Le chant des rossignols (fanfic saison 3)

Chapitre 0 : Prologue

2101 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a presque 2 ans

— L’angelot ! Il faut qu’on parle.

 

           Rampa se leva de son fauteuil dès lors qu’il entendit la clochette retentir. La porte de la librairie venait de s’entrouvrir, et l’ange déchu allait ouvrir son cœur. Maggie et Nina avaient raison, ils devaient parler. Cela ne signifiait pas seulement dire un truc intelligent auquel Aziraphale répondrait par un truc drôle sans même s’en rendre compte. Non non, là, ils allaient devoir communiquer.

 

           Le blond accourut presque jusqu’à lui, tout enjoué. L’ange ne tenait pas en place, vraisemblablement surexcité au sujet d’il ne savait pas encore quoi. Aziraphale se posta face à lui, un sourire lumineux dévoilant toutes ses dents blanches et retroussant ses pommettes. Son cœur de démon pas si démoniaque rata un battement. Comment n’avait-il pas pu s’en rendre compte plus tôt ? Les filles avaient donc vu juste.

 

           — Aziraphale, il faut qu’on se parle.

           — En effet !

           — Écoute, je…

           — J’ai une incroyable nouvelle ! l’interrompit l’ange.

           

           C’était bien là le pire moment, et Rampa se douta qu’il n’allait pas lui déclarer sa flamme. Il ne se l’avouerait sans doute jamais, si le démon ne faisait pas le premier pas. Mais ce sourire et ces gestes pétillants…

 

           — Ah oui ?

           — Oui ! Métatron m’a fait une merveilleuse offre !

           — Quelle offre, l’angelot ?

           — Il…il…

           

           À bout de souffle, Aziraphale ne parvenait plus à aligner le moindre mot. Rampa se rapprocha donc. Ils n’étaient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Le souffle de l'un épousant les lèvres de l'autre. Cela lui donna des frissons.

 

           — Respire doucement. Et raconte-moi.

           — Oui ! Oui, bien sûr.

 

           Avait-il rougi ?

 

        — Alors ! Nous sommes allés nous assoir à la terrasse de Justine. Il m’a dit que maintenant que Gabriel était parti, il fallait absolument trouver un nouvel archange suprême. Ensuite, il m’a demandé mon avis, me demandant qui je pensais être assez digne.

           — Et tu lui as répondu quoi ? demanda Rampa, impatient.

           — Je lui ai conseillé Michael. Il m’a dit non. Il m’a dit : « Je te veux toi. »

           — Pardon ?

           — Oui ! N’est-ce pas incroyable ? Je dirais même, miraculeux ! tenta-t-il de plaisanter.

           

           Mais face au regard inquiet de son ami, Aziraphale perdit son sourire.

            — Mais…Et nous deux ?

        — C’est le meilleur ! Il m’a dit que toi et moi pourrons très bien travailler ensemble. Je serais l’archange suprême, tu serais mon second. Il peut te faire redevenir un ange, comme au commencement. On serait toi et moi, deux anges à faire le bien !

           

           Son ton enjoué devenait trop inquiétant.

           

           — Okay. Et tu lui as bien dit qu’il pouvait se le carrer, son boulot ? Pas vrai ?

           

           Aziraphale perdit son sourire pour de bon. Mais bon sang, ça ne pouvait pas être vrai.

           

           — L’angelot, dis-moi que t’as refusé. Je t’en supplie.

           — Je…En étant si haut placé je pourrai changer les choses.

 

           Tu ne peux pas me quitter ?

 

           — Mais ta librairie…tu ne peux pas laisser ta librairie ?

 

           Rampa tomba des nues. Comment ? Lui qui lui avait appris à s’affirmer, à faire ses propres choix. Il lui tournait réellement le dos ? Il devait en avoir le cœur net.

 

           — Bon écoute. Il faut que je t’avoue quelque chose.

           — Quoi donc ?

 

           Il respira profondément, s’appuyant contre le fauteuil. Son cœur battait la chamade, il transpirait. Mais il fallait lui avouer. Peut-être resterait-il à ses côtés.

           

           — Écoute, Aziraphale. Toi et moi, on se connait depuis des lustres. On a toujours été un groupe. Bon, un groupe de deux, mais un groupe quand même. On est une équipe, c’est nous deux contre le reste du monde. On a créé notre propre camps.

 

           Perdu, l’ange l’écoutait attentivement.

 

           — J’ai toujours pu compter sur toi. Et toi t’as toujours pu compter sur moi. Et je…

 

           Les mots manquaient. Il reprit sa respiration, face à un Aziraphale de plus en plus perplexe.

           

           — Si Belzébuth et Gabriel peuvent se tirer sur Alpha du Centaure, alors nous aussi. Je veux passer le reste de l’éternité à tes côtés, Aziraphale.

 

           — Mais…Mais on peut, Rampa ! Viens avec moi, je t’en prie. On fera le bien. Dans le bon camps.

           

           — Le bon camps ? Mais enfin tu sais très bien que nos camps sont aussi pourris l’un que l’autre. Après tout ce qu’on a vécu ?

 

           Aziraphale ne répondit pas. Il ne souriait plus, confus par une réaction aussi virulente. Rampa semblait vouloir pleurer. En était-il seulement capable ? Le démon avait besoin d’air, il ne pouvait plus supporter quoi que ce soit. Et pourtant, intérieurement, il priait pour que le Grand Patron lui file un petit coup de pouce.

 

           — Rampa, attends ! Tu ne peux pas partir comme ça, enfin. On, on pourrait rester ensemble, toi et moi. Au paradis !

           — Mais Aziraphale, je ne veux pas du paradis. Ni de l’enfer. Je veux…


Toi.


—Comment as-tu pu ne serait-ce que penser à accepter ?

           

           La colère se ressentait dans la voix de Rampa, qui se brisa en mille éclats. L’angelot, quant à lui, ne semblait rien vouloir répondre. C’était désespérant. Par miracle, il chercha ses mots.

 

           — Tu…Tu n’as pas l’air de comprendre ce que je t’offre.

           — Oh si, je comprends très bien. Sans doute mieux que toi.

           — Je suis désolé…souffla-t-il.

           — T’en fais pas, vas.

 

           Le démon capitula. Presque. À deux pas de la porte, il s'arrêta, et fit volte-face.

           

           — Tu entends ?

           — Non…Rien.

           — Exactement, il n’y a rien. Espèce d’idiot, on aurait pu être nous !

 

           Le blond se retourna, les larmes menaçant de couler au prochain mot que Rampa prononcerait. Mais nul besoin de mot. Il n’y tint plus.

           Dans un élan de courage, Rampa s’avança rapidement, et agrippa son manteau. Ses lèvres se posèrent sur les siennes. Un baiser maladroit, mais doux et chaud, parsemé d’une inhabituelle odeur de café. Surpris, Aziraphale ne sut comment réagir. Il posa aléatoirement sa main sur le dos de celui qui l’embrassait, et sentit une étrange sensation dans sa poitrine. Les deux se séparèrent.

 

           — Rampa…Je, comment as-tu pu ?

           

           Le démon recula, terrifié à l’idée de l’avoir perdu à tout jamais. À cet instant, il était tout aussi inquiet qu’un chérubin lors de sa première visite sur Terre.

           

           — Je suis désolé, Rampa.

           

           Encore des excuses en l’air. Il en avait marre.

 

           — S’il te plait, reste avec moi.

           — Je suis…

 

           Il ne le laissa pas terminer, et quitta la librairie. Il rejoignit sa voiture, et attendit. Il le vit partir avec Métatron, direction le paradis. Alors c’était terminé, ils ne se reverraient plus.  

 

 

 

À suivre…


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