Dollhouse

Chapitre 21 : L'abîme des enfers

8156 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/12/2023 11:57

Nous avions quitté la Grande Salle sans ne plus attendre, et nous avions traversé la cour du château pour retrouver les Sombrals. La mère de Blaise avait des épisodes périodiques durant lesquels elle était délirante. Elle perdait contact avec la réalité, elle ne reconnaissait plus qui étaient les personnes autour d’elle et elle ne se contrôlait plus. Nous ne l’avions jamais vu en action, Pansy, Theo et moi, mais Blaise nous en avait parlé à plusieurs reprises. Il nous avait dit que ces épisodes étaient plutôt rares, deux fois par an maximum selon lui, mais ils avaient tendance à toujours avoir des conséquences dramatiques. Aux yeux du monde sorcier, Alexa Zabini était simplement une femme mangeuse d’hommes qui épousait les plus fortunés et les tuaient pour récupérer leur argent. Elle épousait certes des hommes fortunés, parce que c’était là un de ses critères de sélection et qu’elle était une femme d’un certain standing, mais elle n’en avait pas tué un seul pour l’argent. Blaise et elle s’appliquaient cependant à entretenir cette image dans le monde extérieur, parce que dans le monde sorcier perdre la tête de la sorte était plus que mal vu, ils perdraient leur rang social, leur réputation, et probablement leurs possessions, incluant leur château. Alexa avait épousé de la sorte six hommes, à commencer par le père de Blaise. Elle aimait cet homme véritablement, de ce que Blaise nous en avait dit, et celui-ci était mort sans qu’elle n’en soit responsable. Il faisait partie du Département des Mystères du Ministère de la Magie, et un jour il était tombé sur un mystère un peu trop mystérieux qui lui avait ôté la vie dans des circonstances, là encore, mystérieuses. La mère de Blaise avait été dévastée de sa perte pendant plusieurs années et une toute première crise s’était déclarée, à vrai dire jusqu’à l’entrée à Poudlard de Blaise, et puis elle avait rencontré quelqu’un d’autre. Mais elle n’était plus tout à fait la même femme, et son cœur n’était plus réellement à prendre. Elle avait épousé un homme gentil et bien placé dans l’échelle sociale, et ils étaient restés mariés pendant près d’un an, jusqu’à sa crise suivante. Puis un suivant, et une nouvelle crise. Blaise avait assisté à la première fois que sa mère avait tué un homme. C’était pendant les vacances de Noël, juste avant le réveillon. Il nous avait raconté qu’il était assis à table, et qu’il attendait avec envie que les elfes de maison amènent des plats les plus appétissants les uns que les autres. Il était encore bien petit en taille, à seulement onze ans, alors il se tenait à genoux sur sa grande chaise élégante, et il observait la table à manger se remplir petit à petit. Sa mère était assise en bout de table, à un mètre de lui. Elle souriait de le voir aussi excité de manger. Il lui avait beaucoup manqué jusqu’à ces premières vacances scolaires. Il nous avait dit que son beau-père, assit à l’autre bout de la table, sur la gauche, avait simplement dit « mange, mon garçon, à ton âge il faut prendre des forces ! ». Alexa s’était levée lentement, elle avait pris le grand couteau en argent qui était posé à côté d’une dinde, elle avait marché lentement jusqu’à son mari, puis elle s’était placée derrière lui, et elle lui avait tranché la gorge. Sans rien dire. Blaise était resté sidéré devant le spectacle de son beau-père se vidant de son sang, la gorge ouverte, dans son assiette. Il l’avait regardé, l’enfant qu’il était, et Blaise avait vu la terreur dans ses yeux. Le petit Blaise était resté immobile quand sa mère s’était rassise à sa place, et qu’elle lui avait servi à manger en souriant. Il nous avait dit avoir eu peur de sa mère, ce jour-là. Alors il l’avait regardée, quand elle s’était rassit après lui avoir servi de la dinde, et il avait mangé, quand elle lui avait ordonné de le faire, son beau-père se vidant de son sang à sa gauche. Elle semblait ne pas le voir. Puis à la fin du repas il fut finalement capable de dire « maman » de sa petite voix apeurée, et sa mère revint violemment à elle. Elle réalisa soudainement ce qu’elle avait fait, et ce qu’elle avait imposé à son fils. Elle avait fait disparaître le corps, puis elle s’était platement excusée auprès de Blaise, et elle lui avait fait un obliviate. A partir de cette année-là, les Zabini passèrent presque tous les réveillons de Noël avec mes parents, Theo et moi. Blaise oublia ce souvenir jusqu’à sa quatrième année, pendant l’été. Une nouvelle crise la frappa, et sa mémoire lui revint quand il fut témoin d’un nouveau meurtre. Lorsque sa mère était revenue à elle, elle avait tenté de lui lancer un nouveau obliviate, mais il lui avait saisi les poignets, et il lui avait chuchoté qu’il était un grand garçon désormais, et qu’il pouvait être là pour elle. A partir de ce moment-là, Blaise commença à réellement enchaîner les conquêtes sexuelles dépourvues de toute attache. De ce qu’il en savait, les trois autres crises ayant conduit à l’assassinat de ses autres maris s’étaient produites alors qu’il n’était pas là, et elle ne lui avait pas demandé de venir l’aider. S’il avait grandi jusqu’à ses presque quinze ans sans savoir que sa mère était une meurtrière, et qu’il en avait été témoin, il avait cependant été témoin d’autres crises n’ayant pas conduit à des meurtres. Occasionnellement, de ce qu’il en voyait au moins une fois par an, sa mère perdait pied, et pour il ne savait trop quelle raison, elle se mettait à hurler, et à tout casser autour d’elle. Comme lui avait tendance à le faire quand il était trop sous pression, et qu’il explosait. Aussi étrange que cela puisse paraître, quand il avait retrouvé la mémoire, il nous avait dit ne pas avoir été étonné. Il disait qu’une partie de lui avait toujours su. 

Cette fois, elle l’avait appelé à l’aide. Peut-être parce qu’elle savait effectivement que désormais, Blaise était un grand garçon. Les crises d’Alexa prenaient de plus en plus de place, en ce sens qu’il était de plus en plus difficile de la faire revenir. Autrefois, cela prenait quelques heures. Désormais, cela pouvait prendre des jours pour qu’elle revienne réellement et totalement à elle. Plus les années passaient, et pire c’était. Blaise était constamment disponible pour elle. Ils avaient une relation fusionnelle comme peu de fils en avaient avec leurs mères. Seul lui était capable de la ramener dans ces moments-là. Mais même pour lui, cela devenait difficile. 

Et désormais, il n’avait plus à porter cela seul sur ses épaules. Tout comme Pansy nous avait laissé porter un peu de son fardeau avec elle, tout comme Theodore nous avait livré le sien et nous avait donné l’opportunité de le voir dans son entièreté, et de la même façon qu’ils avaient sombré à mes côtés dans l’abîme des enfers, lui non plus n’était pas seul. Et il ne le serait plus jamais. Parce que nous étions une famille, et que nous n’étions pas là les uns pour les autres seulement pour les rigolades, pas même quand il s’agissait de Blaise qui toujours, toujours riait. Qui toujours plaisantait. Non, avec lui, à ses côtés, nous traversions les démons de son histoire et l’aidions à se débarrasser des cadavres qu’il traînait derrière lui. 

Nous étions arrivés dans le château Zabini vers dix heures du matin. C’était un château que nous connaissions tous bien, pour y avoir passé de multiples week-ends ces dernières années. Alexa Zabini était une excellente hôtesse, ainsi qu’une mère attentionnée. Elle nous recevait tous avec beaucoup d’amour et d’attention. Elle aimait particulièrement Pansy, probablement parce que c’était celle qui était la plus proche de Blaise, et que cela se voyait. Alexa était une dame de bonne famille et d’une élégance sans pareille, elle était réputée pour sa beauté et pour ses longs et magnifiques cheveux bruns. Mais elle appréciait l’humour noir de Pansy, une fois que les portes sur le monde extérieur étaient fermées, plus que personne. Le château qu’ils habitaient depuis l’enfance de Blaise se trouvait entre des hectares de champs et près d’une forêt. C’était un petit château étalé de tout son long avec une seule tour en son centre. Il était bâti de pierres blanches et sa toiture était faite d’ardoises sombres. Nous étions entrés directement à l’intérieur, derrière un Blaise visiblement tendu et inquiet de ce qu’il allait trouver dans sa demeure. L’odeur nauséabonde qui nous retourna tous l’estomac rendait la tâche de trouver sa mère plus facile, mais il appela après elle tout de même. 

-       Maman ?! appela-t-il dans le hall d’entrée, l’inquiétude transparaissant dans le timbre de sa voix. 

Le silence régna quelques secondes avant que la voix d’Alexa venant de leur salon ne réponde sur un ton paniqué : 

-       Qui est là ?! 

Il courut vers leur salon, et nous le suivions de près. Alexa Zabini se trouvait assise par terre, au centre de leur salon, sur un immense tapis bleu clair, et elle n’avait plus rien de la femme de haute société que nous avions nous autres l’habitude de côtoyer. Elle ne portait rien d’autre qu’une nuisette faite de dentelle noire, ses autrement magnifiques cheveux bruns étaient emmêlés comme si elles ne les avaient pas brossés depuis des jours, son visage était dépourvu de toute trace du maquillage qu’elle portait toujours, et des cernes violettes sur sa peau pourtant noire témoignaient du fait qu’elle n’avait probablement pas dormi depuis des jours. Elle avait du sang séché sur ses mains manucurées ainsi que sur ses avant-bras. Elle n’était pas revenue. Blaise se rua sur elle et encercla son visage de ses deux mains en s’agenouillant devant elle : 

-       Maman, chuchota-t-il doucement. 

Les yeux d’Alexa l’étudièrent longuement avec panique, allant de gauche à droite comme si elle cherchait à se rappeler de qui il s’agissait. 

-       Maman c’est moi, chuchota-t-il sans lâcher son visage de ses mains, c’est Blaise. Je suis rentré. Tout va bien, je suis rentré, lui murmura-t-il. 

Je sentis mes entrailles se serrer dans mon ventre alors que je les observais. Ils ne méritaient pas cela. Ni l’un, ni l’autre. Alexa était une excellente mère, et une bonne personne. Elle était simplement… malade, d’une certaine façon. Le moment où Alexa reconnu enfin son fils fut lisible sur son visage, qui s’illumina soudainement. Ses sourcils se dressèrent sur son front, et ses yeux s’ouvrirent grand alors qu’elle lui souriait : 

-       Blaise, murmura-t-elle alors que des larmes naquirent dans ses yeux. 

Il la serra dans ses bras, et elle lui rendit son étreinte. Elle pleura de joie dans ses bras alors qu’il ne la lâcha pas pendant un moment. 

-       Tout va bien, répéta-t-il, je suis là. 

Je détournais les yeux pour suivre Theodore du regard. Il s’enfonça dans le salon, passa derrière le canapé, et s’arrêta finalement en regardant le sol. Il leva les yeux vers moi, et ne dit pas un mot. Je pris une profonde inspiration en essayant de faire abstraction de l’odeur qui flottait autour de nous. 

-       Et vous… Drago, me salua-t-elle, et… Theo, dit-elle en le regardant face à elle. 

Pansy se tenait plus sur sa gauche, plus en arrière. Elle n’était pas dans son champ de vision. Theo et moi lui sourirent. 

-       Pansy est là aussi maman, lui dit Blaise doucement alors qu’il desserrait son étreinte. 

-       C’est vrai ? demanda-t-elle avec le visage joyeux d’un enfant. 

-       Bonjour Alexa, lui dit doucement Pansy alors qu’elle se rapprochait d’elle pour être dans son champ de vision. 

Alexa tendit les mains vers elle comme pour la toucher et Pansy se rapprocha d’avantage d’elle pour lui donner satisfaction. Pansy s’accroupit avec eux alors que la mère de Blaise passait ses mains pleines de sang séché sur le visage pâle de notre amie. 

-       Oh, tu t’es encore embellie ma chérie, commenta-t-elle à son encontre. 

Pansy caressa les cheveux d’Alexa avec tendresse. Je tournai les yeux vers Theodore à nouveau. Il n’avait pas bougé de devant le canapé. Je m’avançais vers lui après avoir pris une nouvelle profonde inspiration. Je me doutais de ce que j’allais trouver en le rejoignant. J’entendais de façon indistincte les mots qu’ils s’échangeaient tous trois quand j’arrivais à côté de Theo. Je retenus un haut le cœur quand je découvrais le cadavre du dernier mari d’Alexa. L’homme était à moitié allongé sur le canapé, à moitié sur le sol. Il était à moitié nu. Son corps était mutilé de multiples coups de couteaux ayant fait des trous dans son torse, ses bras, ses jambes et son visage, et du sang séché recouvrait tout son corps. Le couteau demeurait en le centre de son poitrail. Il lui manquait un œil, qui lorsque je détournais le regard, se trouvait sur le sol non loin de sa dépouille. Le cadavre était là depuis plusieurs jours, et des asticots grignotaient sa chaire de part et d’autre. J’avalais difficilement ma salive, tentant de ne plus respirer par le nez. J’avais senti la mort à plusieurs reprises, mais je n’avais jamais senti cela. Theo inspira profondément, puis il reparti au centre du salon, où Blaise, Alexa et Pansy se tenaient. Il passa une main apaisante dans le dos de Pansy qui était accroupie à côté d’Alexa, afficha son plus charmant sourire et proposa : 

-       Et si Pansy et Blaise vous aidez à vous refaire une beauté, Alexa ? Nous pourrions déjeuner ensemble ensuite, offrit-il chaleureusement. 

Pansy tenta de tourner les yeux vers l’endroit où je me tenais et une main puissante de Theo l’empêcha physiquement de tourner le visage. 

-       Ça me plairait beaucoup, lui souri Alexa. 

Le regard grave de Blaise se posa sur moi, puis sur Theo, et enfin à nouveau sur sa mère. Il dit de son habituelle voix charmeuse et légère : 

-       Je vais vous laisser entre filles, je t’attends sur ton trente-et-un, maman. Les garçons et moi allons préparer de quoi manger. 

-       Ne sois pas ridicule, je vais m’en occuper ! s’exclama une Alexa visiblement vexée. 

-       S’il-te-plaît, insista-t-il avec peine, ça me fait plaisir. 

Elle lui sourit et passa une main sur sa joue. 

-       Tu es un garçon si gentil, mon chéri. 

Il lui rendit son sourire, et Pansy se releva en lui tendant les bras pour l’aider à se soulever. Une fois qu’elles furent toutes deux parties en direction de la salle de bain d’Alexa, Blaise se releva. Il passa une main sur sa bouche, puis avança vers moi. Theodore le saisit par le poignet. 

-       Peut-être que tu devrais aller t’occuper de ta mère, dit-il sur un ton d’avertissement. On va s’en occuper. 

Il voulait lui épargner la vue de ce dont sa mère était capable. Et de ce avec quoi elle avait vécu pendant des jours, sans même s’en rendre compte. Blaise lui adressa un faible sourire. 

-       Je l’ai déjà vue faire, dit-il doucement. Je peux gérer, assura-t-il. Ce n’est pas comme si c’était le premier cadavre dont je me débarrasse. 

Theodore hésita, mais il lâcha finalement son poignet. Après tout, c’était sa mère. Il ne pouvait pas décider à sa place. Blaise marcha jusqu’à moi, et sa mâchoire se contracta visiblement quand il aperçut ce qu’il restait du corps de son dernier beau-père. Il avala difficilement sa salive et pencha la tête en avant. Je sentis mes entrailles se serrer plus fort dans mon estomac de voir une telle douleur sur le visage de mon ami. La douleur de constater de ce dont sa mère était capable. Et de constater du fait qu’elle était capable de vivre avec ça sous son toit, sans s’en rendre compte, des jours durant. Son état s’empirait. L’expression de Blaise témoignait du fait que bien qu’il ait vu de multiples cadavres, y compris le corps de l’oncle de Pansy après que Theo l’ait passé à tabac pendant des heures et l’ayant vidé de son sang, il n’avait jamais rien vu de tel. Et encore moins du fait de sa mère. Il tenta d’inspirer et soudainement il se baissa en avant et vomi sur le sol. Il posa ses mains sur ses genoux alors qu’il reprenait son souffle, et je posai une main dans son dos. 

-       On va s’occuper, proposai-je une nouvelle fois. 

Il fit non de la tête, se redressa et essuya sa bouche du revers de sa manche. 

-       Non, dit-il difficilement. Ça va. 

Nott l’étudiait gravement, puis Blaise se mit à l’action. Theodore se chargea de brûler du bout de sa baguette tous les asticots qui ornaient le cadavre pendant que je lançai un sort pour nettoyer le salon du vomi et du sang séché. Blaise commença à désintégrer le corps de son beau-père, en commençant par la tête. C’était un sort qui prenait du temps, de désintégrer un corps humain. Une fois que j’eu nettoyé le salon, je l’aidais en m’attaquant aux pieds, et bientôt Theo nous aida en s’en prenant à l’estomac, désintégrant l’arme du crime qui demeurait dans son ventre par la même occasion. Bientôt, il ne resta plus que l’œil de son beau-père sur le sol. Blaise le désintégra d’un coup de baguette rapide, et Theo lança un dernier sort pour effacer toute trace d’ADN et d’odeur. Le salon était comme neuf. Comme s’il ne s’était rien passé. Cela nous avait bien pris une quarantaine de minutes, et lorsque nous eûmes terminé Theodore déclara qu’il allait préparer à manger. 

-       Je vais t’aider, offris-je naturellement. 

-       Non, restez tranquilles. Les filles vont revenir, je n’en ai pas pour longtemps. Détendez-vous, ordonna-t-il, et ni Blaise ni moi ne contestèrent son ordre. 

Ni lui, ni moi n’avions très envie de nous retrouver le nez dans de la nourriture actuellement, et nous savions parfaitement que c’était pour cela que Theo s’était proposé. Alexa et Pansy nous retrouvèrent quelques minutes plus tard. Pansy avait douché la mère de Blaise, elle n’avait plus aucune trace de sang sur elle, ses cheveux étaient propres et peignés et elle portait une élégante robe noire. Elle n’avait cependant ni maquillage, ni coiffure sophistiquée. Elle n’était toujours pas revenue. Pansy me lança un regard interrogateur, et j’acquiesçai doucement en sa direction. Oui, nous avions fait notre travail. 

-       Où est Theo ? demanda doucement Pansy. 

-       Il nous cuisine un bon repas, répliqua Blaise en souriant. Viens maman, on va s’installer à table. 

Nous nous installions dans leur salle à manger. Il y avait une table formelle, longue et rectangulaire, à laquelle nous ne nous installions pas, et une plus petite table ronde, plus conviviale, à laquelle nous priment place. 

-       Je vais aider Theo à terminer, déclara Pansy une fois que nous fûmes installés. 

Alexa se tourna vers moi avec un sourire : 

-       Drago, mon garçon, comment va ton père ? Cela fait un moment que je ne l’ai pas vu ! s’étonna-t-elle. 

Elle n’était définitivement pas revenue. Alexa Zabini, la vraie Alexa Zabini, savait parfaitement que mon père avait été assassiné par le plus grand mage noir de tous les temps. Elle avait été là, à de multiples reprises, pour soutenir ma mère alors qu’elle s’écroulait sur son épaule. Je lui adressai un faible sourire alors que Blaise afficha une mine embarrassée : 

-       Je suis certain que vous le verrez très bientôt, vous savez comment il est, soupirai-je avec effort. Toujours en train de travailler. 

Elle rit, et Blaise posa des yeux attendris sur moi. Je lui adressai un sourire tendre. 

-       Pour Noël, j’espère ? questionna-t-elle avec hâte. 

-       Sans aucun doute, il ne saurait manquer une occasion de déguster votre dinde farcie, complimentai-je avec charme. 

Elle caressa le dos de ma main. 

-       Tu me flattes, mon garçon, dit-elle en riant. 

-       Je vais aller voir si je peux être utile en cuisine, dis-je en me levant pour les laisser seuls un instant. 

Lorsque j’arrivais à la porte des cuisines, je restai dans l’encadrement de la porte en silence. Theodore et Pansy étaient dos à moi. Theo avait dans sa main droite une spatule avec laquelle il remuait quoi que ce soit qu’il y avait dans la poêle face à lui, et son bras gauche était encerclé autour de la taille de Pansy, qui se tenait contre lui, son visage enfoui dans sa nuque. Elle lui chuchotait des paroles que je n’entendais pas, et il caressait son dos de sa main gauche. Il remua encore ce qu’il avait dans sa poêle, puis il tourna le visage vers Pansy, et déposa un long baiser sur le haut de son crâne. Je sentis les larmes monter à mes yeux et de la chaleur se propager dans mon corps. Le bonheur était juste-là. De l’autre côté de toute cette noirceur. Il n’était qu’à un pas de nous. Qu’à un pas d’eux. De l’autre côté de cette vie dans laquelle ils s’étaient enfermés avec moi. Ils avaient là tout ce dont ils avaient besoin. L’autre. Finalement, après tout ce temps. Tout ce dont ils avaient besoin pour être heureux était juste là. Juste entre leurs doigts. Mais c’était cela, la vie que nous menions. C’était cela, que j’avais à leur offrir. Des cadavres, de la mort, et de la douleur. Pansy se retourna soudainement et me regarda : 

-       Ah, Drago, viens m’aider à mettre la table, dit-elle à mon intention. 

Je forçais un sourire en sa direction et inspirait lentement pour faire disparaître la boule qui s’était formée dans mon poitrail. Au moins ils étaient tous vivants. Ils étaient tous là. Et nous nous avions, les uns les autres. 

Nous avions mangé tous ensemble le déjeuner que Theo nous avait préparé. Nous avions fait comme si tout allait bien, et comme s’il ne se passait rien de grave. Pour Blaise, et pour sa mère. Nous nous étions forcés à manger, nous qui venions de faire disparaître le pire cadavre que nous n’avions jamais vu. Alexa avait mené la conversation en ne parlant que de sujets qui étaient déconnectés de la réalité, et nous avions suivi avec elle. Après tout, il me semblait que notre réalité était au moins aussi délirante que la sienne. Alors nous avions ri avec elle, du monde dans lequel elle croyait actuellement vivre. Nous l’avions accompagnée, là où elle nous emmenait, comme si nous étions une famille des plus normales. J’avais noté le regard que Blaise avait posé sur nous trois, alors que nous étions en train de rire de vive voix avec sa mère. Il nous avait regardés à tour de rôle, Theo, Pansy, et moi, et ses yeux s’étaient remplis de larmes alors qu’il nous souriait en silence. Je savais ce qu’il ressentait. Je le ressentais souvent. C’était là une gratitude qui ne connaissait aucune limite. Un amour qui ne connaissait aucune limite. Puis il avait tourné le visage vers sa mère, et il avait continué de manger en déblatérant blague sur blague, et il avait observé sa mère rire, encore et encore, aux bêtises qu’il racontait. Et il me semblait alors comprendre que c’était pour cela, qu’il racontait autant de bêtises depuis tant d’années. Parce qu’à chaque fois qu’il la faisait rire aux éclats, elle revenait un peu plus à elle. A la splendide Alexa que nous connaissions tous. 

Nous étions repartis du château des Zabini en milieu d’après-midi, après que Blaise ait couché sa mère. J’avais averti mes amis que je les rejoignais peu après eux, et j’avais fait un détour au manoir Malefoy. Cette journée avait activé quelque chose en moi qui faisait que j’avais besoin de voir ma mère. De voir comment elle allait. De voir comment elle se portait quand je n’étais pas là pour l’aider à dormir. La boule au ventre, je pénétrais l’intérieur du manoir. Il n’y avait aucun bruit. Aucune vie. Je montais les marches en marbre qui menaient à notre salle de réception, centre de ce manoir devenu sombre depuis que le Seigneur des Ténèbres avait décidé qu’il tiendrait ici ses réunions et multiples de ses massacres. Je m’arrêtais en haut des marches, et m’accoudait contre le mur en pierre sur ma gauche alors que les larmes montaient à mes yeux. Ma mère était dos à moi, assise sur le sol de la salle de réception, là où mon père avait trouvé la mort quelques mois plus tôt. Elle était toute de noir vêtu, et elle pleurait. Elle tenait en sa main une bouteille de vin qu’elle portait à sa bouche entre deux sanglots. Son autre main caressait le parquet sur lequel elle était. Sur lequel j’avais dû nettoyer le sang de mon père. Je me laissai glisser le long du mur alors que j’observai son dos trembler des sanglots qu’elle retenait autant qu’elle le pouvait. Nous étions détruits. Il nous avait détruits. Tous autant que nous étions. Il avait détruit ma famille. Une larme perla le long de ma joue alors que j’inspirai l’odeur de ma mère. De ma mère qui avait toujours été forte. Qui avait toujours été aimante et chaleureuse. Souriante et pleine de vie. Elle n’était plus. Il n’en restait rien. Rien que la peine et la douleur de ce qui avait été infligé à sa famille. Elle était seule. Seule dans ce grand manoir, avec sa peine pour seule compagnie lorsque ses murs n’étaient pas tâchés du sang qu’il y faisait couler. Et je ne pouvais rien faire pour la soulager. Rien. Je retenais ma respiration quand je sentis une main forte et pourtant délicate se poser sur mon épaule. Je fermais les yeux et inspirai profondément en laissant mon corps profiter de sa présence quelque peu réconfortante. Mon frère. Il ne dit rien. Et je ne dis rien non plus. Nous restions là un instant, dans l’ombre, à constater de la douleur de ma mère, puis je tournais finalement les yeux vers lui. Il me fit un signe de tête, et je le suivis hors du manoir. Nous montions nos Sombrals quand je lui demandai doucement : 

-       Comment tu as su que j’étais là ? 

Theo me regarda l’espace de quelques secondes avant de me répondre : 

-       Une intuition. 

Puis nous étions rentrés au château alors que la nuit tombait en cette fin d’après-midi de novembre. 


Nous avions rejoint Blaise et Pansy dans notre salle commune. Les cours de la journée étaient terminés, et nous devrions témoigner de nos absences le lendemain. Nos deux amis buvaient déjà un verre quand nous les avions rejoint à nos places respectives, et nous avions tous bu un verre dans une atmosphère pesante. Tout était pesant. Les traits de nos visages. L’air qui flottait autour de nous. Notre silence fatigué. Nous étions épuisés. Épuisés des vies que nous menions, et qui étaient trop, bien trop teintées de noirceur. J’avais l’impression que nous ne respirions plus. Que quelqu’un là-haut s’assurait de nous appuyer constamment sur la tête pour qu’elle reste sous l’eau, sans nous offrir de répit. Parfois, rarement, nous la sortions de l’eau l’espace de quelques minutes, pour reprendre notre souffle. Mais l’espace de quelques minutes seulement. Et c’était trop. Il était lisible sur nos visages à tous que nous n’avions plus assez d’air. Il n’y avait simplement plus assez d’air pour nous. Pour continuer de respirer. Soudain, Pansy se leva et parti en direction de son dortoir. Elle redescendit quelques minutes plus tard, son violon dans sa main gauche, et son archet dans sa main droite. Pansy ne jouait jamais de violon. Elle y était très douée, remarquable même, mais elle n’en jouait jamais. Ses parents l’avaient forcé à en jouer pendant des années, alors qu’elle détestait cela. Depuis, elle n’y touchait plus. Excepté pour de grandes occasions. Excepté quand elle voulait faire plaisir à quelqu’un de spécial à ses yeux. Pour Blaise. Pour nous. Elle s’assit en silence sur son fauteuil, à côté de Theodore et face à Blaise et moi, et elle porta son violon à son épaule. Elle prit une profonde inspiration, et elle leva son archet vers ses cordes. Dès les premières notes qu’elle joua, mon poitrail se serra, et les yeux de Blaise s’humidifièrent. Nos yeux se posèrent sur elle alors qu’elle jouait une valse triste. Lente. Profonde. Les vibrations de la magie de la musique qu’elle performait raisonnèrent dans nos corps. J’inspirai profondément, et une larme perla sur ma joue. Sa musique vibrait en nous alors qu’elle laissait son archet caresser tendrement les cordes de son instrument. Elle se balança légèrement de gauche à droite au rythme de sa symphonie, et ses sourcils se froncèrent sur son front alors qu’elle nous donnait là tout ce qu’il restait d’elle. C’était une façon de nous dire qu’elle nous aimait. Sa façon de nous aider à respirer, comme elle le pouvait. Je fermais les yeux un moment, et laissait sa musique vibrer en moi. Je pouvais la sentir traverser mon corps, mes oreilles, et mes cellules alors qu’elle s’intensifiait. La mélodie se fit doucement plus rythmée, et je la laissai entrer en moi et nettoyer tout ce qu’il y avait de sombre à l’intérieur. Tout ce qui était tâché. Elle nettoyait tout ce qui était troublé. Je la sentais déferler en moi de son air angélique. J’inspirai à nouveau profondément quand la musique raisonna plus fort dans mes oreilles, et je gardai les yeux fermés quand la mélodie s’adoucit à nouveau, et une nouvelle larme perla sur ma joue. J’ouvris la bouche et inspirai à pleins poumons. Puis les vibrations cessèrent, et Pansy posa doucement son archet. Lorsque j’ouvris les yeux, je constatai que nous avions tous laissé des larmes décorer nos visages fatigués. 

J’étais parti marcher un moment avant d’aller me coucher. Je ressentais le besoin de prendre l’air. De respirer. De permettre à mes poumons de se remplir d’un air frais. D’un air nouveau. J’avais marché à travers le château sensiblement désert en cette fin de soirée en direction de la cour de l’école. Et je l’avais croisée, évidemment, en passant devant la bibliothèque qui fermait ses portes. Elle portait des livres plus gros qu’elle à bout de bras. Elle s’arrêta devant moi, et m’observa avec inquiétude. Je tentais d’inspirer profondément, sans succès. Elle semblait m’avoir volé tout l’air environnant disponible. 

-       Vous n’étiez pas là, aujourd’hui, dit-elle tout doucement. 

De sa voix concernée. De sa voix inquiète. De celle qui disait « je sais qu’il se passe des choses graves, et je peux être là pour toi, si seulement tu me laisses l’être ». Je la regardai un instant. Ses longs cheveux bouclés étaient lâchés sauvagement sur ses épaules, et elle portait un pull rouge qui semblait au moins deux fois trop grand pour elle. Elle était douce. 

-       Finement observé Granger, cinq points pour Gryffondor, répliquai-je froidement, essayant de lui signifier que je n’étais pas disponible pour la conversation qu’elle essayait d’avoir avec moi. 

Elle ne sourit ni ne pouffa. Elle était inquiète. Elle voyait que quelque chose n’allait pas. Et autant que nous pouvions essayer de le cacher, nous étions arrivés à un point où ce n’était plus dissimulable. Parce que nous coulions. Nous coulions et personne ne nous rattrapait. Personne ne nous aidait à sortir la tête de l’eau. Plus aucun adulte ne veillait sur nous. Plus personne ne nous protégeait. C’était nous désormais, les adultes qui devions faire les sacrifices pour les gens qui nous entouraient. Pour ne pas qu’ils se fassent tuer. Parce que tels étaient les enjeux. 

-       Est-ce que tout le monde va bien ? demanda-t-elle alors à voix basse. 

-       On a juste séché quelques cours, rien d’incroyable, mentis-je alors sans qu’elle n’en croie un traître mot. 

Elle me regarda gravement encore un instant, puis elle me posa la question qu’elle n’aurait pas dû poser : 

-       Est-ce que tu vas bien ? 

De sa douce voix. De celle que j’avais trop entendue. De celle qui me rendait faible et vulnérable. De celle qui me poussait à aller vers elle, et à lui raconter mes secrets les plus sombres. De celle qui m’empêchait de dormir, quand la nuit était venue. 

-       Je croyais t’avoir dit d’arrêter de me demander ça, lui dis-je sèchement alors que ma mâchoire se crispait. 

J’étais épuisé. Je n’avais pas la force, ni mentale, ni physique, ni émotionnelle pour cela. Pas pour cela. Pas pour elle. Pas contre elle. 

-       Mais tu n’écoutes jamais rien, pas vrai ? lui crachai-je au visage alors que l’énervement grandissait en moi. 

-       Tu ne peux pas m’en vouloir d’avoir des yeux qui voient ce qui se tient juste-là, chuchota-t-elle tout doucement. 

-       Ah oui ? demandai-je alors que la rage montait à l’intérieur de mon corps tandis que je me rapprochais d’elle. Parce que tu vois tout mieux que tout le monde, n’est-ce pas ? Parce que tu n’en fais toujours qu’à ta tête, peu importe ce qu’on te demande, parce que tu es toujours persuadée de tout savoir mieux que tout le monde, pas vrai ? 

Elle recula en direction de la porte de la bibliothèque alors que je m’approchai lentement d’elle, la colère bouillonnant en moi. Parce qu’elle ne respectait jamais ce que je lui demandais. Parce qu’elle devait rester loin de moi, et qu’elle ne le faisait pas. Parce qu’elle devait me laisser tranquille, et qu’elle ne le faisait pas. Parce qu’elle devait arrêter de me demander comment j’allais, et qu’elle ne le faisait pas. 

-       Tu as décidé que je n’étais pas un Mangemort, repris-je avec colère, et maintenant tout le monde est censé le croire sans jamais te remettre en question. 

Je m’approchai encore d’elle, et elle pénétra à l’intérieur de la bibliothèque vide alors que j’écartais les portes battantes de mes deux bras. 

-       Tu as décidé que j’allais mal, et maintenant je suis censé te raconter tout ce qu’il se passe dans ma vie, lâchai-je sur un ton bas et vibrant de colère. 

Elle s’enfonça dans la bibliothèque, continuant de me faire face, demeurant silencieuse alors que je continuais de m’avancer vers elle. Et elle n’avait même pas peur de moi. Elle avait l’audace de ne même pas avoir peur de moi. 

-       Tu as décidé que je t’intriguais, et maintenant je dois faire face au supplice de te croiser à chaque putain de coin du château, être là pour toi quand tes amis de merde ne sont pas capables de s’occuper de toi, et parce que tu crois reconnaître en moi une part sombre de toi que tu n’arrives même pas à accepter je suis censé céder à tous tes caprices ? Peu importe à quel point je te demande de rester loin de moi, continuai-je alors que ma voix vibrait tandis que son dos rencontra une étagère de la bibliothèque, peu importe à quel point je te demande de me laisser tranquille, parce que tu as toujours quelque chose à dire, pas vrai ? 

Mon visage était désormais à quelques centimètres à peine du sien, et je sentais son souffle sur ma peau alors qu’elle maintenait le contact avec mes yeux sans difficulté aucune. 

-       Parce que tu trouves toujours quelque chose à dire, en l’insupportable putain de miss-je-sais-tout que tu es, continuai-je en chuchotant de ma voix grave. Parce qu’il faut toujours que tu dises quelque chose. 

J’observai son visage un instant alors que je sentais la rage bouillir dans mes veines. La rage, et le désir. Parce que c’était tout cela qu’elle éveillait en moi. Et plus encore. Parce qu’elle n’abandonnait pas. Jamais. Peu importait le nombre de fois où je lui demandais de le faire. Et cela m’énervait autant que cela me remplissait. Parce que je ne pouvais pas me défaire d’elle. Parce qu’elle ne me laissait pas faire. Parce qu’elle ne me laissait pas partir. Parce qu’elle posait sur moi des yeux qui voyaient à travers mon âme. Parce qu’elle me parlait avec une voix qui apaisait cette même âme meurtrie. Parce qu’elle pavanait devant moi un corps qui savait me recevoir comme personne ne m’avait jamais reçu. 

-       Qu’est-ce qu’il faut pour que tu te la fermes ? lui demandai-je d’une voix dangereusement basse.  Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour que tu te la fermes enfin ? 

Elle me regarda avec des yeux enivrés, et les miens parcoururent son corps trop habillé. D’un coup de baguette, je lui retirai la totalité de ses vêtements, et défaisait hâtivement ma braguette. Ses yeux brûlants de désir se noyèrent dans les miens. Je saisi ses fesses, et la portai sur le bord de l’étagère, et m’incérai en elle en un coup de rein vif. Elle laissa un faible gémissement s’échapper de ses lèvres, et je ne lâchais pas ses yeux. Je léchais mes propres lèvres alors que je sentais de la chaleur se répandre dans la totalité de mon propre corps d’être à nouveau en elle. Ses mains glacées se renfermèrent autour de mon cou, et elle garda ses yeux enfoncés dans les miens quand je ressortis d’elle avant de m’y insérer à nouveau plus violemment. 

-       Et maintenant, chuchotai-je de ma voix animale, tu dis quoi Granger ?  

Un gémissement aigu sorti de sa gorge et s’écrasa contre mes lèvres. Je refermai ma prise sur ses fesses alors que je ressortais d’elle pour la pénétrer encore plus violemment, et quelques livres tombèrent de l’étagère contre laquelle je la prenais dans un bruit sourd. Elle se permit de gémir plus fort à mesure que je sortais et entrais en elle, et nos yeux ne se quittèrent pas une seule seconde. Je ne voulais pas l’entendre. Je ne voulais pas l’entendre jouir. Je ne voulais plus l’entendre. Je ne voulais même pas sentir à quel point c’était bon. Je ne voulais pas de ça. Je ne voulais pas d’elle. Je la pénétrais plus fort, et elle gémit à mon visage. Je plaquais une main sur sa bouche alors que je continuais de la pénétrer de toute ma rage, et d’autres livres tombèrent autour de nous. 

-       Miss-je-sait-tout ferme sa gueule là, hein ? chuchotai-je à bout de souffle à son visage sans arrêter de la pénétrer ou de la regarder une seule seconde. 

Ses sourcils se froncèrent du plaisir qu’elle prenait. Je ne voulais plus la voir. Je ne voulais ni la voir, ni l’entendre, ni la sentir, ni la toucher. Je voulais qu’elle disparaisse. J’avais besoin qu’elle disparaisse. Avant qu’il ne soit trop tard. Parce que je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas ressentir ce que je ressentais pour elle alors qu’elle avait oublié. Et je ne pouvais pas ressentir ce que je ressentais pour elle alors qu’elle pouvait condamner toutes les personnes que j’aimais de quelques mots. Et je ne pouvais pas ressentir ce que je ressentais pour elle alors que je croulais déjà sous le poids de la responsabilité de la vie ou de la mort de toutes les personnes qui m’étaient chères. Je n’avais pas la place pour elle. Pas elle. Mais ses yeux étaient rivés sur moi. Elle ne pouvait plus faire le moindre son, mais ses yeux brûlants étaient fixés sur moi alors que je la pénétrais avec violence, s’enfonçant dans mon âme. 

-       Arrête de me regarder, chuchotai-je difficilement. 

Je la pénétrais plus fort, et plus rapidement. Mais elle n’arrêta pas de me regarder. Pas une seule seconde. Ses yeux me parlaient. Ils essayaient de s’immiscer à l’intérieur de mon esprit. J’affermissais ma prise sur sa bouche, et mon autre prise sur sa hanche alors que je faisais trembler l’étagère plus fortement. 

-       Arrête de me regarder, réitérai-je à bout de souffle, et à bout de nerf. 

Mais elle n’arrêta pas. Ses mains douces encadrèrent mon visage, et elle enfonça ses yeux plus profondément dans mon âme. Ma mâchoire se contracta fermement alors que je ne lâchais pas ses yeux. J’étais incapable de les lâcher. Et elle ne me laissait pas d’échappatoire. Je n’avais aucune échappatoire. De nouveaux livres tombèrent autour de nous dans un fracas infernal alors que je venais en elle, et ma main glissa de sa bouche. Ma tête s’enfonça dans sa nuque, et soudain tout en moi explosa. Des sanglots me secouèrent alors que mon visage était enfoui dans sa nuque, et ses bras m’encerclèrent contre son corps. Et la noirceur sortit de moi. Et le poids s’évacuait un peu de moi. Parce que c’était trop. Parce que c’était trop pour une seule personne. Parce que c’était trop lourd. Mes bras se renfermèrent autour de son corps, et je la serrai contre moi alors que mon visage demeurait enterré en elle. Je sentais la chaleur de son corps contre mon poitrail alors que je la serrai plus fort. Je sanglotais contre elle, et ses mains caressèrent mes cheveux doucement. Délicatement. Et elle ne dit rien. Et elle ne fit rien. Elle me laissa simplement la serrer contre moi, et déverser un peu de ma douleur contre elle. Et elle la recevait. Nous demeurions ainsi un moment, nos corps l’un contre l’autre, ma douleur trouvant refuge dans la chaleur de ses bras. Et elle me reçut. Parce qu’elle me recevait toujours. 


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