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Chapitre 1 : [Coquille vide].

4269 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/11/2017 18:28

Hinata était rêveur. Son nombre incalculable d'heures de classes depuis le début de sa scolarité à regarder le ciel par la fenêtre de la classe, ou tout simplement partir loin dans son sommeil le prouvait largement. Il souriait, il était rayonnant, il était un vrai soleil. Il était celui qui nous illuminait et apportait cette lueur de bonheur un jour de pluie, où la pluie brise le silence à travers la fenêtre, où les mots se perdent soudain. Hinata aimait faire rire, et il aimait rire. Il était ce genre de personne que tout le monde trouvait heureux, ce garçon, dont jamais personne ne se douterait qu'au fond de lui,

c'était une coquille vide.


Les bips permanants de l'écran positionné à côté du lit d'hôpital brisaient définitivement le silence. La personne assise sur la chaise à côté de ce lit, courbée, s'accoudant à ses genoux, croisant ses doigts et baissant la tête en tremblant, paraissait étonnement angoissée. Tellement angoissée qu'elle pouvait entendre les gouttes de sang qui tombaient dans une petite poche accrochée à côté de l'écran et où le silence permettait d'entendre les bruits de l'extérieur venant de très loin. La fenêtre était ouverte, laissant pénétrer un vent doux qui caressa lentement le visage du garçon assis. Des cheveux roux s'élevaient légèrement dans l'air.

Cela faisait 7 mois que Hinata Shoyo, volleyeur au lycée de Karasuno, était allongé dans ce lit, plongé dans un profond sommeil que les médecins présument « interminable ».

On ne le reconnaissait que peu à travers tous les tuyaux auxquels chacun de ses membres étaient rejoins. Mais il était toujours, au fond, et physiquement, le même. Ses cheveux roux et soyeux qui avaient un peu poussés mais qui avaient été recoupés, sa peau douce et blanche, et on imagine que ses yeux sont toujours remplis de ce marron hypnotique. Mais il était fin surtout, très fin, tellement qu'on pouvait presque voir ses os. Mais ça, ce n'était pas normal.

Cela faisait 7 mois que, chaque jour, un jeune garçon aux allures quelques peu intimidantes, aux yeux bleus océans, et aux cheveux bruns, faisait le même trajet. Il alternait entre l'hôpital et chez lui, et souvent, quand il en avait le temps, il restait toute la journée là bas.

Kageyama Tobio, volleyeur au lycée de Karasuno, était assis sur une chaise juste à côté du lit, observant avec tristesse son meilleur ami, victime d'un « sommeil interminable » comme les médecins «s'amusaient » à l'appeler, communément appelé le coma.

Plusieurs fois, les médecins voulurent le débrancher, définissant que le jeune Hinata ne se réveillerait jamais. Il était passé à plusieurs stades du coma, mais ne s'était jamais vraiment éteint.

Il fallait alors payer pour maintenir la vie de Hinata. Parce que c'était la chose la plus précieuse aux yeux de Kageyama. Il n'aimait pas l'admettre et n'aurais jamais crû le faire un jour, surtout au début de leur rencontre, mais Kageyama aimait énormement Hinata. C'était un sentiment encore inconnu que certains éprouvent mais qui ne porte pas de nom, ce qui rend la chose étrange. Il n'est pas amoureux de Hinata, mais il l'aime plus qu'un ami, il l'aime comme le frère qu'il n'aura jamais eu. Il aime rentrer avec lui le soir, passer acheter à manger après les cours le lundi, il aimait blaguer avec lui sur des choses stupides par messages, il aimait faire du volley avec lui, il l'admirait, il aimait tout. Tous ces détails complètement insignifiants pour certains, qui pour Kageyama, semblaient être un trousseau de clefs qui ouvriraient une multitude de portes. C'était important. Il n'a jamais aimé quelqu'un comme il aime Hinata.

Malheureusement, ça Hinata ne l'a jamais su.

Il pensait bien, que ce 27 mars 201X serait une journée normale, où le quotidien prendrait le dessus une nouvelle fois. Il pensait, comme toute personne, que rien n'allait arriver. On conseille souvent de dire maintenant ce qu'on ressent à une personne, parce qu'on ne sait jamais ce qui pourrait se passer. Et Kageyama regrette. Oh oui, qu'il regrette.

Ce n'était pas important pour lui, non, il considérait ça comme une journée normale, alors que lui et Hinata s'étaient engueulés. Il ne parlait pas de ces conneries où ils se boudaient pour un rien, il parlait de ce genre de mots que tu te prends et qui te déchire le cœur, te l'arrache, et te fait frissonner rien que d'y penser. Ce genre d'action, ce petit détail, cette pièce du puzzle, cette petite, minuscule, qui pourtant fait tout chavirer. Celle que tu décide d'oublier mais qui reservira toujours d'argument contre toi même.

Mais il relativise. Il pense toujours que ça va s'arranger, et que le lendemain ils auront tout oublié. Mais il se souvient encore des larmes d'Hinata qui dévalaient le long de ses joues, de ses mains qui s'appuyaient de chaque côtés de sa tête comme si sa tête lui produisait une douleur insoutenable à force de hurler, il se souvient encore de ses grands gestes, de ses jambes qui courent, qui s'arrêtent, qui s'effondrent, qui se relèvent. Il aurait voulu ne jamais entendre ces mots. Et il aurait voulu ne jamais prononcer ce qu'il disait.

Kageyama aurait voulu ne jamais vivre tout ça. Il aurait voulu ne jamais voir Hinata ainsi.

Non. Comme il le croyait, Hinata était heureux. Complètement heureux. Après tout, qu'est ce qui pouvait bien le rendre triste ? C'était la réalité, l'illusion tranchante, auxquelles il avait habitué son mode de vie, sa manière de pensée, de voir les choses. Hinata était parfaitement heureux.

Kageyama se souvient parfaitement du lendemain sans nouvelle, et de la deuxième journée sans nouvelle non plus, toute une semaine dans l'inquiétude, à frapper à la porte d'Hinata alors qu'il y avait de la lumière mais que personne ne donnait signe de vie, Il se souvient de cette angoisse, cette envie d'exploser,de savoir, de le voir, de le prendre dans ses bras, de le frapper pour ne lui avoir donner aucune nouvelle. Il se souviendra toujours de la voix tremblante de la mère d'Hinata une semaine après de l'autre côté du fil, et de la première fois où il a couru à en perdre les poumons jusqu'à l'hôpital le plus proche. Il se souviendra toujours de la première fois qu'il avait ouvert la porte de cette chambre qu'il venait visiter chaque jour depuis, en entendant des pleurs d'une petite fille et d'une mère suppliant les médecins de faire quelque chose rapidement, se focalisant sur tout et sur rien, sur le bip en continu qui le hantait, sur la ligne droite qui montrait le rythme cardiaque. Il se souviendra toujours du visage d'Hinata, vide, les yeux fermés, la bouche légèrement ouverte, et un masque à oxygène la recouvrant.

C'était aller si vite qu'il n'avait rien vu défiler. Il avait juste senti des larmes couler le long de ses joues et se souvenait aussi de sa voix déchirante qui énonçait le prénom d'Hinata parmis des hurlements de toute part.

Il ne pouvait pas oublier cette destruction, ce regret, les premières semaines à ne pas manger, cette envie de vomir, de ne voir personne, cette envie de mourir. Il ne pouvait pas oublier ces premiers mois à se lamenter, à rejeter les autres, à ne souhaiter que la présence de Hinata, à ses cauchemars, ses nombreuses absences en cour et ses nuits à ne pas dormir, laissant son portable allumé chaque nuit, souhaitant reçevoir juste un appel, juste un, qui mettrait fin à tout ça. Qui le ferait entrer dans une nouvelle ère, une nouvelle période. Il s'imaginait tous les scénarios possibles, Hinata se réveillant dans sa chambre d'hôpital, les cris réjouis des médecins, la famille d'Hinata qui pleurerait de joie, le monde entier qui ne saurait se contrôler face à cette renaissance. Il s'imaginait aussi reçevoir un appel une nuit pluvieuse, où il n'arriverait plus à déchiffrer les mots, de choc, de tristesse, de colère, jetant son portable à terre et le brisant de mille morceaux, avant de, sous l'importance de la nouvelle, n'avoir même plus la force de crier. avant de souffrir à avoir envie d'en finir..

maintenant.

Il était réaliste, pourtant. Il n'était ni optimiste ni pessimiste, surtout dans ce genre de situation. Il voulait se dire : « Un peu de patience. Si ça se trouve, dans un an, ça fera quelques mois que Hinata aura repris connaissance, et dans un an, on sera en train de rire. Juste un peu de patience, ça va arriver. C'est le plus important. »

et pourtant, il savait qu'il n'en avait pas la possibilité.

Mais jamais il ne s'imaginait que, de tous ces scénarios, aucun ne serait le bon. Aucun ne serait la pièce qui mettrait fin à tout ça, qui envisagerait heureusement ou malheureusement une nouvelle période pour Kageyama. Il savait que sa vie était en jeu, là, chaque seconde qui passait, depuis quelques mois. Il savait que quelque chose allait le marquer. Que ça pouvait arriver dans une seconde, une minute, une heure, un jour, un mois, un an. Il ne pouvait pas vivre ainsi. Il avait besoin d'Hinata.

Et il se sentait pitoyable. Le Kageyama d'avant avait totalement disparu, éradiqué de la surface. C'était pas croyable.

Parce que tout le monde le connaissait comme cette personne forte malgré tout ce qu'il se passe. Il a toujours surmonté son passé, les erreurs qu'il a fait, et ce grâce à l'aide d'Hinata mais aussi de l'équipe. Cette équipe si différente depuis quelques mois. C'est à peine si les rires sont autorisés dans le gymnase, maintenant.

Mais la situation était tellement grave que Kageyama n'y arrivait plus, rien de plus. Il était tombé et ne se relevait pas.

Il était 5h30 du matin quand le téléphone de Kageyama vibra sur le sol. Celui ci n'arrivant toujours pas à dormir, posa son regard troublé sur le téléphone. Il écarquilla les yeux, se repassant tous ses scénarios dans sa tête. C'était là, maintenant, que tout allait se jouer ?

Il sauta sur son portable avant que l'appel ne quitte, ramena son portable rapidement à son oreille. Sa voix tremblait.

Kageyama :A...allo ?

? : Tobio Chan.

Son cœur rata un battement. Celui-ci ferma les yeux et serra la machoire.

Kageyama : Tu te fous de moi ou quoi ?! Qu'est ce que tu veux ?

Oikawa : Oï, calme toi un peu, merde ! Tu m'as défoncé l'oreille.

Kageyama : Me.. me calmer ?! T..

Il murmura quelque chose, et se rendant compte qu'au final ça ne servait à rien de s'énerver maintenant, il posa une main sur son front, exténué.

Oikawa : Tobio ?

Kageyama : Ouais, quoi ?

Oikawa : Je voulais juste savoir si mon rivale préféré allait venir au camp d'entraînement de cet hiver afin de..

Kageyama : Ca dépendra. Maintenant, bonne nuit.

Oikawa : Tobio chan !

Celui ci avait décollé son téléphone de son oreille, s'apprêtant à raccrocher.

Oikawa : Ce n'est pas parce qu'Hinata est mort que tu dois impérativement te priver de ce que tu aimes faire. Je sais que c'est difficile mais fais un effort. Il ne reviendra p..

Kageyama : Hinata n'est pas mort. Et il reviendra.

Sur ces mots, Kageyama appuya sur le signe « raccrocher » qui s'affichait à l'écran.

Du côté d'Oikawa, il restait sans bouger, les détonations du portable ne lui permettant même pas de revenir à la réalité. Il en était habitué malgré les peu d'appels avec Kageyama que celui ci soit aussi froid, mais ça le choque toujours autant, et de plus en plus depuis que son ami était mort.

Depuis que celui ci n'est plus là à ses côtés du moins, Oikawa a constasté comme Tobio était devenu renfermé, froid, et ne pouvait s'empêcher de montrer ses émotions, sans même le vouloir. Il ne se contrôle plus, et Oikawa avait du mal à l'admettre, mais il s'inquiétait pour celui ci. Il savait que Kageyama ne dormait plus la nuit, (le temps qu'il met à décrocher est tellement rapide, et les nombreuses cernes qui l'ont dessinées en étaient la preuve), ne mangeait plus, ne se forçait en rien..

bref, il était devenu mélancolique et était en dépression.

Il n'aurait jamais pensé tomber si bas pour quelqu'un qu'il aurait dit détester quelques mois auparavant. Pour celui qui, il y a des années, l'avait défier et n'avait jamais remporté le défi. D'ailleurs aucun des deux ne l'avait fait. Pour celui qui petit à petit était devenu son meilleur ami, sans même le savoir. Pour celui qui l'a déjà fait pleurer, alors qu'il détestait perdre ainsi sa fierté.

Le roi se sentait seul dans son immense et sombre château.

En bref, Oikawa s'inquiétait, tout le monde s'inquiétait. Et il voulait que Kageyama se reprenne en main, détruise ce mur qui le séparait de la satisfaction. Mais il savait au fond que c'était impossible, parce que ce qui rendait heureux Kageyama,

c'était Hinata, ce garçon différent des autres, qui a réussit à lui montrer ce qu'était réellement la planète, et à lui faire admirer.

Sans savoir que, pendant que Hinata étendait une main vers le ciel, souriant, celui-ci souhaitait juste en finir avec ce monde merdique et cruel.

Kageyama se laissa tomber sur son lit. Il n'avait même plus la force de pleurer. Maintenant, il avait l'impression d'avoir tout épuisé. Il ferma les yeux en soupirant, se leva, et se dirigea vers la salle de bain afin de se préparer pour le lycée.



« Il me manque terriblement ».

Suga se souvenait parfaitement de ces mots tranchants, détruisant tout sur leur passage, explosant le cœur de chacun. Il se souvenait du ton pris entre les sanglots et la culpabilité, le regret, et le regard de Kageyama plus terrifiant que jamais, qui se transformait petit à petit en une expression.. détruite. Le regard vide, les larmes qui coulaient à flot. Il se souvenait parfaitement de ses gestes, quand il s'était écroulé au sol, baissant la tête. Complètement affaibli. Complètement épuisé.

Il se rappelait de toute l'équipe, des quelques uns qui essayaient de se retenir de lâcher leurs larmes, des autres qui se retenaient comme ils pouvaient. Du visage de Noya qui s'était décomposé, des ongles de Tanaka qui s'enfoncaient dans ses paumes plus le temps passait. Celui ci paraissait interminable, lent.

Hinata n'était pas populaire au lycée. Mais par son talent, il se fit connaître plutôt rapidement après les nationales, ainsi que toute l'équipe. L'ambiance au lycée était la même, malgré que la classe de Hinata, quelques semaines après, avait toujours un regard insistant et lourd sur la place qui régnait vide, où Hinata s'asseyait tout le temps.

Malgré ça, on ne voulait pas soutenir la rumeur que Hinata était dans un coma profond duquel il ne se réveillera sûrement jamais.

Certains de l'équipe avaient perdus espoir. D'autre comme Kageyama ne pouvait pas croire en ce qu'ils redoutaient plus que tout.

Leur rayon de soleil allait revenir. « c'était sûr ».

C'est de ça que Suga se rappela quand il posa son regard sur Kageyama, assis dos à lui sur un banc qui donnait vue sur tout Yukigaoka. Il faisait encore nuit, mais le soleil montrait petit à petit ses premiers rayons.

Et Suga ne doutait même pas, par ses dernières pensées, du pourquoi Kageyama observait le soleil avec tant d'admiration.

Hinata l'avait changé. Ca lui réchauffa le cœur rien que d'y penser, et ça le lui serra encore plus en revenant à la triste réalité, celle où un seul soleil fait son apparition dans la journée.

Il s'avança près de Kageyama et s'assied à côté de lui. Kageyama tourna la tête vers lui. Il regardait le soleil, lui aussi, et ses yeux argentés devinrent flamboyants..

Suga : Le soleil est beau, hein ?

Kageyama : Oui.

Suga mis ses mains derrière sa nuque pour reposer sa tête sur ses bras.

Suga : Qu'est ce que tu viens faire là à cette heure là ? Il est encore tôt.

Kageyama : Je prenais l'air. Et la réponse, j'imagine que tu la sais déjà.

Suga : Ah, oui, t'inquiète pas.

Le silence s'installa entre les deux volleyeurs, mais fut vite interrompu par Noya qui passait par là. Celui-ci leur tapota l'épaule, et fit signe de la main. Kageyama lui répondit sans entreint, tandis que Suga lui, se leva pour lui serrer la main.

Tous trois partirent au lycée sous les demandes plutôt insistantes de Noya envers Kageyama qui voulait rester encore un peu. Ils descendirent la petite route qu'Hinata prenait à vélo, la tête baissée, et la chaleur du soleil qui venait petit à petit se confondre avec la froideur de l'hiver qui prenait place plus le temps passait.

La journée fut normale. Le quotidien y mettait du sien, et tout se passait calmement. C'était tellement ennuyant.

Le matin, ils arrivèrent avec avance. Kageyama, ne cherchant que du repos et de la solitude se dégagea petit à petit du groupe de volleyeurs qui s'étaient formé entre temps. Bien sûr, ils l'avaient remarqué, tous, et le regardaient partir. Même habitué à ça, ils ne trouvaient pas le moyen de se défaire de ce sentiment d'impuissance.

Kageyama était partit derrière le gymnase s'acheter une brique de lait.

Il détestait ça. Il détestait ça complètement, de passer devant l'endroit où Hinata et lui se retrouvaient pour manger, ils détestaient l'eau salée qui venaient lui piquer les yeux quand il posait son regard sur la place d'Hinata. Il était à gauche, et Hinata à droite, toujours.

Il se sentait fatigué chaque jours. Avec ce poids insoutenable sur les épaules. C'était lourd, beaucoup trop lourd, et Kageyama se faisait complètement écrasé, de plus en plus.

Il avait besoin de lui. Il en avait besoin. Juste de lui.

De son meilleur ami, la personne qui le complétait.

Il laissait alors le temps se faire. Il ne comptait même plus, malgré les 7 mois qui sont passés, combien de personnes sont venues lui faire bon de leurs condoléances.

La rumeur n'était même pas « Hinata Shoyo est dans le coma » non, ils l'avaient transformés, tels des humains qu'ils étaient, en quelque chose de plus fort, qui intéresserait, voulant faire passer l'émotion. « Hinata Shoyo est mort ». Rien que d'entendre dans les couloirs cette phrase mettait Kageyama hors de lui et ne pouvait s'empêcher de prendre la personne par le col et lui dire ce qu'il en était réellement.

Kageyama s'était promis de rester fort, de continuer à vivre normalement.

Mais c'était quoi pour lui « vivre normalement » ?

Cette petite boule d'énergie qui avait changé sa vie, qui l'avait fait devenir plus belle, n'était plus là. Ce rayon de soleil qu'il adorait complètement, qu'il ne pouvait oublier, tombait, et il perdait tout espoir.

Avant tout ça, sa vie était ennuyeuse, et il ne s'en était d'ailleurs rendu compte que quand il s'était rendu compte que c'était Hinata qui le changeait et le complétait. Il ne pensait qu'à gagner, ne se souciait que de lui, n'apprenait rien de la vie. Et du moment que Hinata et ses coéquipiers lui avaient tendu la main dans ce trou profond d'égoïsme dans lequel il s'était réfugié seul, sans personne, tout avait changé.

Le grand roi s'était promis de ne pas perdre cette bataille. Mais il avait perdu.

Les mots d'Hinata lui donnait mal à la tête.

« C'est douloureux. Je veux tout arrêter. Et quand je me sens de cette façon, je prends un pas en avant. »

« le grand roi est vraiment incroyable.. mais aussi longtemps que je serai là, tu seras le plus fort ! »

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« As-tu besoin d'une raison de ne pas vouloir perdre ? »

Kageyama tapa son poing dans le mur juste à côté de lui, le fissurant ;

Il vivait une défaite tellement anéantissante.

Et cette fois, Hinata n'était pas là pour la passer avec lui.

Les élèves passaient derrière la vitre qui séparait Kageyama du couloir. Il était accoudé à la table, se retenant comme il pouvait ne pas s'endormir tout de suite, là, sur la table. Ses yeux se plissaient au fur et à mesure que les secondes passaient, la voix du professeur retentissant comme un bruit sourd et lointain pour lui.

Le prof ne lui demandait même plus de se tenir droit, d'écouter et de ranger son portable au lieu de le laisser sur la table. Il savait en avance que c'était peine perdue, et il avait conscience de ce qui se passait en ce moment pour Kageyama, et ce depuis des mois.

C'était sans compter le regard insistant des élèves sur Tobio, inquiétés, parfois dégoutés.

Ils remarquaient sa perte de poid constante, ses cernes, sa peau pâle, ses notes en chute libre.

Nan, ils savaient que Kageyama était fort, imbattable.

Mais qu'avoir perdu son seul vrai ami depuis toujours l'a anéanti. Il a tout perdu. A tous les jeux. A toute les guerres contre lui-même.

Kageyama avait maintenant fermé les yeux, et avait rentré sa tête dans ses bras sur la table.

Puis étrangement,

ce qu'il voulait plus que tout apparu.

Son portable était justement juste à côté de lui, presque prêt à tomber par terre. Une première vibration attira l'attention de tout le monde sur celui-ci. Kageyama ouvrit les yeux, et écarquilla les yeux au son de la deuxième vibration qui suivait d'une sonnerie. En ouvrant son portable et en décrochant l'appel,

c'était le cour du temps qui s'était arrêté.

C'était le sol qui se détruisait sous ses pieds, cette chaleur qui vint le frapper d'un coup, les tremblements, et des larmes salées qui menacaient de couler.

Kageyama couru.

Il avait fait tomber sa chaise violemment, et s'était mis à courir vers la porte avant de l'ouvrir et de partir. Partir où ? Il le savait, c'était le seul endroit, ce seul endroit qu'il connaissait encore parfaitement. Tout n'était devenu que poussière à ses yeux, mais cette odeur, cette ambiance dans cette chambre d'hôpital, c'est ce qui le tuait et le faisait revivre en même temps.

C'était son prénom. C'était ces mots. Ceux qu'il attendait depuis tellement longtemps, depuis des mois, depuis bientôt un an, ceux qui allaient le faire revivre, les plus importants.

Ses larmes coulaient et s'envolaient petit à petit Kageyama courait, toujours plus vite, plus vite..

Rien ne pouvait l'arrêter.

Il ne sentait même plus ses jambes, ses poumons, mais il courait.

Il poussa violemment la porte de l'hôpital avant de se ruer au deuxième étage. Là, il s'arrêta devant la porte.

Il la poussa lentement. Une vague d'air frais lui lécha le visage, le transportant dans cet autre monde.

Kageyama, en réalité, était prêt à s'écrouler, à crier, à exploser. Mais il restait debout, les larmes coulantes d'elles mêmes.

En voyant que Kageyama était arrivé, les deux infirmières que Kageyama avait l'habitude de voir içi se retirèrent avec un sourire au visage.

Kageyama s'avança dans la pièce, habitué maintenant. Le cœur battant, il s'avança vers le rideau qui le séparait du lit blanc.

Sa main tremblait tellement, son cœur prêt à exploser, ses poumons en feu, il n'arrivait même pas à y croire.

Il n'arrivait même pas à croire ce qu'il voyait.

Hinata regardait par la fenêtre les corbeaux qui s'envolaient dans les airs. Ses cheveux se balançaient au rythme du vent, et ses yeux s'illuminaient de mille couleurs.

Il se retourna, et fit face à Kageyama.

Il n'arrivait plus à bouger. Il voulait le serrer dans ses bras, caresser ses cheveux et lui crier tout un tas de choses. Mais il ne pouvait que sangloter. Il voulait cacher son visage, ne se permettant pas de pleurer devant Hinata, mais c'était sans compter qu'il avait peur qu'Hinata disparaisse en fermant juste les yeux.

Il était là.

Hinata était réveillé.

Vivant et libre.

Hinata était impassible. Il guettait Kageyama sans laisser paraître.

Il ouvrit la bouche quelques secondes, et la referma.

Il sourit.

Kageyama avait tellement espéré voir ce sourire. Il en avait rêvé, il voulait tant le revoir. Hinata était devant lui, là, maintenant. Et rien ne pouvait les séparer.

Il voulait revoir ce sourire.

Pourtant..

Hinata : Excuse moi, mais..

Le cœur de Kageyama s'arrêta encore une fois. Il arrêta de sangloter.

Il fixa Hinata et déserra les poings.

Hinata reprit, toujours souriant.

Il prit une grande inspiration,

Hinata : Qui es-tu ?

Un corbeau pris son envol.

Un autre venait de tomber.

« Rien ne pouvait les séparer, maintenant. »

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