Promesse de sang

Chapitre 46

1251 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 19/11/2022 20:42

 

Harry était resté silencieux, observant juste Drago agir avec confiance. Le jeune homme avait eu le réflexe de le retenir près de lui, refusant de le perdre de vue et il s’était agrippé à lui, il s’était blotti dans ses bras avec un soupir de soulagement, avec l’impression d’être parfaitement à sa place.


Ils avaient quitté Poudlard et ils allaient bien tous les deux. Ils étaient hors de portée, à la fois de Voldemort, de Lucius Malefoy et de Dumbledore. En sécurité, enfin.


En cet instant, il était épuisé comme jamais il ne l’avait été. Penser à tout ce qui lui restait à accomplir l’écrasait littéralement, alors qu’il se demandait s’il parviendrait à faire ce que le monde magique attendait de lui. 

Blotti contre Drago, il fronça les sourcils, perdu dans ses pensées et sursauta lorsque Drago grogna.

— Bon sang, Potter ! Arrête de t’inquiéter. Dors ! 


Harry ferma les yeux et appuya son front sur la poitrine de Drago. Il souffla doucement d’une voix faible.

— Je ne suis pas sûr d’y arriver. 


 *


En entendant les mots de Harry, un frisson glacial dévala l’échine de Drago. 


Jusqu’à maintenant, il avait vu Harry Potter faire face à de nombreuses choses. Il avait toujours tout surmonté, il n’avait jamais perdu l’espoir ou le courage qui le caractérisait. Il y avait toujours eu cette flamme dans ses yeux verts, qui brûlait comme un feu ardent. 


Cependant, ces quelques mots, prononcés d’une voix vide, ne ressemblaient pas au Gryffondor qu’il connaissait. Harry Potter n’était jamais défaitiste. Ce fichu gryffondor pouvait voir la lumière au milieu des ténèbres, le bon au milieu du mal… il n’abandonnait jamais. 


Harry avait caché son visage contre lui, mais Drago avait eu le temps de voir ses yeux ternes, son regard résigné. Il semblait brisé et cette seule idée emplissait Drago de panique. 


Il ne savait pas quoi faire pour le rassurer — il n’était pas quelqu’un habitué à prendre soin des autres — aussi, il réagit de la seule façon qu’il connaissait. Par une ironie mordante qu’il regretta aussitôt.

— Bon sang, Potter ! Ça fait même pas une semaine que tu as juré de me protéger et tu baisses déjà les bras ?



Harry tressaillit comme s’il avait été frappé, mais il ne chercha pas à s’écarter de Drago. Il laissa passer un long moment, durant lequel Drago se reprocha encore et encore sa brusquerie, avant de murmurer.

— Tu es en sécurité, ici. Je ferais en sorte que personne ne puisse jamais te chasser de cette maison, ne t’en fais pas.


La réponse morne rendit Drago fou de rage. Cependant, il modéra son tempérament, parce que sous cette colère, il y avait de la terreur. Harry ne pouvait pas abandonner de cette façon, cesser de se battre. 


Depuis son arrivée à Poudlard, il avait souvent dit qu’il voulait voir Harry Potter à genoux, brisé. Il avait cru que ce serait amusant, qu’il s’en repaîtrait. Cependant, maintenant que Harry avait perdu toute sa combativité, tout ce qui faisait de lui un agaçant Gryffondor, il se rendait compte qu’il ne voulait pas ça. Il ne l’avait jamais voulu.

Il voulait se disputer avec lui, lui hurler dessus parce qu’il se mettait en danger. Il voulait voir ses yeux briller et il voulait l’entendre rire lorsqu’il s’inquiétait pour lui. Il voulait Harry en entier, fier et indestructible, avec ce feu ardent dans le regard qui le consumait sur place. 


Cette coquille vide qu’il lui montrait en cet instant lui lacérait le cœur et il cherchait n’importe quoi qui puisse tirer Harry de son apathie.


Après quelques instants, Drago soupira tristement sans cesser de passer la main dans le dos de Harry, réfléchissant au meilleur moyen de l’aider. Sa main remonta jusqu’à sa nuque, caressant la naissance de ses cheveux quelques instants avant de remonter encore pour lisser les cheveux en bataille longuement.

Harry émit un léger gémissement qui fit sourire Drago. Il avait déjà remarqué que le Gryffondor semblait adorer qu’on lui passe la main dans les cheveux, et il continua, amusé de le sentir se détendre et se laisser aller complètement.


Lorsqu’il tira un soupir ravi du jeune homme dans ses bras, il repoussa les mèches de cheveux en arrière et le força à lever la tête vers lui, pour capter son regard.

Harry cligna des yeux et se laissa faire sans protester. 


Drago se perdit un instant dans le regard vert, son pouce caressant la tempe de Harry en petits cercles concentriques. Finalement, il soupira.

— Tu sais, je ne suis pas quelqu’un de spécialement courageux. Je ne suis pas comme toi, prêt à me mettre en danger, et je n’ai pas vraiment vocation à me sacrifier pour les autres. Loin de là.


Harry fronça légèrement les sourcils en signe de confusion, mais il resta silencieux, écoutant Drago. Il resta immobile contre lui, la tête levée pour le regarder, pleinement attentif.

Drago eut un bref sourire et les lèvres de Harry frémirent pour s’étirer en un fantôme de réponse, une esquisse de sourire qui fit battre le cœur de Drago. La réaction de Harry, même infime, lui prouvait qu’il pouvait encore le ramener à lui. 


Le Serpentard reprit, avec un soupir.

— Cette marque sur mon bras… c’est probablement la preuve la plus flagrante de ma lâcheté. Je pensais protéger mes parents, bien sûr, mais c’était aussi tellement plus… confortable de suivre les ordres sans se rebeller… 


Harry ne sembla pas surpris ou choqué, alors Drago reprit.

— Quand… j’étais blessé, je t’entendais. Je t’entendais pleurer pour moi et me supplier de rester en vie. Moi… je voulais juste mourir. Je pensais que ce serait plus simple. Personne ne pourrait me reprocher ça, tu vois ? Mais tu me retenais, avec tes mots et tes promesses. On s’était toujours battus, toujours détestés et toi… tu m’offrais ta protection, sans condition. Tu faisais plus pour moi que n’importe qui d’autre. 


Drago ricana, sans méchanceté. Il fixait toujours Harry et voyait ses yeux verts briller un peu trop, alors qu’ils se remplissaient de larmes. Le cœur de Drago battait violemment dans sa poitrine, mais il s’obligeait à continuer, à ne pas craquer avant d’avoir terminé.

— C’était stupide, Harry. C’était stupide de faire ça pour moi, parce que pour tout le monde, j’étais sans espoir. Le Mangemort obéissant, celui qui a pris la marque avant sa majorité. Ton ennemi. Pourtant… tu l’as fait et je suis certain que tu n’avais pas la moindre idée cachée derrière ton geste. Tu n’as pas agi en espérant quelque chose en retour. C’est juste toi, qui voulait me sauver moi. Sans condition. De la même façon que je sais que tu pensais à chacune de tes promesses. Tu as juré de me protéger et… j’ai confiance en toi.




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