Les cadeaux du Roi Mage
Chapitre 1 : Les cadeaux du "Roi Mage"
3838 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour il y a 7 jours
Cette fanfiction est présentée en seconde chance pour le défi d'écriture "Famille, métiers" de mai 2020 sur le site Fanfiction.fr.
"Le travail est tout ce qu'on est obligé de faire ; le jeu est tout ce qu'on fait sans être obligé de le faire."
Mark Twain (1835-1910)
- Harry James Potter ! s'exclama Hermione dès qu'elle eut franchi le seuil.
Le menton relevé, les mains sur les hanches dans une parfaite imitation de Molly Weasley, toute son attitude trahissait une colère à peine contenue. Ron se tenait juste derrière elle, visiblement mal à l'aise. Harry recula instinctivement d'un pas ; lorsque son amie d'enfance l'appelait par son nom complet, cela présageait de sérieux ennuis, de très sérieux ennuis.
- Ron, continua-t-elle en claquant légèrement des doigts, rends-lui tout de suite cette machine infernale, sinon je ne réponds pas de moi !
Weasley jeta un regard plein de culpabilité à Harry et, marmonnant des excuses, lui tendit un coffret d'où émanaient des chuchotements et des sons étranges.
Harry recula davantage, dissimulant ses mains dans son dos par précaution. Il secoua la tête en signe de refus et s'enquit d'un ton méfiant :
- Pourquoi veux-tu me donner une bombe ?
Ron examina avec stupéfaction l'objet qu'il tenait entre ses mains :
- Pourquoi une bombe ?
- Parce que « machine infernale » est un euphémisme pour désigner une bombe ! hurla Harry. Peut-être tu veux exploser ton meilleur ami pour te venger que je t'ai soufflé la place au sein d'un service prestigieux !
Il prit une profonde inspiration et s'efforça de retrouver son calme, conscient de l'injustice de ses paroles et du fait que Ron n'avait aucunement l'intention de lui nuire. Harry ne faisait que déverser sur lui sa frustration née de ses tentatives infructueuses de créer un cadeau d'anniversaire pour la petite Rosy : une poupée compagnon des jeux. Jusqu'alors, le résultat était loin d'être à la hauteur de ses espérances, et le jouet, à l'origine banal, s'était métamorphosé sous les manipulations maladroites de l'artefacteur débutant en une inquiétante réplique de Chucky. (1)
Weasley fit tourner son index près de sa tempe dans un signe universel signifiant « Tu es cinglé ».
Hermione au bout de patience, arracha l'objet de discorde des bras de son époux, le jeta sur le canapé le plus proche, respira profondément pour s’apaiser et prononça presque aimablement :
- C'est ton cadeau pour Yule dernier, je veux que tu le reprennes !
- Vous n'avez plus besoin du Babyphone ? s'étonna Harry et continua avec une certaine fierté : J'ai conçu cet artefact moi-même pour vous alerter du réveil de la petite Rosy. Étant donné ton refus, Hermione, d'employer un elfe de maison, afin de ne pas “exploiter ces pauvres créatures”, j'ai pensé que ce présent te serait particulièrement utile.
Hermione esquissa un sourire perfide, ce qui ne fit qu'accroître l'inquiétude de Potter, peu habitué à une telle expression sur son visage.
- Quelles fonctionnalités as-tu intégrées dans cet appareil ? Tu ne vas pas tenter de me persuader qu'il s'agissait uniquement de la transmission sonore, n'est-ce pas ?
Potter se redressa, ajusta les lunettes sur son nez et se vanta :
- Oh ! J'ai fait bien mieux ! Il s'agit d'un dispositif multifonctionnel qui m'a demandé un investissement considérable en temps et en efforts. C'est exactement le même modèle que j'ai conçu pour Théia, et sa gouvernante ainsi que Kreattur en ont été extrêmement satisfaits. Ce 'Phone' alerte en cas de pleurs du nourrisson, indique lorsque l'enfant a faim, et possède même la capacité de s'améliorer de manière autonome ! Harry leva l'index d'un air docte et ajouta : Je lui ai fait la lecture de l'ouvrage du Docteur Spock, (2) et il a assimilé l'intégralité des informations !
Hermione, finit par enlever son manteau, s'installa sur le fauteuil et persifla d'un ton venimeux :
- Ah bon ! Il a parfaitement intégré toutes les informations, c'est remarquable ! Cela clarifie la situation entière. Cet appareil est capable d'apprendre par lui-même ! Quelle "merveille" ! À présent, il nous prodigue des conseils sans relâche, jour et nuit ! Il est encore pire que Molly ! Et pourquoi, par Mordred, ne te contentes-tu pas de ton boulot de l’Auror ? Écoute donc !
Elle souleva rageusement le couvercle de l'écrin, révélant un cube orné d'yeux en aigue-marine et d'une bouche composée d'une myriade de petits grenats. L'objet débitait un flot de paroles sur un ton pédant insupportable : « Il est déconseillé de confier un enfant en bas âge à ses grands-parents pour une période de plusieurs heures, car ils risquent de trop céder à ses caprices ou de lui parler de manière infantilisante. Comme je vous l'ai déjà expliqué, il convient de s'adresser à un nourrisson comme... » Hermione referma prestement la boîte, rendant la suite du discours inaudible.
- C'est permanent et intolérable ! Au pis aller, j’aurais préféré la méthode Montessori (3) ! Et tu affirmes que Kreattur n'a jamais exprimé de mécontentement ? Interrogeons-le directement pour en avoir le cœur net !
Potter appela Kreattur, et dès que l'elfe apparut, il lui demanda d'un ton assuré :
- Te souviens-tu de l'objet que j'ai créé l'année dernière pour Théia ? Qu'en penses-tu ? Il t'était utile ?
Kreattur se tortilla nerveusement, tirant sur ses oreilles et frottant son nez, avant de s'incliner respectueusement. Après un bref moment d'hésitation, il déclara :
- Maître Harry est un artefacteur exceptionnel. Sa création est si remarquable, si ingénieuse et si magnifique que le vieux Kreattur n'a pas eu l'audace de l'utiliser, se jugeant indigne d'un tel honneur. Et à présent, la Petite-Maîtresse a grandi et n'en a plus besoin.
Harry, qui commençait à émettre de sérieuses réserves quant à la prétendue « magnificence » de ses œuvres, s'enquit avec suspicion :
- Qu'as-tu donc fait de cet ouvrage si exceptionnel ?
Kreattur joignit les mains dans son dos, inclina la tête, sembla soudainement se ratatiner avant de murmurer :
- L'ingrat, Kreattur l'a déposé dans le Coffre numéro 5 de la réserve..., puis acheva dans un souffle à peine perceptible : Destiné aux objets magiques classés « Danger 10+ ».
Harry soupira profondément et confia à Kreattur le coffret d'Hermione :
- Place ceci au même endroit.
Puis, se tournant vers son amie, il poursuivit :
- Tu as raison, je suis désolé. Mais, je compte bien me racheter pour l'anniversaire de ta fille. J'ai prévu une poupée interactive à laquelle j'ajouterai plusieurs fonctionnalités. Tu verras, Rosy sera enchantée...
- Non ! s'exclamèrent Hermione et Ron d'une seule voix.
Hermione conclut avec détermination :
- N'y ajoute rien, une poupée toute simple, qui ne fait rien, lui ferait très plaisir.
Harry maugréa, tout en éprouvant intérieurement un certain soulagement à l'idée de ne pas devoir offrir une poupée Chucky à un enfant d'un an :
- On pourrait penser que je ne crée que des horreurs ! J'ai offert pour Yule des présents de ma conception à tous mes amis, et personne, personne ne s'en est jamais plaint ! J'ai fabriqué un réveil perfectionné pour les Malefoy, une bague de fêtard pour Blaize, un judas intelligent pour la porte d'entrée de la maison de Pansy et Dudley, un chronomètre enregistreur de performances pour Flint et Dubois, ainsi qu'un bouquet de mariée imputrescible pour Ginny !
Hermione s'enquit d'un air malicieux :
- Qu'en est-il de Severus ? À lui aussi tu as concocté un cadeau ?
- Non, répondit Potter en rougissant légèrement, il m'aime trop, et il m'a affirmé qu'il souhaite m'épargner l'épuisement lié aux artefacts. Il m'a assuré que mon affection, accompagnée du croc de Basilic que j'ai conservé en souvenir de ma deuxième année à Poudlard, suffirait amplement à son bonheur.
***
Le lendemain, dimanche, profitant de la rare occasion où ni Severus ni lui-même n'étaient retenus par leurs obligations professionnelles, Harry avait planifié une journée familiale. Leur programme comprenait une visite au parc d'attractions moldu Thorpe Park, suivie d'une dégustation de glaces chez Florian Fortarôme sur le Chemin de Traverse. Pour clôturer cette journée, ils se rendraient au célèbre magasin de jouets Hamleys, où ils achèteraient de jolies poupées pour Théia et Rosy, ainsi que quelques boîtes à musique destinées à servir de base pour de futures créations d'artefacts.
Cependant, les événements prirent une tournure inattendue. Dès huit heures du matin, le salon de Black House se transforma en une véritable fourmilière, rappelant l'effervescence du métro aux heures de pointe. Les amis de Potter, comme mus par un signal invisible, choisirent unanimement ce moment matinal pour lui rendre visite. Ils surgirent de la cheminée, les uns après les autres, formant rapidement un cercle autour de Harry. Ce dernier, acculé, envisagea sans grande conviction une possibilité d'évasion, confronté aux expressions prédatrices de ses visiteurs, qui n'étaient pas sans rappeler celle de la Manticore devant un filet de bœuf saignant.
Rassemblant toute sa bravoure et se remémorant ses victoires passées contre le Basilic et Voldemort, ainsi que son statut actuel de l'Auror expérimenté, Harry afficha un sourire et déclara :
- Quelle agréable surprise de voir presque tout le clan de la Manticore réuni sous mon toit ! Seuls Ron, Hermione et Blaise manquent à l'appel. Que me vaut l'honneur de votre visite matinale ?
Malefoy, positionné directement face à Harry, s'exprima d'une voix traînante :
- Potter, deux petits oiseaux nous ont gazouillé hier soir, que tu acceptes sans rancune la restitution de tes présents…
- Je crois connaître l'identité de ces volatiles..., soupira avec lassitude Harry. Il semblerait donc que mes cadeaux n'aient pas non plus trouvé grâce à vos yeux ! Pourtant, j'étais convaincu d'avoir créé des objets originaux, personnalisés et répondant à vos besoins ! Prenons par exemple, Drago et Astoria : en quoi le réveille-matin vous a-t-il déplu ? D'autant plus que Drago se plaignait de ses difficultés à se réveiller et de ses retards récurrents à son cabinet d'avocat.
Drago extirpa de sa poche un œuf d'argent orné d'émaux et de gemmes semi-précieuses, évoquant les créations renommées de l'atelier Fabergé, quoique légèrement plus imposant. Il le soupesa, comme s'il envisageait de le projeter à travers la pièce, mais la raison et la bonne éducation l'emportant, il le plaça fermement dans les mains de Harry, accompagnant son geste d'un sifflement digne d'un serpent :
- Oh ! Mais en quoi cela pourrait-il déplaire ? Comment pourrait-on se plaindre d'être tiré du sommeil quotidiennement à l'aube ? Chaque jour, que Merlin fait, sans exception, y compris les dimanches ? Invariablement, cet œuf éclot à cinq heures précises, donnant naissance à une créature hybride, mi-coq mi-banshee, qui entonne un "Cocorico" entrecoupé de vociférations "Debout, feignasses !". Rien ne l'arrête ; pour le faire taire, je dois me lever et m'éloigner du lit d'au moins dix pas. Une fois, j'ai eu la malheureuse idée de le placer loin de notre chambre, dans l'écurie des hippogriffes. Il a provoqué un tel vacarme que toute la maisonnée était sur les dents, y compris les paons de mon père !
Drago, ayant prononcé sa tirade d'une seule traite, reprit son souffle avant de conclure :
- Alors reprends-le, et garde-le bien !
- Mais il fallait dire "Stop", c'est tout, chuchota Harry en serrant l'œuf contre sa poitrine.
- En Fourchelang ! Je ne parle pas cette langue ! Et si tu penses que je peux imiter les sifflements que tu m'as montrés, tu te mets le doigt dans l’œil !
Harry exhala un profond soupir, encore un, il lui sembla même qu'il n'avait jamais soupiré autant auparavant, et appela Kreattur. Il enjoignit à l'elfe de maison de disposer l'œuf aux côtés des deux autres manifestations de son « génie ». Cela fait, il s'enquit :
- Severus et Théia sont-ils déjà levés ?
- Petite-Maîtresse dort encore, et Maître Severus prend actuellement son repas matinal dans le salon bleu, rapporta d'une façon presque militaire Kreattur.
- Alors, Kreattur, petit-déj pour nous tous au salon bleu, ordonna Potter, puis s'adressa à ses amis : Allons manger quelque chose, et après nous parlerons. Ne vous inquiétez pas, je reprendrai tous mes cadeaux, mais avant j'aimerais comprendre ce qui ne va pas...
***
Le petit-déjeuner se déroula dans une atmosphère de courtoisie teintée de réserve. Les échanges, peu nombreux, portèrent sur l'excursion prévue par Harry, les obligations professionnelles de Severus auprès de Sa Majesté, les enfants et la météo - sujet fort heureusement si fertile en Angleterre qu'il alimentait presque indéfiniment les conversations mondaines.
Après avoir fait honneur aux mets préparés et servis par le loyal Kreattur et savouré une ultime gorgée de café, Mister Prince s'adossa à sa chaise, posa son regard tour à tour sur ses anciens élèves et déclara :
- Eh bien, jeunes gens, pour quelle raison avons-nous l'honneur de voir le Clan de la Manticore presque au complet ?
- C’est à cause de moi et de mes présents que j'ai fabriqué, qui ne répondent pas à tout à fait aux attentes, répondit Harry, l'air contrit. Les griefs des Weasley me sont connus depuis hier, et j'ai pris connaissance des réclamations des Malefoy il y a à peine une demi-heure.
Il fit un large geste de la main et invita :
- Ne vous gênez pas les amis, mais je persiste à croire que tout n'est pas aussi dramatique... De surcroît je ne vois pas Blaize parmi nous, voilà au moins une personne qui semble apprécier mon cadeau.
Astoria fut prise d'un rire incontrôlable, ses yeux s'embuant de larmes. Incapable de parler, elle continuait à rire sans retenue en s’essuyant le visage avec sa serviette de table, oubliant toute étiquette.
Pansy, réprimant elle aussi un gloussement, tapota l'épaule de Harry avec compassion avant de finalement déclarer :
- Blaize n'aime pas trop ton cadeau, mais sa mère l'adore ! Fais gaffe si tu essaies de le récupérer : elle ne dira peut-être rien, mais elle pourrait bien t'empoisonner en douce. Rappelle-toi qu'elle est une descendante directe des Médicis, connus pour leurs facéties en matière des poisons et leur tempérament sournois.
Depuis que Blaize arbore cet anneau de fêtard, il ne peut plus se montrer en société, car au moindre tintement de verres, à la première note de musique, un spectacle son et lumière s'enclenche : confettis, feux d'artifice, applaudissements et vivats, souvent inopportuns et presque toujours mal accueillis ! De surcroît, il ne peut même pas laisser ta création à la maison, car tu l'as ensorcelée contre la perte, et la bague retrouve Blaize où qu'il soit ! Nul n'invite plus l'infortuné, si bien que notre noctambule se voit contraint de demeurer chez lui et, pour le plus grand bonheur de Madame Zabini, se consacre à nouveau à ses études pour occuper le temps.
Les membres du Clan échangèrent des regards entendus, comme pour se consulter tacitement sur l'ordre de parole. Ginny leva la main et, tout en déposant un somptueux bouquet au centre de la table, déclara :
- Je suis quelque peu pressée, Din m'attend. Ainsi, Harry, c'est à mon grand regret que je te restitue ce bouquet, qui est par ailleurs magnifique. J'ignore ce qui t'a inspiré lors de sa conception, mais entendre quotidiennement son refrain "Vive la mariée" est au-dessus de mes forces, d'autant plus que ma mère lui fait immédiatement écho avec ses "Ginny, marie-toi !" et "Le sport n'est pas tout ! “ Sur ce...
Elle se redressa avec grâce, lissa sa robe, puis, après avoir adressé un baiser aérien à l'assemblée, s'évanouit dans le tourbillon de téléportation.
Harry écouta avec une consternation et une déception croissantes les doléances de ses amis. Le résultat de ses autres inventions s'avérait tout aussi désastreux :
Le judas de porte offert à Dudley et Pansy soumettait chaque visiteur à un interrogatoire minutieux sur leurs intentions, refusant souvent l'accès de manière catégorique. Par ailleurs, ce cerbère était solidement ensorcelé contre l’extraction et autres vandalismes. Franchir le seuil dans ces conditions s'apparentait à un exploit.
Le chronomètre de Marcus et Olivier, d'une précision remarquable, proclamait à haute voix leurs performances dans toutes leurs activités, de l'entraînement sportif aux promenades sur le Chemin de Traverse, en passant par les prouesses au lit. De plus, également assujetti à l'enchantement préventif contre la perte, à l'instar de l'anneau de Blaize, il les accompagnait avec une constance indéfectible, au grand embarras de ces derniers.
***
Après la promesse de remplacer la porte d'entrée de Dudley, le placement des artefacts dans le coffre destiné aux objets magiques dangereux et le départ des Manticoriens, Harry murmura presque en s'adressant à Severus :
- Je ne comprends pas comment cela a pu se produire ! J'avais des si bonnes intentions...
Severus le contempla avec un léger sourire, tambourina du bout des doigts sur la surface de la table et, après un moment de réflexion, déclara :
- Comme le dit l'adage : "Le chemin qui mène à l'enfer est pavé de bonnes intentions". Tu n'es plus un enfant et je ne suis plus ton professeur. Je pense qu'il t'incombe désormais de faire l'effort de comprendre par toi-même. Je suis ton partenaire, je t’aime, nous formons une famille, et je serai toujours présent pour t'écouter. Cependant, certaines décisions ne peuvent être prises que par toi seul.
***
Un mois s'écoula, apportant son lot de joies et de peines, sans que la question des artefacts ne soit jamais abordée. Harry semblait avoir délaissé complètement son atelier, où ses instruments d'artefacteur se couvraient d'une épaisse couche de poussière.
Il avait remplacé la porte de Pansy et Dudley par une autre en chêne, robuste et élégante, mais tout à fait ordinaire et dépourvue de sortilèges. Ses autres créations furent placées dans le coffre de Gringotts, bien plus adapté à la conservation d'objets dangereux, et Harry parut totalement oublier sa passion.
Cependant, ce n'était nullement le cas. Par une belle journée dominicale, il déposa un parchemin devant Severus, installé au salon et plongé dans l'étude d'un traité ancien sur les poisons.
Severus prit le document et arqua un sourcil dans une interrogation silencieuse. Harry inspira profondément et s'exprima d'une traite :
- Ce parchemin est le fruit de mes réflexions. Je vais t'en faire part, tu me laisseras tout dire, et ensuite, si tu le souhaites, tu pourras, comme au bon vieux temps, me traiter d'idiot.
Je me suis rappelé que, bien que né sorcier, il m'a fallu onze ans avant de maîtriser suffisamment mes pouvoirs pour qu'on me confie une baguette magique. Puis encore sept années pour que cette baguette m'obéisse pleinement et que je sache l'utiliser avec aisance.
S'en sont suivies trois années supplémentaires à l'école des Aurors pour être en mesure de maintenir l'ordre public.
Alors pourquoi étais-je convaincu que je serais capable de concevoir des artefacts, armé uniquement de mon don familial, mon nom l'indiquant clairement - Potter provient des potiers…
Bref, j'espère que toi, Théia et Kreattur, pourrez vous passer de ma présence un soir par semaine, car le parchemin que tu tiens entre les mains est mon inscription au cours du soir "Artefacts et leur fabrication" à la Sorbonne magique, en présentiel une fois tous les sept jours.
Il reprit son souffle et posa le regard empreint d'un mélange de courage et d'espérance sur son partenaire. Severus l'enlaça tendrement et lui murmura :
- Pourquoi voudrais-tu que je te traite d'idiot ? Ton raisonnement est pertinent et je suis vraiment fier de toi ! Mais ne crois pas que je me priverai de le faire si tu m'en donnes l'occasion !
Leurs yeux se rencontrèrent. En un instant, Harry et Severus oublièrent et le métier d'artefacteur, et celui de maître des potions. Seule comptait leur présence mutuelle, et c'était amplement suffisant.
FIN
Notes :
- Chucky - c’est une poupée habitée par l'âme d'un tueur en série, le personnage central d'une série de films d'horreur américains. Le premier opus de cette franchise a vu le jour en 1990.
- Docteur Benjamin Spock (1903-1998) - Pédiatre américain, célèbre pour son guide parental "The Commonsense Book of Baby and Child Care" (1946)
- Maria Montessori (1870-1952), pédagogue italienne, a développé une méthode éducative innovante. Son approche, résumée en 12 principes, permet à l'enfant d'apprendre librement à son propre rythme.