Le Temps de la Nuit
Alex maintenait fermement Annie contre elle, comme si elle avait peur qu'elle s'en aille. Ce qui rendait la chose étrange, était qu'Alex la tenait de la même manière que Jérôme l'avait tenue. Elle se mit à enrouler ses doigts autour d'une mèche d'Annie. Elle faisait jouer ses hanches et plaqua son visage entre le cou et l'épaule de la jeune femme. Agacée, cette dernière se décolla d'elle, et adopta des mouvements plus engagés, plus rapides, pour qu'elle ne s'approche plus.
Un corps se colla à elle, dans son dos, elle se retourna brusquement en croyant qu'il s'agissait une nouvelle fois d'Alex. Mais elle découvrit le visage d'un garçon, certes plus vieux qu'elle, mais aux yeux aussi captivant que ceux d'un serpent. Elle sourit en mordant sa langue entre ses dents. Il attrapa sa taille pour la plaquer contre lui. Elle leva ses bras et fit balancer son bassin de droite à gauche. Le garçon n'attendit pas plus longtemps et l'embrassa. Elle lui rendit le baiser avec force, en espérant qu'Alex la regardait. Il plaqua une main entre ses reins, et s'arrêta brusquement.
- Qu'est-ce que tu as là ? Demanda-t-il malicieusement en devinant la forme d'une arme.
- On s'en servira plus tard si tu es sage, répondit-elle en déplaçant sa main.
Ils s'embrassèrent à nouveau, et une poigne forte détourna brusquement Annie. Elle fit rouler ses yeux, mais ne parla pas assez vite.
- Ann, suis-moi dehors, quelqu'un voudrait te voir, lui dit Alex.
- Je suis en train de danser, rétorqua-t-elle en faisant mine de l'ignorer.
- C'est important.
Annie lâcha son partenaire en soupirant de frustration, et suivit Alex jusqu'à l'extérieur du club. Il n'y avait personne, et elles se retrouvèrent bientôt entourées par les ténèbres environnantes qui ne laissaient entendre que le faible son de leurs pas.
- Pourquoi tu t'approches de lui comme ça ?! S'écria-t-elle.
- Qui voulait me voir ? Demanda Annie avec indifférence en regardant autour d'elle.
- Tu n'as pas le droit de faire comme ça ! Continua Alex.
- Tu es jalouse ?
- Non ! Je ne veux pas que tu l'approches !
Annie s'approcha d'Alex pour passer furtivement son doigt sur sa joue.
- Donc, tu es jalouse ?
Elle s'amusait. Alex ne répondit pas. Annie se rapprocha lentement d'elle.
- Tu peux le dire, si tu es jalouse.
- Tu me plaît beaucoup, Ann.
- Je sais, Alex, je sais.
Les deux femmes s'embrassèrent. Alex avait les yeux fermés, alors qu'Annie les avait bien ouverts, sans pour autant la regarder, les pupilles dirigées vers plus haut, attendant de peut-être de voir apparaître un visage familier, qui puisse appuyer son geste prochain. Visage qui, bien évidemment, n’apparut pas.
Elle attrapa le couteau qu'elle dissimulait sous son pull, le même que le garçon avait accidentellement deviné, et l'enfonça entièrement dans le dos d'Alex. Cette dernière se courba entre ses bras, n'arrivant plus à parler, les yeux écarquillés. Elle suffoqua quelques instants.
- Sache que je hais les gens qui m'aiment, articula Annie sans même la regarder.
Elle s'approcha de son oreille, qui devait sûrement ne plus rien entendre.
- Ceux qui aiment font du mal sans qu'on s'y attende. Tu aurais dû me détester, Alex. Et je ne laisserai personne me frapper à nouveau, de quelque manière que ce soit. Si je suis ce que je suis, c'est pour frapper avant.
Alex hoqueta plusieurs fois, pour laisser du sang sortir de sa bouche et colorer ses vêtements.
Annie retira le couteau brusquement, en faisant gicler le sang de la jeune femme, et laissa tomber Alex sur le sol, oubliant toute compassion ou empathie. Elle se détourna, envoya le couteau balancer dans une poubelle et retourna dans le club pour reprendre sa danse, plus ardente qu'auparavant.
- Qu'est-ce qu'elle te voulait ? Demanda le garçon en la rejoignant tout en jouant de son corps.
- Oh... Parler de... sentiments.
- Tellement puéril...
- Et si inutile. Qu'aurait dit Jérôme en voyant ses partisans parler de sentiments.
- Il serait devenu fou, ironisa le jeune homme.
Elle rigola excessivement en laissant tomber sa tête en arrière, en cassant sa nuque et laissant entièrement sa gorge à découvert. Elle se refusa à laisser glisser des larmes piquantes. Elle se sentait étrange en ce court instant, déchirée entre cette envie dévorante de rire en revoyant le corps d’Alex se convulser dans ses bras, et cette tristesse blessante qui lui parvenait lorsqu’elle voyait le visage de Jérôme abandonner lentement la vie dans un dernier sourire.
- Jérôme n'avait que faire de ce genre de personne. Une balle entre les deux yeux, voilà ce qu'elles méritaient. Il faisait le ménage, vite et bien, il avait besoin de personne. Il s'est laissé persuader par les mauvais...
Elle se tût, car elle savait qu’elle se perdait encore dans ses longs discours inutiles, ceux qui parlaient de Jérôme, ceux qui faisaient de lui le Prince de Gotham, et qui le blâmaient, tout autant qu’ils lui enlevaient tout poids de culpabilité.
- Tu le connaissais bien, hein ? demanda le garçon pour ne pas la laisser partir.
- Plus que bien, tu t'en doute.
- Tu l'aimais ?
- Oh, loin de là.
- Dis-moi, Ann, qu'est-ce que tu as fait d'Alex ? Questionna-t-il avec un léger rictus qui lui déformait gracieusement le visage.
Elle ricana. Elle lui mordit la joue, et répondit doucement.
- Ça te plairait de savoir ?
- Ça dépend ce que je dois savoir...
Annie avait enfin trouvé quelqu'un avec qui jouer réellement.
- Ne te fait pas voir, c'est tout, répondit Annie.
Le jeune homme la lâcha pour sortir. Elle le regarda s'éloigner, et le rejoignit quelques secondes après. Il regardait tranquillement le cadavre d'Alex qui gisait sur le sol. Elle se plaça derrière lui, sans le toucher, mais de sorte à ce que sa présence le dérange.
- Tu vois, ici on parle pas sentiment, dit-elle la voix posée. N'oublie pas que j'étais à Jérôme.
Elle se surprit à dire ces mots. Surprise, mais pas gênée.
- Alex à essayé de m'aimer, continua-t-elle. Mais la première chose à savoir, c'est que j'en suis incapable.
- Qui a dit que j'avais envie de t'aimer ? demanda-t-il en se tournant.
Il sortit un petit pistolet caché sous son jean, vers sa chaussure.
- C'est peut-être pas ça qui me fait vibrer, Arlequin. Je t'envie tellement...
- Je sais, comme tout le monde ici. Qu'est-ce qui te différencie de ces imbéciles, qui se trimballent avec une arme à feu, et dansent jusqu'à la fin de la nuit ?
- Moi ? Je m'en sers, de mon arme. Tu veux essayer ?
- J'ai déjà donné.
Elle attrapa le dessous de sa mâchoire en enfonçant ses doigts dans sa peau et colla ses lèvres aux siennes.
- Est-ce que tu crois vraiment que je sais pas que tu me veux pas, mais que tu veux Jérôme ?
- Tu devrais en être honoré, répondit-elle.
Ils retournèrent dans le club. L'un dansait avec l'autre, l'un dansait dans l'autre. Ils appréciaient leurs griffures, ils regrettaient leurs lèvres. Annie voulait ne plus voir le temps passer en restant avec Mikal, ou du moins, elle souhaitait ne plus en sentir les conséquences. Certes, il la savait fidèle à Jérôme, même après la mort de ce dernier, mais leur aventure ne comptait pas dans la conscience de la maigre morale qu'elle possédait.
Annie n'éprouvait aucun plaisir ou aucune culpabilité. Elle suivait ce qu'elle avait à faire, et ce qui semblait le mieux entrer dans sa dite ligne de conduite. Mikal n'était pas un garçon qui rendait sa vie plus supportable, ou plus pénible. Il n'y changeait rien, et c'est bien cela qui prouvait que Mikal était un garçon dont on pouvait se passer, et qui n'était la que pour tuer le temps. Il croyait sûrement avoir des répercussions sur la vie d'Annie, mais son ego surdimensionné ne lui permettait pas de voir l'affreuse inutilité qu'il était.
La seule chose qui intéressait Annie était la mort de Galavan. Gordon avait été officiellement soupçonné, et il fut en cavale durant quelques temps. Il avait échappé à la police, et était resté en vie sans qu'il n'eut besoin de personne. Mais la chose qu'Annie félicita le plus, fut le retour de Gordon et la réclusion de Pingouin à Arkham. Cette nouvelle avait vraiment fait plaisir à Annie. Elle ne haïssait pas Pingouin, il ne faut jamais haïr ceux dont on peut avoir besoin, mais elle aimait le voir souffrir.
- Tu sais que jouer comporte des risques, lui avait-il dit alors qu'elle se levait du lit sur lequel il était allongé.
- On dirait une mauvaise pub pour l'alcool, répondit Annie avec dédain. Et quels risques ? fit-elle semblant de s’intéresser dans un soupire.
- Le plus gros ? Tu pourrais crever dans ce lit.
- Une crampe était pas suffisante ? Et puis qu'est-ce que j'en ai à foutre de mourir ou de vivre ? ajouta-t-elle en fronçant les sourcils devant la fausse intelligence que se donnait le garçon.
- T'es pas en train de venger ton ex ?
- Montre un peu de respect quand tu parles de Jérôme, dit-elle la voix dure.
- J'y peux rien si c'est vraiment ton ex.
Elle ne répondit pas, et prit une cigarette qu'elle fuma avec nervosité.
- Tu fumes toi ?
En toute réponse, elle lui offrit un nuage d'une fumée épaisse qui s’immisça dans sa bouche et son nez.
- Il se fait tard, dit négligemment Mikal en se levant à son tour, on se voit ce soir, Princesse.
Il l'embrassa à la dérobée, et s'en alla en enfilant sa veste. Annie écrasa immédiatement la cigarette dans un verre. Elle détestait la cigarette. Elle le faisait simplement pour être plus impressionnante.
Les mois avaient passés, au rythme lent des jours, et celui rapide des nuits. Elle commençait d'ailleurs à se lasser de Mikal. Ce soir, elle lui ferait comprendre qu'elle ne voulait plus de lui. Qu'il le prenne bien, ou mal, elle aurait son semi-automatique dans la poche.
Mais rien ne laissait prévoir le futur, et les plans d'Annie rencontrèrent l'obstacle qu'elle avait redouté. Elle dansait, en attendant l'arrivée de Mikal qui ne semblait pas vouloir se montrer, quand un figure familièrement lointaine apparu à l'entrée du club underground.
Bruce Wayne semblait bien sur de lui, et même Jeri se retira de la scène. Elle continua cependant à tourner ses bras autour d'elle, légère et virevoltante. Lorsque Bruce et Jeri eurent disparu, elle monta les escaliers à son tour et colla son oreille à la porte de la loge de Jeri. Elle ne comprit pas tout, mais Bruce semblait chercher quelque chose, ou quelqu'un. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes, sans qu'Annie ne puisse suivre la conversation.
La porte s'ouvrit, et elle se colla au mur en face. Bruce fronça les sourcils en la voyant, et ses yeux trahirent sa compréhension.
- Bonsoir, Bruce, dit-elle avec un air malsain.
- Bonsoir, Annie, répondit-il de sa voix habituellement posée et contrôlée.
Elle remarqua les pliures d'une arme sous ses vêtements. Il l'observa avec curiosité.
- Cat va bien ? Demanda-t-elle.
- Je pense, oui.
- Bonne chance.
- Pour ?
- J'en sais rien. Ce que tu t'apprêtes à faire.
Il prit le temps de respirer calmement, avec un sang froid qui lui était propre.
- Merci, Ann.
Il s'éloigna sans perdre son fabuleux aplomb. Annie tira son pull vers le bas, croisa prestement le regard de Jeri, et prit le même chemin que le jeune garçon.
Elle reconnu Mikal à travers tous les visages.
- On va s'isoler, Princesse ?
- Trouve-toi une autre partenaire, dit-elle sans même le regarder.
- Qu'est-ce qu...
Elle posa un doigt sur ses lèvres.
- Shhh... Tu me fatigue. Tu es épuisant. Tu n'as aucun intérêt. Tu es puéril. Je n'ai plus envie de m'amuser.
Avant qu'il ne bouge, elle lui colla son fidèle semi-automatique sur le ventre, en faisant semblant de danser avec lui. Non pas que quelqu’un aurait levé une main si on avait remarqué son arme, mais Annie voulait l’humilier un peu plus.
- Non, non, Mikal, t'as pas compris. Je suis Annie Henderson, et c'est moi qui mène le jeu. Si je veux plus de toi, tu dégages, c'est pas compliqué.
- Tu vas me le payer...
- Fais attention... jouer comporte des risques, ironisa-t-elle.
Il lui offrit un dernier regard enragé, et se détourna. Annie n'avait rien à craindre de ce genre de garçon. Et s'en débarrasser ne serait pas bien difficile.
Lorsqu'Annie détourna le regard de la piste, elle tomba sur d'autres yeux, plus féroces. James Gordon la regardait, sans la reconnaître vraiment. Elle se tint devant lui, sans pouvoir bouger, tétanisée. Elle ne savait pas quoi faire entre fuir et lui sauter dessus pour le défigurer. Elle posa doucement les doigts sur son arme cachée. James Gordon fit un premier pas élancé, quand Jeri hurla sa présence dans le micro, et que le reste des danseurs se précipitèrent sur lui. Annie restait immobile, et, malgré la masse de corps qui devait les séparer, il lui asséna un énorme coup de poing qui la fit tituber plusieurs instants, avant qu'elle ne s'effondre sur le sol.
Elle cherchait à se relever, mais elle ne le put. Enfin, son esprit reprit le contrôle. Elle posa ses mains sous ses épaules, et se releva d'un bond, pour écarter le reste des corps qui tentaient de le coincer. Elle se posa rapidement devant lui et lui rendit son coup.
- Souffre, James Gordon ! Cria-t-elle, alors que la foule l'acclamait.
Elle lui envoya son pied dans le flanc, avant qu'il ne lui attrape la cheville et la fasse basculer au sol. Il se releva et l'attrapa par le col pour la soulever vers lui. Elle posa son pied contre son torse et se détacha de lui. Les deux se regardaient en chien de faïence, et n'osaient pas se mesurer physiquement à l'autre. Enfin, Gordon se décida, et envoya un coup vers elle qu'elle esquiva gracieusement. Elle surprit son propre poing se diriger sur lui, qu'il arrêta agilement en l'attrapant pour l'attirer vers elle et lui asséner le dernier coup fatal qui lui fit perdre connaissance à moitié.
Elle ne voyait plus ce qui se passait autour d'elle et entendait un bourdonnement incessant à l'intérieur de son crâne. Elle avait l'impression que la pièce tournait autour d'elle. Elle fit un grand effort pour se tourner sur le dos, et regarder le plafond danser à son tour. Les gens autour d'elle s'écartèrent brusquement, et l'inspecteur Gordon put contrôler la salle. Les renforts devaient être arrivés.
Il fit arrêter Jeri, et prit Annie pour la soulever presque sans effort. Il lui enfila des menottes, et la fit asseoir dans une voiture. Elle eut le temps de se remettre de son coup de poing, malgré le fait qu'elle ne sentait plus sa mâchoire. Elle se laissait bercer par l'allure régulière de la voiture, ayant subitement envie de s'endormir.
Coucou tout le monde ! Alors je passe vite fait pour vous dire que je vais essayer de poster plus vite, parce que je sais pas si vous avez vu, mais Jérôme est bientôt de retour dans la série ! Je suis total euphorique depuis hier soir ! (si vous avez pas vu, allez voir les sites anglais qui exhibent la nouvelle bouche de Valeska, c'est juste trop satisfaisant, je sais pas ce que vous en pensez xD).
Sinon, petit anecdote par rapport au chapitre : à labase, le chapitre 12 faisait 20 pages word, que j'ai finalement séparé en trois chapitres : donc le 12, le 13 et le 14 xD Je fais vraiment des chapitres trop longs :') J'espère qu'il vous aura plu en tout cas :3