My cannibal obsession
Je veux en savoir plus sur cette Jenna Greene. Lecter a dit que c’était une ancienne prostituée et qu’elle avait été tuée de la même manière qu’Elisabeth Forns. Will ne peut pas être à l’origine de ce crime puisqu’il est arrivé hier quand il était déjà en prison. Il faut que je retrouve le tueur et que je fasse mon possible pour libérer Will.Taper son nom sur google ne m’avance à rien et je n’ai plus accès aux données du dossier étant donné que cette mèche de cheveux m’y a mêlée. Il ne me reste plus qu’une seule solution. J’attrape mon téléphone et appelle Beverly Katz. Elle décroche rapidement.
« Je sais pourquoi vous appelez et vous savez que je ne peux rien faire pour vous Dr Hoster.
- Je vous en prie Beverly, j’ai besoin de savoir comment l’enquête avance, j’ai besoin d’en savoir plus sur Jenna Greene. Vous comprenez ma frustration, la personne qui l’a tuée voulait rentrer en contact avec Will Graham, c’est peut être même elle qui m’a coupé cette mèche de cheveux. Je peux vous aider, et vous pouvez m’aider.
- Retrouvez moi chez Graham à seize heures.
***
J’arrive chez Will, tout y est désert. Le vent souffle fort sur les carillons qui pendent sous son porche. Je monte les escaliers et j’aperçois un de ses chiens dans un coin de sa terrasse, sous une vieille chaise en plastique blanc mais grisé par le temps. C’est Alana qui garde ses chiens. Celui ci n’a pas dû vouloir quitter cette maison. Néanmoins elle a pris soin de laisser à disposition des croquettes et un peu d’eau. Le chien me connaît, il m’a déjà vue. Il m’avait paru être le plus fidèle et je ne m’étais pas trompée. Le ciel grisâtre rend la scène plus triste encore. Je m’approche de lui et le caresse. Sa queue remue et me réchauffe le coeur.
« Graham avait l’air d’être un type bien et d’aimer ses animaux, avant tout ça, me surprend Beverly.
- Il l’est. La fidélité de ce chien en témoigne.
- Vous ne le croyez pas coupable?
- J’en suis sûre. », rétroqué-je.
Nous entrons dans le salon. Il y flotte toujours la même odeur de chien mouillé et d’humidité. Les objets ont été déplacés pour les fouilles et on peut voir des résidus de poudre servant à prélever les empreintes. Partout où je regarde je peux revoir Will dans cette maison. Et plus je l’imagine, plus je me répète qu’il ne méritait pas cela.
« Donc vous vouliez parler de Jenna Greene. Je vous écoute, que voulez vous savoir?
- Dites moi ce que vous avez observé.
- D’accord, dit-elle en s’asseyant sur une chaise en bois de la salle à manger, Jenna était une prostituée, elle a été défigurée avec une extrême violence et exposée dans son appartement.
- Quand ça?
- Après que Will ait été incarcéré. »
Beverly sort un dossier de son sac, qu’elle tient fermement contre sa poitrine.
« Je vais vous montrer les photos, déclare-t-elle, mais il faut me promettre un avis objectif sur le profil du tueur.
- Je vous le promets, j’ai toujours eu un avis objectif. »
Elle a probablement peur qu’au lieu de décrire le profil du tueur j’insiste sur le fait qu’il ne peut pas être Will, et que donc je néglige certains points communs entre ce tueur et Graham.
Elle fait glisser les photos sur la table, je les observe silencieusement pendant de longues minutes.
« Celui qui a fait ça est un malade.
- Sans blague?, ironise-t-elle.
- Non, je veux dire. Il a voulu copier celui qui a tué Elisabeth Forns, mais très maladroitement. Regardez, il a du frapper cette femme pendant des heures. Ce meurtre est sale et sans aucun respect envers la victime. C’est un fou en liberté, son unique but est de faire le mal, et sans mauvais jeu de mot il s’y prend très mal. Un organe a-t-il été prélevé?
- Non. Il n’est pas cannibale. »
Beverly Katz n’est aucunement surprise de ce que je lui raconte, j’ai l’impression qu’elle ne m’a même pas écoutée. Elle devait déjà savoir tout cela, et j’ai le sentiment qu’elle en sait plus encore.
« Je ne suis pas la première personne à qui vous en parlez. Vous en avez parlé à Will. », lancé-je.
Elle me regarde fixement, la bouche légèrement ouverte, elle soupire.
« Je voulais simplement vous aider.
- Et je vous en remercie. Je dois y aller maintenant, bonne soirée. », dis je en me levant.
Je cours jusqu’à ma voiture pour réfléchir. Tout est clair maintenant. Will sait pour l’imitateur et pour le meurtre de Jenna Greene, il sait probablement pour ma mèche de cheveux et c’est pour ces raisons qu’il a appelé Freddie Lounds. Il veut communiquer lui aussi avec
l’imitateur. Je me connecte sur Tattle Crime avec mon téléphone. En première page, l’interview de Will. Bingo. Je ne prends pas le temps de la lire.
Je mets le contact et roule en direction de la prison.
***
Devant la prison se trouvent des tonnes de journalistes. J’essaie de ne pas y penser et ignore leurs appels. Ils connaissent tous mon nom.
Ce n’est pas le même gardien que la dernière fois. Celui ci me parait un peu plus équilibré. Il me rappelle les règles et me fait entrer dans la salle où je peux voir Will.
« Je pensais que tu ne reviendrais plus, dit-it sans me regarder.
- J’ai compris ton petit jeu. Alors, qu’à donné l’interview? Sais -tu qui est l’imitateur maintenant?
- Je ne veux plus que tu sois mêlée à ça.
- Il faut que tu me parles, c’est aussi lui qui m’a pris une mèche de cheveux? Il faut qu’on arrête ce type, et qu’on te sorte…
- Attends, me coupe-t-il. De quelle mèche tu parles? »
Son expression change, il me regarde fixement et il a l’air inquiet. Il n’est donc pas au courant. Beverly ne lui a parlé que de Jenna Greene et même si Will a souvent sauvé des vies, le meurtre de Jenna ne suffit pas à ce qu’il prenne un tel risque en tentant de rentrer en contact avec l’imitateur fou.
« De quelle mèche est-ce que tu parles?, articule-t-il
- Pourquoi voulais-tu retrouver l’imitateur?, le questionné-je
- Réponds-moi, de quelle mèche tu parles?
- Tu l’as vu? Que lui as-tu dit?
- Oui je l’ai vu, avoue-t-il. A-t-il tenté de te…
- LA FERME. »
Je pose mes deux mains à plat sur la table et réfléchis. Je ne vois qu’une seule raison pour que Will veuille retrouver l’imitateur.
« Eh, calmez-vous. », intervient le gardien.
Je fixe Will, la bouche entrouverte. J’ai compris.
« Où est Lecter?, lancé-je.
- Tu ne dois PLUS te mêler de tout ça. », insiste-t-il.
Je me lève et me précipite vers la sortie. Je rejoins ma voiture déterminée à sauver Hannibal et compose le numéro de Crawford.
« Jack il faut absolument que vous localisiez Hannibal, il est en danger, je vous en prie
- Où devrait-il être à cette heure? »
Je regarde ma montre. Il est déjà dix huit heures trente.
« Il devrait déjà être rentré, nous… nous devions dîner à dix neuf heures, hésité-je.
- Et où devait-il aller, avant ça?
- On est lundi. Tous les lundis à seize heures trente il se rend à la piscine, elle ferme à dix huit heures .
- Il peut être soit là bas soit chez vous.»
Pourvu qu’il ne soit pas chez lui, pourvu que l’imitateur n’ait rien trouvé qui puisse l’incriminer. Le temps me paraît trop long, les minutes passent. Will a engagé l’imitateur pour tuer Hannibal, sans savoir que cet imitateur me menaçait également.
« Lecter est à la piscine. J’y vais.
- Je vous y rejoins. », réponds-je, inquiète.
***
J’arrive à a pisicine, Jack est déjà sur place, sa voiture y est garée. Il est entré à l’intérieur, je me précipite. Il fait noir dehors. Je cours jusqu’à rejoindre Jack dans le hall, il allume une lampe torche qu’il place sous son arme, et avance prudemment. Je passe derrière lui, nous entrons dans la salle principale, là où se trouve la piscine. Les seules lumières présentes sont dans l’eau, elles nous permettent de voir des ombres. La salle résonne, nous essayons de ne pas faire de bruit. Il fait chaud, l’air est humide, l’eau est calme. Soudain nous entendons du bruit. Un bruit sourd, paraissant venir de loin.
« Il n’y a personne ici, avançons. », chuchote Jack.
Les secondes sont interminables, d’autres bruits retentissent et ils semblent se rapprocher de plus en plus. Nous continuons d’avancer quand Jack ouvre une porte donnant sur un sous sol. Nous descendons les marches qui mènent dans un tunnel qui semble être illuminé. Au bout du tunnel, nous pouvons entendre une voix, nous ralentissons et nous faisons plus discrets.
Il a suffit d’un petit virage dans le tunnel pour qu’on puisse voir Hannibal, presque nu, crucifié, mais vivant. Ma gorge se serre encore plus lorsque j’aperçois qu’il tient ur la pointe des pieds sur un sceau, et qui a une corde autour du cou. A ses pieds, un grand homme mince à l’air dédaigneux. Je le reconnais; c’est le gardien de Will, celui qui n’était pas là aujourd’hui, celui qui m’avait parlé de Michael Jackson. C’est lui l’imitateur fou.
« Vous savez, Dr Lecter, que Judas avait eu la décence de se pendre lui même par honte de sa trahison. », dit-il.
Crawford et moi avançons toujours, nous sommes encore dans la pénombre, Hannibal est face à nous, et le gardien se promène dans ce sombre endroit en regardant ses pieds. Je vois des gouttes ruisseler sur le corps musclé de Lecter, sans doute un mélange d’eau chlorée et de sueur. Il tente de se débattre.
« Mais j’ai pensé que vous aviez besoin d’aide, Docteur. », ajoute l’imitateur en poussant de quelques centimètres sur la gauche le sceau qui retient Hannibal.
Mon coeur fait un bond, Hannibal essaie de rapprocher le sceau sur la pointe des pieds, et il a les deux mains sur la corde qui lui serre de plus en plus le cou.
« Plus un geste. », dit Crawford en avançant de quelques mètres, son arme toujours pointée sur le fou.
Le gardien se retourne et nous voit.
« Tiens donc. Le vaillant justicier et… oh? Qui vois-je? Vous avez les cheveux soyeux, Mademoiselle Hoster. »
Il approche sa main de sa hanche. Je m’apprête à bondir. Je regrette tellement de ne pas avoir d’arme. Enfoiré.
« Il est armé Jack. », intervient Hannibal.
Le fou donne un grand coup de pied dans le sceau qui retient Hannibal et, Crawford, après avoir regardé Lecter d’un suspicieux, appuie sur la gâchette.
Lundi 31 mars.
Même sur un lit d’hôpital, Hannibal Lecter garde le sang froid et l’élégance qui le caractérisent. Nous n’avons pas encore eu l’occasion de rester seuls, la police lui a posé beaucoup de questions. Il n'était pas blessé puisque nous avons immédiatement accouru pour l'aider mais il est gardé en observations par l’hôpital encore pour quelques jours, et la police continuera à la surveiller tant que l’histoire ne sera pas claire.
Il a reçu quelques bouquets de fleur.
« Bonjour, dis-je en m’approchant du lit.
- Bonjour, répond-t-il en m’invitant à m’asseoir sur le lit, désolé d’avoir décliné le dîner hier soir, j’ai eu quelques empêchements.
- Votre impolitesse est impardonnable, Dr Lecter. »
Il me sourit, me prends la main et la fait glisser sur son visage. C’est la première fois que son visage n’est pas impeccablement rasé quand je le caresse.
« Tu n’as pas dit la vérité à la police, n’est ce pas?, le questionné-je, j’ai bien vu le regard de Crawford, il ne te croit plus. Ils vont tout faire pour t’envoyer en prison.
- J’ai un cadeau pour toi. Regarde dans la poche intérieure de mon manteau. »
J’obéis et me dirige vers le porte manteaux. Je trouve un trousseau de clés.
« Pour finir ce que tu as commencé, déclare-t-il.
- Qu’est ce que ça ouvre?
- Je pense que tu es la mieux placée pour le savoir. »
On toque à la porte. Je regarde Hannibal et glisse le trousseau dans ma poche, j’ouvre la porte. C’est Alana Bloom. Elle nous salue et demande à me parler dans le couloir. Elle porte une jolie robe colorée comme à son habitude, et son brushing est impeccable.
« J’ai su la vérité pour Will. Jack veut quand même le libérer, c’est insensé, il…
- Hannibal est d’accord avec ça, Dr Bloom. Il veut voir Will sortir, lancé-je.
- Will va encore tenter de le tuer.
- Ca doit faire partie de la thérapie, ironisé-je.
- Ecoutez, soupire-t-elle, je veux aussi le voir sortir, mais…
- Alors sortons-le. », intervient Crawford.
Jack a l’air fatigué, mais déterminé. Je sais pourquoi il veut sortir Will de prison. Il a besoin de lui, besoin de savoir pourquoi il est si méfiant envers Hannibal. Il a compris que Will n’était pas fou.
Hannibal quant à lui veut continuer à jouer avec Will, il a une entière confiance en lui. Et moi je veux sortir Will, parce qu’il n’a pas sa place en prison, que j’ai besoin de lui, et que j’ai confiance en la relation qu’il entretient avec Hannibal. Je n’en ai pas fini avec Will Graham.