Hannibal & Mischa
Jack Crawford avait décidé de laisser Will et son psychiatre enquêter seuls pour la matinée. Hannibal suivit l'agent jusqu'à sa voiture.
- Où va-t-on ?
- On va chercher des indices sur des chantiers. Le morceau de métal, c'est une rognure de cuivre d'une fraise à fileter. On n'utilise pas cet outil sur tous les chantiers, et pour l'instant c'est notre meilleure piste.
- Et que cherche-t-on ?
- Je ne sais pas, chaque détail qui paraisse un peu étrange. Vous savez, après réflexion, je pense que le ticket d'or de notre tueur est sa fille. Elle va entrer à la fac et il redoute son départ. C'est pour ça qu'il les mange, il veut garder en lui une partie d'elles.
- Will, je voulais vous demander, qu'avez-vous ressenti quand vous êtes entré dans la tête de l'imitateur ?
- C'était… Très dur, très violent, répondit-il troublé. J'ai ressenti la même allégresse que lui devant la souffrance de cette fille…
- Vous vous en voulez de ressentir des émotions qui vous répugnent, vous vous demandez s'il y a un monstre qui se cache au fond de vous ?
- Oui… Vous savez cet imitateur, il n'a laissé aucun indice et il ne tuera peut-être plus jamais comme ça. J'aurai du refuser d'entrer dans sa tête, ça ne nous permettra pas de l'arrêter.
- Il y a des indices : la presse n'a pas été informée qu'Elise Nichols a été empalée sur des bois de cerf ni que le tueur lui a retiré son rein… L'imitateur fait partie de l'équipe qui mène l'enquête.
- Oui… Je ne sais pas lequel parmi nous vois les humains comme des animaux… Je ne veux plus y penser.
Il était évident que Will n'était pas de nature à résister aux enquêtes sur des crimes si effroyables. Cependant son envie de sauver des vies, probablement exacerbée par Jack Crawford, le poussait à continuer au détriment de sa santé mentale. A sa connaissance, il était le meilleure profiler, mais les pires criminels n'avaient pas trop de souci à se faire. Le briser psychologiquement serait d'une facilité déconcertante !
Le véhicule sortit de la forêt pour se retrouver dans une zone urbaine. Ils bifurquèrent sur la droite et virent un grand bâtiment se dresser tandis que le sol devint sablonneux. La construction n'était que parpaings et tiges de métal. Partout sur cette armature, des ouvriers s'affairaient dans un grand fracas. Will se gara devant une pièce en préfabriqué qui abritait un bureau. L'agent y entra quelques instants pour signaler sa présence et prévenir à propos de ses recherches. Il se dirigea ensuite vers l'immense structure. Hannibal lui emboîta le pas. Le docteur regardait les travaux tout autour de lui sans rien y comprendre, il pouvait juste se fier à Will. S'il avait plusieurs domaines de prédilections, le travail de ses mains le répugnait, comme l'odeur et la poussière qui en découlait. Très mal à l'aise, il ne supportait pas que son interlocuteur ait l'avantage sur lui, quelque soit le sujet. Ils déambulèrent dans ce vacarme pendant un moment avant que l'agent annonce qu'il ne voyait rien de notable. Ils retournèrent dans le bureau. Le secrétaire avait une trentaine d'année, il présentait assez bien. Ils inspectèrent les documents disponibles, en particulier les contrats d'embauche et les lettres de démission.
- Garret Jacob Hobbs, s'exclama soudain Will en tendant une feuille à Hannibal. Les autres ont tous laissé une adresse mais lui n'a laissé qu'un numéro de téléphone… Est-ce qu'il a une fille ?
- Oui, répondit le secrétaire, elle lui apportait parfois son déjeuner.
- A quoi ressemble-t-elle ?
- C'est une jolie fille… De taille moyenne… Cheveux noirs…
- Vous avez une adresse ?
- Je cherche ça.
Les deux hommes continuèrent un moment de fouiller les documents après que le secrétaire leur ait indiqué l'adresse du suspect. Il décidèrent d'embarquer certains dossier et Hannibal se retrouva un instant seul dans le bureau. Sur le téléphone, il composa le numéro de ce Garret Jacob Hobbs en prenant soin de ne pas laisser d'empreinte. Il l'avait retenu une demi-heure au par avant en lisant sa lettre de démission. Il avait eu une idée amusante.
- Allo ?
- Garret Jacob Hobbs je vous prie.
- C'est moi.
- Ils savent.
Le docteur raccrocha le téléphone et reprit ses activités. Il ne lui restait plus qu'à voir ce qui allait se passer.
La voiture de Will se gara devant la maison présumée d'un certain Hobbs. Will sortit rapidement et s'avança vers la bâtisse. Il était déjà sur le péron lorsqu'un homme projeta une femme par la porte d'entrée. Celle-ci s'effondra sur le sol, du sang lui coulait du cou. L'homme disparut en refermant la porte. Will, paniqué, essayait tant bien que mal de retenir le sang qui s'en échappait. Hannibal, lui venait à peine de se lever de son siège : pas la peine de se précipiter pour prendre un coup de couteau ou une balle perdue. Will prit finalement conscience qu'il était trop tard pour sauver cette femme. Il dégaina son arme, la pointa devant lui, ouvrit la porte et la franchit. L'homme tenait une jeune fille dans ses bras. Elle ressemblait aux autres victimes disparues.
- POSEZ VOTRE ARME !
L'homme entailla le cou de sa fille avec un petit couteau. Will tira vers lui, et l'homme s'effondra. L'agent se précipita vers la jeune fille et essaya de retenir son sang. Hannibal ayant observé toute la scène, prit son temps avant de relayer Will d'une façon plus efficace.
Will se réveilla en sursaut, haletant. Il était dans son lit, à la maison. Alana s'éveillait juste à coté de lui, ses chiens reposaient paisiblement sur les tapis.
- Tout va bien, Will.
- Je dois aller la voir.
- Tu peux attendre quelques heures, il très tôt. Ta présence n'améliorera pas son état.
Will se leva et commença à s'habiller.
- Peu importe. Je me sens responsable.
- D'accord mais je viens avec toi.
Il entra dans la chambre d’hôpital. Le bip régulier rassura un peu Will. La jeune fille avait l'air paisible, allongée dans son lit médicalisé. Will remarqua que quelqu'un lui tenait la main. Il fit un pas et vit Hannibal Lecter endormi dans un fauteuil près du lit. Alana arriva derrière lui.
- Ils ne savent toujours pas si elle va s'en sortir, elle a perdu beaucoup de sang...
Alana le prit dans ses bras. Elle savait qu'il se sentait coupable de l'état d'Abigail Hobbs.