“Action ou vérité” et le baiser d’un Prince

Chapitre 1 : “Action ou vérité” et le baiser d’un Prince

Chapitre final

5876 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 03/12/2024 10:42

Cette histoire est dédiée à @Crapule et offerte dans le cadre de l'atelier Secret Santa.

***

Note de l'auteur : Il est important de préciser que l'auteur ne soutient en aucune manière la consommation de boissons alcoolisées et désapprouve fermement le comportement de ses personnages, qui ne font qu'à leur tête.

 

***

La compagnie improbable qui se réunit pour le Réveillon au Black House était entièrement due à l’initiative d’Hermione. Celle-ci, dans un élan généreux, avait déclaré un jour de décembre à Harry : « Il s'est écoulé plus deux années depuis l’arrêt du conflit, il est temps de mettre fin aux hostilités et de se réconcilier pour continuer à vivre dans un monde de paix, sans traîner derrière nous dans le nouveau millénaire les vieilles rancœurs.. Toi, le héros du monde magique, tu dois montrer l'exemple ! »


Harry avait grincé des dents, car son amie de longue date avait réussi l’exploit de réunir dans la même phrase les deux concepts pour lesquels il avait développé une allergie : son statut de héros et son devoir envers le monde magique. Harry en avait assez d’entendre : « Tu dois rejoindre l'école des Aurors », « Tu dois épouser Ginny », et maintenant « Tu dois montrer l'exemple en tant qu'ange de la réconciliation ». « Tu dois, tu dois, tu dois... » Et personne, absolument personne ne se souciait de ses souhaits à lui.


Mais quand Hermione avait une idée en tête, il valait mieux lui dire "oui" que tenter de lui expliquer pourquoi "non", ce qui serait long, fastidieux et inutile.

Donc, le 24 décembre, lors du repas de fête, le Gryffondor était représenté par : Hermione Granger, les Weasley Ron et Ginny, Olivier Dubois et Harry. Le Serpentard par : Drago Malefoy, Blaise Zabini, Astoria Greengrass, Pansy Parkinson et Marcus Flint. Seul Merlin savait pourquoi Hermione avait exclu les élèves de Serdaigle et de Poufsouffle de cette réunion réconciliatrice.


De plus, l'enthousiaste Miss Granger avait exigé l'organisation d'une soirée à thème : « les voyages et les contrées étrangères », chaque participant devait y contribuer par un souvenir comestible de ses vacances afin de le déguster ensemble, dans un esprit de partage et de Noël.

La première partie de la fête fut ennuyeuse à mourir, les invités et les hôtes n'avaient absolument rien à se dire, à l'exception de Marcus et Oliviers qui discutaient tranquillement du Quidditch.


"Rien de surprenant, murmura Drago d'une voix à peine audible et termina assez mystérieusement pour Harry, ils sont partenaires".

-      Et maintenant passons au volet "Jeux" de notre soirée, annonça gaiement Hermione dès que le repas sinistre prit fin, et c'est aussi le moment de présenter les spécialités apportées de nos voyages !

Elle sortit de sa petite pochette de soirée, certainement pourvue des sortilèges d'Extension, une bouteille d'au moins un litre en verre blanc dépolie, ornée d'un dessin d'une branche de bouleau sur le fond d'une maison en rotin et pourvue d'une inscription énigmatique : « Водка Белая Берёзка ». Puis elle retira de sa sacoche une dizaine des verres, pas plus grands que des dés à coudre, qu'elle distribua à la ronde avant de continuer :

-      Pour commencer, on va jouer au : « Je n'ai jamais », et déguster en même temps le souvenir que j'ai rapporté de mon séjour à Moscou : Vodka Le Bouleau Blanc !

-      Version magique de jeu ? questionna Zabini.

 

Hermione confirma en remplissant les verres à ras bord :

-      Naturellement, répondit-elle avant de poursuivre en déclarant : Je n'ai jamais triché à un examen

Et comme, à sa grande honte, il lui était arrivé une fois lors d'un contrôle de se servir d’un petit pense-bête, bien caché au préalable dans les plis de sa robe, elle fut la première à vider son verre avec panache, suivie par tous les autres joueurs.


-      Et toi aussi Brutus, marmonna Harry, qui croyait fermement jusqu’à ce jour, que son amie était tout à fait incapable de tricher.

-      Harry, pourquoi es-tu si surpris ? Granger est un être vivant, comme nous tous, et non une Encyclopédie ambulante, commenta Pansy.

 

Hermione remplit à nouveau les verres, et la soirée cessa d’être languissante. Les découvertes pleuvaient à la même vitesse que les shots : Drago, Astoria et Blaise (oui, on en était déjà aux prénoms) n'avaient jamais mis les pieds dans le métro et tous les joueurs avaient au moins une fois voyagé sur le Magicobus. Un peu plus surprenant fut que tout le monde, même les Serpentards, avait été au moins une fois au cinéma, dans une pizzeria et dans un parc d'attractions.

Le liquide dans la bouteille baissait lentement, et la température des questions montait en conséquence. Harry fut stupéfait d'apprendre qu’Astoria, Ron et lui-même, étaient les seuls à n’avoir jamais couché avec un garçon, et qu'Astoria et lui étaient les seuls à n'avoir jamais couché avec une fille.

 

-      Mais comment est-ce possible ? croassa Harry sans s'adresser à personne en particulier.

 

Assis à côté, Drago expliqua avec un brin de supériorité levant un doigt pour souligner l'importance de son propos, tout en chavirant légèrement sous l'effet combiné de la gravité terrestre, de la vodka et du poids de son bras :

-      Potti, tu es quand même au courant que tous les magiciens sont bisexuels ? Non ?

 

Harry, qui l'ignorait totalement, préféra ne rien dire, espérant que sa virginité à lui ne serait pas particulièrement remarquée. Il aurait aimé mentir à ce sujet, mais la nature magique du jeu l’en empêcherait, le cas échéant, il ne lui restait plus qu'à espérer. Par ailleurs, suite à la déclaration de Malefoy, il commença à sérieusement douter de sa compréhension du terme « Partenaires » en ce qui concernait Marcus et Olivier.

 

« Le souvenir » d'Hermione touchant à sa fin, Pansy sortit en rougissant légèrement, une bouteille poussiéreuse et ajouta :

-      J'ai passé mes vacances en France, en Normandie plus précisément, et voilà...

-      Calvados ! s’écria Ron. Je sais, on le déguste avec le café !

 

Harry, en bon hôte, et soulagé de passer enfin à une boisson moins pernicieuse, murmura :

-      Kreattur, café pour tout le monde.

Immédiatement des petites tasses en porcelaine translucide apparurent devant chaque convive et un pot de café, dégageant une délicieuse odeur prit sa place au centre de la table.

 

Blaise attrapa la bouteille et prononça fièrement :

-      Je vais servir, je sais comment faire !

 

Il remplit les tasses de Calva puis ajouta dans chacune quelques gouttes de café.

-      Il me semblait que c'est l'inverse, marmonna Hermione.

-      Ça ne fait rien, sourit Astoria avant de goûter courageusement le breuvage. Et de plus c'est très bon !

 

Après cette pause-café insolite, Hermione, en véritable Maître de Cérémonie, annonça :

-      Et maintenant le clou de notre soirée : « Action ou Vérité » ! Version magique bien sûr !

 

Le reste de la soirée se transforma pour Harry en un film chaotique, ponctué de nombreux arrêts sur image.

 

…Ron danse sur la table la gigue pour éviter de répondre à la question sur sa peur des araignées…

 

…Astoria, les larmes aux yeux, raconte : "Mon père voulait un garçon, mais il a eu deux filles. Il m'a donc appris à manier l'épée et à pratiquer le judo au lieu de m'enseigner la broderie et la cuisine ", puis elle envoie Drago au tapis pour le démontrer…

 

…Drago jure qu'il épousera Astoria parce qu'il peut compter sur des elfes pour s'occuper de la cuisine et du ménage. En revanche, il est convaincu qu'une femme qui sait se défendre ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval !..

 

…Marcus et Olivier chantent ensemble "Vive le vent", en refusant de confier comment ils sont passés de l'entraînement au Quidditch aux exercices dans le lit, arguant : "Pas devant les oreilles innocentes"...

 

…Hermione jongle maladroitement avec des oranges en fusillant Pansy du regard, qui lui a posé perfidement la question : "Pourquoi as-tu décérébré tes parents ? Explique !“...

 

…"Harry, qui préfères-tu dans cette pièce ?" Ginny pose la question en battant des cils et en rougissant légèrement. Harry en véritable Gryffondor, courageux mais pas téméraire, se lève, s'éclaircit la voix avant de déclarer : "Action"...

 

…Et le temps reprend son cours normal…

 

***

Genny, plus rouge de colère que jamais, s'écria sans faire preuve de logique :

-      Alors, va donc embrasser Rogue, si j’te conviens pas !

-      Bah, il est mort, j’vais pas l’déterrer ! Et même si j’voulais, on n’a pas… on n’a pas retrouvé son corps, donc…

 

Au même moment, Drago leva triomphalement le poing en l'air et s'écria joyeusement :

-      Je le savais ! J’en étais sûr ! Le prof n'est pas mort, sinon la magie n'aurait accepté le gage !

***

Le matin pour Harry fut bien loin des lendemains qui chantent, tellement son état était pitoyable. Il avait l'impression d'avoir été piétiné par un hippogriffe, sa tête bourdonnait comme si une ribambelle de Doxys volants s'y étaient installés. Ses yeux brûlaient et semblaient être remplis de sable, quant à sa bouche, elle était sèche comme le Sahara.

 

Harry essaya avec un gémissement d’ouvrir un œil. La faible lumière de l'hiver qui passait à travers la fenêtre lui sembla aussi éclatante que celle de midi en plein mois d'août. Il finit par décoller les paupières et contempla une scène paisible. Ron était allongé à ses côtés sur le tapis, Hermione dormait en appuyant sa tête sur l’épaule droite de ce dernier, Ginny sur la gauche. Marcus et Olivier étaient installés sur le seul canapé du salon, Astoria et Pansy se reposaient dans les fauteuils, les jambes de Blaise dépassaient de sous la table, et Drago ronflait la tête posée sur le ventre d'Harry, qu'il utilisait comme oreiller. À côté de la cheminée, éclairée par le feu, se lovait une créature qui ressemblait vaguement à un lion.

« Il faut moins boire, pensa péniblement Harry. C'est certain, ce n’est qu’une manifestation de Delirium Tremens. »

 

Puis, il chuchota :

-      Kreattur…

 

L'elfe de maison apparut presque instantanément, les bras chargés de fioles.

 

-      Mon cher, très cher, Kreattur, je t'en supplie, quelque chose contre la tête, murmura Harry, en proie d’une migraine épouvantable et tout à fait incapable de parler plus fort.

-      Une guillotine ? proposa "aimablement" Kreattur en lui tendant un des flacons. Buvez, indigne héritier de Black, c'est la potion contre la gueule de bois.

 

Puis en soupirant et en maugréant, Kreattur continua la distribution de la potion aux autres participants de la fête mémorable.

 

***

Peu de temps après les jeunes « dégustateurs des souvenirs » se réunirent devant le petit déjeuner des plus inhabituels. Il était composé des cornichons salés, de thé et d'une soupe rouge violacée garnie de morceaux de viande non identifiés.

 

-      Kreattur, que ce que c'est ? demanda Harry en pointant du doigt la table.

-      Pauvre Kreattur a servi le déjeuner “post-fêtes” de mon regretté Maître Orion, d'après la recette qu'il tenait de son associé russe. Bortsch, cornichons et thé ! Maître Orion affirmait toujours que c'est magique !

 

Pendant un moment les sorciers mangèrent en silence.

D'un regard, Harry parcourut la pièce et constata avec déception que malgré le menu de Maître Orion, la créature devant la cheminée n'avait pas daigné disparaître, et était en train d'engloutir avec l'efficacité d'une tondeuse à gazon un roast-beef cru. Harry remarqua également un chiffre sept clignotant en violet dans le coin de son champ visuel.

 

***

Le Bortsch fit des miracles et une fois les assiettes vidées, les jeunes magiciens se sentirent suffisamment revigorés pour entamer une conversation.

 

-      Quelqu'un peut m'expliquer ce que c'est ? demanda Harry en montrant l'animal et ajouta : j'aimerais également savoir pourquoi j'ai le chiffre sept violet devant les yeux.

-      Mon ami l'Attrapeur, commença Olivier, quelle est la dernière chose dont tu te souviens ?

-      Le jeu "Action ou Vérité" et mon gage de déterrer Rogue !

-      Pas déterrer, embrasser, gémit Drago.

-      Je n'y vois guère de différence, murmura Harry.

 

Hermione, sortit un petit bloc-notes de son sac sans fond et tourna quelques pages :

-      J'ai tout noté, écoute : Après que tu t'es étalé sur le tapis fauché par la fatigue ou le calva, nous avons continué à jouer et à discuter. Notamment, nous avons décidé de laisser derrière nous nos différends de l’époque de nos études à Poudlard, et d'unir Gryffondor et Serpentard en une seule tribu, un clan unique, le Serpogryffe ou le Gryfoserpe. C'est à ce moment que Ron a fait remarquer avec justesse, qu’un tel animal n'existe pas, et que l'hybride…

 

Ron eut un mouvement de protestation à ce moment de l'histoire.

 

-      Oui, Ron, je sais que tu n'as pas prononcé "hybride". Ce mot t'est inconnu, tu as utilisé "mélange", reprit Hermione d'un ton agacé. Donc, l'hybride entre un lion et un serpent est une Manticore. C'est là que Astoria l'a interrompu en affirmant qu'il se trompait, que la Manticore est un croisement entre un lion et un scorpion, et pour le prouver, elle a créé une image 3D de l'animal. Quant à toi, Harry, tu as relevé la tête de tapis, effectué un geste complexe avec ta baguette magique en sifflant en Fourchelang, avant de te rendormir. La Manticore s'est alors matérialisée et personne n'arrive plus à la faire disparaître, “Finita” ne fonctionne pas sur elle.

 

Hermione ferma le bloc avec un bruit sec avant de poursuivre :

-      Nous espérions tous que tu te souviendrais de ce que tu as fait et que tu saurais comment la dématérialiser, mais je crains que cela n'ait été en vain.

-      Et le chiffre violet s'explique encore plus aisément, compléta Pansy. C’est lié au gage dans le jeu magique et symbolise le temps imparti pour remplir l'obligation : sept jours. Ce chiffre passera par toutes les couleurs de l'Arc-en-ciel, le zéro étant rouge vif, et après "Boom !", ajouta-t-elle avec un sourire perfide et moqueur.

 

Ron tapa Harry sur l'épaule, assez fort pour le faire décoller de sa chaise et prononça :

-      Pas d'inquiétude, Ami, la Magie sera, certainement, en colère et cela ne te plaira pas. Mais elle est une dame assez bienveillante, je ne pense pas que sa punition ira jusqu'au "Boom !"

Weasley projeta les mains au ciel pour mimer l'explosion.

-      Ron, tu ne peux pas savoir à quel point tu m'as rassuré, maugréa Harry en se frottant l'épaule.

 

Olivier et Marcus échangèrent un regard avant de se lever et de se diriger vers la cheminée tout en contournant soigneusement la Manticore. Marcus prit la main d'Olivier, saisit de l'autre de la poudre de Cheminette, et déclara :

-      Nouveaux et anciens amis, chers membres de Clan de la Manticore, on ne s'ennuie pas du tout, mais demain nous avons un entraînement et un peu de repos avant, s'impose. Salut amical à tous !

Et ils s'évanouirent dans la flamme verte.

 

Ginny, qui était restée silencieuse depuis son réveil, se mit debout également, passa la main sur sa robe pour la défroisser et dit en regardant le plafond :

-      Je pars aussi ! On m'a invité à prendre un café, et comme personne ici ne m'aime, je vais m’y rendre.

 

Et avant qu'Harry eût le temps de crier « Stop, arrête-toi ! », elle disparut dans l'âtre.

Il se retourna vers la table et remarqua que tout le monde, sauf Ron et Hermione, se levait pour imiter Ginny.

 

-      Les rats quittent le navire, constata Harry avec un soupir de déception.

Puis, il ordonna :

-      Manti, monte la garde et ne laisse plus personne sortir !

 

La manticore se leva paresseusement, se lécha les babines et se posta devant la cheminée en illustrant parfaitement par son attitude le slogan des partisans espagnols « No pasaran ! »

 

-      Tu lui as donné un nom, gémit Blaise, maintenant tu ne t'en débarrasseras jamais !

-      Pour l'instant, je m'en fous complètement. Ce qui me préoccupe, c'est comment remplir ce gage maudit par Mordred ! Chers amis et membres du clan, vous allez m'aider.

Harry tapota la table du bout des doigts avant d’ajouter :

-      J'attends vos propositions !

 

Hermione sortit de nulle part un parchemin, une plume-à-papote et proposa :

-      Brainstorming ! Dites tout ce qui vous vient à l'esprit, quand je prononce « Professeur Rogue ». Et je vous prie d'être constructifs et corrects en évitant les stéréotypes négatifs de genre : « Chauve-souris des sous-sols, Monstre aux cheveux gras ».

 

***

Les résultats issus du brainstorming furent mitigés et peu encourageants à première vue. Il en ressortit que :

 

Un : Le professeur était en vie, mais il se cachait si bien, qu’il demeurait introuvable et pour les hiboux, et pour les autres moyens de recherche magique. Donc, soit il vivait chez les Moldus et n'usait pas de la magie, soit il se trouvait derrière "l'eau salée", ce qui signifiait qu'il n'était plus au Royaume-Uni. Ou même les deux dans le pire des cas.

 

Deux : S'il évitait les magiciens, il ne pouvait pas se rendre à Gringotts. Il lui fallait alors travailler chez les Moldus pour gagner sa vie.

 

Trois : Les entreprises susceptibles de l'employer devaient être en rapport avec les potions ou l'espionnage. Cela incluait la pétrochimie, la recherche médicale, l'industrie cosmétique et MI5.



Harry se passa la main dans les cheveux, créant involontairement un désordre semblable à un nid d'oiseau et demanda sans s'adresser à personne en particulier :

-      Et comment suis-je censé le trouver, il y a des milliers d'entreprises dans ce genre rien qu'en Angleterre, sans parler du reste de monde... Et si c'est le MI 5, c'est encore plus désespéré.

 

Il se tut, puis son visage s'illumina et on aurait presque pu voir « Eureka ! » clignoter au-dessus de sa tête. Il bondit de sa chaise pour se diriger vers l'entrée et cria tout en enfilant le manteau :

-      J'ai une idée ! Alors, qui d'entre vous veut venir avec moi rendre visite à un génie ? En prime, je vous promets l'expérience inoubliable du métro londonien.

 

Étonné, Potter constata que tout le monde le suivait. Et une heure plus tard, ils se massèrent sur les marches devant la porte d'entrée d'un modeste cottage.

 

Avant de frapper, Harry leva la main pour attirer l'attention.

-      On me laisse négocier, personne ne prononce un mot. Pansy, tu es exactement son genre, alors fais-lui des yeux doux avec un sourire charmant et surtout, garde le silence !

 

Pansy battit des cils avec application et étira les lèvres dans un rictus qui n’aurait pas été déplacé sur la gueule d’un requin :

-      Comme ça ?

-      Vaut mieux que tu ne souris pas, soupira Harry et enfin actionna le heurtoir.

 

La porte s'ouvrit sur un homme montagne, une véritable armoire à glace, grand de près de sept pieds et doté de muscles impressionnants.

 

-      Grand D, s'écria Harry en feignant de se jeter à son cou, joyeux Noël, mon hackeur préféré !

-      « Cher » cousin, je n’en crois pas mes yeux, tu viens me fêter Noël, rien de plus, rien de moins ! Et bien sûr c’est totalement désintéressé ! émit Dudley faisant mine d'essuyer une larme. Par contre, tu m'excuseras, mais je ne te fais pas entrer, après ta dernière visite j'ai dû remplacer tout mon matériel informatique, la magie et l'électronique ne font pas bon ménage !

 

Harry tendit une photo de Rogue découpée dans le journal, sur laquelle le professeur pinçait les lèvres sévèrement, et soupira :

-      Tu lis en moi comme dans un livre ouvert, cousin. J'ai besoin de tes talents pour retrouver cette personne. Il doit travailler dans une branche liée à la recherche chimique ou pharmaceutique ou bien dans l'espionnage. Si tu m’aides, ma reconnaissance sera aussi grande que l'Everest et aussi profonde que l'Océan !

-      La reconnaissance, on ne la tartine pas sur le pain, surtout si tu veux que je craque les fichiers de MI 5, rigola Dudley. Pour mon aide, je veux un rendez-vous avec cette poulette.

 

Et il montra du doigt Pansy qui clignait furieusement des yeux dans la tentative maladroite de séduction.

 

Drago, marcha discrètement sur le pied de Parkinson, qui le regarda avec rage.

Puis elle s'adressa à Dudley en minaudant et en lui tendant la main :

-      Je m’appelle Pansy, je serais très honorée d'accepter l’invitation !

Et après elle ajouta sur tout autre ton :

-      Et si tu m’appelles encore une fois "poulette", tu passeras le reste de tes jours à chanter "Cocorico" dans une basse-cour.

-      Quel caractère ! Une vraie Walkyrie ! Walkyrie, c’est mieux, non ? prononça Grand D, mi-moqueur, mi-admiratif en lui embrassant les bouts des doigts. Bon ! Mes chers amis sorciers, inutile d'attendre sur mon seuil. J'ai besoin de quelques jours pour faire les recherches.

Il ajouta en voyant leurs mines dépitées :

-      Vous ne croyez quand même pas, que je peux sortir votre « perdu et introuvable » de mon caleçon, non ? Est-ce qu’un ou une d'entre vous a l'accès au téléphone pour que je puisse lui communiquer le résultat ?

 

Hermione, fidèle à sa promesse de se taire, lui tendit en silence sa carte de visite, que Dursley, empocha avant de refermer la porte.

 

***

Trois jours plus tard Harry reçut un hibou d'Hermione qui lui annonçait sa visite, sans plus de précisions. Harry l'attendit en proie à une inquiétude frénétique. Il était comme sur des charbons ardents, rien, ni personne n'échappait à son élan. Il peigna la Manticore, tenta infructueusement de lui couper les ongles et brosser les dents, contrôla, au grand mécontentement de Kreattur, les réserves de nourriture dans la cuisine et les stocks de produits d'entretien dans les placards. Il modifia trois fois le menu du déjeuner, inspecta sa garde-robe, critiqua le repassage de ses chemises, pour finalement être prié par Kreattur de s'occuper de ses propres affaires.

 

Hermione arriva sur le coup de trois heures en compagnie de Ron et, ce qu'était assez inattendu, de Drago.

 

-      Danse ! prononça-t-elle gaiement en agitant un bout de papier devant Harry.

 

Harry effectua quelques pas de danse assez maladroits au demeurant, et attrapa la feuille pour lire :

« Mister Severus Prince », suivi d'une adresse dans un village, totalement inconnu pour Harry.

 

-      Ton cousin a, aussi, prié de te dire qu'il a failli avoir des gros ennuis en fouillant dans les fichiers top secret, et dorénavant pour ce genre de demande il t’adjure de t'adresser ailleurs. Il a été plus expressif que ça, c'est un condensé de son discours très imagé, qui a duré au moins dix minutes.

 

Harry, plutôt indifférent à l’allocution véhémente de son amie, pointa le nom de village sur le feuillet et demanda :

-      Mione, est-ce que tu sais où ça se trouve ?

-      Bien sûr, affirma Hermione avec un brin de suffisance, je me suis renseignée avant de venir et j’ai même obtenu les coordonnées pour le transplanage ! On peut s’y rendre dès que tu seras prêt.

 

Harry enfila un manteau, noua une écharpe aux couleurs de Gryffondor, et montra par son attitude qu'il était prêt à tout.

 

-      Tenez-vous à moi, ordonna Hermione, je vais donner le vecteur de déplacement et vous tous, vous fournirez la force, car j'ai bien peur de ne pas avoir suffisamment de puissance magique pour transplaner un groupe de quatre personnes.

 

***

 

Après un rapide mais vertigineux déplacement, les jeunes Pinkertons, membres du clan de la Manticore, se tenaient devant le portillon d'un petit jardin. De là, ils contemplèrent une maison tout à fait ordinaire, ornée de guirlandes lumineuses et d'une couronne de Noël sur la porte. Il était difficile d'imaginer que le Professeur Rogue habitait un tel endroit.

 

Hermione ouvrit le portillon et s'engagea dans l’allée qui conduisait à la maison. Ron et Drago la suivirent, tandis qu’Harry resta figé sur place.

-      Je n’irai pas, chuchota-t-il, Qu’est-ce que je vais pouvoir lui dire ? Voyez le tableau, moi je claque la bise à Rogue et lui en réponse m'assène une Avada au milieu de front, ou plus vraisemblablement fait venir le véhicule des urgences psychiatriques ! Non, sans moi !

 

Drago se retourna, fouilla dans sa poche pour en sortir une grande fiole qu'il tendit à Potter :

-      D'abord, pas Rogue, mais Mister Prince. Puis, j'ai tout prévu, voici pour toi, une potion désinhibante. Bois-la cul sec, attends dix minutes et tu seras aussi intrépide qu’une manticore !

 

Harry arracha presque le flacon des mains de Drago et but son contenu d'un trait. Le goût n'était pas trop désagréable mais suffisamment fort pour faire larmoyer les yeux. Après quelques minutes, il se sentit plus détendu, son cœur était plus léger et il ressentit même un afflux d'adrénaline suffisant pour déplacer des montagnes. Il écarta résolument ses coéquipiers de son chemin et se dirigea d'un pas décidé vers la maison, pour se retrouver face au professeur, qui sortait justement en portant des sacs-poubelle.

Mister Prince soupira en déposant les sacs par terre pour se libérer les bras.

 

-      Potter, Weasley et Granger, ça ne m'étonne guère. Drago, que faites-vous en leur compagnie ?

 

Sans laisser à Drago le temps de répondre, Harry s'approcha de professeur et débita à la vitesse d'une mitraillette :

-      Prof, je suis heureux que vous soyez en vie ! On a eu du mal à vous trouver et sans aide de Grand D... Joyeux Noël ! Je vous demande pardon pour tout !

 

Potter se leva sur la pointe des pieds et embrassa Mister Prince, puis continua à déverser un flot ininterrompu de paroles sur le professeur qui était un peu assommé par la vitesse de débit et clairement éberlué par la conduite de son ancien élève.

 

-      Ça, c'est mon gage au jeu magique, désolé, prof ! Comment avez-vous réussi à survivre aux morsures de serpent ? Comment avez-vous pu vous cacher si bien de tous ? Pourquoi vouloir se faire passer pour mort ? Pourquoi Prince ? Et c'est vrai, que vous êtes un espion au service de Sa Majesté comme le 007 ? Et aussi est ce bien vrai que tous les magiciens sont des bisex…

 

Ex-professeur, ex-Rogue, plaqua vivement la main sur la bouche de ce digne représentant de Gryffondor pour couper court à ce déferlement de questions et demanda aux autres membres de l'équipe de recherche :

-      Qu’est-ce qu'il a bu ?

 

Potter se dégagea, montra du doigt Drago :

-      La potion déshi.., deshiba...Drago, comment s'appelle-t-elle déjà ta potion ?

-      Cognac, elle s’appelle, grommela ce dernier en soulevant les épaules, et alors quoi ? Moi aussi j'ai passé mes vacances en France !

 

Mister Prince attrapa Harry par le col de manteau, et articula en le secouant légèrement à chaque affirmation :

-      Venez, alcoolique débutant, je vais vous préparer un café et après nous discuterons. De Noël, de vos excuses, de votre façon de me retrouver, de ma capacité de survivre, du MI 5, de 007, du danger de jouer aux gages magiques en compagnie des Serpentards et d’accepter les potions des mains de Drago. Même de la bisexualité des magiciens, si vous voulez.

 

Severus poussa Potter dans sa maison et referma violemment la porte derrière eux, faisant tomber la couronne de Noël aux pieds des Manticoriens restants, où elle se joignit aux sacs-poubelle abandonnés et oubliés de tous.

 

 

Fin.

 

Bonus : La recette secrète de Maître Orion confiée par Kreattur à l’elfe de maison Winky.

-      Écoute attentivement, Winky, et garde à l'esprit la grande magnanimité de pauvre Kreattur qui va te confier maintenant la recette de Bortsch appartenant au regretté Maître Orion. Le digne Maître Orion l'avait obtenue sous le sceau du secret de son généreux associé russe ! Prends donc bien note des ingrédients, car le vieux Kreattur ne le répétera pas deux fois.

 

●    Joue du bœuf - 1 kg, pas moins.

●    Os à moelle - 3

●    Feuille de laurier, sel, poivre, jus d'un citron, 2 cuillères à soupe de concentré de tomate. 3 cuillères d’huile.

●    3 belles betteraves rouges crues, 4 grosses pommes de terre, 4 carottes, 2 oignons, 1/2 chou blanc, 2 gousses d'ail.

 

-      Maintenant, la petite Winky doit vraiment se concentrer et bien ouvrir ses écoutilles, le très charitable Kreattur est convaincu que les grandes oreilles de Winky ne sont pas là uniquement pour être utilisées en guise d’un éventail pendant la canicule.

 

La préparation :

 

●    Cuire la viande dans l’eau, départ à froid avec deux feuilles de laurier, sans ajouter de sel, en enlevant l'écume une fois que la viande a commencé à bouillir. Environ 1h30 de cuisson dans une cocotte-minute, jusqu’à ce que la viande devienne tendre. Retirer la viande de la casserole et la mettre de côté. Maintenir le bouillon à feu très doux.

 

●    Râper les carottes, couper les oignons. Ensuite, les faire revenir avec un peu d'huile dans une poêle couverte, sans les faire dorer pendant 10 minutes. Ensuite, verser dans le bouillon.

 

●    Hacher le chou et le verser dans le bouillon.

 

●    Peler les pommes de terre, puis les couper en dés et ajouter dans la cocotte aux autres ingrédients.

 

●    Ajouter les os à moelle. Porter à ébullition, réduire le feu et laisser cuire le temps de préparation des betteraves.

 

●    Peler et râper les betteraves, ajouter le jus de citron, une louche de bouillon et le concentré de tomates. Faire cuire de la même manière que les carottes précédemment. Verser dans le bouillon.

 

●    Ajouter l'ail écrasé. Assaisonner avec du sel et du poivre.

 

●    Dès que les pommes de terre sont cuites, c'est prêt. Il ne reste plus qu'à découper la viande en dés pour garnir les assiettes.

 

-      La jeune Winky doit mettre la viande, les légumes et le bouillon bien rouge dans chaque assiette, puis décorer le tout avec de la crème fraîche épaisse et un brin de persil. Sans rien oublier ! (1)

 

Et surtout, surtout, Winky ne doit pas omettre de prononcer l'incantation magique suivante, « Priyatnogo appétita! » (2), sans cela le bon, l’attentionné, l'altruiste Kreattur ne garantit rien !

 

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  1. C'est une recette authentique de cuisine russe pour faire du Bortsch.
  2. Priyatnogo appétita! (Приятного аппетита) Bon appétit en russe.

 

Maintenant c’est vraiment la

FIN.


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