Aut vincere, aut mori

Chapitre 8 : Le saule pleureur

1769 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/09/2020 13:13

Jusqu’à présent, Hermione avait navigué dans Poudlard avec une certaine facilité, et si elle avait eu des vagues de réminiscence plus ou moins douloureuses, elle n’aurait jamais imaginé être dans cette situation. Severus Rogue était installé à côté d’elle, en train d’ajouter le jus de figue dans un chaudron. Cela faisait maintenant cinq minutes que le professeur Slughorn leur avait demandé de réaliser un élixir d’euphorie, et après avoir murmuré un « bonjour » resté sans réponse, elle était restée quasi-tétanisée, laissant Rogue commencer la potion seul. La dernière fois qu’elle avait vu son ancien professeur, il avait deux lésions béantes dans son cou, et avait expiré devant ses yeux, donnant ses souvenirs à Harry. Elle devait se reprendre. Et rapidement. Attrapant les épines de porc-épic, les commença à les piler méthodiquement, avant de les ajouter à la décoction. Elle prit ensuite une fève soporifique et son couteau en argent, et s’apprêtait à la préparer lorsqu’elle fut coupée par la voix sèche du jeune Severus Rogue.


- La fève est quasiment impossible à couper, tu dois…


- L’écraser avec le plat du couteau, termina-t-elle, s’attirant un sourcil haussé. Elle avait apparemment réussi à attiser son intérêt. Le futur potionniste l’examina de bas en haut, apparemment surpris qu’une Gryffondor autre que son ancienne amie rousse s’y connaisse en préparation des potions.


- Severus Rogue, lâcha-t-il.


- Hermione Granger. Enchantée.


Le reste du cours se poursuivit en silence, et ils réussirent à finir avec succès l’élixir d’euphorie, ce qui leur attira l’admiration de Slughorn. Cependant, lorsqu’elle voulut sortir de la classe, elle fut vivement accostée par les Maraudeurs.


- Qu’est-ce-que tu faisais avec Servilus ?


- Servilus ? dit-elle, faisant mine de ne pas comprendre.


- Severus Rogue, cracha Sirius. Tu ne devrais pas le côtoyer, il est mauvais et touche à la magie noire.


- Il ne m’a rien fait. De plus, toucher à la magie noire ne veut pas dire être mauvais. Tout dépend de l’utilisation que l’on en fait. La magie blanche peut être utilisée de manière à faire du mal, tout comme la magie noire peut être détournée pour le bien. C’est le sorcier qui décide de la manière dont il dirige ses sorts.


- Il n’empêche que c’est un Mangemort. Quelqu’un qui est ami avec les gens qui ont attaqué tes parents, renchérit James.


- Je comprends ton point de vue, Hermione, intervint Remus pour tenter de calmer la situation, mais Rogue n’est pas quelqu’un de bien. On te conseille juste de faire attention.


Sur ces paroles, Lily arriva et s’enquit elle aussi du déroulement du cours qu’Hermione avait passé avec son ami d’enfance, ce à quoi la jeune femme répondit de manière neutre. Elle félicita tout de même Hermione pour la réussite de sa potion. Elle fut enthousiaste quant aux talents de la brune, qui aideraient certainement les Gryffondors à gagner des points et à remporter la Coupe des Quatre Maisons.


- Combien de B.U.S.E. as-tu obtenues, Hermione ? demanda alors Remus.


- Eh bien… J’en ai eu neuf, mais je n’ai obtenu qu’un Effort Exceptionnel en DCFM… dit-elle d’une petite voix.


Les trois Maraudeurs restèrent un instant ébahis, avant d’exploser de joie. Lily, elle, était stupéfaite.


- Hermione, tu es notre sauveuse ! s’exclama James. On va pouvoir faire toutes les blagues possibles, et gagner quand même la Coupe ! Même Lily n’a pas eu d’aussi bons résultats !


Il déglutit en se rendant compte de ses propos, alors que la rousse le regardait en fronçant les sourcils, vexée. Le petit groupe sortit des cachots et fut bientôt rejoint par Peter, qui était lui en cours de Botanique. Ils décidèrent de remonter en salle commune, et les filles débutèrent le devoir de McGonagall avec Remus, tandis que les trois autres Maraudeurs s’installèrent sur le canapé, argumentant qu’ils n’auraient que trop de temps pour le faire.


Hermione, après avoir passé une heure plongée dans sa rédaction, se prit à réfléchir à un moyen d’entrer dans la Réserve. Soit elle utilisait un sortilège de Désillusion, difficile à réaliser, soit elle allait chercher la cape d’invisibilité de James ; mais comment la prendre sans se faire attraper ? S’excusant auprès des filles et de Remus, elle décida de sortir s’aérer l’esprit, et se dirigea vers le parc du château. Lorsqu’elle était à Poudlard à son époque, son deuxième refuge après la bibliothèque était un espace sous un saule pleureur non loin du lac noir, à l’abri des regards. Elle avait découvert ce coin lors de sa quatrième année, afin de se tenir loin de l’effervescence du Tournoi des Trois Sorciers, et s’y était rendue régulièrement depuis lors pour réviser tranquillement.


La jeune femme s’assit dans l’herbe verte, le regard tourné vers le lac sombre, demeure du calamar géant. Sortant un parchemin et une plume de son sac, elle s’attacha alors à faire la liste des horcruxes et de leur emplacement. Le journal. Le médaillon. La coupe. Le diadème. La bague. Pour le premier, elle se doutait qu’il devait être dans la bibliothèque des Malfoy. Voldemort avait sans doute dû le confier à Abraxas Malfoy, le père de Lucius, bien avant qu’il ne lui ordonne de l’introduire à Poudlard via Ginny Weasley. Le médaillon était certainement déjà en sûreté dans la caverne, mais elle devrait le voler avant Regulus. Si ce dernier le confiait à Kreattur, elle aurait deux fois plus de difficultés à le récupérer, car elle mettrait en danger l’elfe de maison vis-à-vis de l’ordre de protection de l’artefact qu’il recevrait. La coupe était à Gringotts, sans aucun doute : Bellatrix Lestrange avait dû s’empresser de cacher l’horcruxe dans son coffre dès que son maître adoré lui en avait confié la garde. Le diadème serait simple à retrouver, tout comme la bague des Gaunt : tous deux cachés dans des endroits inconnus, il n’y avait certainement que Voldemort et Hermione en 1978 qui devaient connaître leur emplacement. Cependant, au vu de l’état dans lequel avait fini la main de Dumbledore, elle allait devoir redoubler de prudence en allant sur les ruines de la maison des Gaunt. Elle n’aurait au moins pas à s’occuper de Nagini ou d’Harry, ces deux horcruxes ayant été créés bien plus tardivement. Elle se rendrait dès demain, samedi, dans la salle sur demande, pour le diadème, puis aviserait pour le médaillon de Serpentard.


Mais sa recherche des horcruxes ne servirait à rien si elle n’obtenait pas le moyen de les détruire. L’épée de Godric Gryffondor que le Trio d’Or avait utilisée était en sécurité dans le bureau de Dumbledore, inaccessible. Elle devrait pénétrer dans la chambre des Secrets une nouvelle fois et combattre le basilic afin de récupérer ses crocs et son venin. Elle aurait de plus à faire des recherches sur le Fourchelang, n’ayant ni Harry ni Ron à ses côtés, mais cela impliquait également d’entrer dans la Réserve de la bibliothèque, si elle ne parvenait pas à se souvenir des mots prononcés. Elle pourrait essayer une forme de méditation avancée pour accéder à cette image de sa mémoire, mais elle n’était pas encore très à l’aise avec cette méthode.


Abandonnant ses notes, Hermione s’appliqua alors à exercer sa magie instinctive. Elle en avait pris l’habitude lors de leur année de cavale avec Harry et Ron ; elle méditait des heures durant afin d’exacerber ses dons et rendre par la suite ses sorts plus puissants. Un sorcier pouvait aller jusqu’à doubler ses talents naturels par cette méthode. En effet, la magie avec baguette constituait la quasi-totalité de l’enseignement à Poudlard, alors que cette branche plus rare de la magie était laissée pour compte. Or, elle était la première manifestation de magie chez les sorciers : les enfants en faisaient inconsciemment depuis leur plus jeune âge, guidés par leurs émotions, puis tous abandonnaient cette pratique à l’obtention de leur baguette à onze ans. De fait, les sorciers, notamment les sang-purs, associaient la noblesse et la dignité d’un sorcier à sa baguette : toutes les créatures magiques en étaient privées, et les porteurs de baguette asseyaient ainsi leur dominance sur le reste du monde magique. Bien sûr, il existait de la magie sans baguette, mais elle était inaccessible par sa difficulté à la majorité de la population, et restait très mineure. La magie instinctive était donc plus accessible bien que plus rarement étudiée, et renforçait considérablement la puissance d’un sorcier ; mais peu étaient ceux qui la pratiquaient.


Hermione commença à méditer, jambes croisées et paumes ouvertes, essayant de ressentir son environnement. Le vent, les feuilles tombant de l’arbre, la chaleur des rayons de soleil de fin de journée. Elle se concentra sur les feuilles tournoyant grâce au vent, et les fit danser dans l’air, décrivant de larges vagues, modifiant aléatoirement la vitesse de leur vol. Elle peignait une fresque aérienne, et se sentait enfin relaxée, laissant sa magie vibrer librement. Elle se concentra alors pour créer différentes formes avec les feuilles, accélérant le rythme. La jeune femme poursuivit ces exercices avec sérieux jusqu’à ce qu’elle sente sa magie fatiguer. En rouvrant les yeux, elle se sentit entière. Une baguette magique canalisait l’énergie du sorcier et l’empêchait d’utiliser tout son potentiel ; s’exercer ainsi faisait donc travailler son corps entier. Elle ressentait le besoin de laisser s’exprimer sa magie de plus en plus fréquemment ; cela apaisait son esprit et renforçait son flux magique.


- Impressionnant. Je ne savais pas que les élèves de Poudlard apprenaient la magie instinctive.


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