Promesse de sang

Chapitre 2

1202 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 06/10/2022 20:22

Luna Lovegood l’intercepta, avec son éternel air rêveur, et elle le prit dans ses bras, le serrant brièvement contre elle. Puis, elle le relâcha et s’éloigna toujours dans son monde, sans prononcer un seul mot.

Harry ferma un instant les yeux et il se fit violence pour retenir ses larmes. Luna avec son étrangeté avait toujours eu la capacité de le toucher en plein cœur et de l’apaiser.


Il soupira, avec l’impression qu’une partie de sa colère s’était évaporée, comme si Luna avait eu le pouvoir de l’absorber. Au moins, il n’avait plus envie d’arracher la gorge de ceux qu’il croisait à coup de dents…


Harry pensa vaguement qu’il devrait remercier Luna, pour sa présence, pour le comprendre aussi bien, tout en se disant que son amie ne comprendrait probablement pas pourquoi il lui était si reconnaissant.


Le jeune homme continua d’avancer, la colère laissant la place à la tristesse. Jusqu’à présent, il s’était protégé avec cette rage, la laissant former un bouclier solide autour de son cœur pour ne pas s’effondrer. Maintenant que le bouclier était fissuré, la souffrance le submergeait, ne lui laissant pas le moindre répit.


Il avait perdu Sirius. À chaque instant, cette pensée le frappait avec la force d’un cognard, le laissant presque groggy, presque désespéré. Tous ses rêves s’étaient brisés, il n’avait plus personne.

Plus jamais il n’entendrait le rire particulier de Sirius, ressemblant à un aboiement parce qu’il avait passé trop de temps sous son apparence animagus, plus jamais l’homme ne le prendrait dans ses bras en lui ébouriffant les cheveux. Ils ne voyageraient jamais ensemble comme ils en avaient un jour parlé, et Sirius ne pourrait plus lui parler de ses parents. Plus jamais Sirius ne le regarderait avec ses yeux gris brillant pour lui dire qu’il ressemblait à son père.


Harry leva la tête, l’esprit en déroute et il se figea soudain, en plein milieu du passage, les yeux perdus dans le regard de Sirius. Ses yeux gris, le gris des Black.

Sauf que ce n’était pas Sirius.

C’était le même regard gris, qui contenait une pointe de désespoir et de rage comme les yeux de Sirius. Mais c’était le regard de Drago Malefoy.


Harry haleta, sans pouvoir quitter des yeux son rival de toujours. Malefoy ne semblait pas au mieux de sa forme, loin de là. Il avait maigri, ses joues s’étaient creusées et il avait cette flamme de souffrance dans les yeux qu’il n’avait pas eue autrefois.


Machinalement, le Serpentard posa sa main sur son bras gauche, comme pour dissimuler quelque chose et Harry comprit immédiatement. Son cœur sombra alors qu’il devinait que le jeune homme avait été marqué. Désormais, il n’était plus seulement son rival, il devenait son ennemi.


Puis, la colère effaça tout ce qu’il avait lu dans les yeux de Malefoy — la souffrance, Sirius, la peur — devenant rapidement de la haine. Une haine brûlante entièrement dirigée vers lui qui fit reculer Harry, malgré lui, choqué de cette réaction presque épidermique.

Le Gryffondor battit en retraite, se perdant dans des pensées sombres, le cœur serré sans savoir pourquoi il prenait autant à cœur ce qui concernait Malefoy.




Mais Malefoy avait été marqué. Malefoy s’était agenouillé devant Voldemort et avait tendu son bras, Malefoy avait accepté de se soumettre.

D’ici peu, Malefoy deviendrait un meurtrier, pour un maître fou à lier et ils se retrouveraient probablement face à face sur le champ de bataille.

À l’idée de devoir tuer Malefoy ou de le voir expédié à Azkaban, Harry eut l’impression que son estomac se serrait et une vague de nausée le submergea. Il s’agrippa à la paroi du train, baissant un instant la tête pour dissimuler son malaise, puis il se glissa dans les toilettes, les dents serrées.


Dans le minuscule espace, il se fixa dans le miroir, et se passa un peu d’eau fraîche sur le visage. Puis, il crispa les mâchoires et sortit de sa poche sa cape d’invisibilité. Il allait espionner Malefoy pour le coincer et le renvoyer loin de Poudlard. Il ne voulait pas se trouver face à lui, il voulait… l’éloigner. Loin. Il voulait qu’il vive, même si c’était pour terminer enchaîné quelque part. C’était irrationnel, mais Harry était trop submergé pour penser clairement.


Il croisa son propre regard déterminé dans le miroir et se recouvrit de sa cape, devenant totalement invisible. Profitant d’un cahot du train, Harry ouvrit la porte des toilettes et se glissa à l’extérieur, se faufilant dans le compartiment des Serpentard en silence, évitant avec adresse les autres élèves qui passaient autour de lui.

Pour approcher au mieux Malefoy et ses amis, il grimpa avec adresse dans le filet où s’entassaient les bagages et rampa lentement, jusqu’à être au-dessus de lui, l’observant avec avidité, cherchant la moindre preuve de culpabilité, la moindre information à son sujet.



Cependant, Malefoy n’évoquait la guerre qu’à demi-mot et ne parlait pas de ses projets avec ses amis. Ils parlaient des cours, des professeurs, de la guerre avec les Gryffondor. Rien d’exceptionnel, rien de secret. Aucun complot, juste un groupe d’adolescents normaux… Ayant une conversation banale, bien plus que les sujets abordés par Harry et ses amis.


Parkinson gloussait et se collait à Malefoy, avec des airs de propriétaire même si ce dernier ne semblait pas la voir, Zabini plaisantait tandis que Nott était plongé dans un épais grimoire. De métamorphose visiblement.



C’était ennuyeux au possible et Harry se tourna maladroitement, heurtant un sac près de lui. Il se figea, horrifié à l’idée d’être découvert, mais personne ne broncha parmi les Serpentard. Visiblement, les cahots du train avaient couvert sa maladresse. Malefoy leva la tête, son regard le traversant, avant de reprendre sa conversation tranquille avec ses amis, un demi-sourire jouant sur ses lèvres.

Le jeune homme se força à rester immobile, comprenant qu’il n’apprendrait rien de plus de sa séance d’espionnage. Cependant, il ne pouvait plus s’éclipser sans se faire remarquer et il allait devoir passer le reste du voyage recroquevillé dans le porte-bagage au-dessus d’un groupe d’élèves de Serpentard, en priant pour qu’ils aient l’idée d’aller se dégourdir les jambes…



Malheureusement pour Harry, aucun des Serpentard ne bougea de sa place, et il dut endurer une conversation particulièrement insipide à ses yeux. Il somnola légèrement en tentant de rester aussi immobile que possible, jusqu’à l’arrivée en gare de Pré-au-Lard.


À l’arrêt du train, Parkinson et Zabini se levèrent rapidement, mais Malefoy resta tranquillement assis et fit signe à ses amis de ne pas l’attendre. Harry ramassé sur lui-même, prêt à bondir pour sortir enfin du train, retint un grognement agacé.





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