Au delà des apparences!
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Assise sur ma chaise de bureau en combinaison de lapin, je discute sur Skype avec Charlotte et Antoine, un autre étudiant de droit, sur le cours de Contrat spéciaux qu’on a en commun.
Enfin, c’est ce qu’on essaye de faire. Il est 2 heures du matin et malgré notre bonne volonté, on a du mal à tenir le coup. Je bois un coup de Nalu, me frotte les yeux et mets la capuche de mon pyjama
- Oh tu portes ton pyjama lapinou ! S’émerveille Charlotte.
- Oui, il est mignon, n’est-ce pas ?
- J’aurais bien aimé avoir le même, dommage qu’il n’y en avait plus en stock quand j’ai essayé de m’en procurer un.
- Dites, les filles, et si on revenait sur un sujet plus sérieux, j’ai une question à vous poser…
- Je crois qu’il en restait déjà plus beaucoup sur Asos au moment où je l’ai commandé. T’aurais dû te dépêcher mais tu n’as pas voulu m’écouter.
- Et maintenant, je me retrouve avec une combinaison de panda
- Et bien quoi, c’est mignon un panda.
- Les filles, s’il vous plaît !
- J’aurais préféré le lapin
- D’accord, je laisse tomber !
- Désolée Antoine mais on fatigue. J’ai tellement travaillé aujourd’hui que j’ai failli m’endormir plusieurs fois sur mon bureau.
- Moi, je l’ai fait, renchérit Charlotte.
- Et moi, je veux réussir ! Pourquoi je perds mon temps à étudier avec vous deux ?
- On est irrésistible, c’est pour ça !
- J’en peux plus, je craque.
- Nous aussi, on n’en peut plus, j’en ai marre que les professeurs nous prennent pour des robots !
- Bon, je me déconnecte ! conclut Antoine.
Il ne reste plus que Charlotte et moi, j’en profite pour lui parler de Matthieu.
- Je ne suis pas sûre que j’intéresse Matthieu plus que ça, on s’est encore revu comme tu le sais mais il n’a fait aucune approche. D’habitude, je n’ai pas besoin de faire des pieds et des mains pour avoir l’attention d’un garçon.
- Peut-être est-il gay ?
- Non, je ne crois pas, sur son Facebook il y a des photos de lui où il embrasse des filles en soirée… Peut-être que je ne suis pas son genre
- Pas son genre ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu es le genre de tous les garçons.
- Peut-être préfère-t-il les filles exotiques ?
- Les filles qu’il embrassait l’étaient ?
- Pas spécialement…
- Son comportement est étrange, je trouve… je me demande si tu n’as pas trouvé ton rival masculin. Ce que je veux dire c’est que lui aussi a sûrement l’habitude que les filles lui courent après alors si tu ne montres pas clairement qu’il t’intéresse, tu n’en obtiendras probablement rien.
- Je n’aime pas courir après les garçons, tu le sais.
- Je le sais mais c’est peut-être le moment pour toi de draguer un peu, de montrer tes atouts… Enfin, si tu veux réussir à le séduire, il faut que t’y mettes du tien aussi.
- Oui, t’as peut-être raison… Je vois bien qu’il apprécie ma compagnie alors je ne comprends pas pourquoi… Hé mince, j’en peux plus, je suis crevée…
- Moi aussi, je crois que je vais aller me coucher.
- Dis, il faudrait qu’on pense à notre journée shopping pendant les soldes.
- Oh Anne-so’, je ne sais pas si c’est une bonne idée de le faire cette année.
- Tu rigoles ? C’est devenu une tradition ! Tous les ans depuis des années, on fait du shopping le premier jour des soldes. On ne peut pas manquer ça ! Ce serait même la fin du mode qu’on devrait y aller !
- T’exagères pas un peu ?
- Non mais déjà que je ne fêterai pas le nouvel an cette année à cause des examens, je tiens au moins à ce qu’on fasse ça.
- D’accord, je viendrai. Bon, je vais me coucher. A demain.
Et elle se déconnecte. De mon côté, je ne tarde pas trop non plus avant de me mettre au lit.
Les fêtes de Noël se passent dans le stress. Je dors peu, je mange trop, ne respecte pratiquement pas mon planning. Prolonge trop souvent mes pauses devant mon Mac à regarder des séries. J’ai aussi mis de l’ordre dans mon dressing, ranger mon bureau, enfin, fait milles petites choses que j’aurais pu faire le reste de l’année mais qui m’ont semblé indispensables à réaliser au moment où j’avais le moins de temps. Parfois, je craque et je pleure pour un rien. Comme l‘autre jour où je n’avais plus de Stabilo jaune. Voilà en résumé comment se déroule ma bloque. Alors même si je culpabilise, je tiens à m’octroyer cette journée shopping avec Charlotte.
Le jour J, on va de magasins en magasins. J’essaye différentes tenues, je m’amuse mais je remarque vite une chose, c’est que je suis la seule à m’amuser. Je comprends que Charlotte stresse pour les examens mais elle pourrait faire un effort tout de même! Elle n’essaye pratiquement rien et n’a presque rien acheté. D’habitude, c’est toujours elle qui me traîne dans les magasins mais là, je vois bien que le cœur n’y est pas du tout. Elle doit être vraiment à cran à cause de la bloque. Dans le fond, elle avait raison, on aurait dû laisser tomber.
A la caisse d’un magasin, je la vois essayer des lunettes. Après avoir payé, je me dirige vers Charlotte pour partir.
- On y va ?
- Ok.
Elle dépose les lunettes et me suit
- Excusez-moi Mademoiselle !
Surprises, on se retourne et je vois un vigile retenir le bras de Charlotte
- Puis-je regarder dans votre sac, s’il vous plaît ?
Charlotte devient toute rouge mais accepte. Le vigile sort de son sac une paire de lunettes.
- J’ai bien peur que ces lunettes appartiennent au magasin. Veuillez me suivre.
- Non je vous assure que ce sont les miennes ! Se défend-elle.
- Quelqu’un m’assure vous avoir vu prendre ces lunettes du rayon et les mettre dans votre sac…
- Ecoutez monsieur, je reprends pour elle, nous sommes de bonnes clientes dans ce magasin, nous venons régulièrement et comme vous pouvez le voir encore ici, dis-je en montrant mes sacs, on fait habituellement de gros achats. Vous n’allez tout de même pas nous embêter pour une pauvre paire de lunettes ? D’autant plus que je connais la directrice du magasin qui est une connaissance de ma mère, on peut en discuter encore pendant longtemps mais je suis sûre que ce n’est pas vous qui aurez gain de cause alors si mon amie vous dit que ces lunettes sont à elles, c’est qu’elles le sont ! Fin de la discussion !
- C’est bon pour cette fois mais je ne laisserai pas passer un autre incident de ce genre, c’est compris ?
- Allez viens, on s’en va Charlotte.
Une fois au bout de la rue, je me retourne vers elle et je l’interroge du regard.
- Merci pour ce que t’as fait pour moi.
- Pourquoi as-tu volé ces lunettes ?
- Quoi… mais ?
- Ne me prend pas pour une imbécile, je sais très bien qu’elles ne sont pas à toi, pourquoi as-tu fait ça ?
- Je ne sais pas, c’était juste pour plaisanter…
- Ecoute, voler un accessoire c’était bien marrant lorsqu’on avait 15 ans mais maintenant, on a plus l’âge de faire ce genre de bêtises. Je t’ai sauvé la mise une fois parce que je tiens à toi mais ne recommence plus ça en ma présence, c’est clair ?
- Oui, je suis vraiment désolée… Je ne savais pas que ta mère connaissait la directrice du magasin ?
- Tu parles, j’ai raconté n’importe quoi ! Je m’en suis bien sortie, n’est-ce pas ?
- Comme un chef !
Sur ces mots, Charlotte pose les lunettes de soleil dérobée sur son nez
- Alors comment tu me trouves ?
- Oh toi, je te jure...
La journée se finit calmement malgré cet incident. A la maison, je remarque que Matthieu m’a envoyé un message sur Facebook où il me propose de me revoir. J’hésite à cause des examens qui approchent à grand pas et puis si c’est pour le voir en tant qu’ami… Pourtant, j’ai bien envie de passer un moment avec lui et puis, je me rappelle ce que Charlotte m’a dit à son sujet et j’ai une petite idée qui pourrait faire son effet. Si ça ne marche pas, je laisse tomber.
J’accepte donc son invitation.
Le soir même, je me rends à son kot. A mon grand étonnement, il a fait du nettoyage mais je ne perds pas mon objectif de vue. Il allume une petite lampe sur son bureau ce qui donne une lumière tamisée. Cette ambiance me plaît pour mon idée. On discute un peu jusqu’à ce qu’il s’interrompe pour aller aux toilettes, je profite donc de ce moment pour sortir le grand jeu. Je me déshabille entièrement et m’allonge sur son lit en l’attendant.
Lorsqu’il revient, il allume la lumière du plafond. Tout à coup, j’ai une prise de conscience de la bêtise que je suis en train de faire alors en un rien de temps, je m’enroule dans ses draps pour me couvrir mais je suis si maladroite que je tombe du lit.
- Mais que fais-tu ? Me dit-il en riant
- Je l’ignore… je suis désolée, je vais me rhabiller.
- Mais pourquoi tu t’es mise toute nue ?
- Je voulais… J’essayais de… Pour te dire la vérité, tu me plais et je croyais comme une idiote que l’astuce du « Mec à poil » fonctionnerait sur toi…
- Le mec à poil ?
- C’est dans l’une de mes séries préférées. Lorsque tu es invité chez la personne que tu désires mais que tu ne penses pas lui plaire autrement, tu te mets tout nu pour tenter de la séduire afin de créer un effet de surprise. Cela me semblait une excellente idée jusqu’à ce que tu te pointes… Je me sens complètement nulle maintenant, je m’y suis prise totalement de travers.
- Cette ruse m’a tout l’air d’être destiné à un mec désespéré mais bon, je suis flatté par ton audace et je ne te trouve pas ridicule du tout et puis tu te trompes, tu me plais.
- C’est vrai ?
- Oui, c’est vrai. Je dois dire que tu m’intimidais, je ne savais pas comment m’y prendre pour te séduire…Pourtant, ce n’est pas que je suis spécialement timide avec les filles mais toi t’es différente et je voulais y aller plus doucement. Il faut croire que je me trompais.
- Je sais que tu vas avoir difficile à le croire vu la situation mais je ne suis pas une fille facile pour autant. Pour te dire, ça fait longtemps que je n’ai pas eu de relations avec qui que ce soit… Je parle trop, je suis vraiment à côté de la plaque aujourd’hui…
- Je ne pense pas que tu sois une fille facile, je dis juste que je m’y suis mal pris aussi, comme quoi, on est deux.
- T’es vraiment un mec super, tu le sais ça ?
- Oui, je le sais.
Il me sourit et s’approche de moi.
- Je ne suis pas prête ! je m’exclame brusquement. Je suis désolée, c’est vrai que mon comportement est complètement contradictoire avec ce que je dis mais quand je t’ai vu m’approcher, je me suis dit, je préfère prendre mon temps. Attention, je ne dis pas que…
Tout à coup, il m’embrasse en prenant mon visage de ses deux mains et après ce baiser inattendu, il me dit :
- Je comprends, on n’est pas pressé
Je finis de me rhabiller mais cela ne nous empêche pas de nous embrasser passionnément. Je suis toute retournée par ses baisers. En rentrant chez moi, je suis dans un tel état que je n’arrive plus à me concentrer pour étudier.