Le choix de Lily

Chapitre 10 : Dix

1247 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a presque 3 ans

Chemin de Traverse, Londres — dimanche 4 octobre 1981


Sirius Black flânait, perdu dans ses pensées. Pour la seconde fois depuis qu’ils étaient amis, il s’était disputé avec James.


La première fois où ils s’étaient fâchés, c’était de sa faute à lui. Il avait voulu piéger Snivellus et l’avait aiguillé vers la cabane hurlante, une nuit de pleine lune. À l’époque, il n’avait pas réfléchi aux implications de son geste, voulant juste effrayer le Serpentard, pour lui faire regretter sa curiosité incessante.

James lui avait hurlé dessus, le traitant d’irresponsable. Bien évidemment, il avait eu raison… et ça avait été la première fois qu’ils se fâchaient.


Par principe, Sirius avait boudé quelques heures, mais il s’était excusé auprès de Rémus en toute discrétion, lui jurant qu’il n’avait pas voulu lui nuire. Qu’il n’avait pas imaginé que ce soit aussi dangereux, parce qu’il était son ami et qu’il n’avait pas peur de lui. Rémus ne lui en avait jamais voulu bien évidemment, mais Sirius s’était quand même senti terriblement mal.


Ils s’étaient vite réconciliés. James et lui ne pouvaient pas rester loin l’un de l’autre bien longtemps… Sirius avait accepté de mettre sa fierté de côté et il avait fait le premier pas, repentant. La seconde suivante, ils se tombaient dans les bras et leur amitié reprenait, plus forte encore.



La seconde fois datait de la veille au soir. Cette fois, Sirius avait tenté de parler de son filleul et de la prophétie. Il avait à peine émis l’hypothèse que peut-être Dumbledore était un peu trop avide de prendre en charge Harry que James se mettait à crier, l’accusant de tout et n’importe quoi… jusqu’à le soupçonner d’avoir une liaison avec Lily.


L’accusation avait figé Sirius et il avait jeté son ami hors de chez lui avant de s’enivrer méthodiquement. Avec le temps, il avait réussi à s’entendre parfaitement avec celle que James avait choisie, mais ça n’avait pas été le cas au début.


Il s’était toujours chamaillé avec Lily, il la trouvait bien trop sage, trop lisse pour être la copine — puis l’épouse — d’un maraudeur. Il n’y avait qu’à la naissance de Harry qu’ils avaient conclu une trêve prudente, avant de devenir amis. Pas des amis proches, ou fusionnels comme il l’était avec James, mais un genre d’amitié prudente, autour d’un bébé qui grandissait bien trop vite…


Sirius était peut-être un incorrigible séducteur, un coureur de jupons, mais il était évident pour toute personne sensée le connaissant qu’il ne pourrait jamais avoir de liaison avec Lily Potter née Evans. James le savait aussi, bien sûr. Mais il déraillait complètement depuis que Dumbledore était arrivé lui annoncer qu’une prophétie concernait son enfant.


Sirius pouvait lui pardonner beaucoup de choses, mais certainement pas de le soupçonner de le trahir. De trahir leur amitié.


Il s’était réveillé avec un mal de crâne lancinant, résultat d’une gueule de bois mémorable, puis il avait quitté son studio minable pour aller se balader sur le chemin de Traverse espérant oublier toute cette situation.



Un bref instant, il avait pensé à rendre visite à sa mère. Elle devait être effondrée après la mort de Régulus, mais le souvenir de leurs derniers mots emplis de venins le dissuada. Quelque part, sa vie avait commencé à partir en morceaux et il n’avait rien fait pour l’en empêcher.

Sirius soupira avant d’entrer chez Fortarôme. Une glace lui ferait le plus grand bien même si l’hiver approchait dangereusement.



En voyant Lily attablée avec Harry sur ses genoux, il eut une brève hésitation, puis il se laissa tomber sur le siège face à elle, avec un sourire forcé en se passant la main dans les cheveux. Aussitôt son filleul s’agita et lui tendit les bras en gazouillant, visiblement ravi de le voir.


Lily lui tendit le petit garçon avec un soupir résigné. Sirius en profita pour la dévisager et nota ses traits tirés et ses cernes impressionnants. Il soupira.

   — James m’a accusé de coucher avec toi.



La jeune femme émit un bruit grossier, mais ne sembla pas plus émue que ça. Sirius leva un sourcil surpris face à l’inertie de la rousse habituellement volcanique. Finalement, elle haussa les épaules.

   — Il peut bien penser que je couche avec la moitié du monde magique, je m’en fous.   


Sirius laissa échapper un ricanement moqueur avant de se laisser aller en arrière dans son siège.

   — Tu as l’air… misérable.

Lily lui jeta un regard noir puis grogna.

   — Merci de le souligner.

Sirius poursuivit, imperturbable, la fixant, les yeux brillant d’amusement.

   — James est un con.

   — D’autres évidences ? Visiblement, Severus avait raison à son sujet.



Il y eut un lourd silence. Sirius baissa les yeux, légèrement honteux. Après tout, il avait été celui qui s’était le plus acharné sur Rogue, uniquement pour impressionner son meilleur ami qui voulait la jolie Lily… Il s’éclaircit la gorge, évitant de croiser le regard de Lily, et murmura, hésitant.

   — Tu as pensé à reprendre contact avec lui ? Avec Sni… Rogue ?


Lily ferma les yeux, essayant de cacher sa tristesse et Sirius se sentit encore plus misérable. Finalement, elle haussa les épaules.

   — James et toi avez fait en sorte qu’il s’éloigne de moi. Je ne vais pas aller implorer son aide après l’avoir abandonné aussi brutalement.


Sirius soupira.

   — Je suis désolé. Réellement.

Lily pinça les lèvres et lui lança un regard noir, avant de siffler, se retenant visiblement de lui hurler dessus.

   — Ce n’est pas à moi qu’il faut le dire.



Il y eut un lourd silence, uniquement brisé par les gazouillis de Harry, indifférent à l’humeur des adultes. Sirius soupira, puis caressa les cheveux en désordre du petit garçon.

Concentré uniquement sur son filleul, Sirius murmura, totalement sincère.

   — Si je peux faire quelque chose pour protéger Harry…



Lily se frotta le visage, avant de repousser ses cheveux dans son dos. Elle haussa les épaules en pinçant les lèvres.

   — Si je devais être tuée, essaie d’éviter qu’il ne tombe entre les mains de ce cher directeur. Je n’aime pas sa façon de… le surveiller, comme s’il attendait quelque chose. Je suis presque certaine qu’il n’a pas révélé la totalité de cette fichue prophétie.


Choqué par l’annonce calme de Lily, comme si parler de sa propre mort ne lui faisait pas le moindre effet, Sirius resta silencieux, hochant juste la tête. Il serra un peu plus son filleul contre lui, plongeant le nez dans ses cheveux et respirant son odeur d’enfant. Il ferma les yeux en se demandant s’ils allaient un jour sortir de cette guerre.


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