Au delà des apparences!
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Le vernis couleur Corail de Bourjois que j'applique sur mes doigts de pieds rend vraiment bien. The Rolling Stones chantent « Angie » en fond sonore dans ma chambre.
De mon lit, je peux voir qu'on me parle sur Facebook puisque mon Mac est sur mon bureau en face d'où je suis mais hors de question de répondre tant que je n'ai pas fini de poser mon vernis. Maintenant, c'est au tour de mes mains.
La séance d'information pour les premières Master en droit commence cet après-midi. Je me suis levée tôt pour pouvoir me préparer.
Ma mère rentre dans ma chambre sans crier gare.
- Tu pourrais frapper avant d'entrer !
- Il me semble que je fais encore ce qui me plaît chez moi !
Ma mère jette un coup d'oeil rapide dans ma chambre avant de continuer.
- Que comptes-tu faire ce soir ?
- Un de mes amis organise une petite soirée, je pense y aller...
- Bien. Je ne serai pas là ce soir, j'irai à l'opéra. Ne rentre pas trop tard.
- Je n'ai plus 15 ans, Maman!
- Je tiens à ce que tu réussisses cette année...
- C'est bon ! Les cours n'ont même pas encore commencé et je n'ai plus doublé depuis la première, ce qui, soit dit en passant, arrive à pas mal de premières je te signale ! Même Charlotte a doublé cette-année-là.
- Je me moque de ce que font les autres étudiants et cela n'a rien d'étonnant que vous ayez doublé puisque vous n'arrêtiez pas de sortir à l'époque. Je t'avais prévenue pourtant mais Mademoiselle n'en a fait qu'à sa tête évidemment...
- Je te promets de ne pas rentrer trop tard, ne t'en fais pas !
Je lui souris et ainsi je clos la conversation qui a assez duré selon moi.
- Pense à manger quelque-chose avant de te rendre à ta soirée.
Sur ces mots, ma mère sort de ma chambre.
Ma mère, Jeanne Duvivier, donne toujours l'impression au premier abord d'être une personne froide et hautaine. Fille de bonne famille, elle a obtenu un diplôme d'histoire de l'art à l'université, elle s’est abstenue de travailler pendant plusieurs années préférant multiplier différentes activités mondaines où elle essayait (et essaye toujours) de m'embarquer malgré moi mais depuis quelques années maintenant, elle a ouvert une galerie d'art qui a acquis une certaine notoriété dans le milieu.
Cela dit, même si nous ne nous comprenons pas toujours, je sais qu'elle tient à moi... A sa manière, évidemment. Nous ne sommes pas dans une relation mère-fille digne de Gilmore Girls bien sûr. Elle surveille mes faits et gestes, me conseille parfois mais me laisse suffisamment de liberté même si je croyais fermement durant mon adolescence qu'elle m'étouffait. Mais cela n'a rien d'étonnant.
J'aurais pu prendre un kot étudiant, j'y ai souvent pensé d'ailleurs mais vivant pas loin de l'université sans compter les absences fréquentes de ma mère puisqu'elle est souvent « surbookée » comme elle aime le dire, j'ai préféré rester à la maison. J'envisagerai de m'envoler après l'obtention de mon diplôme. Je songe d'ailleurs faire le tour du monde surtout depuis que j'ai lu « Le tour du monde en 80 jours » de Jules Verne. On en a beaucoup parlé avec Charlotte.
Tandis que je rêve à mon avenir, j'entends mon téléphone sonner. Je regarde en vitesse, c'est...Papa.
Je décroche aussi vite qu'il ne le faut pour le dire.
- Allô, papa ?
- Bonjour Anne-Sophie, j'ai bien reçu ton message pour aller déjeuner prochainement, je pense pouvoir me libérer la semaine suivante, cela te...
- Oui, oui !! Enfin, je veux dire quel jour est-ce qu'on pourrait se voir ?
- Veux-tu bien me laisser terminer ma phrase s'il te plaît ?! Bon, je serais libre le samedi 8 à midi, cela ira pour toi ?
- Oui, c'est parfait ! Merci Papa.
- Il faut que je te laisse. Au revoir.
- Au revoir.
Il a raccroché. Je saute dans tous les sens, je suis aux anges. Cela faisait longtemps qu'on ne s'était plus vu et je ne m'attendais pas à ce qu'il accepte de me voir. Pourvu qu'il n'annule pas comme il en a l'habitude...Je devrais m'être faîte une raison à son sujet depuis le temps mais j'espère à chaque fois qu'un jour notre relation s'améliorera et qu'on pourra enfin passer plus de temps ensemble.
Je regarde par la fenêtre, rêveuse. Je vois Madame Beaulieu promener son chien. Un léger rayon de soleil illumine cette journée. Je ne peux m'empêcher de sourire.
Une fois sortie de mes rêveries, je regarde mon écran d'ordinateur.
J'ai plusieurs nouveaux messages. Il est temps que je réponde.
Je passe un moment sur facebook avant d'aller me changer puisque je suis toujours en pyjama.
Je cherche dans mon dressing une tenue pour la journée. Décidément, je n'ai rien à me mettre.
Pourtant, j'ai été faire du shopping il n'y a pas encore si longtemps. Il va falloir que j'y retourne. Pas le choix.
Finalement, j'opte pour un pull mauve avec un col en V de chez Bershka et un pantalon fuseau noir de chez Mango. Deux, trois bijoux pour compléter ma tenue. Cela devrait faire l'affaire.
Je reçois un message de Charlotte qui me prévient qu'elle viendra me chercher en voiture dans une heure pour nous rendre à la séance d'information. Elle me connaît trop bien. J'ai tendance à être un peu trop tête en l'air et surtout à être en retard. Comme je l'espérais, cette dernière a réussi son année, c'était tout juste mais elle ira en master. Évidemment, on a fêté ça comme il se doit.
Je file me changer, me fais une tresse au passage et je termine par un léger maquillage. Bim bam boum, je suis prête. Le temps de mettre un manteau, mes chaussures et de prendre mon sac Céline, Charlotte sonne en bas de l'immeuble. Je réponds au parlophone et je descends pour la rejoindre.
- Salut, ma belle ! je lui dis en lui faisant la bise.
- N'oublie pas que ce soir, c'est toi qui conduis donc pas d'excès d'alcool !
- Oui, maman ! je plaisante.
- Non mais c'est vrai, je ne compte plus le nombre de fois où tu as promis de faire le Bob et que tu n'as pas tenu le coup, continue Charlotte en pointant les clés de son véhicule sur sa Peugeot.
- Les bébés sortent en couche-culotte ! je réponds.
- Pardon ? S'interloque Charlotte
En réalité, je dis n'importe quoi, ainsi, elle ne sait plus trop où elle en est et elle change de sujet.
- Bon enfin soit, tu vas porter quoi ce soir? Me demande-t-elle tandis que nous montons dans la voiture.
- Je ne sais pas, quelque chose de décontracté, c'est censé être une soirée tranquille, donc, je ne pense pas en faire des tonnes.
- Moi, je compte mettre la nouvelle robe que je me suis dégotée chez H&M...
On discute pendant tout le trajet et une fois arrivées on se dirige vers l'auditoire où tout le monde est là, attendant de pouvoir entrer s'installer. Je salue tous mes amis, leur demande comment ils vont, s'ils ont passé de bonnes vacances, me renseigne sur ce qu'ils comptent choisir comme master.
En ce qui me concerne, mon choix est déjà fait : Master en droit à finalité spécialisée en droit pénal.
La séance commence enfin après que chacun d'entre nous ait pris place. Il s'agit juste de nous faire un topo sur les différentes options en master droit. Rien de bien passionnant.
La séance terminée, Charlotte me raccompagne chez moi. Une fois arrivée à l'appartement, je me jette sur mon lit et je finis de lire « La reine Margot » d'Alexandre Dumas.
Le nez dans mon bouquin, je ne vois pas le temps passer. C'est parce que ma mère passe sa tête dans l'encadrement de la porte de ma chambre pour me dire au revoir avant de sortir que je me rends compte de l'heure.
J'ai juste le temps de changer de haut. J'enlève mon pull pour mettre un top en dentelle noire de chez Zara, détache ma tresse, passe un peigne dedans et cela donne un effet ondulé que j'adore.
Je me mets aux pieds des escarpins en cuir rouge Gucci. Je me remaquille un peu avant de prendre mon sac et mes clés... Oh oui, zut ! Je n'ai encore rien mangé. Je me dirige à toute allure dans la cuisine, regarde dans le frigo, dans les armoires, un truc tout fait pour manger en vitesse.
J'entends mon Iphone sonner, me signalant que j'ai reçu un message. C'est Charlotte évidemment.
« T'es où ? ». Je lui envoie un pieux mensonge : « J'arrive ».
Je trouve un paquet de chips entamé que j'embarque avec moi. Allez, plus le temps de chipoter, j'y vais.
Une fois dans ma voiture, une mini Cooper que j'ai eue pour mes 20ans, j'allume la radio pour me mettre dans l'ambiance. Devant la maison de Charlotte, je m'apprête à klaxonner mais ce n'est pas nécessaire. Elle m'attend de pied ferme sur le trottoir.
- Alors, t'en as mis du temps !
- J'ai fait aussi vite que j'ai pu, je t'assure.
Elle me regarde l'air sceptique puis monte à l'avant en balançant son sac sur le siège arrière.
- Allez, c'est parti ! je crie, enjouée, en démarrant ma mini.
- Je peux en prendre ? Me demande-t-elle en présentant le paquet de chips
- Oui, vas-y sers-toi !
- Cela fait un baille que je n'ai plus vu Marie-Louise et Claire...
- Moi, je les ai vues tout à l'heure devant l'auditoire.
- C'est vrai ? En même temps, moi j'essaie de les éviter...
- Alors pourquoi viens-tu ce soir ? C'est elles qui invitent, je te signale.
- Oui, je sais mais elles organisent de bonnes soirées.
- Il est clair que moi aussi je les supporte qu'à petite dose mais y a pire, je trouve...Jessica par exemple.
- Aargh... Oh non pas elle !
- Cette fille, quand elle rit, on dirait une Hyène !
- Oh arrête, je vais faire des cauchemars, cette fille me sort par les yeux.
- Et tu sais quoi ?
- Non, vas-y...
- Mon père m'a appelée et on va enfin pouvoir déjeuner tous les deux !
- Sans déconner ?! Il était grand temps, dis ! Je suis contente pour toi.
- J'espère qu'il tiendra parole, je touche du bois. Dis-je en posant une main sur ma tête avant de la remettre sur le volant.
- Je suis sûre que ça va aller, ne t'inquiète pas.
Une fois à l'intérieur de l'appartement de Marie-Louise et Claire, on peut dire que l'ambiance était au rendez-vous. Charlotte avait raison, ces deux soeurs avaient leur défaut mais au moins, elles savaient organiser une soirée digne de ce nom. L'alcool coulait à flot, la musique était bonne. Tous ceux qui comptent pour nous étaient là.
- Qui veut un Mojito ? Crie Max.
- Max, t'es là ?
Je me jette dans ses bras. Maxime est mon meilleur ami après Charlotte.
- Hey Beauté ! Alors, un Mojito ? C'est moi qui l'ai fait...
- Je veux bien, merci.
Je goutte et je dois dire qu'il l'a réussi.
- C'est délicieux... Alors comment ça se passe en médecine ?
- Je rentre en 2ème Master comme tu le sais.
- Oui, il me semble que tu me l'avais déjà dit que tu avais réussi en septembre...
- Anne-so' ! Si Vénus avait un visage, il aurait le tien.
Thomas s'approche de moi en titubant et me prend dans ses bras
- Tom, t'es déjà bourré ?
- Juste un tout petit peu ! Me dit-il avant de s'en aller.
Je me retourne et je vois Charlotte taper la converse avec Marie-Louise et Claire.
- Salut les filles, vous m'avez manqué leur dit Charlotte, hypocrite.
Je souris en la voyant faire son cinéma puis je m'approche des deux soeurs pour les saluer à mon tour. Je ne tarde pas trop à leur côté. Je croise Paul qui me fait signe.
Paul était noir, style Denzel Washington dans ses jeunes années parce qu'aujourd'hui, l'acteur se fait vieux, je trouve. Enfin bref, il a un sourire « super white » qui en fait baver plus d'une mais moi, je ne me fais pas avoir par ce genre de Don Juan.
- Alors Paul, prêt pour la nouvelle année ? Lui dis-je en prenant son bras pour faire quelques pas en sa compagnie. Alice, qui discute dans un coin, me fusille du regard. Je sers d'avantage son bras, le sourire aux lèvres.
- J'aimerais te dire que oui mais je dois avouer que j'ai quelques angoisses mais pas plus que toi, je crois...
- Ma foi, tu as raison.... Tu as pris quoi comme option finalement ?
- J'hésite encore entre deux branches et toi ?
- Droit pénal.
On s'approche du balcon où deux garçons fument une cigarette.
- Alors, alors,...Toujours pas de copine ?
Il hausse les épaules.
- Oh tu sais, les filles, ça va, ça vient... Je n'ai pas encore trouvé une fille qui t'arrive à la cheville me lance-t-il un sourire au coin des lèvres. Et toi, toujours personne ?
- Oh tu sais, les mecs, ça va ça vient... je le taquine.
Paul regarde par-dessus mon épaule avant de déclarer
- Je dois te laisser... Milady
- Milord...
Et il s'éclipse pour aller dire bonjour à un nouvel arrivant.
Je veux rejoindre Charlotte mais elle est en pleine conversation avec un bel inconnu. Son visage couleur rouge vermillon m'indique que je ne serai pas la bienvenue si je m'incruste.
Je me retourne vers les deux fumeurs
- Vous avez une cigarette pour moi ?