Transformation lapinoïde

Chapitre 1 : Transformation lapinoïde

Chapitre final

4273 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/05/2021 19:28

Cet OS a été écrit dans le cadre du défi avril-mai 2021, Le coup du lapin.



Minerva McGonagall était une femme occupée. Par sa vie personnelle, professionnelle mais aussi par celles des autres. Professeur de Métamorphoses à l’école de sorcellerie Poudlard depuis plusieurs dizaines d’années, directrice adjointe depuis presque autant de temps aux côtés du grand Albus Dumbledore, Directrice de Poudlard depuis les tragiques événements de l’année précédente. Oui, Minerva avait tout d’une femme occupée. On lui avait souvent dit que viendrait un jour où elle ressentirait le besoin de se poser, de s’éloigner des enfants turbulents qu’étaient les élèves de Poudlard… Bref, d’après son entourage, il lui faudrait bien à un moment prendre sa retraite. A cela, Minerva répondait constamment que le jour n’était pas venu. Les Maraudeurs n’avaient pas eu raison de sa rigueur et leurs dignes descendants n’avaient pas plus réussi à lui créer plus de cheveux blancs qu’elle n’en avait déjà. Albus Dumbledore avait aussi échoué à lui faire apprécier les bonbons au citron. Par conséquent, la professeure estimait avoir réussi à franchir brillamment tous les obstacles qu’elle aurait pu trouver dans son métier. Elle avait même choisi de continuer à donner des cours aux huitièmes années, ces enfants donc la dernière année scolaire avait été biaisée par la guerre. Minerva forçait l’admiration de tous, en menant de front son rôle de directrice et celui de professeur. Elle pensait avoir tout affronté. Mais rien, non absolument rien, n’aurait pu la préparer à ce qu’elle trouva en revenant dans sa salle de classe, après qu’elle ait été appelée en urgence auprès de l’infirmière. 

 

C’était elle qui avait insisté pour que les anciens élèves de Poudlard, qui n’avaient pu suivre une année décente, reviennent effectuer une huitième année pour passer leurs ASPIC. C’était encore elle qui avait imposé au corps enseignant une mixité des maisons même parmi cette promotion. Pour effacer les rancunes d’une guerre qui les avaient dépassées, avait-elle argumenté. Elle encore qui avait tenu à leur faire cours de Métamorphose. Elle souhaitait leur apprendre en profondeur la métamorphose humaine, et pour les plus doués d’entre eux, la transformation en animagus. Jusque-là, le début d’année s’était déroulé dans une paix relative. Les Serpentards, bien que plus ignorés qu’auparavant, n’étaient pas brimés, et ne brimaient plus. Une entente cordiale semblait s’être instaurée entre les quatre maisons, même si celle entre Gryffondors et Serpentards n’allait pas plus loin que le silence. Alors comment en était-on arrivé là? Elle avait quitté une classe calme, concentrée sur un exercice particulièrement complexe de métamorphose. Elle était partie sereine. Mais c’était un véritable désastre qui l’attendait à son retour dans la salle qu’elle occupait pour leur faire cours.

 

On aurait dit qu’un ouragan avait envahi cette pièce. Les tables, bancs et autres objets qui composaient la salle étaient presque tous détruits, le grand tableau noir était troué en son centre, et les lampes s’étaient toutes brisées. Comment diable étaient-ils parvenus à ça ? Au milieu de ce capharnaüm, Hermione Granger hurlait sur un Ronald penaud, sous les rires de Blaise Zabini et Pansy Parkinson, tandis que Drago Malefoy, Théodore Nott et Neville Londubat pariait sur quelque chose. La professeur préférait ne pas savoir quoi. Elle se retrouverait dans l’obligation de leur retirer des points, et c’était déjà assez surprenant comme cela de voir deux Serpentards parier avec un Gryffondor. 

 

— Et comment on va faire ? Hein Ronald Weasley ? Tu ne pouvais pas t’appliquer pour une fois ? Mais non, il a fallu que Môsieur juge inutile de lire consciencieusement son livre avant de lancer la formule ! Et regarde le résultat ! Tu as détruit une salle de classe par Merlin ! Et en plus…

 

Lassée d’entendre les cris de son élève favorite – il fallait avouer que Miss Granger avait de la voix quand elle s’y mettait – Minerva chercha du regard le seul étudiant capable de calmer les colères de la célèbre lionne. Mais son regard acéré ne le trouva pas après un premier tour de classe, ni un deuxième. Dans le même temps, les élèves semblaient s’être enfin aperçus de son retour, et tentaient de reprendre contenance. Mais pour le moment, la Directrice n’en avait cure. Quelque chose l’inquiétait davantage.

 

— Par Merlin, où est Monsieur Potter ?

 

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Harry courait. Enfin il pensait courir. A vrai dire il n’était pas trop sûr de ce qu’il faisait en ce moment-même. Sa vision s’était certes considérablement élargie - pratique la vue à 360°, il fallait l’avouer - mais en revanche, ce qui lui servait de pattes avaient considérablement raccourci. Il ne savait pas encore s’il devait bénir ou maudire Ron. Comme à son habitude, son meilleur ami avait lancé une formule au hasard, sans regarder les effets indésirables. Et ces effets avaient atterri… sur Harry. Parce que oui, il avait beau être le Garçon-qui-a-Survécu, le Sauveur du monde sorcier, il aurait tout aussi bien pu être nommé l’Homme le plus malchanceux de toute l’Histoire de Poudlard. Sérieusement, avait-on déjà vu un élève vivre une scolarité comme la sienne ? Sept ans d’affilée poursuivi par un mage noir et ses sbires qui lui étaient complètement hostiles, pour une raison qui dépassait la logique (en quoi était-ce la faute d’Harry s’il était né le 31 juillet ?). Ça devenait un peu lassant. Harry avait donc espéré pouvoir passer une huitième année sereine (si on excluait Hermione et ses révisions, ainsi que Ginny et ses projets d’avenirs). Mais c’était sans compter sur la chance légendaire d’Harry. Donc, voilà que suite à une lamentable erreur de Ronald, il se retrouvait transformé. Dans le corps d’un animal. Cela aurait pu passer s’il s’était transformé en lion, ou en panthère. C’était de beaux animaux. Majestueux. Typiquement Gryffondor. Mais en lapin ? Y avait-il animal plus inoffensif qu'un lapin ? Vraiment, Voldemort devait bien rire depuis là où il était de le voir comme ça. Harry Potter en lapin. C’était à se tordre de rire. 

 

Hilarant. Vraiment. Du point de vue des Serpentards en tout cas. Eux avaient explosé de rire à la fin de la transformation. En attendant, cela embêtait bien Harry. Lui qui avait déjà assez de groupies comme cela, il devait en plus se retrouver dans la peau d’un lapin bélier nain, avec les oreilles tombantes, et un beau poil couleur café. L’animal le plus mignon du monde, d’après les exclamations de certaines. Devant le regard avide de ses camarades féminines de Gryffondor, Harry avait fait ce que n’importe quel lapin courageux aurait fait. Il avait fui. Prit ses jambes à son cou. Enfin ses pattes. Bref, il avait détalé. Et maintenant, il se retrouvait à parcourir les couloirs de Poudlard, avec un champ de vision ne dépassant pas les pieds des statues. Pratique pour se repérer. Donc en plus d’être devenu court sur pattes, Harry était perdu. Une première pour lui, détenteur de la carte des Maraudeurs. Il aurait bien volontiers demandé son chemin, mais les seuls sons qu’il parvenait à émettre ressemblaient à de petits cris d’animal blessé. Pour la crédibilité on repassera.  

 

Alors, en désespoir de cause, Harry fit ce qu’il savait faire de mieux dans ce genre de situation. Il décida de s’adapter. Pour cela, il fit un rapide résumé de la situation. Ron l’avait malencontreusement transformé en lapin, il était poursuivi certainement par une bonne partie de la population féminine de Poudlard, et il était perdu. Quelle magnifique après-midi, vraiment. Ça lui donnait envie de taper des pattes arrière, pour montrer son mécontentement. Encore un réflexe lapinoïde. Étant humain, Harry n’avait jamais ressenti le moindre besoin de taper du pied pour exprimer son désaccord. Mais bon, il était un animal à quatre pattes et avec un pompon rond, alors Harry s’adaptait. Heureusement qu’il avait conservé son cerveau humain. A part si l’on omettait les quelques envies folles de carottes et de salades qui lui venaient actuellement à l’esprit. Peut-être que les elfes accepteraient de lui donner quelques légumes crus, sait-on jamais…

 

Première étape pour retrouver son corps originel, trouver Luna. Oui oui, Luna. A cet instant précis, elle était la seule qu’il voyait apte à l’aider sans passer une demi-heure à le cajoler avant. Et puis, avec toutes ses idées… originales, il se disait qu’il y avait la possibilité qu’elle parle le lapinou ? Lapinois ? Bref, la langue des lapins. Et donc, pour trouver Luna, il devait atteindre la salle commune des Serdaigles. Sauf que, dans l’immédiat, il était vraiment incapable de dire s’il se trouvait plus au niveau des cuisines, ou de la bibliothèque. Il n’était pas dans les cachots, c’était une certitude. Il ne faisait pas noir comme dans une grotte. A moins que… Harry n’avait jamais pensé à se renseigner sur les couleurs que voyaient les lapins. Est-ce que pour eux, les carottes étaient orange ? Ou bien bleues ? Secouant brutalement ses oreilles, Lapin Harry revint sur Terre. Ce n’était absolument pas le moment de penser à ce genre de choses triviales. La couleur des carottes n’avait pas d’importance et n’arrangeait pas son problème. Il fallait absolument qu’il se repère. Peut-être à l’odeur ? S’il sentait la douce senteur des effluves de potions, il saurait qu’il était près des cachots.

 

Fronçant délicatement son petit museau, il sentit une odeur étrange lui parvenir. Un mélange subtil de poussière et de sueur. Oh. Magnifique. Il était non loin du bureau de Rusard. Il n’y avait plus qu’à espérer que Miss Teigne ne se trouva pas dans les environs, où il pourrait dire adieu à sa jolie petite queue blanche. Reprenant sa course faite de petits bonds gracieux, Lapin Harry repartit dans la direction opposée, aux aguets. Il ne voulait pas se faire surprendre par l’horrible chatte. Il n’avait pas plus l’intention de servir de dîner. 

 

Durant quelques minutes, le petit animal déambula dans les couloirs, le nez froncé. Comment les animaux faisaient-ils pour supporter cette affluence d’odeurs ? Certes, il y en avait qui sentaient très bon, mais d’autres… Harry se fit la note mentale de dire à Seamus qu’il fallait qu’il enlève de son sac les boules puantes qu’il devait transporter depuis plusieurs jours. C’était une véritable infection pour son petit nez délicat. Alors qu’il gravissait péniblement les hautes marches menant à la tour des Serdaigles (mais par Merlin, les quatre fondateurs n’avaient-ils pas pensé à leur compagnons à quatre pattes, lorsqu’ils avaient eu la brillante idée de mettre Gryffondor et Serdaigle en haut des tours ?), des pieds apparurent soudainement devant lui. Les chaussures étaient indéniablement féminines. Et pour les avoir déjà vus plusieurs fois en tant qu’humain, il savait parfaitement à qui elle appartenait. La chance n’était vraiment pas de son côté aujourd’hui. Sur toute la population féminine de Poudlard, quel était le pourcentage de malchance qu’il tombe justement sur Ginevra Weasley ? Avait-il fait quelque chose à Merlin dans une autre vie ? 

 

— Oh mais qu’il est mignon ! Tu es perdu petit lapinou ? Viens donc dans les bras de maman ! 

 

Si un lapin avait pu lever les yeux au ciel, Harry l’aurait certainement fait. Sérieusement, c’était quoi cette manie de parler aux animaux comme à un enfant de deux ans ? Il avait toujours trouvé que Ginny exagérait par rapport à ça, mais maintenant il en avait la certitude. Hermione ne parlait jamais à Pattenrond de cette manière, elle. Mais bon, là tout de suite, Lapin Harry n’avait pas le temps de philosopher. Il devait absolument éviter de tomber entre les griffes de cette sorcière (c’était le cas de le dire). Il était certain qu’autrement, elle passerait des heures à le pomponner en ricanant comme une bécasse. Non merci. Il n’était pas un lapin de cirque. Pas plus qu’un lapin tout court d’ailleurs. Quoi qu’il en soit, une étape intermédiaire venait de s’ajouter au plan initial pour retrouver son humanité: échapper à la dernière des Weasley.

 

Se hérissant pour se rendre plus intimidant (tout en ayant parfaitement conscience que ça ne marcherait pas – a-t-on déjà vu un lapin intimider quelqu’un ?), Lapin Harry tenta une esquive vers la gauche. Manqué. Deux bras le saisirent pour le soulever et le caler contre une poitrine opulente. Son nez se fronça à nouveau. Il n’avait jamais remarqué à quel point le parfum de Ginny empestait. Encore quelque chose à rajouter à sa liste de ce qui ne l’attirait pas chez elle. Plus le temps passait, plus la liste s’allongeait. Toujours est-il qu’il se retrouvait actuellement coincé. Et que fait un lapin quand il est acculé ? Il griffe. Fort. 

 

Ginny cria de douleur en le lâchant. Ni une ni deux, Lapin Harry repartit à toute vitesse (en essayant d’omettre que ses bonds pas très droits lui donnaient l’air d’un lapin ivrogne). Il entendit derrière lui Ginny commencer à le poursuivre et redoubla d’allure. Il devait absolument trouver une cachette ! Mais c’était peine perdue, elle était plus rapide. Et au moment où elle allait lui mettre la main dessus, ce fut une autre paire de bras qui l’attrapèrent. Paniqué à l’idée de devoir à nouveau affronter Ginny, Harry n’avait pas vu qu’il fonçait dans les jambes d’un ancien Serpentard. Enfin, tout était sûrement mieux que se retrouver à la merci de la furie rousse. 

 

Sentant le petit animal tout tremblant contre sa poitrine, le Serpentard lança un regard glacial à l’étudiante devant lui, qui paraissait hors d’elle, les mains sur les hanches.


— Rends-le-moi ! Cette sale bête a osé me griffer !

— Qu’as-tu fait à mon lapin, Weasley ? Il ne griffe jamais, sauf si on lui veut du mal. Alors ne t’approches plus de lui ou tu tâteras de ma baguette. 

— Ton lapin ? J’ignorais que les Serpentards avaient des lapins. Ça ne fait pas très sorcier…

— Heureusement que tu ignores beaucoup de choses sur moi, Weasley. Ça serait un comble que tu t’intéresses à moi n’est-ce pas ? Qui sait, ma famille faisait peut-être partie des Mangemorts… 

 

Vexée mais apeurée par la menace de cet inconnu, Ginny battit en retraite, tout en se promettant d’aller chercher son chevalier servant. Elle ne savait pas encore que, quelques instants plus tôt, elle avait tenu contre elle ce dernier. De son côté, Terence Higgs, qu’Harry avait reconnu pour avoir joué contre lui en première année, examinait le lapin.


— Bon que fais-tu là, toi ? Les lapins sont quasiment inexistants à Poudlard. D’où est-ce que tu peux bien venir ?

 

Bien décidé à se faire comprendre, Lapin Harry se dandina pour descendre. A peine à terre, il alla se poster sous la tapisserie de Rowena Serdaigle. Le Serpentard l’observa quelques instants avant que son regard ne s’éclaire.

 

— Ton propriétaire est un Serdaigle ? Tu veux retourner dans la tour ? Je vais t’y amener, à condition que tu ne me griffes pas. Tu n’as pas raté la Weaslette. 

 

Docilement, Lapin Harry se laissa porter. Bien sûr que non qu’il n’allait pas griffer Terence. Il l’avait sauvé d’un sort atroce. Et puis son odeur était loin d’être désagréable. Il sentait un peu le bois de santal. Et le parchemin. Le lapin se sentait bien. Bien mieux que lorsque Ginevra le portait, c’était certain. Le trajet lui parut aussi très rapide. Au bout de quelques minutes seulement, Terence l’avait amené devant la porte de la Salle Commune des Serdaigles. Enfin, il allait pouvoir voir Luna qui, avec un peu de chance, comprendrait le souci.

 

Terence et Harry avaient simplement oublié que Serdaigle était la maison de l’intelligence. Et qu’il fallait résoudre une énigme pour entrer. Le heurtoir en forme d’aigle les regarda d’un air impénétrable, avant qu’une voix monocorde ne se fasse entendre:


D'abord, pense au premier de ce qu'il faut apprendre

Lorsque l'on ne sait rien à l'âge le plus tendre.

Ensuite, dis-moi donc ce que fait par naissance

Celui qui, au palais, a élu résidence.

Enfin, pour découvrir la dernière donnée

Il suffit de la prendre à la fin de l'année.

Tu connaîtras ainsi la créature immonde

Que tu n'embrasserais pour rien au monde.

 

Au bout de quelques secondes, Lapin Harry reconnut l’énigme que lui avait posée le Sphinx lors du Tournoi des Trois Sorciers. Malheureusement, il était incapable de se souvenir de la réponse qu’il avait donnée. Etre un lapin ne l’aidait pas à se remémorer ses lointains souvenirs. D’autant plus que l’envie de carottes et de leurs fanes se faisait de plus en plus ressentir. Et quand bien même il s’en serait souvenu, comment aurait-il fait pour communiquer la réponse à son sauveur ? Quant à Terence, il n’avait jamais été très doué en charade. Les deux se résolurent alors à attendre qu’un Serdaigle passe par là. L’heure du déjeuner approchant, certains viendraient probablement changer leurs affaires de cours. L’humain s’assit alors contre le mur de pierre, tenant toujours l’animal contre lui. Il commença à lui caresser la fourrure du dos, et Harry, toujours dans un réflexe lapinoïde, eut la soudaine sensation de connaître la meilleure chose au monde. Il était bien là. Peut-être allait-il finalement envisager de rester un lapin pour un temps, simplement pour profiter de ces délicieuses gratouilles.

 

Ce ne fut que de longues minutes plus tard que des pas se firent enfin entendre. Terence se releva, et Lapin Harry se souvint brutalement qu’il était humain. En temps normal. Et lorsqu’il se tenait à distance raisonnable de Ronald en cours de Métamorphose. Coup de chance pour les deux étudiants, ce fut Luna qui apparut en haut des escaliers. Lorsqu’elle aperçut Terence, elle lui sourit, de son sourire si éthéré. 


— Bonjour Terence. Que fais-tu ici ? Je croyais que tu avais terminé ta scolarité depuis plusieurs années. 

— Bonjour Luna. Je suis venue à la demande du Professeur Slughorn pour devenir son assistant. Tu m’as vu en cours de potions, tu ne te souviens pas ?

— C’est possible. Les Nargoles et les Joncheruines ont tendance à m’embêter durant les cours. Pourquoi tiens-tu un lapin ?



A ce stade de la conversation, Lapin Harry en était à se demander depuis quand un Serpentard appelait Luna par son prénom. Mais bon, il décida qu’il n’était plus à ça près. Il avait vu bien assez de choses étranges pour la journée pour ne plus s’étonner. Il avait enfin atteint son but, c’était le plus important. Se dressant sur ses pattes arrière dans les bras de Terence, il leva son petit museau vers Luna. Cette dernière se pencha vers lui, l’observa, et lui sourit. 


— Bonjour Harry. Belle journée pour se promener. Est-ce ta forme Animagus ?

 

Ravi d’avoir été reconnu, Harry fit une petite danse de la joie (qui consista à se dandiner et à gigoter les oreilles, mais ce n’était qu’un détail). Luna était certainement la première à remarquer un dessin en forme d’éclair sur le haut de sa tête, là où sa fourrure était presque blanche. Il avait eu raison d’aller la voir. Elle allait pouvoir le ramener au professeur McGonagall, pour que cette dernière le retransforme en Harry Potter. Délicatement, Terence posa Harry dans les bras de la blondinette, avant de sourire d’un air gêné et de partir en direction des cachots. Vraiment adorable. Dommage qu’ils ne se connaissent pas plus, le Serpentard avait vraiment l’air d’être quelqu’un de sympathique. Soudain, quelque chose le dérangea. Terence n’avait absolument pas semblé surpris d’apprendre qu’il était Harry. Pourquoi ? Avait-il déjà compris ? 


— Non so cosa hai fatto per finire trasformato in un coniglio, ma la cosa migliore è andare dalla professoressa McGonagall per aiutarti a ritrovare la forma umana. Deve sicuramente conoscere una formula. [1]


Oui. Bien sûr. Harry avait parfaitement tout compris. C’était ironique. Il était aussi perdu que devant la première fois où il avait dû chercher la voie du Poudlard Express. Il ignorait que les lapins étaient censés comprendre l’italien. A vrai dire, il ne pouvait certifier qu’il s’agissait de cette langue. Et il était incapable de traduire ce qu’elle lui avait dit. Mais visiblement, Luna n’avait aucun problème avec ça. Il aimait bien Luna pour cette capacité justement. Celle de ne voir que le côté positif et décalé des choses. C’était rafraichissant. 

 

Luna refit donc le chemin en sens inverse. Elle aussi sentait bon d’après Lapin Harry. Pas de parfum entêtant. Pas de paroles infantiles. Juste Luna, ses cheveux bouclés qui lui chatouillaient le museau, et les paroles d’une chanson qu’elle sifflotait dans une langue inconnue. Pour un peu, Lapin Harry se serait endormi dans ses bras. Pelotonné contre elle, il savourait l’instant. Il avait vu Luna nourrir des Sombrals à la main, caresser des Hippogriffes, et il était presque certain qu’elle avait une fois au moins passé du temps avec Fumseck. Il s’était toujours dit qu’elle avait un don avec les créatures. Il en était certain désormais. Apaisé par son chant, il ferma les yeux. Son épisode lapinoïde allait enfin prendre fin.

 

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— Par Merlin, Miss Lovegood, que faites-vous avec un lapin ?

— Ce n’est pas un lapin Professeur. C’est Harry. Vous ne le reconnaissez pas ?

 

Minerva se frotta les yeux, pour être bien certaine qu’elle ne rêvait pas. Dans les bras de la Serdaigle baillait bien un lapin, qui s’essuya consciencieusement les moustaches avant de la fixer d’un regard vert émeraude. Bon. Miss Lovegood semblait avoir raison. Elle avait retrouvé Mr Potter. Un soulagement sans borne envahit la directrice. Elle avait eu si peur quand Mr Weasley lui avait expliqué l’incident. Comment retrouver une si petite créature dans l’immense château qu’était Poudlard ? Au moins, maintenant, elle était certaine que Mr Potter était sain et sauf. Il n’y avait plus qu’à le retransformer en humain. D’un geste souple de la main, Minerva agita sa baguette. Un “Pouf” suivit, et Harry se retrouva au centre de la salle. En Harry. Pour de vrai. Plus d’oreilles à rallonges, plus de petite queue en pompon. Juste un adolescent de 18 ans, le sourire jusqu’aux oreilles. 


— Merci Professeur ! Ça fait du bien de retrouver forme humaine ! Et merci beaucoup à toi aussi Luna ! Tu fais un très bon coussin, je me suis endormi je crois. 

— Je t’en prie Harry. Mais je crois que la personne que tu devrais aller remercier à des cheveux blonds, et est assistant de potions. Tu sais, Terence savait depuis le départ qui tu étais, je l’ai vu dans ses yeux. Il y avait autre chose aussi mais ça tu devrais lui demander toi-même. 

 

Sur ces dernières paroles, elle disparut dans l’angle de la porte, toujours de sa démarche sautillante. Minerva tenta de se reprendre. Elle n’avait pas tout compris, mais décida de ne pas s’en mêler. Vu le sourire quelque peu béat d’Harry, cela ne devait pas vraiment être une mauvaise nouvelle. D’ailleurs ce dernier lui adressa à son tour un dernier remerciement avant de filer. La professeure soupira. Peut-être que finalement, ils avaient raison. Tout cela n’était plus de son âge.

 

Aller voir Ron et Hermione ? Aller le voir ? Soupesant le pour et le contre, Harry se décida finalement à partir en direction des cachots. Si Luna avait laissé entendre ce qu’il avait compris, alors un certain blond répondant au nom de Terence Higgs avait bien des choses à lui expliquer.  

 


[1] Je ne sais pas ce que tu as fait pour finir transformé en lapin, mais le mieux est d’aller voir la professeur McGonagall pour t’aider à retrouver forme humaine. Elle doit sûrement connaître une formule.

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