R.A.B

Chapitre 12

1686 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 07/07/2022 20:13

Régulus secoua la tête sans rien ajouter de plus et retourna s’asseoir sur le lit, toujours attentif. Il murmura, fixant le jeune homme tranquillement.

   — Et ensuite ?


Harry grimaça, et baissa la tête pour cacher son expression. Il se frotta nerveusement sa cicatrice avant de fourrager brusquement dans sa tignasse et de se redresser, ses yeux vert brillant d’une détermination sans failles.

   — Comme je te l’ai dit, il a disparu, mettant fin provisoirement à la guerre qui faisait rage dans le monde magique. Dumbledore m’a envoyé chez ma famille moldue, qui déteste la magie — et qui me déteste probablement encore plus au passage. J’étais résigné à être leur… esclave, leur souffre-douleur, jusqu’à ce que ma lettre pour Poudlard arrive. Mon oncle et ma tante ont essayé de m’empêcher de la voir, mais Dumbledore a envoyé Hagrid — tu dois le connaître — pour me la remettre et c’est ainsi que j’ai découvert que j’étais un sorcier, et que mes parents n’étaient pas des marginaux alcooliques, mais des… héros de guerre.


Régulus le dévisagea en silence, probablement surpris de son ton vide de toute colère alors qu’il parlait de son enfance misérable et des moldus qui avaient fait de sa vie un enfer.

Régulus haussa calmement les épaules et lui proposa calmement, avec une logique imparable.

   — Et bien. Tu es ici, maintenant. Tu as juste à… changer les choses ? Sauver tes parents ?



Une expression douloureuse d’envie passa sur le visage de Harry, mais il secoua la tête, les poings serrés au point de s’entailler la paume des mains. Il chuchota, avec peine, les larmes aux yeux.

   — Impossible. J’y ai pensé quand j’ai trouvé ce sort. Puis quand je l’ai lancé. À les sauver eux, connaître enfin la sensation d’avoir une vraie famille à moi… Savoir ce que ça fait d’être… aimé pour de vrai, pas juste dans les souvenirs d’autres personnes. Mais si…

Harry s’interrompit et ferma les yeux, de toutes ses forces. Une unique larme solitaire roula sur sa joue, et il la chassa d’un geste rageur. Puis, il reprit, d’une voix neutre, même si ses yeux brillaient de larmes contenues. Régulus ne prononça pas le moindre mot, mais en cet instant, il l’admira, le trouvant pourvu d’un courage insensé.

   — Leur mort met fin à la guerre. Si j’interviens, combien seront tués ? La prophétie dit que je suis celui qui pourra le vaincre, mais… je serais juste un bébé. Vulnérable. Trop vulnérable pour faire quoi que ce soit avant longtemps. Comment pourrais-je vivre avec le poids de tous ces morts pour avoir juste voulu connaître mes parents ?

   — Pourtant, tu es là et tu es un adulte, non ? Ton retour dans le passé était peut-être prévu de cette façon ?



Harry laissa échapper un gémissement torturé.

   — Je ne sais pas. Je ne sais plus ! Je… Ils sont morts, depuis si longtemps pour moi. Je n’ai pas le moindre souvenir d’eux. Si je les sauve… Je changerai ma propre histoire !


Régulus haussa un sourcil moqueur.

   — Alors, tu es là, avant ta naissance, venant me sauver moi ? Tu as une façon de raisonner bien étrange !

   — Et toi, tu n’es pas vraiment reconnaissant alors que je t’ai sorti des griffes des Inferi ! Même si c’était… accidentel, je t’ai aidé !


Régulus ricana, et leurs yeux se croisèrent. Harry finit par rire lui aussi, alors qu’ils prenaient tous deux conscience de l’étrangeté de la situation.


Finalement, le jeune Serpentard reprit son sérieux, mais il frotta son bras d’un air songeur. Finalement, il soupira et fixa Harry de ses yeux gris identiques à ceux de son frère.

   — Quand j’ai demandé à Kreattur de me conduire dans cette caverne, je savais déjà que j’allais mourir. D’une façon ou d’une autre, ma trahison signait mon arrêt de mort. Je ne savais pas comment, mais… Je savais qu’il n’y aurait pas de seconde chance. Et j’aurais préféré disparaître dans cette caverne plutôt que de réapparaître soudain, en pleine forme, et d’être traqué en tant que traître à ses yeux. Tu sais comment il punit ceux qui… tentent de lui échapper ? Crois-moi, les inferi sont moins cruels. Et moins douloureux.


Harry se mordilla la lèvre.

   — Alors pourquoi tu n’as pas demandé l’aide de Sirius ? Bon sang, il est dans l’Ordre non ? Il aurait pu t’aider ?


Régulus ricana, amer, et secoua la tête, refusant de regarder le regard de Harry.

   — Visiblement, mon cher frère a fait forte impression sur toi pour que tu sois prêt à briser toutes les règles du monde magique pour le sauver… Il t’a promis quelque chose ? Parce que moi… je vois juste ce qu’il est : un idiot prétentieux et tapageur. Que crois-tu ? Je lui ai envoyé un message. Je lui ai demandé de l’aide, j’ai tendu la main vers lui. Tu veux connaître sa réponse ? Il m’a répondu qu’il n’avait pas de frère. Sirius s’est juste un jour révolté contre sa famille, pas par noblesse, juste parce qu’il… le pouvait. Nous n’étions peut-être pas une famille parfaite, mais nous étions un minimum soudé. Et… il a juste tout brisé par caprice, parce qu’il a préféré son ami James.



Harry hoqueta, choqué, et secoua doucement la tête, essayant d’assembler le témoignage de Régulus avec le peu de choses que Sirius avait accepté de lui raconter. Finalement, il se leva, agité, et soupira, offrant à Régulus un regard d’excuse alors qu’il prenait littéralement la fuite.

   — Je… Je vais voir si je peux ramener à manger sans que nous ne soyons remarqués. Repose-toi, je suppose qu’on reprendra cette conversation plus tard.


Régulus hésita à le rappeler et à s’excuser de sa brutalité, mais préféra garder le silence et le regarda partir. Il avait du mal à comprendre ce jeune homme du futur, qui était prêt à se sacrifier pour le monde magique visiblement.


Finalement, il soupira et ferma les yeux, s’appuyant contre le mur, se perdant dans ses pensées, réfléchissant à ce qu’il allait pouvoir faire maintenant qu’il avait survécu. Il avait défié Voldemort, mais il n’était pas prêt à le faire en pleine lumière, pas alors qu’il portait sa Marque sur le bras. Il ne lui restait pas vraiment d’options, en dehors de se cacher et de vivre clandestinement pour faire croire à sa mort, tout en essayant d’œuvrer dans l’ombre, de son mieux.


**


En cet instant, alors qu’il quittait la pièce et s’éloignait du garçon qui ressemblait tant à Sirius, Harry Potter avait besoin de toute la maîtrise de lui-même pour ne pas exploser sous l’afflux de sentiments qui le laissaient perdu. Sa magie le brûlait presque, alors qu’il ne savait pas s’il devait pleurer comme un enfant ou hurler de rage.


Les mots furieux de Régulus avaient résonné désagréablement en lui et il s’était soudain souvenu qu’il ne connaissait pas vraiment son parrain. Il l’avait idéalisé, lorsqu’il l’avait rencontré, parce qu’il était sa première famille à lui montrer de l’attention. Son sauveur, la seule personne à le voir lui, Harry, plutôt que cette arme que Dumbledore avait façonnée.

Cependant, si Sirius n’avait pas été envoyé à Azkaban, l’aurait-il élevé ? Ou aurait-il préféré se détourner comme il l’avait fait avec son propre frère ?


L’estomac de Harry se retourna désagréablement et il se laissa aller contre le mur du couloir, hors de vue de Regulus Black, se concentrant pour ne pas craquer nerveusement. S’obligeant à repousser ses pensées déprimantes au sujet de Sirius, il se demanda ce que le sauvetage du frère de son parrain allait changer dans le futur, lorsqu’il reprendrait sa place. Il ne savait de lui que peu de choses, le peu de choses que Sirius avait dites. Il était un Mangemort, marqué alors qu’il était encore à Poudlard. Il était le préféré de ses parents. Et pour une raison mystérieuse, il avait soudain décidé de trahir Voldemort en volant l’un de ses horcruxes… C’était à ce moment qu’il était mort.


Le jeune homme se sentit soudain épuisé, et il se demanda pendant combien de temps encore il serait dans le passé en se frottant le visage de lassitude. Hermione serait furieuse après lui de son manque de préparation, mais il avait été pressé par le temps. Il avait imaginé qu’il retournerait dans le passé, sauverait Sirius et reviendrait dans sa ligne temporelle peu après. Sauf que tout avait déraillé et qu’il avait fait une erreur de calcul quelque part.


Il tapota sa poche, soulagé d’y sentir la bourse sans fond dans laquelle il avait entassé un maximum de gallions, et il hésita à sortir de la cabane hurlante pour aller acheter à manger, histoire de prendre l’air et de se changer les idées. Cependant, il ne voulait pas attirer l’attention, aussi il se résigna à retourner auprès de Régulus pour qu’il fasse appel à Kreattur. Au moins, l’elfe semblait parfaitement obéissant avec son Maître, pas comme la version grincheuse qu’il connaîtrait dans le futur…


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