Au delà des apparences!

Chapitre 4 : Déception!

2656 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/03/2017 21:07

(suivez-moi sur mon blog: unedidobelle. be)

On est toutes les deux assisses sur son lit à baldaquin. Charlotte tient un ours en peluche entre ses mains le regardant fixement mais a l'air totalement ailleurs.

- Je suis désolée, ma belle, je soupire.

- Je ne veux pas m'apitoyer sur un idiot pareil, me répond-elle les larmes aux yeux.

- Non, tu ne devrais pas, il n'en vaut définitivement pas la peine.

Des larmes coulent sur ses joues

- Mais qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?

- Je ne veux pas que tu pleures pour un type pareil.

- Ce n'est pas pour lui que je pleure mais pour ma vie amoureuse en général. Non mais c'est vrai, on dirait que je fais fuir tous les garçons que je rencontre...

- Il faut avouer que ce ne sont pas des lumières les garçons sur lesquels tu tombes. Mais un beau jour, tu rencontreras un garçon qui s'intéressera réellement à toi. Je sais que ça fait cliché de dire ça mais je suis sûre qu'un jour ça s'arrangera.

- Toi, au moins tous les garçons sont à tes pieds...

- Je ne dirais pas ça, tu exagères.

- Ce n'est pas moi qu'on a qualifiée de « Bombe de droit » dans le journal de la Basoche.

- Tu es très belle aussi, ne te dévalorise pas. Écoute, j'ai l'impression que lorsque tu rencontres un garçon, tu en attends trop, bien trop vite de lui et c'est peut-être aussi ça qui le fait reculer...Moi par exemple, je ne suis vraiment pas intéressée par l'idée de rencontrer quelqu'un à tout prix et lorsque je rencontre un garçon qui m'intéresse, je prends rarement cette relation au premier degré, je ne me prends pas la tête avec les mecs tout simplement. Tu devrais prendre un peu plus de recul, je crois...

- Je maintiens le fait que je n'ai pas de chance.

Je lisais la déception dans ses yeux et je ne pouvais que compatir. Je ne savais pas trop quoi dire pour la réconforter. Je me dis que d'être là pour la soutenir, ce n’est déjà pas si mal.

Lorsque je finis par rentrer chez moi, je feuillette mon agenda pour regarder ce que j'ai de prévu dans la semaine. Je m'arrête à samedi où j'ai noté le déjeuner que je suis censée avoir avec mon père.

Il m'a enfin rappelée et m'a donnée un nouveau rendez-vous. J'ai envie de me réjouir de cela mais comme je l'ai dit tout à l'heure à Charlotte, je ferais mieux de ne pas trop m'emballer aussi. Je ne veux pas être déçue à mon tour. Et pourtant, ce n'est pas la première fois qu'il me déçoit, je devrais en avoir l'habitude. Parfois, je me demande s'il m'aime vraiment. J'ai plutôt l'impression qu'il remplit un devoir, pire une corvée. Il se doit de subvenir à mes besoins, il m'accorde, lorsqu'il n'a rien de mieux à faire, un peu de son temps et moi, je saute sur l'occasion, je reprends espoir. Il faut dire que je n'étais pas spécialement voulue, si je puis dire. Mes parents m'ont eu fort jeune. Ils étaient encore à l'université lorsque ma mère est tombée enceinte de moi. Je peux vous dire que mes grands-parents n'étaient pas du tout ravis de la situation. C'est peu dire. Ils ont des principes et sont assez vieux-jeu donc inutile de préciser que d'avoir un enfant hors mariage, c'était inconcevable. On les a donc mariés le plus vite possible avant que la grossesse de ma mère ne se voit de trop même si leur entourage n'était pas dupe. Il fallait à tout prix éviter un scandale. J'ai cru comprendre malgré tout qu'ils se consolaient de cette union en se disant que ce n'était pas une mésalliance. Tous deux descendants de famille respectable, cela semblait être la solution parfaite au problème. Malheureusement mes parents ne tenaient pas assez l'un à l'autre pour passer toute une vie ensemble, alors le divorce s'est vite prononcé malgré les supplications de mes grands-parents qui voyaient d'un mauvais œil qu'on puisse envisager de divorcer. J'étais encore petite à l'époque. J'en ai pleuré au début mais je m'y suis faite. J'espérais parfois que mes parents se remettent ensemble un jour, cependant, il fallait bien que je me fasse une raison, cela ne se ferait jamais.

Aujourd'hui, ce qui me fait le plus mal, c'est le peu d'intérêt que me porte mon père. Je soupire en y pensant puis je me mets à travailler un peu pour mes cours. Lorsque je me sens trop fatiguée pour continuer, je vais me coucher et continue de lire mon livre de chevet du moment, « Emma » de Jane Austen pour me changer les idées avant de m'endormir.

 

Samedi matin, je me lève tôt. J'ai rendez-vous avec mon père à midi et je n'ai pas envie d'être en retard. Après avoir pris mon petit déjeuner et traîné un peu sur facebook, j'enfile un Jean Boyfriend IKKS, une chemise de chez H&M, des escarpins Louboutin. Je prends un Perfecto[1] et mon sac puis j'y vais. Enfin, je vais revoir mon père que je n'ai plus vu depuis des mois, je dois bien l'avouer. Après les examens de juin, j'étais allée dormir chez lui. Ma présence semblait ne pas trop le déranger alors, j'en ai profité. Puisque c'est au centre-ville que je le vois, je décide d'appeler un taxi pour m'y conduire. Je déteste conduire en ville, la circulation pendant la journée y est trop mauvaise.

Une fois arrivée devant le restaurant, je paye le chauffeur et descends de la voiture. Je rentre à l'intérieur du restaurant et je le vois. J'ai un pincement au coeur. Je ne l'ai plus vu depuis si longtemps mais il n'a pas changé. Assis à une table, il regarde son Iphone en m'attendant. Portant un costume gris taillé sur mesure, je le trouve très élégant. Il paraît que je lui ressemble comme deux gouttes d'eau. J'ai un peu du mal à y croire malgré le fait que j'ai les yeux bleus et les cheveux blonds comme lui. Il a l'air si sérieux et concentré. Je m'approche de lui. J'aimerais le prendre dans mes bras comme quand j'étais petite mais j'ose à peine lui faire la bise. Arrivée à sa hauteur, je lui dis :

- Bonjour Papa.

Il lève les yeux vers moi, l'air dubitatif puis semble me reconnaître enfin et me répond :

- Bonjour, assieds-toi et choisis ta commande.

Je m'installe et choisis ce qui me ferait envie.

- Tu t'es teint les cheveux à ce que je vois...

- Oui, cela te plaît?

- Je te préfère au naturel.

On déjeune assez silencieusement. Après avoir mangé, j'essaye de prendre de ses nouvelles mais comme à son habitude, il reste évasif.

- Comment se passe les cours ? me demande-t-il

- Pour le moment, ça va encore. J'ai des travaux à rendre, ce n'est pas toujours évident mais je tiens bon. Ce qui m'inquiète beaucoup ce sont les examens à venir. J'ai l'impression que tout le monde est à cran. Le master, ce n'est pas du tout la même ambiance que le bachelier.

- Oui, cela ne m'étonne pas, je suis passé par là aussi mais je suis sûr que tout se passera bien. Dit-il d'un air distrait.

Tout à coup, mon Iphone se met à sonner. J'ignore qui cela peut être mais j'éteins la sonnerie.

- C'est un nouveau sac ? Ta mère me dit que tu en achètes souvent...

- Oh euh... Oui, j'ai toujours eu un faible pour les sacs... Et les chaussures... Et les bijoux... Enfin, la mode quoi mais tu dois t'en douter.

Je souris, mal à l'aise. Il soupire.

- Je ne vois pas trop ce qu'il peut y avoir d'intéressant là-dedans mais si cela te plaît.

- C'est vrai que cela peut paraître futile mais je trouve que les vêtements sont un mode d'expression intéressant. La mode a quelque chose d'artistique selon moi et j'ai toujours été impressionnée par la créativité de certains stylistes. Comme Courrège, Oscar de la Renta,... Par exemple, la semaine dernière, j'ai vu un sac Dior particulièrement magnifique. Bien sûr il était hors de prix mais il faut avouer que la qualité de la matière utilisée, le design et le nom de la marque sont...

Il me regarde l'air ennuyé par mon discours. Tout ce que je lui dis semble le laisser de marbre.

- Je te ferai un virement la semaine prochaine. Finit-il par répondre

- Me… merci mais tu n'es pas obligé tu sais, je n'ai pas besoin d'argent dans l'immédiat.

- Ne te tracasse pas, je me doute que tu as envie de ce sac, alors je te verserai de quoi te l'offrir.

Ce n'était pas vraiment là où je voulais en venir mais bon, c'est gentil de sa part, je présume qu'il pense me faire plaisir de cette façon.

Au moment de s'en aller, je regrette de ne pas avoir pu passer plus de temps avec lui. Je rentre chez moi avec une pointe d'amertume. J'ignore quand je pourrai le revoir. Je passe mon après-midi à travailler mes cours. Ma mère n'est pas là du week-end. Elle est partie à Paris pour assister à un gala de charité. Du coup, je suis toute seule dans l'appartement. Cela dit, ce n'est pas la première fois que cela m'arrive. Pourtant, je me sens bien seule aujourd'hui. J'ai une envie soudaine de passer la nuit chez mon père. Oui, c'est une bonne idée. Après tout, on est le week-end, je le dérangerai moins qu'en semaine et de plus, j'essayerai de ne pas l'ennuyer. Même si je reste dans la chambre d'amis avec mon Mac, cela me rassurera de savoir qu'il est là, pas loin de moi.

C'est décidé. Je prends mon livre sur la table de chevet, mon Macbook, un grand sac où je mets des vêtements de rechange, un pyjama et ma trousse à maquillage. Lorsque mes affaires sont prêtes, je monte dans ma mini Cooper et je roule en direction de l'appartement de mon père. Une fois arrivée en bas de l'immeuble, je tente de sonner mais personne ne répond. Heureusement, j'ai un double des clés de son appartement, j'entre dans le hall du bâtiment et je monte dans l’ascenseur. Arrivée à l'étage, je pénètre dans l'appartement qui est vide. Il y fait noir, il n'y a personne. J'allume la lumière et me dirige vers la chambre d'amis. Lorsque j'ouvre la porte de la chambre, je tombe des nues. Le choc, je n'en reviens pas. Je reste dans l'encadrement de la porte pour admirer ce que cette pièce est devenue : Magnifique ! La chambre a été entièrement redécorée dans les tons que j'affectionne. Alors que cette chambre était tout ce qu'il y avait de plus banal. La voilà devenue une véritable chambre de jeune femme. Les murs sont peints en rose pâle et blanc. Des nouveaux draps avec des motifs roses recouvrent le lit. Une chaise de bureau confortable remplaçait la chaise sans artifice qui était là depuis des années pourtant.

J'entre dans la chambre émerveillée par ce que je vois. Il a fait ça pour moi, c'est certain. Tandis que j'admire la nouvelle décoration, je remarque une photo posée sur la table de chevet, je veux m'approcher mais je trébuche sur quelque chose. C'était un vieux sac terriblement usé. Même neuf, il n'aurait pas été d'un quelconque intérêt. Je me permets de regarder dedans et je vois des vêtements soigneusement repliés mais ce serait un euphémisme si je disais qu'ils étaient affreux...Je ne comprends plus ce qui se passe, je regarde de nouveau la photo sur la table de chevet plus attentivement. Il s'agissait de la photo d'une fille dont j'ignorais l'existence. Elle semble jeune, brune, d'origine inconnue, elle n'était probablement pas belge. Peut-être asiatique vu ses yeux... mais qu'importe. Je regarde autour de moi complètement perdue. Je vois un Macbook sur le bureau. Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre mais bien plus pour accepter la réalité en face.

Non ! Mon père n'aurait jamais pris la peine de redécorer sa chambre d'amis pour sa fille mais pour une inconnue, bien ! Qui était-elle ? Une amie ? Non, une maîtresse probablement. Est-ce une petite amie ? Cela doit-être sérieux entre eux si elle vit ici avec lui. Jamais mon père ne permettrait qu'une femme vive chez lui si ce n'était pas sérieux. Mais pourquoi ne m'en a-t-il pas parlé alors ? Enfin, s'il y a un changement important dans sa vie, il devrait m'en faire part, il me semble...

J'ouvre la garde-robe et je vois qu'elle est remplie alors qu'habituellement l'armoire est toujours vide. Les vêtements sont neufs et biens mieux que ceux que j'ai trouvé dans le sac. Cette femme porte du 40 apparemment. C'est définitivement évident que ce n'est pas pour moi puisque je porte du 36 au pire du 38. Dans un tiroir du bureau, je tombe sur un syllabus de la même université que je fréquente sauf que ce syllabus est destiné à des étudiants d'une autre faculté que la mienne : Philosophie et lettres. Je suis d'autant plus étonnée de cela. Mais quel âge doit avoir cette fille ? Elle ne doit pas être beaucoup plus vieille que moi. Mais dans quel genre d'aventure mon père s'est embarqué ?

Tout à coup, j'entends du bruit venant du salon. Mon père est rentré. J'espère que cette fille n'est pas avec lui. Je n'ai pas du tout envie de la rencontrer. Je me dirige dans le salon, mon père me regarde étonné.

- Mais que fais-tu ici ?

- Je voulais te faire une surprise en venant passer la nuit ici.

- Cela tombe assez mal, je dois dire

- Tu as quelqu'un dans ta vie, on dirait... ? Fis-je remarquer en montrant du menton la chambre d'amis.

- Ma vie privée ne te regarde pas !

- Si c'est sérieux entre vous, j'aimerais être au courant, après tout elle semble vivre ici.

- Non, il n'y a rien de sérieux entre nous

- Je ne pourrais plus venir ici alors si ton amie loge dans cette chambre.

- En effet mais de toute façon, cette situation n'est que temporaire.

- Comment ça ? Je ne comprends pas ?

- Écoutes, je n'ai pas envie de discuter de cela avec toi. Je ne m'attendais pas du tout à ce que tu viennes, si j'avais su que tu venais, je t'aurais dit de rester chez ta mère.

Je ne lui pose pas plus de questions. Je reprends mes affaires et je m'en vais, bouleversée. Je suis complètement abasourdie par la situation.

A la maison, j'attrape tout à coup un rire nerveux en songeant à ma crédulité, ma naïveté. Comment ai-je pu croire une seule seconde que mon père ferait une telle chose pour moi ?

Assise sur mon lit dans ma chambre, il n'y a pas un bruit dans tout l'appartement. Je fonds en larme.


[1]Veste en cuir

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