Dollhouse
Quelques jours étaient passés durant lesquels nous n’avions pas eu de nouvelles du Seigneur des Ténèbres. Nous espérions que l’information que nous lui avions fait parvenir l’avait satisfait, pour l’instant. Nous avions d’autres choses dont nous devions nous soucier, mais lorsque nous pouvions nous octroyer quelques jours de relative paix intérieure, nous les prenions sans conteste. Depuis la nuit où Pansy nous avait raconté ce que son oncle lui avait fait subir, cette nuit qui avait été la première fois où Theodore avait rencontré ses yeux, il faisait d’autant plus attention à elle et à son comportement, mais il recommençait à ne pas se confronter à son regard. Nous avions tous cru que les choses allaient changer, lorsqu’il avait brutalement assassiné son oncle, mais rien n’avait changé. C’était désormais comme si absolument tout était redevenu normal. Comme s’il ne s’était jamais rien passé. Dans les jours qui avaient suivi, Blaise, Pansy et moi avions reçu des invitations de la part de Slughorn pour assister à une soirée privée, avec quelques élèves triés sur le volet. Blaise et moi étions intellectuellement parmi les premiers de notre promotion, quant à Pansy elle était d’excellente famille, ce qui rendait nos invitations logiques. Theo, lui, n’avait pas été invité, mais il allait accompagner Pansy. Son père était un Mangemort, tout comme le mien, mais lui n’avait pas eu la chance d’avoir un développement normal comme moi, avec une famille aimante et soutenante qui permettait d’avoir la disponibilité d’esprit pour s’intéresser aux choses plus intellectuelles, alors il n’était pas particulièrement remarquable en classe. Il me semblait qu’il était cependant une personne remarquable sur bien d’autres points, mais cela n’intéressait guère Slughorn.
En préparation de cette soirée, Pansy nous avait forcés à l’accompagner dans une boutique de fringues de Pré-au-Lard, prétextant que nous avions également besoin de tenues de soirée. Nous avions tous trouvé cela stupide, nous disposions de multiples exemplaires de nos uniformes noirs, et nous avions également des costumes noirs pour assister aux soirées plus officielles. Nous avions même des chemises blanches pour les grandes occasions. Mais aucun d’entre nous ne pouvait refuser quoi que ce soit à Pansy Parkinson, alors nous l’avions suivi quand elle nous avait traîné dans sa boutique préférée de Pré-au-Lard. Ce n’était pas une boutique avec des habits colorés, c’était plutôt notre genre, et je me doutais que la femme aigrie qui tenait le magasin avait été parmi notre maison autrefois. Pansy flânait dans les rayons pendant que Nott, Zabini et moi la suivions à la trace, comme des chiens de garde. Cette femme pouvait faire ce qu’elle voulait de nous, et en cet instant je souriais à cette pensée. C’était ridicule. Elle attrapa deux robes qu’elle tendit à la vendeuse pour qu’elle les mette dans sa cabine d’essayage, puis elle inspecta les rayons pour homme.
- On n’en a pas besoin nous Pansy, râla alors Blaise tandis que Pansy faisait défiler des chemises sous ses yeux.
- Ne dis pas n’importe quoi, tu es censé séduire la fille Weasley, et toi Drago tu dois t’occuper de Granger, commenta-t-elle alors.
Blaise m’adressa un grand sourire et haussa les sourcils de provocation.
- On est tellement beaux naturellement, on n’a pas besoin de ces fringues, rétorqua-t-il en faisant l’idiot, montrant son visage sous tous les angles pour nous faire profiter de sa beauté indéniable.
Theo pouffa, et je souriais également. Blaise était une véritable bouffée d’air frais dans tout ce chaos. En cet instant précis, j’étais réellement reconnaissant qu’il soit dans ma vie. Il l’avait rendue plus belle sous bien des aspects. Pansy se retourna finalement vers nous et nous tendit à chacun une chemise satinée d’une couleur différente. Elle les plaqua sur nos torses jusqu’à ce que nous les prenions en main.
- Vous êtes tous les trois les plus beaux mecs de toute l’école, et j’en ai marre de vous voir dans les mêmes costumes noirs tous les jours. Alors vous allez me faire plaisir, et vous allez essayer ces chemises. Vous n’avez même pas besoin de changer de pantalon puisque vous portez tous le même pantalon de costume noir ! s’exclama-t-elle alors.
Blaise laissa son égo gonfler à ces mots et nous nous saisissions tous des chemises qu’elle nous tendait.
- Ok mais c’est qui le plus beau ? enchaîna alors Blaise.
Pansy lui adressa un regard excédé, bien qu’amusé. Blaise la regardait fixement, attendant une réponse.
- Tout le monde sait que c’est moi, répondis-je à la place de Pansy.
Notre amie fit semblant de s’étouffer, et je lui lançai un regard assassin. Ce fut Blaise qui reprit :
- Je veux dire, concrètement, on sait tous ici que c’est Theo le plus beau, lui il est hors compétition, même moi je voudrais m’le faire, mais ensuite c’est qui ? demanda-t-il à nouveau à Pansy dont les joues rougirent.
Theo fixait le sol et un sourire en coin se dessina sur ses lèvres. Effectivement, tout le monde ici savait qu’il était le plus beau. Tout le monde sauf lui.
- Allez essayer ces putains de chemises et peut-être que je vous répondrais, nous somma une Pansy gênée.
Nous rigolions tous, et Blaise continua de nous charrier quand nous nous dirigions tous vers les cabines d’essayage, suivant les ordres de celle qui nous avait traînés ici contre notre gré en premier lieu. Il n’y avait que trois cabines dans cette petite boutique, et les robes de Pansy étant déjà dans l’une d’elles, Blaise et moi empruntions les deux autres, laissant Theo attendre que nous en libérions une. Je me retrouvai à enfiler une chemise noire à la matière satinée qui ne me disait rien qui aille. Je sorti de ma cabine, mal à l’aise, et m’observai face à l’énorme miroir assez grand pour nous tous. Blaise me rejoignit avec la même chemise satinée de couleur vert foncé, de notre couleur à nous. Il se regardait devant le miroir en la réajustant, le sourire aux lèvres, remuant ses épaules et acquiesçant à son propre reflet. La matière faisait ressortir nos muscles qu’elle moulait tout en restant lâche, c’était net, mais alors que je m’observai ainsi à côté de Blaise, et que je constatai que Theo avait dans ses mains la même chemise satinée de couleur champagne, je soupirai à l’idée que nous aurions l’air d’un boys band.
- Pansy c’est quoi ce délire, commentai-je alors, tu veux qu’on ait l’air gays ?
Elle sorti quelques secondes plus tard portant une robe noire bien trop courte pour être appropriée. C’était une robe en tulle sans décolleté, mais moulante. Les yeux de Pansy cherchèrent à étudier la réaction de Theodore, qui ne rencontra pas ses yeux mais observa la robe. Il la trouvait belle, c’était indéniable, mais je commentai à sa place :
- Absolument aucun intérêt.
Elle m’adressa un regard noir, et s’avança vers le miroir. Elle peinait à marcher tellement la robe la moulait. Blaise rigola à gorge déployée devant la démarche de pingouin de Pansy, et même Theodore laissa un sourire illuminer son visage. Je remarquai cependant dans le miroir qu’il offrait le luxe à ses yeux de défiler lentement, très lentement, le long des jambes découvertes de Pansy. Il pinça très discrètement sa lèvre inférieure et la lueur qui passa dans ses yeux suggéra ce à quoi il pensait en cet instant. Je détournai les yeux alors que je pinçai les lèvres pour ne pas pouffer de rire. Pansy se tourna vers Blaise et moi :
- Eh ben, vous êtes magnifiques ! commenta-t-elle en notre direction.
Elle se tourna vers Theodore :
- Va mettre ta chemise, qu’on voit ce que ça donne quand vous êtes ensemble, ordonna-t-elle avec une voix plus douce que celle avec laquelle elle s’adressait à nous.
Theodore obéit et pénétra dans la cabine que j’avais utilisée. Blaise continuait de s’admirer sous toutes les coutures tandis que Pansy disparut dans sa propre cabine pour essayer la deuxième robe qu’elle avait sélectionné sous nos rires se foutant explicitement de sa démarche. Elle nous adressa un doigt d’honneur en refermant son rideau. Un instant plus tard, Theodore ressorti de ma cabine avec sa chemise satinée couleur champagne qui contrastait avec le bleu de ses yeux et le noir de ses cheveux. Il ne l’avait pas rentrée dans son pantalon comme Blaise et moi l’avions fait, et il l’avait boutonnée jusqu’en haut, cachant son torse. Il s’observa quelques courtes secondes puis détourna le regard rapidement. Pansy réapparu alors dans une robe également satinée, de couleur argentée. C’était une longue robe qui ne moulait pas son corps, mais qui état dotée de très fines bretelles qui offraient une vue imprenable sur son décolleté plongeant. Il y avait également une fente qui découvrait une de ses jambes jusqu’au haut de sa cuisse. Blaise siffla et les joues de Theodore rougirent de façon évidente. Cette vision arracha un sourire discret à Pansy. Elle était effectivement magnifique, avec sa peau pâle, son corps fin et ses cheveux noirs, dans cette robe argentée. Je commentai, plus vis-à-vis de la réaction de Theodore que par rapport à la robe elle-même :
- Cherche pas, c’est celle-là.
Elle s’avança vers le miroir pour se regarder un instant, et parut satisfaite de ce qu’elle y voyait. Elle se tourna ensuite vers Theodore qui fixa soudainement le sol lorsqu’elle s’approcha de lui.
- Comment tu as mis ça… souffla-t-elle doucement.
Elle saisit le bas de sa chemise qu’il avait laissé pendre sur son pantalon et le rentra dans celui-ci de ses mains délicates. Blaise et moi échangions un regard en pinçant nos lèvres respectives devant ce spectacle, mais aucun de nous deux ne prononça un traître mot. Les joues de Theodore prirent une nouvelle teinte de rouge alors que Pansy écartait le pantalon de sa peau pour y rentrer la chemise, un petit sourire pincé sur son visage. Elle fit ensuite ressortir un peu du tissu de la chemise pour qu’elle ne soit pas totalement plaquée sur son torse musclé mais de sorte à ce qu’elle retombe en un effet loose, puis elle releva le visage pour lui déboutonner le col de trois boutons, laissant le haut de son torse visible pour un œil intéressé. Elle saisit ensuite ses manches et les remonta un peu le long de ses avant-bras, mais pas assez haut pour que sa Marque soit visible. Celle de Pansy était à son habitude dissimulée par un sort de maquillage qu’elle avait désormais perfectionné lorsque ses bras étaient découverts. Elle regarda ensuite son visage, et se permit de passer une main dans les cheveux bouclés de Theodore qui retombaient toujours sur son front. Il avala difficilement sa salive sous ce contact, mais la laissa faire. Elle travailla ses cheveux un instant en les mettant en arrière, dégageant son front et son regard. Elle se recula ensuite un peu pour le regarder, et il ne lui rendit pas son regard.
- Magnifique, chuchota-t-elle alors, et les joues de Theodore devinrent écarlates.
Blaise se retint fortement de pouffer tandis que ses épaules bougeaient seules. Elle se retourna finalement vers nous et nous força à nous tenir tous les trois côte à côte. Je nous regardai dans le miroir, avec la même chemise satinée, noire pour moi (qui allait parfaitement avec ma peau pâle, mes yeux gris et mes cheveux blancs), verte pour Blaise (qui était parfaite sur sa peau noire) et champagne pour Theodore (y avait-il réellement besoin d’élaborer sur pourquoi elle lui allait parfaitement bien ?). Je devais reconnaître que nous avions un certain charme.
- Eh bien voilà, vous êtes absolument splendides ! commenta-t-elle alors devant son œuvre.
- Et pour les vestes ? demanda un Blaise enthousiaste.
- Mettez une veste noire lambda, elles ne sont pas importantes puisque vous allez les enlever au bout de maximum une heure pour laisser tout le monde voir vos délicieux torses dans ces incroyables chemises, décida-t-elle alors.
- Si Ginny Weasley ne me saute pas dessus, je le ferais moi-même, commenta alors Blaise.
Nous avions donc obéi, et nous avions acheté les chemises que Pansy avait choisi pour nous. Le soir venu, nous nous étions vêtus comme elle l’avait exigé, et nous l’avions attendue comme les gentlemen que nous étions, tous trois vêtus de nos chemises et de nos vestes. Theodore avait coiffé ses cheveux en arrière, comme Pansy l’avait fait sur lui plus tôt dans le magasin. Blaise et moi l’avions charrié à ce sujet, et le regard qu’il nous avait jeté nous avait contraints à fermer nos gueules. Nous avions pris un verre dans notre salle commune en attendant que notre gente dame nous rejoigne, et lorsque nous avions entendu ses talons retentir dans les escaliers allant de son dortoir à notre salle commune, nous nous étions tous trois levés, et mis côte à côte pour l’accueillir. Elle était splendide dans cette robe argentée, avec ses cheveux noirs parfaitement lissés, et son maquillage noir qui appuyait et soulignait le vert incroyable de ses yeux. Les yeux de Theodore parcoururent son corps dont on pouvait sans conteste deviner les courbes dans les mouvements fluide de la robe lorsqu’elle descendait les marches, et il observa un instant les muscles de sa cuisse dévêtue alors qu’elle nous rejoignait.
- Et voilà la plus belle femme de tout Poudlard, commenta Blaise en la sifflant.
Pansy rougit et laissa un large sourire illuminer son visage. Je ne pu m’empêcher de sourire. Mes amis, ma famille, étaient sans pareille. Je sentis une vague d’amour traverser mon corps, et je la laissai faire, en profitant. Ces instants étaient devenus bien trop rares. Je n’avais plus assez l’habitude de voir leurs visages illuminés de joie, trop habitué à les voir souffrir de ce qu’ils s’obligeaient à faire pour moi, et pour ma famille. Je ne savais pas ce que j’avais bien pu faire pour les mériter, pour mériter leur amour et leur soutien inconditionnel. Je ne pu retenir les larmes qui naissaient dans mes yeux lorsque je complimentai Pansy avec toute mon âme :
- Tu es sublime.
Elle nous remercia avec un regard chaleureux et nous complimenta à son tour. Elle avait raison, nous étions vraiment beaux, et c’était de son fait. Finalement, Theodore lui tendit un bras qu’elle prit, et il déposa un baiser sur le dos de sa main. Nous n’entendions pas ce qu’il lui chuchota ensuite, mais les joues de Pansy prirent une teinte de rouge qui n’était pas due au blush qu’elle y avait appliqué. Puis ensemble, nous nous dirigions vers la soirée de Slughorn.
Je remarquai Granger immédiatement. Il me semblait qu’il était impossible de la rater, malgré le fait qu’elle était pratiquement méconnaissable. Elle portait une longe robe rouge en tulle bustier, qui serrait sa poitrine plus qu’il ne le fallait, puis qui descendait en cascade le long de ses jambes qu’elle avait allongées d’une paire de talons. Elle avait tiré ses cheveux en un chignon particulièrement chic, en ne laissant pas une seule mèche s’échapper de celui-ci. Elle avait décoré ses lèvres de rouge et son teint semblait plus illuminé que d’ordinaire. C’était ce que je disais : méconnaissable. Elle n’avait plus rien de la lionne aux cheveux désordonnés et au nez constamment dans ses bouquins qu’elle était vraiment. Elle avait l’air d’une dame de la haute, et je devais le reconnaître, elle avait l’air d’une sacrée dame de la haute. Je songeai qu’il ne serait pas difficile pour moi de feindre de l’intérêt pour elle ce soir. Elle était entourée de son clan habituel, le garçon Weasley manquant à l’appel. Evidemment, il n’avait pas été invité. Potter était à ses côtés, portant un costume simple, et il avait toujours autant l’air de rien. La fille Weasley, quant à elle, portait une robe verte moulante qui affichait ses intentions envers Blaise à sa place. Je ne pus m’empêcher de remarquer le regard noir que Potter me lança, et je lui adressai mon plus charmant sourire. J’attendis qu’il parte leur chercher des verres pour aller saluer Granger, ne perdant pas de vue qu’elle faisait parti de mes missions. Blaise fit de même avec la fille Weasley, laissant Pansy et Theo entre eux. J’approchai d’elle par derrière, deux verres de champagne en main. Je me plaçai à quelques centimètres à peine d’elle et chuchotai à son oreille alors qu’elle sursauta à mes premiers mots :
- Je n’ai pu m’empêcher de remarquer à quel point ta magnifique robe rouge va parfaitement de paire avec mon costume noir.
Elle se retourna vivement vers moi pour me faire face et je lui tendis un verre en souriant.
- Malefoy, me salua-t-elle en prenant le verre à contre-cœur.
Elle aussi, elle avait une mission qu’elle ne pouvait pas oublier, même si son cher Potter était déjà parti lui chercher un verre dont elle n’avait désormais plus besoin. Je trinquai avec elle et bu une gorgée de champagne en enfonçant mes yeux gris dans les siens.
- Tu as presque bonne mine, avec un peu moins de cernes violettes maquillant tes yeux, commenta-t-elle alors.
Je lui adressai un grand sourire.
- Serait-ce un compliment ? lui demandai-je alors.
- Dire que tu as presque bonne mine ne mentionne aucunement une hypothétique beauté, rétorqua-t-elle alors avant de prendre une gorgée de son verre.
Je la regardai sans rien dire un instant, mon sourire ancré sur mon visage. Je n’avais pas besoin de l’entendre dire que j’étais beau garçon pour le savoir. Je choisissais alors de répondre avec une voix suave :
- Tu es ravissante aussi Granger.
Elle avala distinctement sa salive et haussa les sourcils. Depuis le temps, elle avait dû comprendre quelle était sa porte d’entrée pour accomplir sa mission, et si elle ne l’avait pas vue, ses amis avaient dû la découvrir pour elle. J’attendais impatiemment le moment où elle tenterait de me séduire explicitement, mais je ne doutais pas une seule seconde que c’était une tâche presque impossible à accomplir pour elle. Il me semblait que c’était ce qu’il y avait de plus jouissif dans toute cette situation.
- Je ne m’attendais pas à te rencontrer ici ce soir, mentit-elle alors.
- Oh oui, répliquai-je avec ironie, ce n’est pas comme si j’étais ta seule et unique compétition en cours, et ce depuis la première année.
- Il me semble que l’on ne peut considérer être en compétition avec quelqu’un que lorsque cette personne remporte quelques manches de la partie, et, à moins que je ne m’abuse, je ne crois pas que cela ait déjà été le cas, enchaîna-t-elle avec son air hautain. Je dirais plutôt que tu es très attaché à la deuxième place.
Je pouffai, mais je devais avouer que j’étais piqué. En réalité, j’essayai de la dépasser depuis la première année, sans succès. Et je détestais cela au moins autant que j’aimais la compétition qu’elle représentait.
- Certains d’entre nous préfèrent les travaux pratiques à la théorie, provoquai-je alors avant de goûter à nouveau le champagne.
Elle soupira de façon audible.
- Toutes ces allusions sexuelles que tu me fais depuis le début de l’année me questionnent sur un point, je dois le reconnaître : est-ce que là aussi, tu ne fais que te vanter avec arrogance mais sans preuve fondée, où est ce que tu comptes passer à l’action un jour prochain ?
Je m’étouffais avec le champagne et recrachai ma gorgée dans mon verre. Je levai vers elle des yeux ébahis. Avait-elle réellement dit cela ? Je décidai de m’immiscer dans son esprit, rien qu’une petite seconde, afin de découvrir ce qu’il venait de se passer. J’y voyais une scène avec Potter et Weasley, dans leur salle commune, qui la sommaient de se dépêcher de rentrer dans mon jeu, et de remplir son rôle pour récolter les informations dont ils avaient – apparemment – crucialement besoin. J’avais alors pris trop de temps pour répondre, et elle enchaîna avec un air las :
- C’est bien ce que je pensais, rien que des paroles en l’air, comme d’habitude.
Je ne pus m’empêcher d’afficher un visage choqué, avec mes yeux grands ouverts et mes lèvres pincées pour ne pas ouvrir grand la bouche devant ce revirement de situation. Granger était définitivement rentrée en jeu. Il fallait que je me reprenne. Je léchais mes lèvres et affichai un regard séducteur qui la déstabilisa, bien qu’elle s’appliquât à le cacher.
- Je dois reconnaître avoir un goût prononcé pour les préliminaires, mais si tu tiens tant à passer rapidement au plat de résistance, alors il va falloir que je m’applique à te satisfaire, chuchotai-je en m’approchant si près d’elle que je pouvais sentir son souffle sur ma peau.
Je laissai mes yeux observer les mouvements prononcés de sa respiration grossissant sa poitrine soulignée par sa robe bustier. A nouveau, je léchai mes lèvres et relevai les yeux vers elle. Sa respiration se coupa. Avait-elle peur du jeu dans lequel elle venait de rentrer, réalisant soudainement qu’elle ne pouvait plus faire demi-tour, où était-ce du désir naissant que je décelais dans sa gêne ?
- N’es-tu pas surpris de ce changement soudain de dynamique relationnelle entre nous ? demanda-t-elle alors difficilement, cherchant une porte de sortie à la merde dans laquelle elle s’était mise en sautant à pieds joints dans mon piège.
Et je ne lui en donnerai aucune. Je sentis l’excitation du jeu me gagner. J’adorais sentir à quel point elle était gênée, à quel point elle me résistait, et en même temps je pouvais voir naître en elle la curiosité d’en savoir plus. Ces choses-là étaient des choses que l’on ne pouvait simuler, surtout pas elle, elle qui était novice dans ce domaine. Le fait que Potter ne revienne pas vers elle me confirma qu’il la laissait bel et bien essayer de remplir sa mission. Je lui adressai un sourire charmeur :
- Nous ne sommes plus des enfants qui ne peuvent avoir recours qu’à la haine pour satisfaire leurs pulsions Granger, répliquai-je alors.
Elle avala difficilement sa salive. Elle était coincée. Soit elle se reculai et abandonnai maintenant, soit c’était trop tard pour elle.
- Est-ce ce que c’était, tout ce temps ? Des pulsions ? me questionna-t-elle, de plus en plus mal à l’aise.
- Qu’est-ce que ça pouvait être d’autre ? lui renvoyai-je avec une voix suave transpirant de désir.
- Simplement de la haine ? demanda-t-elle alors.
J’approchai mon visage du sien et chuchotai à son oreille, collant mes lèvres à sa joue. J’observai sa poitrine se soulever plus distinctement par ce geste et souriais malgré moi.
- Tu n’as qu’à venir avec ta copine dans notre salle commune demain soir, j’organiserai une petite soirée pour toi, commençai-je doucement. Et je te montrerai à quel point je te hais, ajoutai-je alors avec une voix plus profonde.
Je me reculai lentement et l’observai, face à moi, les joues écarlates et la poitrine arrondie de l’effet que mes mots et mon contact lui avaient faits. Oh c’était là un jeu que je ne m’attendais pas à apprécier à ce point. J’aurais pu la coincer d’autant plus et la sommer de rentrer avec moi après cette soirée, mais je décidai de lui offrir une dernière porte de sortie. Elle pouvait choisir de ne pas venir demain, ou de trouver une excuse quelconque pour s’offrir du temps. Je ne comptais pas la forcer à faire quoi que ce soit dont elle n’avait pas réellement envie, et à en juger par ce que j’avais sous les yeux, il ne me faudrait pas la tenter bien plus longtemps que cela pour qu’elle en ait réellement envie. Je constatai que la compétition l’excitait autant que moi. Je m’éloignai d’elle en retirant ma veste de costume comme nous l’avait ordonné Pansy, et la laissai admirer le satin de ma chemise souligner les muscles de mon dos.
Je passai le reste de ma soirée en compagnie de mes amis. Je n’étais prêt à sacrifier ces rares moments en leur compagnie pour rien au monde, et je considérai avoir assez jouer avec ma proie pour ce soir. Lorsque je leur avais raconté mon entrevue avec Granger, ils s’étaient tous étouffé comme je l’avais fait, et Blaise avait été ravi de pouvoir inviter la fille Weasley dans notre salle commune le soir suivant. Elle était encore plus douée à ce jeu que ma lionne ne l’était, et ils avançaient bien plus vite, même si nous étions tous étonnés de la vitesse avec laquelle Granger était rentrée dans mon jeu. Ils devaient être désespérés de savoir si oui ou non j’étais bel et bien un Mangemort. Je devrais m’assurer que Pansy fasse sur moi un de ses sorts de maquillage de la Marque si les choses devenaient plus sérieuses avec la Gryffondor. Cette idée qui devenait de plus en plus concrète éveilla des sensations contradictoires en moi. Je n’avais jusqu’alors jamais imaginé Granger dans de telles conditions, et cela faisait parti d’une mission. J’avais fait bien des choses ignobles pour le Seigneur des Ténèbres, mais je ne m’étais jamais prostitué pour lui. Si je me doutais par la réaction de mon corps aux contacts que j’avais avec Granger que je pourrais effectuer ma tâche, je ne pouvais m’empêcher de me demander si ce serait également son cas. Il me semblait que je serais tout bonnement incapable de la toucher si je n’étais pas persuadé qu’au moins une partie d’elle le désirait.
Vers une heure du matin, mes amis et moi décidions de rentrer nous coucher. Blaise et moi devions être assez en forme pour la soirée intrigante qui nous attendait le lendemain. Nous marchions dans les couloirs quand la voix trop familière de Potter nous interpella :
- Malefoy ! appela-t-il avec haine.
Blaise, Theo, Pansy et moi nous retournèrent simultanément. Je n’avais pas besoin de pénétrer dans son esprit pour deviner que Granger lui avait raconté comment les choses évoluaient entre nous, et qu’il paniquait de ce qu’il risquait de se passer si elle allait au bout de ce qu’ils avaient eu le culot de lui demander. Il cherchait à accomplir la mission lui-même, et visiblement les quelques verres de champagne qu’il avait consommés lui avaient embué le cerveau pour tenter une approche aussi désespérée, ainsi qu’idiote. J’étais en compagnie de mon clan. C’était le pire moment possible pour essayer de s’en prendre à moi. Il était lui-même accompagné de la fille Weasley et de Granger, cette dernière affichant un visage trahissant l’appréhension qu’elle ressentait face à la bêtise qu’elle savait que son ami faisait. Il s’approcha rapidement de nous, Granger et Weasley sur ses pas. Son visage exprimait la haine qu’il ressentait pour moi.
- Potter, rétorquai-je alors, que nous vaut ce plaisir ?
Il se rapprocha encore plus rapidement et il lâcha ses motivations :
- Tu nous éviterais bien des peines si tu relevais simplement ta manche gauche, et que tu me donnais raison depuis tout ce temps.
Il arriva rapidement à notre niveau et ce fut Theo qui s’avança et qui l’arrêta d’une main ferme contre son torse.
- Je m’arrêterais là si j’étais toi Potter, tenta alors Theo sèchement.
- Eh bien aller, continua Potter en essayant de se défaire de la main de Theo, en vain. Si tu n’as rien à cacher, montre-nous !
Je pouffai en sa direction et levai un sourcil de dépit.
- Tu es pathétique Potter, crachai-je en me retournant pour m’en aller.
Theodore le fit reculer violemment en le poussant d’un mince effort, et nous suivit pour s’en aller.
- Alors c’est ça, tu es juste aussi lâche que ton Mangemort de père ?! s’emporta Potter.
Je me retournai vers lui avec un visage bien moins amusé mais ce fut Pansy qui parla la première, tandis que Granger de son côté retenait son ami physiquement.
- Tu ferais mieux de ne pas parler de ce que tu ne connais pas Potter, cracha-t-elle avec haine, et avec un ton qui signifiait qu’elle était prête à tout pour me défendre.
Elle s’approchait de lui et ce fut Theodore qui s’approcha d’elle et qui la saisit du bras pour l’empêcher d’aller frapper Potter. Un regard en sa direction m’apprit que les larmes étaient montées à ses yeux. Toute cette histoire de Mangemorts était un sujet réellement sensible pour elle.
- Il n’en vaut pas la peine, lui murmura Theo.
- Lui au moins il m’a combattu ! continua le soi-disant élu.
Blaise s’approcha de lui en levant les bras :
- Eh bah vas-y Potter, viens ! s’emporta Zabini. Si t’es si sûr de toi, vas-y, viens te battre !
Granger continuait de retenir son ami physiquement, désormais aidée de la fille Weasley. Elle regardait tour à tour chacun de mes amis, et leurs comportements, puis ses yeux rencontrèrent les miens. Elle ne me semblait pas en colère, elle avait l’air décontenancée. Surprise. Et elle m’implorait du regard de ne pas rentrer dans le jeu de son meilleur ami. Je serrai les dents et me concentrai sur ses yeux dorés. Nous battre avec Potter ce soir ne nous avancerai à rien, ni nous, ni eux. Cela mettrait au contraire en péril nos missions qui avançaient jusqu’alors si bien. La lionne lui chuchotait des mots qui avaient pour vocation de le calmer, sans grand effets.
- Tu devrais écouter ton amie, lui adressai-je avec une voix aussi profonde que sèche.
Je demandai à Blaise de laisser tomber et de me suivre, mais il avait lui aussi consommé du champagne, et il n’était visiblement pas d’humeur à laisser passer les insultes de Potter. Theo, lui, attirait Pansy en arrière et suivait mes pas pour s’éloigner d’eux.
- Je vais montrer à tout le monde le monstre que tu es Malefoy, et toi et toute ton horrible famille vous allez pourrir dans une cellule à Azkaban pour le reste de vos jours ! hurla-t-il alors que nous partions.
Il se dégagea de l’emprise physique qu’exerçaient Granger et Weasley sur lui et se rua vers nous, mais Blaise lui décrocha son poing en plein visage et Potter s’écroula au sol sous la force de son coup. Theodore sauta à son tour sur Blaise pour l’empêcher de rouer Potter de coups et l’obligea à reculer. Le nez de Potter saignait, et il resta sur le sol un moment, sonné.
- Viens, lui hurla Blaise tandis que Theo le faisait reculer par la force, vas-y viens Potter, je t’attends !
Je plongeai les yeux dans ceux horrifiés de Granger. Elle me regardait, elle aussi. Je décelai quelque chose dans son regard, sans vraiment saisir quoi, aussi pris-je le risque de pénétrer son esprit.
Il avait réellement des amis. Parkinson, qui avait les larmes aux yeux et qui l’avait défendu immédiatement quand Harry l’avait accusé d’être un Mangemort. Nott, qui avait arrêté Harry dans sa course et qui essayait de tempérer les choses pour qu’elles ne dégénèrent pas. Et Zabini, qui était prêt à se battre pour défendre son honneur. Il avait de vrais amis, avec lesquels il avait de vrais liens, cela me paraissait tout simplement évident désormais. Et je ne pouvais m’empêcher de me demander, en observant cela, en constatant de ses cernes importantes et de son état physique général qui ne pouvaient qu’être le signe de quelqu’un qui n’allait pas bien, et d’une bande d’amis visiblement prêts à tout pour lui, je ne pouvais que me demander si vraiment, si réellement, il était le monstre que nous avions cru qu’il était jusqu’alors. Je ne pouvais que me demander si tout était aussi noir, et aussi simple que ce que nous avions cru tout ce temps, ou si finalement, les choses étaient plus nuancées que cela.
Je lui adressai un dernier regard grave, puis sommai Blaise sèchement :
- Ça suffit Blaise. On y va.
Et mon clan suivit derrière moi.
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Liv