Le Conflit D'Orr, Guild Wars 2
CHAPITRE 7 : Ascalon à l’horizon !
Il fut cependant confronté à un léger problème… Il se trouvait à sept mètres au-dessous du sol, et ni échelle, ni corde n’avaient étés prévus pour remonter. Il n’y avait que les hautes parois de terre et de pierre… Il attacha l’espadon dans son dos, mis les bagues dans sa poche, se transforma, et débuta son ascension. Il était incroyable de constater à quel point sa forme spectrale le rendait fort et endurant : il escalada les sept mètres de roche sans trop de difficultés. Il arriva au sommet, se mit debout sur le carrelage de pierre… et la trappe se referma derrière lui, animée de quelque technologie Asura ou de quelque magie. Il jeta un œil à sa montre… dans les temps. Il partit retrouver ses compagnons devant le Portail, et leur raconta ce qu’il avait découvert dans l’entrepôt. Après avoir fini, il remit l’espadon à sa compagne. Elle le soupesa, puis se dirigea sans un mot vers l’un des mannequins d’entraînement, à quelques dizaines de mètres. Elle attrapa l’arme à deux mains, et l’abattit avec force sur sa cible, la coupant en deux verticalement. Elle eut un petit sourire en coin, et se tourna vers le nécromancien :
« Il me plaît ! Merci chéri !
-Un plaisir, et j’ai aussi trouvé ça… »
Il lui tendit l’Anneau de la Mort Rouge. Les yeux de la rôdeuse brillèrent, et elle murmura :
« L’Anneau de la Mort Rouge… Le rêve de tous les rôdeurs… T’es le meilleur ! »
Et elle déposa un long baiser sur sa joue, et il eut un frisson… Toujours autant d’effet… Sur ce, et sans plus de mots, ils se dirigèrent vers le portail, entrèrent dedans…
Et réapparurent à la Citadelle Noire.
L’ambiance y était plutôt pesante : le ciel se couvrait de nuages gris, le métal, omniprésent, constituait une grande majorité du décor, du sol de rouages géants, aux ponts d’acier en passant par les statues de chefs de guerre, et l’ensemble rendait plutôt morose à cause de la couleur anthracite, parsemée de rouille, qui inondait l’endroit. Des dizaines de Charrs en armure s’affairaient ci et là, discutant, défilant, s’entraînant, bâtissant, réparant. Au centre, un gigantesque dôme de métal projetait son ombre sur la grande esplanade où ils se trouvaient, parsemée de casernes, de commerces, de terrains d’entraînement… La Citadelle témoignait de l’incroyable puissance du peuple Charr. Ils laissèrent Fiinbar passer devant, et elle les guida vers la porte menant vers les Plaines d’Ashford, qui les mèneraient à Ascalon. Ils traversèrent donc la ville lentement, admirant le glorieux édifice, mais remarquèrent vite que leur passage ne passait pas inaperçu, et beaucoup d’habitants et de gardes se retournaient vers eux, et certains même portaient la main à leur arme. Dynfaw rattrapa la Charr :
« Charmant accueil…
-C’est normal, répondit-elle, les renégats ont déjà tenté de faire exploser des bombes ici, où d’assassiner, et les habitants ont les nerfs à vif… »
Il ne releva pas, et se concentra plutôt sur les alentours, aux aguets, car la situation pouvait très vite dégénérer. Iryenna se rapprocha de lui. La menace Charr était compréhensible : il y a quelques siècles, une guerre s’est déclenchée entre humains d’Ascalon et Charrs, et un terrible conflit ébranla les deux peuples. Les Ascaloniens furent mis en échec. Les survivants fuirent jusqu’en Kryte, où ils battirent le Promontoire Divin. Mais le problème vint surtout des soldats humains tombés au combat, et qui hantent toute la région d’Ascalon, continuant, sous forme de fantômes, à combattre les Charrs et tout intrus pénétrant sur leur territoire, et notamment dans l’endroit où ils revenaient à la vie : Les Catacombes d’Ascalon. Ce n’est que très récemment que la paix entre Charrs et humains de Kryte a été signée, permettant aux deux peuples d’oublier leur lourd passé afin de se tourner vers la menace grandissante d’Orr. Néanmoins, certains Charrs (et humains) se révoltèrent contre cette paix, et commencèrent à créer un groupe armé connu sous le nom de Séparatistes. Les attentats et escarmouches furent rapidement le quotidien des habitants de la Citadelle, d’autant plus que la Légion de la Flamme continuait sa guerre contre les autres légions, de Fer, des Cendres et de Sang.
Ils arrivèrent à la grande porte en fer donnant sur les Plaines d’Ashford, et firent leurs premiers pas sur de la véritable herbe depuis bien longtemps….
… … …
Explosion…
Douleur… Mal…
… … NOIR… …
Sommeil…
MaLADe… MAladE…
Vie… PUISSANCE…
Faim… Chair…Manger…
NOIR…
………
……ZHAÏTAN…
… Maitre….
Réveil…
… …
Détruire…
Ils marchaient depuis trois heures maintenant, alternant entre progression difficile dans les bois et broussailles et avancée paisibles dans les plaines. Et occasionnellement massacre d’un fantôme ou deux qui tentaient de leur barrer la route. Ils discutaient de la meilleure façon de faire cuire une cuisse de Dolyak quand, tout à coup, Iryenna s’arrêta, et encocha une flèche, se tournant à droite, à gauche, l’œil alerte. Elle fixait les fourrés qui bordaient la partie gauche du chemin de terre. Tous dégainèrent, surpris, mais pas sans savoir que l’instinct de la jeune rôdeuse se trompait rarement. Une grenade vola, sortie de nulle part, et retomba devant eux. Trop hébétés pour réagir, ils ne bougèrent pas, sauf Fiinbar qui reprit ses esprits et vint, d’un coup, se positionner devant l’explosif. Elle s’accroupit, brandissant son bouclier, le collant contre la grenade, entre ses compagnons et elle, puis ferma les yeux. La grenade explosa dans un grand « BANG ! », projetant des shrapnels sur l’écu de Fiinbar, qui ricochèrent dans un tintement métallique. La Charr se redressa difficilement, titubant, sonnée. Même s’il ne les avait pas blessés, le souffle de l’explosion avait envoyé valser Dynfaw et les autres. Mais ils en avaient vu d’autres… Ils se relevèrent et chargèrent les quinze Charrs en armure qui leur faisaient face. Iryenna fit passer son espadon par-dessus sa tête et l’abattit sur le premier opposant dans un mouvement vertical qui lui fracassa le crâne. Dynfaw, étonné, aurait juré avoir vu un buste d’ours translucide accompagnant le coup, lacérant le renégat de ses griffes au moment où la frappe faisait mouche. Le guerrier ayant reçu le coup ne récidivera pas… Il se jeta dans la mêlée. Tout en se battant, il observait d’un œil sa compagne, faisant tournoyer son espadon dans une folle danse mortelle, ballerine de feuilles, d’acier, de rage, et de sang. A gauche, à droite, esquive, parade, saut, contre-attaque : une magnifique rose aux épines acérées virevoltant agilement. Il se changea en spectre, juste avant que son assaillant ne lui assène un coup d’épée à la tête. Il attrapa la lame en plein mouvement, d’une main, à quelques centimètres de sa tête, sans rien sentir. Il attrapa le cou du renégat, le souleva du sol, toujours à une main, et lui broya la nuque… Jusqu’à ce que sa transformation prenne fin et qu’un Charr tente de le renverser avec son marteau de guerre, ne ratant son coup qu’à cause du plongeon latéral du nécromancien. L’arme termina sa course dans la terre une seconde plus tard, à l’endroit où il se trouvait initialement. Il voulut se relever mais une botte lui écrasa violement le torse. Il était bloqué, et le Séparatiste levait une seconde fois son marteau. Sa hache gisait à quelques mètres de lui, mais il saisit sa dague et tenta de la planter dans le mollet du Charr… Mais l’armure bloqua le coup, le poignard ricocha et vola hors de sa portée. Il allait approcher la mort plus qu’il ne l’aurait souhaité… Il ferma les yeux. Mais il avait oublié une inconnue… un facteur… Le facteur Fiinbar, qui déboula comme une furie sur la droite de l’assaillant. Son ennemi tourna la tête, une demi-seconde avant de partir violemment sur le côté, entraîné par la force et la masse de Fiinbar. Il y eut un bruit assez satisfaisant de côte brisée quand ils atterrirent lourdement sur le sol, roulant dans une masse informe d’armure et de fourrure. La gardienne se retrouva sur son adversaire, plaqué au sol. Elle le sonna d’un coup de bouclier, avant de l’achever d’un coup de masse dans la tête. La Charr se releva, et repartit aider Iryenna, forcée de reculer en décochant flèche après flèche sur deux Séparatistes. Lui-même ramassa sa hache et sa dague, et engagea un renégat deux fois plus large que lui, muni d’une épée et d’un bouclier, il lui fit une balayette, profita de son déséquilibre pour frapper de sa hache le bras droit du Charr. Mais il ne rencontra que le bouclier, et le métal s’entrechoqua bruyamment. Il bondit en arrière, évitant au passage la riposte adverse. Il entendit un bruit rappelant des branchages frottant les uns contre les autres, et vit que son ennemi était empêtré dans d’épaisses racines sortant du sol. Il n’était d’ailleurs pas le seul, car tous les renégats se trouvaient dans la même situation. Un coup d’Iryenna, avec l’aide de sa grande amie Mère Nature, qui appréciait particulièrement les rôdeurs… Esapdoum héla :
« On bouge ! Barrez-vous ! »
Connaissant l’ingénieur, il s’exécuta, ne tenant pas spécialement à être carbonisé vif par quelque bombe expérimentale. Il fit demi-tour, mais son adversaire s’étala de tout son long et l’immobilisa en l’attrapant par la taille. Bloqué… Il se transforma. Le monde devint tout à coup jaune-orangé quand la bombe sauta, et il fut repoussé par l’explosion. Il effectua un vol plané d’une petite dizaine de mètres, et se retrouva dans un arbre, la tête à l’envers, mais sauf… Pas comme les cadavres calcinés qui brûlaient dans le cercle noir et enflammé qu’avait tracé la bombe. Esapdoum se tenait debout, juste à l’extérieur de la zone d’explosion, fusil sur l’épaule, sifflotant calmement. Dynfaw descendit tant bien que mal de son arbre, et se dirigea vers Fiinbar :
« Merci ! Beau plaquage…
-Tout le plaisir était pour moi, dit-elle dans un sourire
-Personne n’est blessé ? »
Tous répondirent par la négative. Il les regarda, leurs armures couvertes de sang, mais intacts. Il ajouta :
« On va laisser un petit mot à l’intention de la prochaine patrouille. »
On lui donna une feuille, écrivit, puis posa délicatement la lettre sur l’un des corps, avec un petit caillou pour la maintenir en place. On pouvait lire :
« Bon nettoyage, et bonne journée. »
Ils arrivèrent aux Catacombes une heure après la petite « altercation » qui avait tourné au massacre. Au milieu de la plaine, adossés à quelques rochers, des murs en ruines formaient un petit rectangle, et, sur l’un d’eux, une double porte, inclinée vers le ciel, menait à un escalier délabré. Des morceaux d’armures, de griffes, de corps témoignaient de la violence des combats ayant eu lieu afin de pénétrer dans les souterrains. L’escalier en pierre sombre était couvert de poussière, de gravats et de toiles d’araignées. Pas vraiment rassurant, d’autant que les murs semblaient faits à la fois de pierre naturelle, et de pierre taillée. Quelques torches accrochées aux murs éclairaient l’endroit, prouvant le passage du Pacte. D’un même mouvement, et sans hésitations, ils s’enfoncèrent dans la nécropole.