Quelques éclats de verre

Chapitre 2 : Le dernier éclat

Chapitre final

3640 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 31/10/2024 06:36

Avant-propos : bon, eh bien, voilà un petit texte que j'ai écrit sur Rogue de manière impromptue alors que j'étais supposée plancher sur autre chose. Je pense que ça peut être considéré comme un OS indépendant à part entière, davantage que comme une suite à "Quelques éclats de verre" mais, en l'écrivant, je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à ce vieil OS que j'avais écris sur Severus Rogue, il y a très longtemps et, dans mon esprit, les deux textes sont un peu rentrés en résonnance : d'où le fait que je le présente comme une sorte de suite "15 ans après". Je n'ai rien écrit depuis très longtemps sur Harry Potter et je voulais absolument publier ça pour le 31 octobre, j'espère ne pas avoir commis d'impairs au niveau de la chronologie et ne pas avoir laissé traîner trop de fautes d'ortho. Bonne lecture ^^


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À sept ans, Severus Rogue ne pleurait plus.


Il ne pense pas que ça aurait fait une grande différence s’il l’avait fait. Ses larmes coulaient peut-être encore quelque part à l’intérieur, creusant sous sa peau des stries presque invisibles. Des cicatrices si pâles qu’il ne pouvait pas les sentir. Ses émotions étaient soigneusement enfermées, sous clé. Il se cramponnait à son silence, seul bouclier que personne ne pourrait lui arracher. Tapi dans un coin de la chambre à l’étage de la maison délabrée de l’Impasse du Tisseur, il fixait les fissures du plafond en prétendant ne pas entendre les disputes incessantes de ses parents. Il faisait mine de ne pas sentir l’odeur d’alcool bon marché et de cigarette froide qui imprégnait les murs et traversait les lattes du plancher. Il essayait d’oublier le froid qui lui mordait la peau tandis qu’il se recroquevillait sous une couverture mitée. Il feignait être indifférent aux coups occasionnels de son père, feignait être indifférent aux injures de sa mère. Severus restait là, muet, de plus en plus insensible à leurs éclats et, à force de feindre l’indifférence, il se perdait dedans. Il attendait juste d’avoir une échappatoire. Il s’accrochait à l’idée d’un ailleurs, d’une maison où il serait le bienvenu, d’un monde dans lequel la magie ne serait plus une honte mais une fierté. Un gage de puissance. Déjà la soif de pouvoir s’éveillait en lui, et avec elle une étincelle d’espoir : à peine une lueur, mais déjà plus éclatante que tout ce qu’il avait connu. Il comptait les jours qu'il restait avant de recevoir son courrier pour Poudlard et d’être autorisé à quitter la masure de l’Impasse du Tisseur. Cette maison qu’il détestait et où tout le monde prétendait que la magie n'existait pas, alors que – du plus loin que Severus s'en souvienne – elle planait en motif principal de la guerre larvée entre Eilleen Prince et Tobias Rogue.


Severus attendait sa porte de sortie ; en l’attendant, il ne pleurait pas.


À neuf ans, dans son univers grisâtre, Lily Evans avait surgi comme une unique tache de couleur vive : dans la zone sinistre de Cokeworth, elle n’aurait pas pu sembler plus déplacée avec son sourire brillant, ses grands yeux verts et ses cheveux violemment roux, qu’une princesse de conte de fée au milieu d’une décharge publique. Il l’avait vu jouer au bord du lac à l’eau boueuse, dans le terrain vague envahi d’ordures, faisant danser tout autour d’elle les fleurs de pollens. Cette vision avait tout changé. La fille avait de la magie. Quand Severus, lui avait expliqué tout ce qu’il savait sur le monde des sorciers et lui avait parlé de Poudlard, elle l’avait regardé comme personne ne l’avait jamais fait. Elle l’avait admiré, l’avait fait se sentir important. Elle n’avait pas peur de lui, ne le méprisait pas, ne l’insultait pas. Et elle l’avait fait sourire, l’avait fait rire, même. C’était comme s’il pouvait de nouveau respirer un peu plus facilement ; comme si les murs qu’il n’avait pas réalisé avoir dressés s’étaient fissurés pour laisser passer un peu d’air et de lumière. Elle éveillait en lui quelque chose d’inédit : un sentiment précieux et inexplicable. Dans la ville Moldue minable qu’ils habitaient, ils s'étaient trouvés. Et, ils s’étaient liés dans un pacte silencieux : « On est différents des autres, meilleurs ; un jour, on ira dans le monde magique et on fera de grandes choses ». Et plus les mois passaient, plus il l’aimait. Et déjà, il rechignait à la partager ; jaloux quand elle passait du temps avec sa méchante et insipide sœur Moldue. Elle était tout ce qu’il n’était pas : solaire, joyeuse, lumineuse. Elle lui donnait tout ce qu’il n’avait jamais eu : l’affection, la compassion, l’amitié.


À l’époque, Severus n’aurait pu imaginer que la magie – et toutes les projections folles et optimistes autour de ce que serait leur vie à Poudlard – les séparerait. Encore moins qu’elle lui donnerait envie de pleurer.


À onze ans, l’école de Magie dont il avait tant rêvé l’avait enfin accueilli, puis il y avait eu la cérémonie de répartition. Un nouveau foyer plein de promesses. Un monde qu’il croyait fait pour lui. Il s’était fait des illusions. Même là, il restait un enfant en haillons, un gosse des quartiers pauvres aux vêtements mal ajustés, au sale caractère et au visage ingrat. Il avait remis ses murs en place et avait prétendu être un autre : ça n’avait pas suffi à le rendre appréciable. Et Lily et lui avaient été répartis dans des Maisons différentes, ce qui avait tout compliqué. Les brimades avaient commencé. Les Serpentards le méprisaient pour son manque de statut social, son Sang-Mêlé, son allure négligée et son amitié avec une Sang-de-Bourbe. Les Gryffondors le voyaient comme un garçon étrange, laid et sournois, qui aurait dû rester dans l’ombre plutôt que de traîner avec l’une des leurs. Indésirable et nulle part à sa place. Poudlard n'était pas un refuge pour lui : les railleries et insultes le poursuivaient à chaque salle de classe; au coin de chaque couloir. James Potter et Sirius Black, les riches héritiers de vieilles familles sorcières respectées, avec leur arrogance et leurs sourires moqueurs, étaient les pires. Ils l’avaient pris en grippe dès leur première rencontre, et, sous couvert d’amuser la galerie, ils ne laissaient jamais passer une occasion de l’humilier… avec l’indifférence complaisante du corps professoral.


Si son Moldu de père lui avait enseigné une chose, c’est que s’apitoyer face à une injustice ne la faisait pas cesser. Alors, il ne s’était pas plaint et, surtout, il n’avait pas pleuré.


À treize ans, la situation de harcèlement qu’il vivait devenait ingérable. Severus serrait les poings, encaissait chaque insulte, chaque sortilège avec un peu plus de fureur ; répliquant avec hargne, rendant coup pour coup. La petite bande de Potter – le lâche ! – se faisait maintenant appeler les Maraudeurs et s’en prenait régulièrement à lui, à trois ou quatre contre un. La maison du courage : quelle blague ! Severus avait encore le soutien fougueux et l’amitié sans faille de Lily à l’époque, mais ils n’avaient que peu de moments où ils pouvaient se fréquenter en dehors des classes et Lily, très populaire – contrairement à Severus – passait plus de temps avec son cercle d’amis de Gryffondor ; là, où lui était isolé au sein de sa propre maison. Il devenait frustré et ombrageux qu’elle n’ait pas davantage de temps à lui consacrer, la repoussait inconsciemment par son aigreur. Ils ne s'en étaient pas rendu compte à l’époque mais, déjà, ils tendaient à s’éloigner, l’un de l’autre. Severus commença à se plonger corps et âme dans ses études, inventant des sorts vicieux pour se défendre contre ses ennemis et créant des potions complexes pour s’attirer les faveurs des riches Sang-Purs de sa maison.


Ils le prenaient tous pour un minable, mais un jour, il leur montrerait à quel point ils se trompaient. Et ils seraient tous forcés de reconnaître son talent. Severus était esseulé, mais il débordait d’ambition. Et il ne pleurait toujours pas.


À quinze ans, il y avait eu cette fois où Sirius Black l’avait poussé au bord de la mort, le jetant littéralement dans la gueule du loup-garou. Pour rire. Black s’en était sorti avec à peine une tape sur les doigts. La vie de Severus valait apparemment moins d’une semaine de retenues. Et Dumbledore lui avait extorqué un serment inviolable pour que le pauvre Lupin – victime collatérale de la farce – puisse paisiblement poursuivre sa scolarité. Il ne pouvait même pas avouer la vérité sur l’incident à Lily, qui commençait de plus en plus à prendre fait et cause pour les Maraudeurs lors de leurs disputes, lui reprochant d’utiliser des sortilèges à la limite de la magie noire dans les rixes ; il ne pouvait même pas lui dire que deux d’entre eux avaient littéralement failli le tuer. Il était celui qu’on soupçonnait d’être un mage noir en devenir, alors que Black envisageait sa mort comme un divertissement. Le double standard le remplissait de fureur, lui donnait la nausée. La terreur de Severus ne comptait pas et James Potter – son tyran de toujours – pouvait à présent fanfaronner qu’il lui devait la vie. De toutes les injustices subies depuis sa naissance, celle de cette nuit de pleine lune, était la pire. Celle la plus profondément gravée sous sa peau. Il débordait de rancune, était foudroyé par l’injustice… et terrorisé.


Les semaines qui suivirent, quand il était réveillé par des cauchemars chaque nuit – le souvenir de l’apparence monstrueuse de Lupin, se précipitant tous crocs dehors, se faufilant dans son sommeil –, il tremblait au point de claquer des dents, serrait les poings assez fort pour se les blesser, jetait des Silencio préventifs pour étouffer ses cris et ne pas réveiller tout le dortoir, mais, même là, il ne pleurait pas.


À seize ans, ce qu’il restait des ruines de son amitié avec Lily, s’était écroulé. Ça avait été humiliation publique de trop et – l’espace d’un instant – il avait cru voir Lily esquisser un sourire pendant que Potter faisait son numéro et le mettait plus bas que terre. Elle avait cherché à prendre sa défense et il s’était senti plus minable que jamais, alors il l’avait insultée. Il avait prononcé le mot. Sang-de-Bourbe. Par orgueil, par stupidité, par dépit. Plus pas rage que par conviction. À la dernière personne au monde à laquelle il aurait voulu l’adresser. Un mot qu’il n’avait jusque-là jamais énoncé ailleurs que dans son esprit et qu’il aurait voulu reprendre aussitôt qu’il l’avait craché. Lily l’avait pris pour ce que c’était : le dernier vestige de ce qui restait de leur relation, qu’il jetait au sol. Il avait essayé de s’excuser, mais ses mots étaient insuffisants. Lily s’était détournée, et ce qu’il restait de lumière en Severus s’était éteint. Ils s’étaient trop éloignés ; ils ne pouvaient plus se comprendre, encore moins se pardonner.


Et, après tout, elle n’avait pas tort quand elle l’accusait de soutenir les idéaux du Seigneur des ténèbres, de marcher dans les traces de ceux qui voulaient le rejoindre. Il avait longtemps adopté des demi-vérités à ce sujet, mais il avait fini d’hésiter : dans le camp de la lumière, il ne serait jamais traité que comme un paria, ne pourrait jamais s’élever et devenir quelqu’un ; les ténèbres l’attiraient de manière presque irrésistible et ses camarades venant des familles les plus influentes ne juraient que par le Lord Noir. L’homme était un politicien brillant et il serait tout ou tard amené à diriger le Monde Sorcier : il valait mieux jouer habilement, adopter le vocable de ses adeptes et essayer d’entrer dès maintenant dans ses bonnes grâces, que de chercher à aller à contre-courant. De toute façon, son programme n’était pas aussi mauvais et dangereux que ce que Ministère et ses soutiens essayaient de faire croire. Toutes ces histoires de meurtres et de disparitions... c'était juste de la propagande ! Plus tard cette semaine-là, lorsque ses camarades de Serpentards le félicitèrent pour avoir enfin mis fin à son amitié avec la Sang-de-Bourbe, il était furieux, mais il se contenta de hausser les épaules et d’esquisser un rictus silencieux.


Les dernières brèches dans ses murs étaient colmatées. Plus rien ne retenait. Il était plus seul et amer que jamais, mais il ne pleurait pas.


À dix-huit ans, il n’avait plus aucune attache, ses parents étaient morts dans un accident de la route au cours de l’année précédente – autant dire qu’il ne les avait pas pleurés – et il venait de terminer ses études. Il avait enfin eu sa chance de faire ses preuves face au Lord Noir. Introduit auprès de lui par Lucius Malfoy, il avait pu briller : il n’était pas un Sang-Pur, mais il était plus talentueux que l’immense majorité d’entre eux ; l’homme l’avait reconnu pour sa puissance et avait souri face à son ambition. Le Seigneur des Ténèbres lui avait chuchoté des promesses de grandeur et avait attisé ses rêves de gloire. Il lui avait offert ce qu’il avait toujours désiré et Severus – habituellement si méfiant – n'avait été que trop heureux de s'agenouiller et de prendre sa marque. Il n’avait pas réalisé le prix de sa servitude volontaire. La guerre avait alors pris un nouveau tournant pour lui et il avait enfilé, presque avec fierté, la tenue de Mangemort. Les meurtres et raids imputés aux soutiens du Lord étaient finalement un peu plus que de la propagande ministérielle. C’était regrettable, mais dans une guerre pour conquérir le pouvoir, il était parfois nécessaire de faire quelques victimes collatérales. Severus n’avait pas hésité longtemps. Il s’était jeté à corps perdu dans les combats, écrasant ses derniers scrupules et embrassant la noirceur qui le rongeait, laissant enfin libre cours à la rage qu’il avait tant cherché à réprimer. Pour la première fois, sa vie avait un sens et il avait un objectif : faire du Seigneur des ténèbres, l’homme qui avait reconnu sa valeur, le Maître du Monde sorcier.


Peu à peu les raids ciblés contre les agents du ministère et détracteurs politiques du Lord se sont multipliés, puis transformés en massacres de civils. En massacres de grande ampleur. Tout s'était accéléré en l’espace de quelques mois et le curseur de ce que Severus aurait ou non jugé comme un crime acceptable avait insidieusement bougé : du meurtre d’ennemis, il en est vite venu à participer à des raids contre les civils et les Moldus ; à assister des fêtes où des innocents étaient torturés et exécutés juste sous ses yeux. Quand il s’est rendu compte de la nature de son Maître, de ce à quoi il s’était vraiment engagé, de ce qu’il avait déjà fait et des actes qu’il allait continuer à cautionner, ses mains étaient couvertes de sang. Severus s’en souciait peu. Retranché derrière son bouclier d’Occlumens, ses propres émotions lui étaient étrangères. Il avait presque réussi à se persuader lui-même que la justesse de ses actions n’importait plus. Se sentant plus engourdi que coupable tandis qu’il se complaisait dans l’abjection, accumulant les crimes. Il était bien trop tard pour chercher à se repentir ou pour faire machine arrière. Et si, parfois, l’espace d’un instant, sa main tremblait avant qu’il ne lance le sort ; si, parfois, sa gorge se nouait quand il entendait les cris des suppliciés ; si, toujours, il était incapable de croiser son regard dans un miroir sans se sentir envahi par une vague de dégoût ; ce n’était pas du remord ou de la compassion, c’était de la faiblesse. Et sa faiblesse, il pouvait facilement l’écraser.


De toute façon, il n’avait plus de larmes depuis longtemps. Pas plus de pitié pour ses victimes qu’il n’en avait pour lui-même, alors, non, il ne pleurait pas.


À dix-neuf ans, il était déjà beaucoup trop tard pour les regrets. Lily Evans – devenue Potter – était en danger de mort. Et c’était lui qui avait mis une cible sur son dos. Pour la première fois depuis très longtemps, il avait ressenti quelque chose qui voulait percer derrière ses murs : c’était de l’effroi. Parce que, peu importait que cela fasse plus de trois ans que Lily et lui n’avaient pas échangé un mot ; peu importait qu’elle ait – entre tous – choisi d’épouser James Potter, son tyran personnel ; peu importait qu’il soit devenu un monstre et qu’elle haïsse tout ce qu’il représentait ; peu importait qu’il ne la revoit jamais. Severus s’est subitement rendu compte que ça ne changeait rien à ce qu’il ressentait : il l’aimait toujours et ne pouvait pas s’imaginer vivre dans un monde où elle n’existait plus. Alors, il avait tout renié et abandonné son ambition, en quelques fractions de secondes. Il avait rampé aux pieds de Voldemort et imploré pour sa vie, quitte à risquer la sienne ; puis, pressentant que ça ne suffirait pas, s’était prosterné devant Dumbledore, implorant un pardon dont il ne voulait pas. Il n’avait récolté que la désapprobation moqueuse de Voldemort, le dégoût courroucé d’Albus Dumbledore. Il s’en fichait. Il avait supplié les deux plus grands sorciers de son temps d’épargner la vie de Lily et avait accepté d’endosser le rôle d’agent double pour essayer de lui donner une chance.


Il ne pouvait pas changer ce qu’il était, ni réparer ce qu’il avait fait, mais il pouvait au moins essayer de la sauver. Si pleurer avait pu lui donner une chance, il l’aurait fait.


À vingt-et-un ans, Severus aurait aimé mourir.


Le soir du 31 octobre 1981, il avait transplané à Godric's Hollow, aux abords du manoir des Potter, dès que le Fidelitas était tombé. Il avait su qu’il arrivait trop tard, avant même d’avoir franchi le seuil. Il marchait tel un pantin, traversant les lieux sans les voir, enjambant ce qu’il restait de James Potter dans l’escalier, avec l’estomac au bord des lèvres. Arrivé à l’étage, il vit une silhouette inerte, gisant au centre de la pièce, et il sentit le sol se dérober sous lui. Il s’écrasa sur le plancher, à côté du cadavre. Il entendait des cris s’élever du berceau derrière le corps, mais son cerveau arrivait à peine à enregistrer qu’il s’agissait des pleurs d’un nourrisson. Il y eut quelques instants de flottement tout ce qu’il pu éprouver ce fut un vide sidérant, comme s’il n’avait plus qu’une vague conscience de son environnement.


Puis la réalisation monta, le fracassant. Comme dans un éclat, tous ses murs s'effondrèrent. Une douleur sourde lui vrilla les entrailles. Severus ne s’était pas vraiment autorisé à ressentir quoi que ce soit depuis qu’il était devenu un Mangemort et avait commis ses premiers meurtres. Jamais il n’aurait pensé qu’il pouvait encore éprouver une émotion aussi violente à la vue d’un corps. Il fut surpris par sa propre souffrance. Autour de lui tout se délitait : il avait l’impression de suffoquer et sentait ses mains trembler.


Il regardait le visage de Lily et avait la sensation que le monde venait de s’éteindre. La peau de son visage était encore chaude sous ses doigts, ses yeux verts ne brillaient plus d’aucun éclat, figés à jamais dans une expression de terreur et de désespoir. Elle était morte. Elle était morte et elle avait souffert. Et c’était entièrement de sa faute. Il l’avait prise dans ses bras, l'avait serrée contre lui. S’était mis à crier. À supplier. À se repentir.


Il était trop tard. Elle était morte et rien ne faisait plus aucune différence.


Alors, agenouillé à côté du corps de Lily, Severus avait pris sa tête dans ses mains et s’était mis à pleurer.



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Voilà, bon 31 octobre à tous !


Quinze ans sans pleurer, ça doit être laborieux, surtout quand on en bave autant. Allez, j'arrête de torturer Severus ;)


La dernière phrase de ce texte est une légère référence au poème Déjeuner du matin de Prévert : à l'époque où j'ai écrit "Quelques éclats de verre", je lisais beaucoup Prévert et plus ou moins inconsciemment j'essayais d'imiter son style. Avec ce mini rappel, on peut dire que la boucle est presque bouclée :)


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