Le Testament
Chapitre 2 : Chapitre 2 : l'Ogre
Catégorie: T
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Plus que deux jours.
On dit parfois que le fait d'anticiper un événement nous prépare à l'affronter, que cela nous rend plus fort. L'anticipation nous fournit des armes dont l'adversaire n'aura pas idée, et nous partons donc avec un avantage significatif pour le combat. Pourtant, plus le jour fatidique se rapprochait, plus Scorpius avait l'impression que sa peur le tuerait.
Mourir de peur… Il avait toujours cru que ce n'était là qu'une expression, une vieille légende urbaine au plus. Mais à présent, son cœur battait à tout rompre, et il guettait les battements manquants, redoutant que son cœur n'explose ou ne s'arrête. Sa respiration hachée lui donnait l'impression que sa gorge était obstruée par quelque odieux secret qui menaçait de le rattraper, et il passait sans cesse sa langue sèche sur ses lèvres craquelées, tandis qu'il essuyait la sueur qui lui coulait en continu du front. Il craignait que son corps, dans une tentative désespérée de protéger son maître, ne préfère le suicide à l'affrontement. Ce corps qu'il ne contrôlait plus, depuis qu'il avait pris sa décision.
« Choisir, c'est mourir un peu. »
Il avait fait son choix. Il n'avait pas envoyé de hibou de renoncement au ministère londonien. A présent, il devait assumer, aller jusqu'au bout.
« Papa nous a envoyé un hibou pour nous dire que nous sommes les bienvenus au Square Grimmaud pour le temps du procès. »
Scorpius soupira. Son compagnon avait beau être tendre, il manquait parfois d'empathie. Ne comprenait-il pas qu'une nuit dans une chambre d'hôtel anonyme était mille fois préférable au fait de devoir supporter l'inquiétude d'une famille qui l'avait adopté par pitié ? Ce n'était pas qu'il n'aimait pas sa belle famille, au contraire même. Les Potter avaient toujours été bons pour lui, l'hébergeant lorsqu'il avait fui sa famille, en attendant qu'il ne trouve ce petit job chez un libraire écossais, qui lui permettait de vivre en attendant d'avoir fini ses études de littérature. Il ne pensait tout simplement pas pouvoir supporter la présence de qui que ce soit pendant cette épreuve. Le seul fait de les fréquenter lui rappelait l'horrible manque dont il souffrait. Ce qui faisait que sa vie était amputée, qu'il partait handicapé. Il ne voulait pas de la pitié des gens.
« Je préfère aller à l'hôtel, tu sais. »
« Je sais, mais la politesse exigeait que je transmette la proposition » répondit Al dans un sourire.
Un sourire timide essaya de se frayer un chemin sur le visage de Scorpius. Albus avait encore réussi à lui arracher un soupçon de sentiments. Lui qui avait passé sa vie à cacher ce qu'il ressentait, il se laissait bêtement embobiner par ce Serpentard de Potter. Son Potter. Il parvenait toujours à lui remonter le moral, il lui suffisait d'un mot, d'un geste. Même si le soulagement était toujours éphémère, au moins il était.
Plus que deux jours. Un pour préparer les affaires, un pour prendre possession de la chambre d'hôtel, deux jours pour être prêt.
« Prêt à affronter l'Ogre, ou prêt à le subir ? »
Il passa un coup de cheminée au Chaudron Baveur, sachant que jamais son père ne mettrait les pieds dans un pareil taudis. Une précaution de plus, un havre temporaire où se réfugier entre les batailles. Tom, le vieux barman édenté, lui réserva sa « meilleure chambre », autant dire son placard le moins poussiéreux. Il s'ébroua. Parfois, de semblables réflexes d'aristocrates lui revenaient. Et avec eux, des souvenirs. Il ne devait pas se laisser ainsi aller.
Se reprenant, il prit sa valise magique à deux compartiments, et laissa sa clef glisser lentement dans l'une des deux serrures qui l'ornaient. Alors que l'un des deux fonds s'ouvrait, il se rendit compte que Albus l'avait déjà investi, ainsi en témoignait le caleçon fétiche de son compagnon, celui avec les hippogriffes dessus, qui trônait sur la pile de chemises et de robes plus ou moins pliées. Il laissa le ridicule de la situation l'envahir. Albus n'était définitivement pas « politiquement correct ». Et quelques part, cela le rassurait dans l'épreuve qu'il allait vivre.
Il referma la valise et inséra sa clef dans l'autre serrure, et plia soigneusement ses affaires dans le deuxième compartiment. Au moment de refermer cependant, un malaise l'étreignit alors qu'il contemplait ses préparatifs. Au fond de la valise, seulement des robes aux couleurs des Serpentard, certes d'excellente facture, mais qui lui rappelaient trop qu'autrefois, son père le forçait à ne porter que ces couleurs. Aujourd'hui, il devait marquer sa différence. Aussi remit-il les robes vertes dans ses placards, au profit d'une noire très sobre et d'une bleue marine un peu plus décontractée. Il venait de changer une dixième de fois d'avis concernant la couleur des cravates qu'il devait emporter quand Albus entra dans la chambre, en roula deux pêle-mêle dans la valise et la referma d'un geste sec.
« Tu as vu l'heure ? Viens dormir. »
« Je n'y arriverai jamais. »
« Ce n'est pas pour rien qu'il y a une potion de sommeil sur ta table de chevet. Viens. ».
Albus l'entraina doucement vers le lit, avant de le dévêtir tendrement, jetant ses affaires au sol. Les elfes de maison s'en occuperaient plus tard. Il déposa un baiser au creux du cou de son compagnon, avant de se glisser dans les draps, laissant Scorpius le rejoindre.
« Et si je ne me réveille pas ? » demanda Scorpius en observant dubitativement la bouteille de potion.
« Je te réveillerai. Fais-moi confiance. »
Et si la potion était trop forte ?
Et si elle le rendait somnolent le lendemain ?
Et si elle le tuait ?
Et si…
« Bois. Je peux t'y forcer si tu préfères. »
« Ca ira, merci… »
Il se blottit contre son amant, lequel caressa l'espace de quelques secondes ses cheveux en bataille, qui lui chatouillaient le torse, avant d'avaler la potion de sommeil sans rêve d'une traite. L'instant d'après, l'oubli bienfaiteur l'étreignait.
***
Plus qu'un jour.
Il se souvenait pourtant d'avoir préparé sa valise la veille. Alors que signifiaient les monceaux d'habits jetés en vrac sur son lit, sa brosse à dents introuvable, ses chaussures dépareillées sur lesquelles il trébuchait sans cesse, alors qu'il faisait des millions d'allers-retours épuisants ? Le monde semblait avoir perdu tout son sens en seulement une nuit. Son souffle devenait de plus en plus rauque, et bientôt, de petits points lumineux dansèrent devant ses yeux.
Il fallait qu'il s'assoie. Le lit lui semblait si lointain, alors qu'il titubait vers lui, la respiration sifflante, au bord de l'affolement. Trop tard. Ses jambes se dérobèrent sous lui, alors qu'il s'effondrait sur le sol, face à l'un de ses mocassins, seul témoin de la perdition de son propriétaire.
« Scorpius ! »
Des mains chaudes cherchèrent son pouls, le redressant, puis le sol trembla sous le bruit de pas, et tout à coup un linge humide vint se poser sur son front.
« Je vais m'effondrer. »
« C'est déjà fait. Il ne te reste plus qu'à te relever. » répondit la voix soucieuse de Al, qui ne s'était pas pour autant départie de son ironie.
Se relever. Mettre un pied devant l'autre, jusqu'à ce que ces derniers ne le guident face à Lui.
***
La chambre au Chaudron Baveur était tout à fait à la hauteur de sa réputation. Le plafond était tellement bas qu'une partie de la chambre était inaccessible, à moins d'être penché en avant, la couche de poussière sur le sol était tellement épaisse qu'elle aurait pu aisément se faire passer pour un tapis, la nourriture trop cuite…
Scorpius haïssait tout ce qui incarnait ce moment.
« Il faut qu'on soit au ministère demain à 8h30. »
Plus qu'une nuit.
Un gout métallique au fond de sa bouche, alors qu'il essayait de s'imaginer la journée du lendemain. Il se remémorait son père, la dernière fois qu'il l'avait vu. Quarante trois ans, dans la force de l'âge, les cheveux de la belle couleur or des Malfoy, une telle quantité de gomina sur la tête qu'un ouragan n'aurait pu l'ébranler. Une vague odeur d'alcool, parfois, lorsqu'il s'approchait ; cette même odeur qui entrait avant lui dans les pièces, comme une alarme olfactive.
Et sa mère. Les cheveux qui blanchissaient, un aspect renfermé, les épaules voutées… Astoria n'avait rien de la tenue de Narcissa Malfoy, sa grand-mère, avec ses robes de soirée resplendissantes, même si elle s'était retirée de la vie sociale aristocratique que fréquentait autrefois Draco, et ce, depuis que la guerre leur avait fait perdre la quasi-totalité de leurs « amis ».
Scorpius songea vaguement à son grand-père. S'il y réfléchissait bien, il ne l'avait que peu fréquenté. Lucius et Narcissa vivaient loin de tout, dans leur manoir secondaire au Nord de l'Angleterre. Ils ne les voyait que lors des fêtes de fin d'année, et Lucius se contentait de le juger du regard, faisant parfois des réflexions sur son dos pas assez droit ou sur ses cheveux pas suffisamment bien coiffés, avant de lui poser la main sur l'épaule, un demi-sourire aux lèvres, signe qu'il pouvait se retirer. Ce que Scorpius s'empressait de faire. Lucius Malfoy avait toujours été un étranger pour lui.
Narcissa, quant à elle, le dévisageait d'un air un peu inquiet, lorsqu'à table, Draco lui adressait des remontrances pour un rien, s'enflammant à la moindre parole, lui refusant de se resservir. Mais n'était-ce pas le rôle de tout Malfoy que de veiller à ce que son héritier s'endurcisse ? Elle était décédée il y a bien longtemps, à présent, lorsque Scorpius était en quatrième année. Il se souvenait de la veillée funèbre, à laquelle avaient assisté un nombre impressionnant de personnes qu'il ne connaissait pas. Echanges de paroles à demi-prononcées, flûtes à champagne, et son père qui l'avait chassé d'une gifle lorsqu'il avait osé prendre un toast sur le buffer. Une journée parmi tant d'autres.
Et cette question qui n'avait pas osé franchir ses lèvres, son esprit tout entier étant obnubilé par la confrontation, refaisait à présent surface : pourquoi cet héritage ? Qui était-il pour que Lucius déshérite son fils à son profit ? Quel sombre dessein était caché derrière cette décision ?
« Tu réfléchis trop. Je t'ai ramené un calmant, c'est trop tard pour prendre la potion de sommeil, tu ne te réveillerais pas à temps. »
« Pourquoi ? »
Albus prit quelques secondes pour réfléchir, ses yeux vert émeraude perdus dans le vague.
« La réponse est-elle nécessaire ? »
Surement pas.
Plus que sept heures.
***
Lorsque l'on attend un moment crucial dans sa vie, les heures semblent se suspendre. Une araignée passa pour la troisième fois sur le plafond lambrissé de la chambre, juste au dessus de la tête de Scorpius. Il observa l'animal descendre lentement le long de son fil, comme s'il repérait sa proie pour mieux la terrasser. Un gros corps poilu, et des pattes assez courtes. Peut être une espèce venimeuse, de celles qui sont capables de tuer un être humain. Son cœur s'accéléra alors qu'elle descendait encore plus bas. Soudain, le fil cassa et l'araignée tomba sur Albus.
Un hurlement déchirant envahit la pièce alors que Scorpius secouait violemment la couverture, essayant de protéger celui qu'il aimait, l'arrachant à ce lit mortel.
« Mais qu'est-ce que tu fais ? Arrête ! »
« L'araignée ! Où elle est ? »
« Mais enfin, de quoi tu parles ? Tu as vu l'heure ? Viens te recoucher. »
Mais Scorpius entrainait déjà son compagnon à l'extérieur de la chambre, voyant en l'arachnide comme un sombre présage de l'épreuve à venir. Albus finit par abdiquer, et se rhabillant, proposa de faire l'ouverture du bar du Chaudron Baveur. Arrivé en bas, il commanda deux petits déjeuners à Tom, puis revint à la table à laquelle il avait laissé son compagnon. Il le trouva recroquevillé contre le bois sale, la tête dans les bras, ses épaules se soulevant à mesure que ses sanglots s'intensifiaient. Ce n'étaient pas des pleurs qui soulageaient, mais plutôt des cris hystériques et étouffés, comme s'il était sur le point de se noyer.
« Ca va aller… » dit-il en posant sa main sur son épaule.
Que dire d'autre ?
***
Plus qu'une demi-heure.
Assis l'un à côté de l'autre dans un semblant de salle d'attente, qui se résumait à quelques chaises abandonnées à l'angle d'un couloir en face de la salle d'audience, Scorpius et Albus ne disaient rien. Leurs visages ne laissaient rien paraitre, fidèles au principe fondamental de la maison. Unis dans l'adversité. Soudain, un bruit de pas retentit dans le couloir. Ils se relevèrent dans un même mouvement, se tournant vers les nouveaux arrivants, encore difficilement visibles au fond du grand couloir. Le sang reflua du visage de Scorpius, qui prit une couleur cireuse, donnant l'impression que ses grands yeux bleus lui dévoraient la face. Ses jambes tremblèrent. L'Ogre.
Le bruit de pas se rapprocha un peu plus, non pas triomphant et imposant comme il s'y serait attendu, mais étrangement claudiquant. Le doute s'insinua en lui. A ses côtés, il sentit Albus chercher sa main une dernière fois, comme pour lui rappeler qu'il n'était pas seul.
« Si vous voulez bien entrer » fit une voix derrière eux.
Ils sursautèrent tous deux, et se retournèrent face à Amélia Bones, qui leur adressa un sourire forcé avant de leur désigner la salle d'audience. Ils entrèrent, se retrouvant devant plusieurs rangées de chaises faisant face à un grand bureau sur une estrade. Scorpius essaya de retrouver une contenance. Penser à des choses de la vie courante, des choses rassurantes. La salle n'avait rien d'effrayant, plus petite que leur salon, à peine plus grande que leur chambre. Voila, ça allait déjà mieux. Il était en territoire connu.
Les deux hommes s'assirent au premier rang, sur la droite. Une vingtaine de secondes plus tard, la voix d'Amélia Bones invita Monsieur et Madame Malfoy à entrer. Scorpius se tourna vers eux.
« C'est tout ? »
Cette question puérile de Albus sembla suspendre le temps. Comme dans un rêve, Scorpius assista à l'entrée de son père dans la pièce. Draco Malfoy était méconnaissable. Un visage ridé, une calvitie qui lui dévorait presque tout le crâne, ne laissant que quelques cheveux ridiculement longs au-dessus de ses oreilles. Des habits semblant sortir de chez le tailleur, lui donnant l'aspect d'un épouvantail habillé en costume. L'alcool avait fait ses ravages.
C'était tout, en effet. Etait-ce là le monstre qui l'avait effrayé durant toutes ces années ? Cet ivrogne vieillissant ?
Son regard se porta sur sa mère. Elle était encore plus renfermée qu'autrefois, comme pliée en deux par le fardeau de son mariage. Avait-il reporté sa violence sur elle ? Etait-il encore seulement capable de lever le poing ?
Les deux époux s'assirent à l'opposée de la salle. Draco adressa à son descendant un regard qui se voulait haineux, mais qui semblait surtout vague et brumeux. Les yeux d'Astoria rencontrèrent le visage de son fils sans le voir, et elle aida son mari à prendre place, avant d'en faire de même. Ils n'avaient pas plus de cinquante trois ans tous deux, et ils semblaient pourtant âgés d'un siècle. Le temps passe plus lentement lorsque la joie le déserte. Quel bonheur un tel couple aurait-il pu trouver ?
Par la suite, les événements de cette matinée revinrent à l'esprit de Scorpius comme dans un brouillard cotonneux. Amélia lut le testament écrit de la main de Lucius lui-même. Au moment où elle demanda à Draco de fournir une raison justifiant sa contestation, l'homme se leva et bégaya quelques mots sans queue ni tête dans lesquels les termes « fils » et « renié » ressortirent pourtant.
« Avez-vous officiellement renié votre fils, monsieur Malfoy ? »
L'homme tourna la tête vers sa progéniture, avec sur le visage l'expression d'une proie prise au piège. Scorpius reconnut ce regard. L'Ogre avait peur de lui.
Alors, il lui rendit son regard, fier et droit comme se doit de l'être un Malfoy. Et il eut la satisfaction de voir le visage de son paternel se décomposer. Un bruit sourd se fit entendre. Le marteau de la justice qui s'abaissait.
« Je déclare donc que les volontés du défunt seront respectées. »
Un rictus de haine se forma sur le visage du plus âgé des Malfoy, alors qu'il avançait en claudiquant vers son fils, menaçant. Mais alors que ce dernier lui tenait tête, l'homme se tourna vers le compagnon de son fils, le saisissant au collet. Son sang ne fit qu'un tour : Scorpius le ceintura, le plaquant au sol, et se redressant, posa un pied en travers de la gorge de l'agresseur.
« Je t'interdis de t'approcher de lui. Si tu touches un seul de ses cheveux, je te tuerais. »
Alors que les agents de la sécurité s'approchaient, Scorpius retira de lui-même son pied, s'écartant de l'ivrogne, qui lui jeta un regard apeuré.
« Je ne te craints pas. »
Ces derniers mots prononcés seulement pour son père lui donnèrent l'impression qu'un immense poids s'envolait de sa poitrine. Il prit conscience que c'était la réalité. Il avait vaincu l'Ogre.
Alors que son père était conduit vers la sortie, pratiquement porté par les mages chargés de la sécurité, Astoria s'avança vers son fils, une lettre à la main. Elle la lui tendit sans rien dire. Scorpius s'en saisit, essayant vainement d'accrocher le regard de sa mère. Mais celle-ci semblait absente. Il songea qu'elle était partie depuis bien des années. Peut être même avant qu'il ne la quitte.
L'épouse Malfoy tourna ensuite les talons pour rejoindre son mari, sans un regard.
***
Debout devant la table de la cuisine, dans leur appartement New Yorkais, Scorpius contemplait la lettre intacte sous ses yeux. Un rayon de soleil matinal vint la toucher, et il se décida à la décacheter. Déroulant le parchemin, il reconnut l'écriture penchée de son grand-père.
Mon enfant,
Peut être ai-je mal agi en acceptant que ton père nous éloigne de toi, ta grand-mère et moi. Toujours est-il que jamais un Malfoy n'a abandonné l'héritier du nom. J'ai aimé mon fils, un peu trop peut être, et sans doute aurais-je du mettre bon ordre à son comportement il y a bien longtemps. Mais j'ai été lâche, à l'époque, et aujourd'hui, il est trop tard pour rattraper mes manquements. Accepte donc la part d'héritage qui aurait du te revenir si Draco avait été plus prévenant vis-à-vis de toi. Fais en sorte que le monde sorcier retienne autre chose de notre nom que la dépravation de ton père. Deviens quelqu'un.
Et si tu le peux, sois heureux.
Lucius Malfoy
Une maigre compensation à une vie de souffrances. Mais une reconnaissance de ce qu'il avait subi. Il n'aurait jamais cru voir un Malfoy reconnaitre sa culpabilité. Après tout, c'était un signe de faiblesse. Mais n'en avaient-il pas tous fait preuve dans cette histoire ? Il relut la dernière phrase de la lettre, qui jurait tellement avec l'homme dont il avait le souvenir, puis se tourna vers le salon, cherchant la silhouette de son compagnon dans la pièce. A présent, il pouvait tourner la page.
« Je vous le promets, grand-père. »