout. Scorpius Malefoy est un maître bon et honnête. Il pourrait engendrer des héritiers robustes. Non, un centaure n'est pas ce qu'il faut à un noble issu d'une ancienne famille, un sang-pur...

Harry leva les yeux au ciel et ferma la porte derrière lui – une overdose de Kreattur dans sa vie, assurément. Le vieux comploteur aux grandes oreilles. Se dévêtant avec lassitude, il s'affaissa sur le lit, attira Severus contre lui comme à son accoutumée et sombra dans le sommeil, le visage niché dans sa chevelure, qui exhalait le même parfum que dans le passé.

***

-      Je ne crois pas pouvoir en supporter davantage, murmura Harry d'un ton morose à Rogue, qui venait de reprendre son souffle après une nouvelle séance de relaxation post-massage, mais était toujours inconscient. - Existe-t-il un remède contre la somnophilie autre qu'une lobotomie ? Parce que te satisfaire tous les jours, t'entendre respirer bruyamment et gémir, c'est au-dessus de mes forces. Je vais remonter le temps, te sortir d'un autre pétrin, te donner de la ceinture et t'offrir ce que tu désirais tant. Merlin, donne-moi de la force ! Se contenter dans sa douche à presque quarante ans, c'est ridicule, Severus !

Insatisfait, en colère et pas encore complètement remis, Potter se leva et claqua la porte de la salle de bains. Severus ignora son escapade, comme d'habitude.

***

-      Comment va-t-il ?

Harry referma la blessure de son poignet et se pencha vers Regulus. Allongé sur l'autel de la Salle Rituelle de la Maison des Black, ce dernier était très pâle.

-      Il faut faire appel à un guérisseur.

-      Maître Regulus, répondit avec délectation l'omniprésent Kreattur, qui pouvait enfin de nouveau appeler Maître le jeune Black qu'il adorait, dormira encore une semaine. La Dame l'a touché et, bien qu'elle ne l'ait pas emmené, elle l'a endormi.

-      Ce n'est pas une maison, mais une salle d'hôpital pour les comateux, grommela Potter. Je ferai venir Smethwick quand même.

-      Comme le souhaite le Maître, s'inclina l'elfe de maison. - Le maître a-t-il déjà réfléchi à la façon dont il expliquerait l'apparition du Jeune Maître ?

-      Zut. Ces Black n'apportent que des ennuis.

-      Le maître devrait prendre plus de temps pour réfléchir, il agit trop impulsivement, alors que les membres de la famille Black planifient tout minutieusement.

-      J'ai oublié de te consulter, répondit Harry d'une voix fatiguée. - Va-t'en. Et emmène Regulus Harry Potter-Black avec toi. Je ne veux pas te revoir avant le dîner.

-      Maître Déimos fume dans la chambre. Il n'a aucune pitié et ne se soucie pas de la santé de son mari inconscient !

-      Va au diable, murmura Maître Déimos ressentant tout de même la honte, sans le laisser paraître. Pas littéralement, bien sûr, précisa-t-il.

-      Je prépare du porridge pour le dîner, répliqua l'elfe de maison d'un ton vengeur. C'est pour le bien de Maître.

-      Je vais le tuer.

Kreattur lui jeta un regard noir avant de disparaître, emportant l'héritier Regulus avec lui.

***

Harry se glissa sous la couverture et serra Severus dans ses bras avec plaisir.

-      Je n'ose imaginer ce qui m'arrivera à ton réveil. J'attends toujours que toutes les représentations que j'ai de toi se fondent en une seule. J'ai été la constante toute de toute ta vie : éternellement jeune et mystérieux. Alors que pour moi, il y a eu un gamin amusant, un jeune homme sérieux, un professeur redoutable, et toi, mon interlocuteur silencieux. Je me demande même qui es-tu vraiment. Allons dormir ?

Il s'étira doucement et s'installa plus confortablement.

-      Mais qu'est-ce que ça peut bien te faire ? Je suis épuisé par le rituel. Reg est désormais mon fils. Même ses traits ont changé, il a perdu un peu de sa beauté. Le sang des Potter a laissé sa marque. Quand j'ai absorbé le sang des Black, une telle rage m'avait envahi que j'ai dû apprendre à me maîtriser. J'ai même commencé à mieux comprendre Sirius, toujours à se chercher les ennuis, et Walburga, hurlant depuis son tableau. D'ailleurs, dès que je suis devenu Lord et remis de l'ordre dans la demeure, elle s'est tue. Je n'ai plus entendu un mot sortir de sa bouche. C'est logique : ma Lady Val redoutait de révéler le secret. Et aujourd'hui, elle est venue dans mon bureau, et pendant que je prenais ma potion hématopoïétique, elle m'a remercié pour son fils. Mais elle évite toujours d'évoquer le passé, se contentant de sourire mystérieusement. Tu te rappelles son sourire ? Comme à regret, comme pour me faire plaisir. Une véritable dame, dommage que je ne l'aie pas compris plus tôt. Mais, allons nous reposer. La journée a été éprouvante, je vais dormir au moins douze heures avant de revenir vers toi. Qu'avais-je promis déjà ? Te sortir d'un autre pétrin, te donner de la ceinture et t'offrir ce que tu désirais tant ? il bâilla doucement. – Je crains que l'ordre de mes actions ne change...

***

-      J'ai le pressentiment, presque traditionnel, d'une méchante surprise qui m'attend, dit Harry à Severus d'un ton sombre, en serrant l’artefact dans la main. Et pourquoi n'es-tu pas né gentil garçon, simple et sage, aimant les livres, les glaces et les éléphants roses ? Enfin, peut-être est-ce moi qui t'avais façonné ainsi ? Un mauvais exemple est contagieux, c'est bien connu. Bon, ne sois pas triste. Au train où vont les choses, nous aurons le même âge quand tu reprendras conscience. Oh, que le sort est dur et impitoyable avec le héros national !

Le monde se transforma en un ruban coloré, et le double de Harry qui apparut était sombre et concentré.

-      Je reviens vivant, mais nullement amusé. Humm...

Harry, recraché dans la réalité du Passé et redevenu Déimos Black, parvint de justesse à repousser Severus Rogue, qui pointait sa baguette vers le dos d'un grand sorcier brun, vêtu d'une robe noire, penché sur le corps d'une belle femme rousse. Dans le berceau, le bébé destiné à changer l'histoire pleurait à chaudes larmes.

Déimos sans réfléchir plus avant, salua son bon vieil ennemi par un  Avada Kedavra  et le regarda avec fascination tomber en cendres. Une petite ombre noire, s'éleva, pénétra dans le front tendre de l'enfant, laissant une cicatrice en forme d'éclair.

Black entra dans la pièce, passant avec sang-froid au-dessus du corps de sa propre mère, vers lequel Severus accourait déjà, et observa minutieusement la progéniture des Potter qui hurlait. Son esprit refusait obstinément d'associer ce bambin à lui-même, et la femme sans vie sur le sol à la personne qui l'avait jadis mis au monde.

Son conditionnement de l’Auror prit le contrôle, il refoula au plus profond de son être toutes ses émotions personnelles et balaya d'un regard expert la douillette chambre d'enfant.

Le latin résonna dans la pièce, des éclairs multicolores illuminaient le visage pâle et concentré de Déimos, sa voix s'emplissant progressivement de fureur.

Severus se balançait, serrant contre lui le corps de la femme qui avait jadis prouvé à un enfant solitaire et opprimé que l'amour et l'amitié existaient réellement en ce monde.

-      L'amour maternel, alors ? Ben voyons ! s'exclama brusquement Déimos. Avada n'a pas fonctionné, n'est-ce pas ? Le Survivant ? Le Garçon-Qui-A-Survécu, bon sang ? La Prophétie ? Je te ressusciterais et te tuerais à nouveau, le vieux... humm... Tu auras de l'amour. De toutes sortes d'amours.

Il fit encore quelques passes et esquissa un sourire malicieux, puis murmura quelques mots de plus et se tourna vers Severus, anéanti par le chagrin, caressant les cheveux de Lily. Son visage était terrible. Des yeux vides et morts, une grimace figée d'horreur et de culpabilité.

« Le sexe n'est plus à l'ordre du jour. », pensa Déimos un peu bêtement.

-      Allons, les vautours de toute l'Angleterre magique ne vont pas tarder d’affluer ici. Debout, Severus.

-      Je suis arrivé trop tard. Il n'a pas tenu sa promesse. Je... Je suis désolé, si désolé… Lily... Pardonne-moi, Lils. Pardonne-moi. Je veillerai sur ton fils. Je t'en fais le serment !

Les filaments spectraux du pacte magique s'enroulèrent autour de ses poignets fins avant de s'évanouir.

-      Idiot, marmonna Harry sèchement en le saisissant par les bras. Laisse-la, tu ne peux plus rien faire pour elle.

-      Je voulais le tuer... Je souhaitais..., Severus paraissait désorienté, inconscient de son environnement et de son interlocuteur. Il est mort, n'est-ce pas ?

-      Je dois te décevoir. Il reviendra. Allez, dépêchons-nous, personne ne doit te découvrir ici.

Il entraîna Severus à une centaine de mètres de la maison, attendit l'arrivée de Sirius et transplana.

Ils se retrouvèrent dans la maison de Severus. Un salon encombré, des planchers qui grinçaient, des courants d'air.

Après avoir administré une dose choc de potions à Rogue, qui tremblait sous le stress, Déimos remit rapidement un peu d'ordre, alluma la cheminée, sortit une flasque plate de sa poche et en but une longue gorgée.

-      Raconte, demanda-t-il à Severus, qui se tenait voûté, les bras fermement serrés autour de ses épaules.

Il paraissait fixer un point au-delà de son interlocuteur, mais ce n'était pas exactement le cas.

-      Raconter quoi ?

-      Le Tout et dans l'ordre.

-      Qui es-tu, Déimos ?

-      Là, j'ai pas compris...

-      Tu n'as pas changé d'un iota en cinq ans, les cheveux que j'avais coupés pendant ton sommeil n'ont pas repoussé en un an et demi de séparation, et la potion de recherche préparée à partir de ces cheveux a caillé. Tu n'as pas hésité une seconde à lancer une Avada sur le Lord, comme si tu t'étais préparé à cela durant toute ta vie. Dans la maison des Potter, tu as utilisé une magie si ancienne qu'il était effrayant de se tenir à côté de toi, mais tu t'en fichais. Tu as tranquillement enjambé une morte, comme si tu le faisais tous les jours. Tu n'as pas consolé l'enfant, pourtant innocent, mais tu l'as lié à moi par un sort que je n'ai pas entièrement compris, malgré tous les grimoires de magie noire que j'ai lus jusqu’en être dégoûté. Tant que tu ne m'auras pas révélé d'où tu viens et que veux-tu de moi, je garderai le silence.

Déimos passa la main dans ses cheveux longs et découvrit effectivement une mèche à l'arrière de sa tête, nettement plus courte que les autres. « Satané, rusé fils de pute ! », pensa-t-il avec une pointe d’admiration.

Il ne savait que faire ; il ne voulait ni mentir, ni révéler la vérité. Alors Black soupira :

-      Tu ne veux pas me parler ? Alors, pas besoin. Je vais te dire comment ça va se passer. Le Lord s'est désincarné. Pour un temps, bien sûr. Les Aurors commenceront à faire pression sur tous ceux qui ont la marque, y compris toi, et à les jeter derrière les barreaux.

-      Je m'en fiche.

-      Mais moi, non !

-      Ça, c'est ton problème.

Déimos se leva brusquement de la chaise où il s'était installé et attrapa l'entêté, le secouant violemment.

-      Tu sais ce qu'est Azkaban ?! Tu as vu des Détraqueurs ? Tu vas devenir fou en un mois !

-      Qu'est-ce que tu en as à faire ?

Déimos observa les traits fins, comme tracés au crayon noir, et s'apaisa instantanément, attirant Severus contre lui.

-      Gamin, chuchota-t-il avec douceur. Pourquoi cette obstination ? Souhaites-tu vraiment finir en prison ? Comprends-tu ce qui t'y attend ?

-      Que me reste-t-il aujourd'hui ? Une demeure déserte, crasseuse, qui s'écroule petit à petit ? Un simple cercle effacé sur la tapisserie des Black à la place de Reg ? Lady Val sombrant dans la folie ? Un maître défunt qui n'a pas tenu ses promesses ? Une interminable traînée de sang qui me suit ? Dumbledore, à peine meilleur que feu notre Lord ? Je mérite Azkaban, Deymi.

-      Arrête ces absurdités, grommela Black, irrité. Nous disposons de quelques heures pour déterminer la marche à suivre.

Severus pressa soudain son visage contre l'épaule de Déimos, le serra fort contre lui et se mit à pleurer. Sangloter d'une façon effrayante, les yeux secs, avec des spasmes au lieu de larmes. Déimos lui caressa les cheveux, murmura quelque chose de rassurant, le cajola, se jurant qu'il trouverait un moyen de mettre fin à ce cauchemar dont il était en partie responsable.

 


Laisser un commentaire ?