La couleur des sentiments

Il faisait presque nuit noire, il était tard, mais le reflet de la lune donnait un peu de lumière sur les alentours. Là, debout contre la rambarde de ce pont, une jeune femme, en larmes, regardait la rivière sous ses pieds. Il y avait trop longtemps qu’elle s’était empêcher de pleurer, qu’elle cachait ces souffrances, qu’elle tentait de faire bonne figure en toute circonstance, mais aujourd’hui, le point de non-retour avait été atteint et pour une raison encore flou, elle avait marché, pendant de très longues minutes, peut-être même des heures, et maintenant elle était là, sur ce pont.

Sans trop savoir ce qu’elle faisait, elle commença par s’assoir prudemment, puis elle pivota pour se retrouver les jambes dans le vide. Elle était prête. Plus rien ne la retenait, rien ne l’empêcherait de faire ce choix, ce qu’elle considérait comme le mieux pour elle et peut-être aussi le mieux pour ces amis. Une fin rapide et sans douleur.

- NE FAIS PAS CA S’IL TE PLAIT !

Cette voix… La jeune femme tourna la tête vers le propriétaire de la voix, mais à cause de ces larmes, elle eut d’abord du mal à le reconnaitre, mais il était là. Pourquoi est-ce qu’il ne la laissait pas tranquille, pourquoi était-il venu ? Elle le fixa un moment, presque sans le voir, puis elle fit un faible sourire avant de reporter son attention sous ces pieds, là où elle ne voyait rien, le vide total.

- S’il te plait, ne fais pas ça…

Il s’était rapprocher d’elle, elle le sentait, mais elle ne bougea pas. Les choses s’étaient dégradées au fil des jours pour cette jeune femme et ce n’est que trop tard qu’elle avait réalisé l’ampleur des dégâts, beaucoup trop tard… Elle avait l’avenir à porter de mains, un avenir et des projets tout tracés, mais avant même d’avoir pu commencer à pouvoir en profiter, les premiers nuages noirs étaient apparus mais elle n’y avait pas fait attention, pensant que cela passerait avec le temps, mais ce ne fut pas le cas, bien au contraire. Aujourd’hui, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même, sans travail, sans projets, sans ambition et à supporter les humeurs incroyables étranges de son petit ami depuis 3 ans, son mari depuis un an et demi.

- Hermione, si tu ne viens pas à moi, alors c’est moi qui te rejoindrais, quoi que tu fasses…

Elle tourna un regard plein de larmes vers lui. Elle ne comprenait plus. Pourquoi faisait-il cela déjà ? Pourquoi était-il ici à vouloir l’empêcher de trouver sa place ?

- Pourquoi ? Va-t’en s’il te plait… Laisse-moi partir.

- Je suis désolé, mais je ne peux pas faire ça, je m’en voudrais toute ma vie.

- Je t’en prie…

L’incompréhension commençait à se lire sur son visage. Elle regarda le vide sous ces pieds pendant un instant avant de se retourner vers lui.

- Je suis amoureux de toi… Depuis longtemps mais je n’ai rien voulu dire… Ils voulaient tous que je t’en parle mais…

- Quoi ? Mais pourquoi ? Tu mens…

- J’avais peur… J’avais peur que tu ne me crois pas. Je t’aime depuis longtemps et c’est pour ça que je n’arrive pas à être avec une autre, c’est pour cela qu’aucune d’elle n’a vu mon véritable appartement…

Pendant qu’il parlait, doucement, il se rapprochait d’elle, il n’était plus qu’à quelques centimètres mais il s’arrêta, il ne fallait pas qu’il lui fasse peur ou qu’il la brusque, sinon, elle tomberait.

- Je… Et… Je ne sais pas quoi te dire… Tu es si…

- Incroyablement beau ? Romantique ? Imprévisible ?

Elle sourit doucement tout en le regardant.

- Peut-être bien tout cela… Mais…

Alors qu’il lui sourit aussi, elle fit un mouvement pour se tourner et revenir du bon côté, venir vers lui. Elle commença à lui tendre sa main quand d’un coup, sans qu’il ne comprenne…

- NON !!!