Nature morte aux andouillers
Chapitre 2 : Le Grand Oeuvre
401 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 13/03/2014 15:29
Le Grand Oeuvre
Cuisiner est un art, un acte de création au même titre que la peinture, que la composition d’une symphonie : un moyen pour l’homme de transcender le morne réalisme de son existence, de sortir du simple transport plébéien qu’est son corps pour atteindre un stade supérieur. N’importe qui peut produire du son, ou mettre trois couleurs sur une toile, ou faire revenir un morceau de viande et le disposer sur une assiette. Cela n’en fait pas pour autant de la musique ou un tableau, ou un repas digne de ce nom, cela n’en fait certainement pas une oeuvre d’art.
Il faut plus que des matières premières ; il faut un dessein, une volonté et le sens de quelque chose qui ne peut se quantifier ou se décrire. Une virtuosité bien sûr, une connaissance des techniques et des supports, de la patience… mais aussi bien plus encore.
On peut gâcher une matière première propice comme on peut transcender un matériau médiocre avec assez de génie… mais le plus plaisant bien entendu est de travailler avec des ingrédients de qualité exceptionnelle et de savoir leur faire rendre tout ce qu’ils ont, de les attendrir, de les raffiner, d’en extraire le substrat… Will a un potentiel énorme, brut encore, mais Hannibal perçoit avec l’oeil de l’artiste tout ce qu’il pourrait être, le potentiel qui pourrait se révéler s’il le travaille correctement, s’il suit son instinct et le modèle, le transforme. Will est pour l’instant un met de choix, mais ce ne serait que du gâchis que de se contenter de si peu, de le réduire à un plaisir fugace quand Hannibal peut faire de lui bien plus, peut le sublimer en une véritable oeuvre d’art.
Cela prendra du temps, bien sûr, mais n’est-ce pas toujours le cas avec un opus magnum ?
Hannibal n’est pas pressé.