Hogwarts Legacy, vol de nuit

Chapitre 1 : Hogwarts Legacy, vol de nuit

Chapitre final

1825 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 28/03/2024 11:04

Cette fanfiction participe au Défi d’écriture du forum Fanfictions .fr : Mon animal-totem (mars – avril 2024).



Hogwarts Legacy:

Vol de Nuit



La lande était grise, les arbres habillés d'ombres. Accroché sur sa toile sombre trouée d'étoiles, le disque lunaire étendait son voile pâle sur les Highlands.

L'océan de verdure dansait sous le souffle de cette nuit de printemps et l'ombre de la jeune sorcière en sillonnait les vagues.

Les monts et les valons défilant à toute vitesse sous le vol du balai évoquaient facilement les humeurs d'un océan déchaîné. Lors de ses premières escapades nocturnes, il n'était pas rare que Vanna soit prise de mal de mer.

Avec le temps, son estomac, ainsi que son centre de gravité, s'étaient fait une raison.

Une fine cordelette maintenait fixée sur le crâne de l'adolescente un chapeau pointue rouge assorti à son lourd manteau de cuir patchwork qui claquait au vent. Sous le manteau, elle portait toujours son uniforme d'écolière blanc arborant les motifs bleus de sa maison. Face aux vents contraires, Vanna regrettait quelque peu de n'avoir pas troqué sa jupe plissée grise contre un vêtement plus approprié. Ses longues chaussettes noires remontées jusqu'au-dessus de ses genoux, les deux mains crispés sur le manche noueux, Vanna se pencha un peu plus en avant, augmentant ainsi la vélocité de son balai.

Au bout de ses longues jambes bringuebalées par les secousses, les boucles de ses bottines brillaient dans la clarté nocturne.

Poudlard disparaissait dans son dos et, loin devant, la lumière des festivités de Bourg-Garenne perçait discrètement la nuit.

La main droite de la sorcière quitta le manche du balai pour aller se saisir dans les replis de son trench d'une fine baguette de bois légèrement anguleuse.

Du bout des doigts, Vanna fit dessiner une délicate courbe à la tige. Elle accompagna le mouvement de l'incantation :

-Désillusion.

La sorcière et son balai s'effacèrent, disparaissant complètement. Seul un œil aguerri aurait pu discerner les ombres se distordre par endroit, comme au travers un verre épais.


L'école et ses tracas avaient désormais disparu derrière la ligne d'horizon, et l'invisible adolescente amorçait sa descente vers Bourg-Garenne.


C'était un petit hameau: une poignée d'habitations encerclant deux larges parcelles de terres labourées traversé par un petit cours d'eau lui-même enjambé par un maigre pont de pierre. Les célébrations d'Ostara avaient déposé sur Bourg-Garenne ses lampions, ses banderoles et sa bonne humeur. L'un des champs s'était mué en kermesse d'où s'élevait rire, violons et accordéons. Ils devaient être une centaine de badauds à s'amuser et à chanter en bas.

Les habitants des hameaux voisins avaient également rejoint la fête. Il aurait donc été plus facile pour Vanna d'exécuter sa sombre besogne à Campolard ou Haranshire, mais elle avait déjà jeté son dévolu sur une maison en particulier.

Une bonne voleuse se doit de repérer les lieux avant tout passage à l'acte.


L'ombre silencieuse contourna une veille demeure de pierre obèse, au cœur du hameau. La jeune Vanna Feather se posa en douceur sur le toit de l'appentis adossé au bâtiment puis appuya son balai contre le mur à côté de la fenêtre. Elle allait avoir besoin de voir ses mains, aussi leva-t-elle le sort d'invisibilité.

Son reflet apparut dans le verre de la fenêtre.

Elle avait un adorable nez en trompette et une longue chevelure argentée, souvenir d'un sortilège qui avait mal tourné. De ce sortilège, la jeune femme avait appris que même les erreurs pouvaient se révéler positives : elle adorait sa nouvelle couleur.

Elle inclina sa baguette, visa le petit loquet de l'autre côté de la vitre en chuchotant :

-Alohomora.

Le loquet pivota. Vanna fit glisser la vitre vers le haut avant de se faufiler dans les ombres de la maison.

Une incantation fit s'illuminer le bout de sa baguette lui dévoilant ainsi la chambre à coucher.

Son regard passa rapidement sur le bureau encombré, le vieux miroir et l'armoire Normande. Son objectif se trouvait au pied d'un lit généreusement couvert : un coffre.

Celui que Vanna avait espéré trouver. En vérité, elle avait senti sa présence jusque dans ses tripes à la simple vue de la demeure.

Un magnifique coffre blanc, décoré d'arabesques dorées.

Mais en lieu et place du verrou se trouvait un œil. Un gros globe oculaire enchâssé dans un rond de cuivre tournoyant dans son orbite.

Une saleté de coffre-œil: le nec plus ultra dans la protection des biens précieux, ne s'ouvrant qu'aux visages connus.

Vanna pesta sous le regard inquisiteur du meuble borgne.

L'écolière se glissa derrière l'angle de l'armoire, se dissimulant à la vue de son objectif. Elle patienta quelques minutes, attendant que les paupières du coffre se referment.

Personne ne pouvait l'entendre, Vanna le savait pertinemment, cela ne l'empêcha cependant pas de chuchoter son incantation de désillusion.

De nouveau invisible, la sorcière s'approcha du coffre sur la pointe des pieds puis en souleva le couvercle.


Elle avait toujours sa baguette dans le creux de sa paume. Celle-ci se rééclaira sous l'injonction "lumos".

Ils furent alors face à face.

Son pelage bleu aux nuances émeraude semblait scintillant sous la lumière magique. Seul son bec rose se trémoussait, comme s'il flairait la jeune sorcière invisible.

A l'intérieur du coffre, le niffleur se tenait debout au sommet d'une pile de linge sur laquelle il avait déversé le contenu d'une bourse de cuir marron. Entouré d'un amas de pièces d'or, le petit animal en gardait une plaquée contre son torse comme s'il eut s'agit de la chose la plus importante de l'univers.

Vanna appuya le couvercle du coffre contre le montant du lit puis glissa sa main libre dans la poche gauche de son trench.

Elle avait étudié les niffleurs dans les cours de Madame Howin. Il était, aux yeux de l'écolière, non seulement le seul animal digne d'intérêt, mais tout bonnement fascinant.

Les sachant voleurs, mais également gourmands, la sorcière retira de sa poche une poignée de framboises qu'elle déposa parmi le butin de la créature.

Les fruits redevinrent visible lorsqu'il quittèrent sa paume.

Le niffleur glissa lentement la pièce dans sa poche marsupiale, dans laquelle elle sembla disparaître, puis porta son attention sur les quelques framboises qui venait d'apparaître devant lui.

De ses deux pattes avant, il se saisit de l'une d'elle et la grignota sans préambule.

Vanna leva le sort de désillusion.

Le flair de l'animal ayant évidemment repéré la présence de la sorcière, le niffleur ne fut pas surpris de la voir apparaitre. Il n'avait cependant aucune envie de s'attarder, aussi enfila-t-il deux par deux les framboises dans son bec puis, les mains rouges de jus, glissa quelques nouvelles pièces d'or en toute hâte dans sa poche.

Vanna esquissa un mouvement de main, pour le retenir, mais le petit chapardeur s'enfonça dans les méandres du coffre, fourrageant les vêtements, mettant à jour le trou qu'il avait creusé dans le bois. Il le traversa puis disparu sous le lit.

Du bout de la baguette, couchée sur le sol, Vanna éclairait sous la couche. Elle y découvrit un second trou creusé dans le plancher cette fois.

-La petite fripouille, commenta-t-elle à voix haute, impressionnée.

L'adolescente s'assit et constata, entre les pieds du lit, le trou dans le bois du coffre. Dans ce satané coffre-œil.

-Bien joué, petite fripouille.

Tout comme elle, le niffleur avait senti la présence de ce trésor. Tout comme elle, il avait jeté son dévolu sur cette maison. Et, tout comme elle, le chapardeur avait tout fait pour atteindre son objectif.

Vanna était tombé sous le charme de cette petite bouille bleu et de son bec rose.

Les animaux peuvent-ils être des âmes sœurs ?

Les clameurs de l'extérieur avaient toujours été là, mais elles semblèrent soudain plus distinctes. La réalité se rappelait à elle.

Vanna empoigna les quelques pièces d'or restantes puis referma le couvercle.

Sous l'œil unique et courroucé du coffre, elle enjamba l'appui de la fenêtre pour disparaître dans la nuit, à cheval sur son balai.


...


Augustus Hill était nerveux. Droit comme un piquet, il en avait oublié la tasse de thé en fine porcelaine qu'il tenait avec distinction du bout des doigts. Élégamment vêtu d'un costume de velour carmin, le propriétaire de Gaichiffons n'avait que deux choses en horreur : voir sa boutique de prêt-à-porter remplie d'adolescents, et, plus encore, voir sa boutique remplie d'adolescents revenant de chez Honeydukes, le confiseur d'en face.

-Merci de ne pas toucher les vêtements si vous avez les mains sales, invectiva-t-il en direction des élèves de Poudlard en vadrouille à Pré-au-Lard.

Il estima juste de cibler plus précisément :

-Je vous vois jeune homme. Je vous serais reconnaissant de terminer vos "chocogrenouilles" à l'extérieur de ma boutique.

L'attention d'Augustus se porta finalement sur la jeune sorcière qui se tenait devant son comptoir. Il inspecta les mains de la jeune femme, puis l'écharpe qu'elle venait de déposer devant elle. C'était une étole de coton bleu azur agrémentée de la silhouette d'un niffleur.

L'étudiante passa une mèche argentée de cheveux derrière son oreille et glissa une pièce d'or sur le comptoir qu'elle accompagna d'un très assuré :

-Vous pouvez garder la monnaie.

Vanna enroula le vêtement autour de son cou et s'apprêtait à quitter les lieux lorsque la tasse de Monsieur Hill alla rejoindre sa soucoupe, non loin de la pièce d'or, qu'Augustus couvait d'un œil suspicieux.

-Mademoiselle, je regrette de vous informer qu'il manque deux mornilles.

Confuse, Vanna se mit à fouiller ses poches en quête de la monnaie manquante.

Hill fit glisser la pièce dans sa direction puis, d'un mouvement de menton, indiqua l'animal dessiné sur l'étole.

-Une passion pour les voleurs, Mademoiselle ?

D'un sourire crispé, Vanna minimisa son intérêt pour les niffleurs, tout en extirpant les deux mornilles salutaires :

-Je les trouve adorables, c'est tout.

-Moui... Adorables comme une invasion de rat... Bonne journée Mademoiselle.


Le doux soleil du printemps bataillait toujours avec le vent frais de l'hiver qui se refusait à quitter les rues de Pré-au-Lard.

Vanna s'enfonça un peu plus dans son écharpe. Arborant fièrement l'illustration de l'animal fantastique, elle prit le chemin de Steepley & Sons pour une dernière tasse de thé avant de reprendre le chemin de l'école.

Sur le retour, elle chercherait des framboises, juste au cas où...

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