Promesse de sang

Chapitre 85

1157 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 28/12/2022 20:23

À la minute où il avait transplané pour le Wiltshire, là où se terrait Voldemort, Severus avait su que sa mort arriverait très vite. Il s'était approché du Manoir Malefoy lentement, le flacon dans sa poche semblant soudain peser des tonnes.

Heureusement, son visage ne reflétait ni le trouble ni les doutes qui l'envahissaient. Il semblait exactement comme à son habitude calme et détaché. Maître de lui-même.

Il passa le portail tranquillement et il ne fut pas surpris quand la porte d'entrée s'ouvrit largement à son approche, un petit elfe terrorisé se tenant derrière. Probablement une attention de Voldemort en personne, qui s'assurait de rappeler à ses Mangemorts qu'il avait les yeux partout.

Il ignora la créature, comme il le faisait toujours. Mieux valait ne pas faire confiance aux elfes attachés à Voldemort… ainsi qu'à ceux exploités par Lucius. Alors qu'il marquait une pause pour laisser à ses yeux le temps de s'adapter à l'obscurité ambiante — il semblait que le nouveau locataire de ses lieux n'aimait pas la lumière puisque tous les rideaux étaient soigneusement tirés, plongeant la bâtisse dans des ténèbres angoissantes — il croisa brièvement le regard de Narcissa.

Severus ne montra aucune réaction, mais il fut surpris de voir l'apparence de la si fière Narcissa Malefoy, née Black. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Un fantôme de la femme fière qu'elle avait été, ne cachant même pas son désespoir.

Après l'avoir vu arriver, elle détourna les yeux et se glissa silencieusement dans les couloirs déserts de sa maison pour disparaître. Severus hésita un bref instant, se demandant s'il pouvait la rattraper pour échanger quelques mots avec elle. Mais il décida que ce serait trop risqué et il soupira, priant pour que cette guerre se termine au plus vite.

Le maître des potions ne put retenir une expression de dégoût en voyant Lucius aux pieds de Voldemort, en bon valet servile. Heureusement, la plupart des Mangemorts regardaient Lucius de haut, amusés de sa déchéance après des années à avoir supporté ses airs hautains. Ainsi, il ne pouvait pas se trahir sur la véritable raison de son écœurement face à cet homme assez vil pour vendre son propre fils au pire monstre du monde magique.

Severus s'inclina avec raideur devant le mage noir, reprenant un visage inexpressif. Par chance, il n'eut pas à chercher une façon d'amener le sujet qui l'intéressait dans la conversation. Voldemort lui-même lui offrit une occasion en or.

– Severus. Mon fidèle Mangemort… mon si doué potionniste… As-tu travaillé pour moi ?

Les lèvres de Severus s'étirèrent en un sourire fier, dénué de sentiments et il hocha la tête, sans lever les yeux vers Voldemort.

— Oui maître. J'ai trouvé un philtre qui devrait vous permettre de retrouver votre apparence naturelle tout en fortifiant votre corps.

Il y eut un long silence, mais Severus ne bougea pas, résistant à l'envie de lever la tête pour observer les réactions autour de lui. Finalement, la voix du seigneur des ténèbres se fit entendre, légèrement sifflante, trompeusement douce.

— Et bien, et bien… Quelle surprise ! Je savais que tu étais prometteur, mais je n'imaginais pas que tu serais si… prompt à me satisfaire…

Severus inclina un peu plus la tête, mais il ne put empêcher ses épaules de se redresser légèrement.

— Je ne pouvais pas résister à un défi tel que celui-ci, maître.

Il y eut un nouveau silence. Puis, Voldemort laissa échapper un rire cruel, avant de siffler d'un air ravi.

— Si avide de me satisfaire… Comment fonctionne cette potion ?

Severus ne montra pas la moindre hésitation en tirant la fiole de sa poche. Il montra le flacon, admirant le liquide légèrement irisé, d'un joli bleu clair. Puis, il murmura.

— Votre apparence devrait changer lentement, jour après jour. J'ai prévu une seconde dose au cas où la première ne soit pas suffisante…

Le maître des potions leva enfin la tête et découvrit le regard rubis de Voldemort posé sur lui. Le mage noir le fixait, pensivement.

Après un long moment pendant lequel le cœur de Severus battit anarchiquement, Voldemort tendit enfin la main, pour saisir le flacon.

Il le tourna entre ses doigts, le leva pour l'observer, puis le déboucha.

Aussitôt, Severus baissa la tête, craignant que son regard soit trop impatient de le voir boire la potion qui devait assurer sa déchéance. Il croisa le regard de Lucius, qui le fixait, sans un mot. Quelque chose dut se lire dans son expression puisque le Mangemort déchu écarquilla les yeux et hésita brièvement. Puis, il se redressa, interrompant Voldemort.

— Maître ! Vous ne devriez pas…

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'il était fauché par un doloris. Severus sursauta presque et écarquilla les yeux, ne pouvant s'empêcher de lever les yeux.

Voldemort but la potion sans la moindre hésitation et approcha de Lucius pour lui donner un coup de pied rageur dans les côtes.

— Je ne devrais pas, Lucius ? Il me semble que tu oublies où est ta place ! Tous mes Mangemorts ne sont pas aussi incapables que toi !

Severus ne put s'empêcher de jeter un regard triomphant à Lucius, satisfait de sa disgrâce. Cet idiot l'avait toujours pris de haut et traité comme si sa présence était une gêne. C'était désormais son tour de le regarder avec condescendance.

Voldemort lui fit un petit signe de main, l'air impatient.

— Retourne à Poudlard, Severus. Ne traîne pas. Et essaie de savoir ce que prépare ce vieux fou de Dumbledore. Ça fait un certain temps que je n'entends plus parler de lui, je suppose qu'il prépare un de ses petits plans…

Severus s'inclina à demi et il recula, prêt à quitter les lieux. Un bref instant, il crut que ce serait aussi simple. Qu'il avait donné la potion à Voldemort et qu'il allait pouvoir quitter le manoir Malefoy sans peine, vivant et en pleine santé. Sans même un doloris.

Il nota le regard plein de haine de Lucius, mais il l'ignora, n'éprouvant pas la moindre pitié à son égard. Cependant, au moment où il quittait la pièce, Voldemort se mit à hurler et tomba à genoux, les mains plaquées sur sa tête.

Severus se figea, les yeux écarquillés. Il s'obligea à se calmer, alors que les autres Mangemorts arrivaient en courant. Ils semblaient tous si paniqués et effrayés que Severus dut retenir un ricanement, les comparant à un groupe de poulets à qui on aurait coupé la tête.

Il fit un pas en arrière, puis un second, sans que personne ne fasse attention à lui.

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