The loser in the end - jalousie

Chapitre 1 : The loser in the end - jalousie

Chapitre final

1233 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 24/01/2024 21:37

Cette fanfiction est une réponse au challenge "7 sins : les sept péchés capitaux" qui se déroule actuellement sur le forum de FFR


Du blanc. Propre, immaculé, aveuglant … terrifiant. Il s’étonna de trouver la couleur blanche si pleine de menace et d’ennui. C’est pourtant bien ce que ressentait Aziraphale, assis à son bureau aussi transparent que vide, à l’étage au-dessus de le Terre.

Bien sûr, il allait y remédier, sinon c’était la décorporation assurée pour cause de neurasthénie … Ce n’est pas ainsi qu’il avait imaginé son retour !

Et puis il y avait ses nouvelles fonctions. Archange Suprême, rien que ça ! Il en souriait de fierté, furtivement et plusieurs fois par jour, quand le Métatron n’était pas dans les parages, évidemment.


- Votre Grandeur ? Décidément, quand on parle du loup …

Le Métatron avait surgi derrière lui de façon fort discourtoise. Il aurait pu frapper, enfin ! Mais bon, pas de porte au Paradis, c'est vrai, hormis celle de l’entrée.

- Oui, Excellange ? répondit Aziraphale sur le qui-vive.

- Eh bien, je souhaitais vous entretenir de la prochaine étape du … vous savez … Plan. Il nous faut choisir le futur Élu, planifier le second avènement, bref, élaborer l’avenir sur le long terme, votre Grandeur, ajouta-t-il d’un ton mielleux très déplaisant accompagné d'une discrète et servile courbette. Tout doit être millimétré. Pas de place pour l'imprévu.

- Soit, soupira Aziraphale, sans pouvoir retenir un soupçon d’agacement. Et … des projets sont-ils déjà arrêtés ?

- Pour certains, bien entendu.

- Et qui sont … ?

L’Excellange hésita. Un peu trop.

- Je vous en ferai part le moment venu, votre Grandeur. Néanmoins nous devrons en discuter tous les deux. Il faudra votre aval.

Aziraphale crispa ses poings dans son dos. Il était l’Archange suprême, et supportait mal d’être considéré comme un vulgaire exécuteur des Hautes Oeuvres.

- Le moment venu, dites-vous ? Entendu.

Pour calmer son irritation croissante, il visualisa son bureau, bientôt encombré de vieux volumes reliés cuir qu’il pourrait feuilleter à loisir après en avoir caressé la couverture. Le Métatron possédait peut-être la clef du portail entre le Ciel et la Terre, mais il n’entendait rien à ces choses-là. Et puis il était lui-même capable d'allumer 8 chandelles sur les branches d'une étoile peinte au sol. Maître du portail aussi que Dia... Diantre !

- C’est cela, oui. Nous reparlerons demain de l’Élu, si vous le voulez bien, conclut le Métatron.


Aziraphale se força à se calmer. Pour ce faire, il pensa très fort à une assiette d’eccles cakes, vision qui l’apaisa instantanément. De l'eau avait coulé sous les ponts et du nuoc-mâm sur les sushis depuis la révélation de sa première côte de boeuf ! Il en eut l'eau à la bouche. Depuis la découverte de la gourmandise (bénissez-moi Seigneur parce que j'ai péché), il n'avait eu de cesse de rechercher quelle friandise, plat du jour ou spécialité locale lui titillerait le plus délicieusement les papilles. Bien entendu ils n'entendaient rien à ces choses-là au plus Haut des Cieux. C'était un de ses grands regrets, hormis bien sûr la perte de son meilleur ami, son yin, son double, son ... STOP ! Chaque fois qu'il pensait à Crowley, il avait l'âme en marmelade et le corps affolé.

Il passa le reste de la journée à ruminer et à s'interroger en arpentant le carrelage blanc de son bureau non moins blanc. Certes, le Métatron, hiérarchiquement parlant, lui était supérieur. Mais pas en compétences, en savoir-faire ou en efficacité (son cerveau torturé écartait inconsciemment l'épisode de l'erreur sur l'Antéchrist lors de la première non-apocalypse). Alors pourquoi toutes ces prérogatives accordées par Dieu ne l'étaient pas à son intention, plutôt ?


- Votre Grandeur ? résonna la voix doucereuse dans son dos. Je vous ai apporté un café. Grand latte au lait d’avoine avec un filet de sirop d’amande. Votre préféré.

"Ah ! c’est déjà demain", réalisa l’Archange.

- Bien le bonjour, Excellange. Et merci. Que devons-nous régler pour l’instant ?

- Donc, le nouveau Messie … garçon ... 7 ans ... famille humaine ... poursuivit le Métatron … Mais Aziraphale ne l’écoutait déjà plus.


Et pourquoi pas une lampe dans ce coin, là ? Avec un abat-jour Tiffany. Oui, délicieux ! Bien sûr il faudrait aussi un fauteuil plus confortable que ce machin en plastique translucide. Et un tapis. Ou plusieurs. Un luminaire sur pied peut-être ? avec une liseuse orientable. Parfait !

Si ON l’avait fait revenir, et à ce poste, c’est qu’ON estimait qu’il le méritait.

Après tout, le Métatron n’était qu’un maillon de la chaîne. Assistant du Trône ? Un vulgaire porte-parole tout compte fait. Ridicule ! Un président a un porte-parole. Ce n'est pas LE Président pour autant. Et puis on savait où ça mène, ce genre de poste. Un tremplin pour les petits malins aux dents qui rayent le parquet. C'était d'un trivial ! Lui valait mieux que cela. Il était le meilleur pour ce job. Il connaissait la Terre et les humains mieux que personne. Il saurait gérer leurs réactions face au nouveau Messie. Point n’était besoin d’un intermédiaire. Il allait lui soutirer toutes les informations nécessaires, puis les modeler à son gré pour en faire son Plan. Rien qu’à lui. Il retournerait sur Terre s'il le fallait pour le mettre à exécution. C'était lui l'assistant personnel de Dieu, celui dont Elle ne pourrait bientôt plus se passer.

- La Terre est à moi ! lança-t-il en mentalement à l’intention du Tout Puissant. Alors, qu’est-ce qu’ON en pensait ? Dieu l’aimait, il en était sûr, Elle l’avait prouvé, à commencer par cette histoire d'épée de feu qu'Elle avait à dessein omis de monter en épingle, jusqu'à l'épisode de l'auréole dont Elle n'avait pas fait non plus toute une histoire. Bien sûr Elle devait être au courant de son "arrangement" avec Crowley (Crowley, au nom de D... ou de S.... ! Rien qu'à évoquer son nom son coeur se comprima comme dans un étau ...). Elle ne lui en avait pas non plus tenu rigueur. Dieu n'est que pardon, décidément ! Et Elle le préférait au Métatron, grosse tête et petites main, ce fac-similé d’imposteur, il en était convaincu aussi. Il était Archange ? Il deviendrait Excellange, il avait l’étoffe pour.


Ce n’est qu’une fois atterri les fesses sur un trottoir de Whickber Street – Soho – qu’il réalisa avoir été chassé du Paradis, pour s’être laissé aveugler par la Jalousie.

Il comprit aussi qu’il n’aurait jamais dû lire, du temps de son ancienne librairie, ce vieil exemplaire des Aventures d’Iznogoud, celui qui voulait être calife à la place du calife.


note : j'ai peut-être repris de terme Excellange d'une autre fiction. Si c'est le cas, je m'en excuse auprès de l'auteur.

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