Les Amours de Radimir Vynoque
« - M’enfin, il va pas non plus les border ces deux furibondes ! Pourquoi il met tant de temps à revenir ce scélérat ?
Snape était assis dans un coin de la pièce et réfléchissait à toute vitesse sans prendre compte des remarques de Radimir et du chant infernal qui s’élevait de la pierre ensorcelée.
- Nous avons besoin de cette formule pour coincer cette Immondice, Vynoque ! Réfléchissez au lieu de vous lamenter ! Nous ne pouvons pas fuir, il nous faut confronter ce MacMolsby et lui tirer les vers du nez…
- Calmez-vous mon bon Snape, vous n’allez pas nous en faire une jaunisse ? A nous deux nous allons réussir à lui faire cracher sa soupe ! »
Vynoque en réalité se trouvait dans une situation bien embarrassante. À vrai dire la pire de toutes ! « Je vais bientôt être pris en tenaille dans un sacré guêpier » marmonnait-il intérieurement. Il ne fallait surtout pas que Snape découvre son lien avec MacMolsby sinon il était perdu !
« - Vynoque, tenez-vous prêt, il va falloir ruser !
- Ah Snape, vous voulez que j’use de mes charmes pour séduire l’anglo-saxon ? paniqua Radimir.
- Non ! trancha Snape tout à coup très énervé. Il n’a pas l’air disposé à nous livrer son sortilège autour d’une bonne tasse de thé. Je ne sais pas ce que vous êtes encore allé manigancer avec des bécasses de serdaigles, mais vous l’avez mis en rogne. Ecoutez, j’ai une idée. Quand il passera la porte je lui jetterai un sort et vous…QUE FAITES VOUS ? »
Radimir en nage, non seulement à cause de la course folle qu’ils venaient de réaliser, mais également à cause de la panique qui s’installait dans chaque parcelle de son corps, avait entrepris de délasser sa cravate et de dégrafer les boutons de sa robe pour respirer un peu mieux.
« - Je vous ai dit qu’il était hors de question que vous le séduisiez ! »
Des bruits de pas se rapprochant de la pièce se firent alors entendre.
« - Vite, Vynoque, lorsque je lui jetterai un sort pour le pétrifier vous en profiterez pour attraper le sortilège dans sa poche ! »
Vynoque, tout à coup plus guilleret, et raclant du pied tel un taureau dans une arène, se tint prêt au départ. S’il réussissait cette tâche il allait pouvoir s’en tirer sans une confrontation entre les deux hommes. Snape, à l’autre bout de la pièce, brandissait sa baguette en direction de la porte, prêt à frapper. La porte s’ouvrit alors. Notre bon Vynoque se précipita soudain en direction du nouvel arrivant dans un élan tel que tous les meubles de la salle allèrent valdinguer et se fracasser à terre.
« - POUR MES ANCÊTRES ! hurla-t-il front en avant »
Snape et MacMolsby frappèrent en même temps. Les deux sortilèges atteignirent en plein cœur le Vynoque bondissant qui s’était mis au milieu de leur trajectoire.
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Lorsque Radimir reprit connaissance, il était allongé au sol. Penchés au-dessus de lui, d’un air soucieux, se trouvaient un beau blond d’un côté et un séduisant brun au large bec de l’autre. La proximité de ces deux hommes permit à Radimir de sentir leurs parfums. L’un deux portait sur lui de l’essence de rose, qui vint lui chatouiller agréablement les narines.
« - Deux adonis, s’extasia-t-il aux anges. »
Une douleur outrancière dans le cou vient le ramener à la réalité. Ah, il avait dû se faire un torticolis dans cette histoire !
« - Arffff mon cou me fait un mal de chien. Il suffit que je penche la tête sur le côté… comme ça, et hop ! Ca me laaaaance…MacMolsby, donnez-nous le sortilège ! s’ébroua-t-il en se remettant sur ses pattes.
Le beau William scrutait notre Radimir avec un mélange de colère et d’attendrissement.
- Les deux charmantes sorcières de serdaigles m’ont tout raconté. Je suis assez surpris de voir que tu recours à de tels stratagèmes pour me voler mes affaires personnelles. Tu aurais pu simplement me demander, tu ne penses pas Radimir ?
- Oui vous auriez pu, grommela Snape qui jetait des regards furieux dans toutes les directions.
- Rrrrrrr, racla William, ce qui est fait est fait. Pourquoi voulez-vous ce sortilège ?
- MMMMBBBFFRRR, l’Ange de la mort en a après moi ! Elle veut me voler ma VERTU, enchaîna-t-il en se trémoussant sur place.
- Ta vertu ? ricana amèrement MacMolsby. Et vous voulez le sortilège de mon ancêtre pour la vaincreeuuuh, c’est cela ?
- Ecoutez Vynoque, on perd notre temps, s’il ne veut pas nous donner cette formule, grand bien lui fasse, nous nous débrouillerons par nous-mêmes ! intervint Snape
- Pourquoi vous mêlez-vous de cela vous ? C’est une histoire entre Radimir et moi-même.
- Je ne permets pas à un blanc-bec comme vous de m’adresser la parole sur ce ton, MacMolsby, s’emporta Snape.
- Et vous, qui êtes-vous Snape pour venir fourrer votre grand nez dans mes appartements et dans mes conversations privées avec Radimir ?! »
« Ah me v’la bien ! Ça tourne à la vinaigrette ! » pensa le Vynoque lorsqu’il vit William MacMolsby tendre ses muscles et raidir les poings. Snape quand à lui était littéralement outré qu’on puisse s’adresser à lui de cette façon :
« - MacMolsby, je vous interdis de me parler sur ce ton ! gronda-t-il en brandissant sa baguette. Donnez- nous ce sortilège ou je vous…
- William, il va vous occire ! Renoncez !
Mais MacMolsby avait déjà brandit sa baguette à son tour et défiait le maître des potions d’un regard de braise. Vynoque était à la fois médusé et charmé : deux apollons se battant pour son corps, il n’en demandait pas tant ! William sortit un gant en soie de sa poche et s’approcha de Severus d’un pas décidé, toujours armé de sa baguette dans l’autre main :
- Snape, si vous voulez ce sortilège je vous le donnerais, à condition que vous me vainquiez ! Je vous défie à l’anglaise !
Sur ces paroles il gifla Snape de son gant tandis que ce dernier devenait rouge de colère.
- Rendez-vous cette nuit dans la Grande Salle ! »
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Vynoque attendait avec Snape devant la porte de la Grande Salle, la tête cachée sous un drap de lit qui pendait jusqu’au sol. Il devait passer incognito. Il avait vu dans des livres des sorciers munis de grands capuchons et il avait voulu s’en confectionner un. Le pauvre Vynoque en avait oublié qu’il n’était pas habile de ses mains. La musique s’élevant de la pierre avait été ensorcelée par Snape pour chanter beaucoup plus doucement. Radimir Vynoque n’avait jamais vécu de situation si palpitante, deux hommes allaient se battre en duel pour lui. Quel bourreau des cœurs il faisait. Il ne doutait pas que Snape allait gagner bien sûr, mais il avait décidé de feindre l’amant inquiet :
- Snape, ne vous laissez pas pourfandre par cet ostrogoth, geignait-il dans le couloir, c’est un fourbe, un digne félon de Quize ! Il sera prêt à tout !
MacMolsby apparu tout à coup, sortant de nulle part. Il portait une large cape et un capuchon, comme Vynoque en avait vu dans les livres. « Il est tout de même bien bâti ce cheesecake ». William semblait fou de rage, pourtant quand il passa devant Radimir, il lui effleura la main et s’y attarda une fraction de seconde.
- A nous deux Snape ! Entrons.
Lorsqu’ils ouvrirent l’épaisse porte de la Grande Salle, il ne leur fallut pas longtemps pour comprendre qu’ils n’étaient pas seuls. Une espèce de créature se tenait attablée. On ne pouvait distinguer son visage caché sous son épaisse fourrure emmêlée. Une chose était sûre : cette bête était féroce ! L’être infecte fit soudain un mouvement. Vynoque ne put s’empêcher de pousser un cri plus strident et aigu que jamais :
- Aaaaah ! Cette fois j’en suis sûr ! C’est le restant de la colère de Dieu ! Le restant de la colère de Dieu SUR TERRE ! PROTEGEZ MOI !
- Qu’est-ce que c’est que cette chose affreuse ? blêmit MacMolsby
- Regardez, la bête mange un CADAVRE ! Elle va gober un pauvre humain jusqu’aux os ! Oh, Snape, je vais défaillir…
En effet, la bête féroce porta un os à ce qui semblait être sa bouche et déchiqueta la peau qui se trouvait dessus. Un courant d’air froid entra dans la pièce. « La faucheuse arrive ! », pensa Radimir proche du malaise. En réalité il s’agissait du fantôme Karl qui allait rejoindre l’hideuse créature. Il constata avec étonnement la présence des trois sorciers qui se tenaient toujours devant la porte :
- Vous venez manger du paon vous aussi ? Je vous préviens, c’est dur comme du chien en réalité, mais la brave Rabouté connaît des recettes miraculeuses pour attendrir la viande !
- Rabouté ? Vous voulez dire que cette charognarde est la Fèche ? Malheur, elle est encore plus ébouriffée qu’à son habitude. Tondez ça la gueuse, on pourrait vous prendre pour un sanglier et vous abattre ! grogna Vynoque.
- Déguerpissez de là tous les deux ! lança Snape de sa voix la plus sinistre à l’attention de cet étrange couple.
Sous le choc du ton qu’avait pris Snape, le fantôme et sa drôle de compagne ne songèrent même pas à répliquer et filèrent en vitesse. Ils laissèrent en plan l’oiseau mariné sur lequel le Vynoque se rua. Il attacha son drap autour de son cou en guise de bavoir et entreprit d’engloutir l’animal. Il ne fallait pas gâcher ! Et puis, il n’allait tout de même pas assister à cela le ventre vide !
Une fois sûr d’être bel et bien seuls, Snape lança un sort de protection sur la porte d’entrée afin que personne ne puisse les déranger ou les surprendre. Puis il se mit en position au bout d’une des rangées que formaient les tables de la Grande Salle.
- Allez MacMolsby, montrez-nous ce que vous avez dans l’ventre ! Mais qu’une chose soit bien claire, si vous perdez vous me donnez le sortilège ! lança-t-il.
- C’est entendu, déclara sombrement William.
Les sorts fusèrent alors en tous sens. Des flashs rouges, bleus, violets éclairèrent la pièce. Vynoque ne savait plus où donner de la tête. Cela allait beaucoup trop vite pour lui. « Bon dieu, ils vont s’esquinter ! », pensa-t-il. Plusieurs minutes se déroulèrent ainsi. William lançait beaucoup de sorts de protection : Snape avait le dessus. À un moment, MacMolsby s’essaya à un sort de tempête qui vint scotcher le bavoir du Vynoque sur son museau et fit dresser ses petits cheveux fins sur sa tête. Mais Snape lui renvoya le sortilège en le décuplant. William luttait de toutes ses forces pour ne pas perdre l’équilibre. « Il va bien finir par se casser la margoulette ! ». C’en était trop pour Vynoque qui ne put se retenir d’hurler dans la salle telle une pom-pom girl en délire :
- Go Snape ! Go Snape ! Faites lui manger la poussière ! Encore un peu et il va se casser le groin !
Snape ne fut pas déstabilisé par les beuglements du Vynoque, au contraire. Il asséna un rude coup au britannique. BAAAAM ! Ce dernier se retrouva soudain à terre, vaincu.
- BRAVOOOO SNAPE ! Ah quel exploit…! soufflait le Vynoque s’essuyant un front dégoulinant de sueur. Alors William, la formule ? Donne-la-nous ! Et ne fait pas cette tête. Regarde-toi, on dirait un mouton à cinq pattes dans lequel on a inséré des feuillets !
MacMolsby, à terre, avait bien de mal à cacher sa honte et son mépris à son adversaire. D’un geste de cape il se remit debout, saisit la formule dans la poche de sa cape et la lança au visage de Radimir en sortant de la salle tandis que Snape et Vynoque se souriaient d’un air complice.