Aut vincere, aut mori

Chapitre 14 : Expédition nocturne

2245 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/10/2020 18:43

Hermione se trouvait face aux lavabos des toilettes des filles du deuxième étage, devant le robinet au serpent sculpté. Elle s'était échappée du dortoir en catimini, après avoir fait bonne figure dans une discussion endiablée sur la prochaine sortie à Pré-au-Lard, prévue la semaine suivante. Mary, Marlène et Lily s'étaient prises à imaginer des situations rocambolesques où des prétendants viendraient supplier Hermione de les accompagner. Après avoir fini par convaincre les filles qu'elle était très bien toute seule, elle avait attendu d'entendre les légers ronflements de ses voisines pour récupérer l'horcruxe et s'éclipser. Heureusement, Rusard devait être dans une autre partie du château : elle n'avait entendu aucun miaulement sournois lors de son cheminement.


Ouvre toi.


Elle fut soulagée lorsque l'entrée se dégagea devant elle ; le fourchelang était peut-être un attribut de Salazar Serpentard et de ses descendants, mais rien n'empêchait une personne lambda d'en apprendre les rudiments. Elle toucha instinctivement l'horcruxe dans la poche de sa robe. Il serait bientôt détruit. Prenant une grande inspiration, elle s'avança vers le bord de l'ouverture, baguette en main afin d'amortir sa chute, et sauta sans plus attendre.


- Oh la vache !

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Dortoir masculin des Gryffondor de 7ème année. 23h24.


- Moony, tu me files du chocolat ?


Ledit Moony leva un sourcil à l'attention de Sirius, qui le regardait avec des yeux innocents en battant des cils.


- Il me faut bien quelque chose pour passer le temps en espionnant notre cher directeur.


La carte du maraudeur était devenue l'objet de distraction de Sirius, qui s'amusait à compter le nombre d'allers retours que faisait Dumbledore dans son bureau depuis maintenant trente minutes.


- Tu peux toujours rêver, Patmol. Tu me dois encore trois tablettes de chocolat aux éclats de fizwizbiz de chez Honeydukes depuis l'année dernière.


- Je te les rachèterai, promis ! Pré-au-Lard n'est que dans une semaine !


- Pas cette fois, Sirius. L'année vient à peine de commencer et les ASPICS me stressent déjà, il faut bien que je me

venge sur quelque chose.


- Rhooo, Moony, juste un carré...


- Tu ferais mieux de dormir. Je termine ce chapitre et je me couche, je suis crevé.


- T'es pas drôle...


Sirius se renfrogna. Avant de passer à la surprise totale.


- Attends, tu vois la même chose que moi ?


- Sirius, je ne suis pas d'humeur. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu vas réveiller les autres.


Peter avait passé la soirée à étudier une nouvelle espèce de grapcorne dans son livre Mammifères extraordinaires : vie, habitat et croisements récents par J. T. Lioncourt, et James s'était endormi béatement après avoir déblatéré pendant trop longtemps sur les merveilleux cheveux de Lily, qui avaient effleuré son épaule en sortant du cours de Métamorphose. Les deux ronflaient à présent, dans un sommeil bien mérité.


- Hermione vient de sortir du dortoir... Et de franchir la porte de la salle commune ! Tu penses qu'elle va où ?


- Sirius, tu dois être fatigué, elle n'a aucune raison de sortir à cette heure...


- Remus, regarde par toi-même !


Un Remus exaspéré se pencha sur la carte, avant de froncer les sourcils. La nouvelle avait en effet délaissé ses camarades de chambre pour se diriger Merlin sait où...


- Lève-toi, on la suit !


- Il est tard, je n'ai aucune envie de vadrouiller dans le château.


- Je rajoute une tablette sur mon dû.


- Lève tes fesses, on y va. Mais pas un mot aux autres, ils vont nous prendre pour des fous.


Sirius sourit, amusé. Il était si simple de convaincre son meilleur ami ! S'emparant de la cape d'invisibilité et de la carte, il se glissèrent à l'extérieur du dortoir sans un bruit, avant de suivre les traces de leur amie. Elle était apparemment descendue jusqu'au deuxième étage, et se dirigeait vers... les toilettes de Mimi Geignarde ?


- Mais qu'est-ce qu'elle fait ? Personne de mentalement stable n'irait dans ces toilettes, et encore plus au milieu de la nuit !


- Chut, Sirius, ou elle va nous repérer ! Et arrête de gigoter ou tu vas faire tomber la cape !


Se cachant derrière le mur, ils virent Hermione faire face aux lavabos centraux avant de se pencher et d'émettre un étrange sifflement.


- Mais... Elle n'est pas Mangemort pourtant, comment connaît-elle le fourchelang ? C'est de la magie noire !


- Sirius. Tais-toi.


Remus tentait de comprendre la scène qui se déroulait devant leurs yeux. Et cela ne faisait apparemment que commencer, puisque les lavabos avaient laissé place à une ouverture béante, et pas accueillante pour une mornille.

Les deux maraudeurs poussèrent toutefois le même cri lorsqu'ils la virent sauter dans le vide.


- Oh la vache !

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Alors qu'elle était en train de glisser vers la chambre de Salazar, Hermione était paniquée. Elle avait distinctement entendu l'exclamation qui avait été poussée, et ne savait pas comment gérer cet imprévu. Mais son incertitude fut de courte durée lorsqu'elle atterrit sur les ossements, et que non loin d'une dizaine de secondes après deux sorciers perdus atterrissaient au même endroit. Sans hésiter, elle brandit sa baguette vers eux, chose à laquelle ils répondirent immédiatement.


- Mais qu'est-ce-que vous faites ici ?


Sa voix paniquée interpella les deux maraudeurs qui la regardèrent, le regard chargé d'interrogations.


-La bonne question, répliqua Sirius, serait que fais-tu ici ? Tu es à Poudlard depuis une semaine et tu découvres un endroit pareil ? Quoique découvrir est un terme faussé, tu as plutôt l'air de bien savoir où tu mets les pieds.


Le regard de tous descendit vers les ossements, les faisant déglutir. Hermione ne savait que faire. Si elle tentait de les oublietter, ils étaient deux contre un et auraient vite fait de la stupéfixer et de prévenir les autres ; son plan tomberait à l'eau. Elle ne pouvait les mettre dans la confidence, sous peine de mettre en danger l'équilibre des choses et le déroulement des évènements. La troisième option serait de les tromper le temps de leur faire baisser leur garde, mais comment ensuite les immobiliser et les faire sortir de cet endroit ?


- Je... Hum... Je...


- Je vais te faciliter les choses, Hermione, déclara alors Lupin. Pour avoir lu l'Histoire de Poudlard une bonne dizaine

de fois ; Sirius, ne me regarde pas comme ça tu sais très bien que c'est mon livre préféré ; je n'ai aucun doute sur l'endroit où nous sommes. Tu as parlé fourchelang afin d'ouvrir un endroit caché du château et inconnu jusqu'à lors ; le calcul est vite fait.


- Euh, je ne suis pas fort en arithmancie, moi. Quelqu'un peut m'expliquer ?


Ignorant totalement un Sirius perdu, Hermione et Remus se défièrent du regard. Ce fut finalement la jeune femme qui abandonna en premier.


- Ceci, Sirius, est la Chambre des Secrets de Salazar Serpentard, fondateur de Poudlard et de la maison des verts et argent.


La mine de Sirius fut éloquente. Il était loin d'imaginer l'endroit où ils avaient atterri.


- Je reprends donc, Hermione, que fais-tu ici ?


Remus avait pris un ton plus sévère, et même méfiant. Les rares informations qu'il avait pu lire concernant la Chambre étaient inquiétantes, même si l'opinion commune en avait fait une légende après des siècles de recherches infructueuses. Après tout, l'on disait qu'un monstre se réveillerait pour chasser les nés-moldus de Poudlard, et il ne fallait pas être sorcier pour comprendre que cette épuration ne se ferait pas en douceur. Mais il avait également lu que la personne qui pourrait ouvrir la Chambre serait un descendant de l'illustre fondateur.


- Es-tu de la famille de Serpentard ?


- Bien sûr que non Remus, je suis une née-moldue. N'importe qui peut apprendre le fourchelang en se donnant un peu de peine.


- Pour le coup, je confirme, Rem, c'est une née-moldue, avança prudemment Sirius.


Il ne lui avait pas fait part de sa découverte, pas encore. Il attendait d'être au calme pour recevoir des conseils de son ami lycanthrope.


- Tu confirmes ? Comment cela ?


Sirius hésita, sentant que le sujet devenait périlleux.


- Laisse, Sirius, de toute façon, tu le lui aurais dit tôt ou tard, et je t'avais donné mon autorisation.


Se rapprochant de Remus, elle releva sa manche gauche et brandit sa cicatrice en l'air, telle un bouclier.


- Tu n'en parles à personne. Et je ne veux pas de ta pitié, ajouta-t-elle en voyant le regard bouleversé du blond.


Remus savait à quel point les cicatrices pouvaient blesser. Il se transformait déjà tous les mois, dans un processus long et douloureux, mais ce qui le renfermait encore plus était de voir chaque jour cette marque sur son visage, un contant rappel de sa malédiction. Il détestait toujours autant cette cicatrice. Elle l'avait stigmatisé pendant son enfance, l'excluant de toute potentielle amitié, puis s'était senti honteux en venant à Poudlard, en affrontant le regard des autres. Malgré sa merveilleuse amitié avec les maraudeurs et l'énorme risque qu'ils prenaient chaque mois en venant avec lui à la pleine lune, il ne pouvait s'empêcher de se considérer comme un monstre et de voir ces cicatrices comme une brûlant rappel de sa nature. Et en voyant l'insulte infâme sur le bras d'Hermione, il était furieux. Furieux qu'elle doive subir la même douleur que lui. Et en même temps admiratif de sa force. Il acquiesça donc doucement, tentant de lui montrer son soutien.


- Je ne dirai rien, tu as ma parole.


Les trois se regardèrent, appréhendant la suite. Ils ne pouvaient décemment continuer à se menacer l'un l'autre, mais d'une part Sirius et Remus voulaient des réponses, et de l'autre Hermione devait se débarrasser d'eux. Elle prit la parole avec hésitation, essayant de tempérer la situation.


- Je ne peux rien vous dire sur ce que je fais ici, mais je sais que vous ne lâcherez rien... Pouvez-vous me faire confiance sur ce coup-là ? Je vous raconterai tout demain à la première heure.


Sirius rit, pas dupe un instant de son manège. Remus, lui, tenta de trouver un compromis mais se heurta au refus catégorique de la lionne.


- Je dois poursuivre seule. C'est dangereux, vous ne savez pas ce qui se passe et je ne peux absolument pas assurer votre survie.


- Notre... survie ?


- Arrêtez de poser des questions, je ne dirai rien, vous perdez votre temps.


- Hermione, tu nous effraies un peu, s'inquiéta Remus.


- Je ne vais pas vous laisser le choix. Vous repartez et je me tais sur vos petits secrets. Ta passion pour la pleine lune, Remus, et toi Sirius, ton amour des canidés. Le cas échéant, je me ferai un plaisir de vous envoyer à l'infirmerie en prime.


Son regard était devenu polaire. Elle fortifia sa prise sur sa baguette, fermement pointé vers ses deux adversaires qui déglutissaient.


- J'imagine que les parents des étudiants ne seraient pas heureux de savoir qu'un danger mortel les côtoie chaque jour. Il serait dommage que le pauvre petit Lupin retourne dans son exil à la campagne. Hope et Lyall seraient si déçus, alors qu'ils ont tant investi dans l'éducation de leur fils. En revanche, Walburga et Orion seraient ravis de savoir que leur fils renié est un pro de la métamorphose risquant une décennie à Azkaban. Après tout, cela laisserait une place encore plus prestigieuse à leur meilleur fils, ou plutôt leur seul, le prince Regulus Black, futur Mangemort.


Les deux garçons étaient sidérés de voir leurs secrets dévoilés et retournés contre eux. Mais plus important, Remus sentait qu'il y avait un problème avec la réaction d'Hermione. La conversation, bien qu'elle ait mal démarré, s'était réellement assombrie en une fraction de seconde.


- Elle pue la magie noire... murmura-t-il pour lui-même.


Ses sens lupins l'alertaient, et il détectait une forte émanation de magie inhabituellement maléfique dans sa direction, mais ne provenant pas de son aura. Ne perdant pas une seconde de plus, il bondit vers elle en usant de sa puissance animale, la renversa en faisant valser sa baguette et entreprit de l'immobiliser.


- Sirius, vite ! Quelque chose sur elle empeste la mauvaise magie. Cherche dans ses robes, elle doit avoir un objet noir.


Malgré les coups que tentait de donner Hermione, elle ne put se défaire de son emprise et Sirius brandit l'horcruxe encore enveloppé dans une étole, puis le jeta loin d'eux. Aussitôt, la jeune femme sembla sortir d'une transe, avant de lâcher un nom qui étonna les deux autres.


- Ron...

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Chapitre surprise !


J'ai pu avancer en début de semaine, donc vous avez un bonus plus la publication habituelle de dimanche ^^

Vos impressions ? Je quémande vos commentaires, mais j'aimerais vraiment savoir ce que vous en penser, tant globalement que sur un détail qui vous aurait plu !


Bonne soirée et à dimanche,


Cassiopeia Von Black

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