Interrogatoire particulier

Chapitre 1 : Interrogatoire particulier

Chapitre final

4202 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a 8 jours

Cette fanfiction participe au Défi du Forum de Fanfictions.fr Erreur sur la personne (septembre à octobre 2021) en seconde chance

Avertissement, important changement par rapport à la série concernant Matt Mallinson et Kyle McCall. Réinterprétation anachronique de ces deux épisodes.



Interrogatoire particulier




Par une belle journée de mai 2006, à Grandview, petite banlieue aux États-Unis d’Amérique.


Matthew Mallinson, agent du Federal Bureau Investigation, cet homme à la stature imposante et d’âge mûr, s’assied sur un banc dans le modeste parc adjacent à la boutique d’antiquités de Mélinda Gordon. Il dépose l’immense valise brune remplie de dossiers volumineux à ses pieds. Il n'est nullement intéressé par les enfants qui jouent, insouciants, dans le parc et par leurs parents qui discutent de météorologie, d'augmentation des taxes ou de rumeurs. Il est en mission où la sécurité nationale est en jeu, il a mieux à faire que d’écouter ces bavardages sans intérêt. De toute manière, les affaires insignifiantes sont déléguées à ses autres collègues, il n’est pas venu pour cela. Il vérifie fébrilement pour la millième fois l’exactitude de l’adresse que lui avait communiquée son supérieur et parcourt avec la même insistance la transcription de l’entretien téléphonique de la jeune médium survenu quelques jours auparavant. Conversation qui l’intrigue au plus haut point et qui est la raison de son déplacement dans ce coin tranquille et isolé du pays. Troublé, l’espion observe minutieusement les va-et-vient des passants, guettant, photographie à la main, l’apparition de la petite brunette tant recherchée. Il désire obtenir rapidement des réponses à ses interrogations.


Plusieurs heures s’écoulent et, alors qu’il commence à douter de la réussite de son entreprise, une gracieuse femme d’à peine un mètre et demi, jeune et élégante, se dessine enfin devant la boutique. Elle marche d’un pas rapide, empressée, sur ses talons hauts, sa chevelure brune ondulant au rythme de ses pas, vêtue de manière décontractée avec un jeans et un chandail beige. Matthew, lunettes de soleil sur le nez, accourt vers elle, certain de la reconnaître d’entre mille. Il l’aborde poliment, tout en ajustant son badge :

— Madame ! Madame Mélinda Gordon(1), je souhaiterais discuter avec vous !

S’arrêtant net, l’interpellée se retourne, une lueur d’étonnement dans ses yeux bruns. Elle blêmit en remarquant le badge de l’employeur de l’agent qu’il exhibe fièrement sur son complet noir.

— Je ne suis pas Mélinda Gordon ! proteste-t-elle, agitant frénétiquement devant elle ses mains.

Le nom de la médium ne m’est pas inconnu songe la jeune femme, mais je ne suis pas elle.

— D’accord, soupire-t-il, vous êtes Mélinda Clancy, née Gordon ? 

La jeune femme secoue négativement la tête. 

— Je suis Donna Ellis, née Bianco, répond-elle, sourcils relevés. Qui êtes-vous ?

— Vous vous moquez de moi ! s’offusque l’agent du FBI, mains serrées en poings, visage empourpré et regard étincelant de colère. 

Donna recule de quelques pas, son regard scrute frénétiquement les alentours, les yeux roulant frénétiquement dans leurs orbites.

— Je ne peux me tromper, j’ai toutes les informations qui m’indiquent que vous êtes la bonne personne, affirme sévèrement l’agent en la fixant froidement. N’essayez pas de vous faire passer pour une autre, Madame Gordon-Clancy, je connais votre adresse. Vous ne pouvez m’abuser, je sais ce que je fais et je dispose de toutes les informations vous concernant. Vous êtes convoquée pour un interrogatoire avec moi à propos de votre dernière conversation téléphonique. Je souhaite obtenir plus de détails, et je les obtiendrai, surtout si la sécurité nationale est en jeu. Nous avons moult preuves que vous avez eu contact avec des défunts et que vous en savez plus long sur la chute du Trans Eastern Airlines 395 du 11 mai dernier. Vous devez collaborer. Je vous avertis, que vous le voulez ou non, cet entretien aura lieu…

Il grince des dents, agacé par l’attitude étonnée de son interlocutrice.

— Ne m’obligez pas à employer la force ! Compris ?

Donna soupire et songe que l’unique option qui lui reste est de se plier à l’interrogatoire absurde de l’agent qui lui semblait sorti d’un film sur le paranormal plutôt que de la réalité. Elle comprend qu’il est très obstiné et que toute forme d’opposition est vaine. Petit sourire au coin des lèvres, elle trouve la meilleure des manières de tourner au ridicule son interlocuteur si acharné.

— Très bien ! s’exclame-t-elle en agitant théâtralement ses mains. Il semble que je ne puisse pas vivre tranquillement, comme n’importe quel citoyen !

— Ne feignez pas l’humilité ! Vous possédez un don paranormal extraordinaire ! Communiquer avec les morts naturellement, sans séance de spiritisme, est fabuleux !

Il tend sa main droite vers la jeune femme avec la ferme intention de la lui serrer.

– Matthew Mallinson, agent spécial du FBI. Et j’ai la mission d’élucider les cas d’anomalies aériennes et de télécommunication codée ou d’une provenance inconnue.

Après cet échange de poignée de main, Donna ajuste ses sacs d’épicerie sur les épaules et marche rapidement pour ne plus avoir en face d’elle Matthew. Promenant son regard à droite et à gauche, elle soupire et, en pointant sa main porteuse d’alliance sur son interlocuteur, lui dit : 

— Comprenez que je ne peux pas maintenant vous répondre, j’ai des commissions à ramener à la maison, et tout et tout ! Je n’habite pas si près.

— Oui, oui, très certainement, murmure l’agent, petit sourire sur ses minces lèvres. Je comprends. Je vous attendrai au Café Java demain à 9 h 00. Cela vous convient ?

Mine pensive, Donna réfléchit avant d’approuver d’un signe de tête.

Chacun vogue à ses occupations, Donna se dirige vers la sortie de la ville pour revenir à Eastwick, où elle habite, et Matthew revient dans le parc, lunettes de soleil sur le nez, pour appeler son supérieur immédiat et lui rendre compte de l’évolution de sa mission.


Personne ne remarque une forme fantomatique non loin d’eux qui a entendu toute la conversation et qui pense bien en tirer profit pour s’amuser des vivants. C’est nul autre que Kyle McCall, l’ancien mari de Donna. Un fantôme imposant vêtu d’un simple jeans un peu sali, d’un t-shirt jaune et d’une veste à capuchon brune sourit, il est bien décidé à embrouiller encore plus l’agent du FBI. Il garde de la rancune envers cet agent et il compte bien le tourner au ridicule. Sur cette idée, il se dissipe dans les airs.



Le lendemain matin, au Café Java, Grandview, 9 h 00.


L’agent du FBI attend depuis une demi-heure la médium. Il ne cesse de se retourner et de scruter son entourage, en vain. Les mêmes murs beiges du café, des tables et des clients qui défilent sous son regard impassible, mais pas de médium dans son champ de vision. Il sirote un café latté avec crème chantilly accompagné d’un éclair pour tuer le temps. 

— J’espère que je n’aurais pas besoin d’employer une méthode moins conventionnelle et plus violente pour amener Madame Gordon dans mon bureau, murmure-t-il amèrement. Je vais encore un peu patienter. Mais ma patience à chaque seconde fond comme neige au soleil ! Je n’ai jamais trouvé une attente si pénible ! Si elle n’arrive pas dans une heure, je vais devoir m’organiser autrement. Surtout que je ne vais pas tarder à devenir suspect aux yeux de barman derrière son comptoir. Or, il ne faut que j’éveille de soupçon. La patience est une vertu, mais il y a une limite à toute qualité.

Il tambourine sur le bord de la table et compte mentalement jusqu’à dix puis à rebours pour passer le temps. Au moment où il ouvre sa mallette pour extirper son prochain plan d’action, Donna apparaît devant lui. 

Rouge d’épuisement, souffle court, elle halète :

— Mes excuses, Monsieur Mallinson, trop de travail avec ces défunts ! Le temps passe trop rapidement ! J’ai failli me tromper de porte et oublier notre rendez-vous !

Elle tait sa méconnaissance totale de la ville qui l’a presque fait se perdre. Elle lui sourit poliment. L’interpellé opine du chef et l’invite d’un geste de la main à s'asseoir en face de lui.

— Je comprends bien, lui répond-il d’un ton sec. Passons aux affaires plus sérieuses. Je suis agent spécial du FBI chargé d’élucider les cas d’anomalies aériennes et de télécommunication codée ou d’une provenance inconnue. J’ai besoin des éclaircissements concernant votre dernière conversation téléphonique. Il semblerait que vous ayez des contacts avec les esprits des défunts. Pouvez-vous préciser un peu plus le rapport de ces entités invisibles avec l’accident du Trans Eastern Airlines 395 ? Vos paroles ont été très énigmatiques.

Il sort un calepin et un stylo, arborant une expression hiératique, prêt à reproduire sur le papier la moindre parole de la médium. Donna, ajustant sa robe et son veston revêtus pour cette occasion, tourne sa tête à droite pour ne pas affronter les sombres yeux froids de son interlocuteur. Elle réfléchit à la manière dont Mélinda, cette médium qui est venue il y a quelques jours chez elle, aurait réagi et ce qu’elle aurait dit.

Regard brillant de son idée, Donna murmure :

— Vous ne me croirez pas si je vous avoue la vérité.

Il griffonne sur son papier quelques mots et lève les yeux où brille une lueur de curiosité.

— Racontez-moi tout, sans rien omettre ! Il en va de la sécurité nationale ! Est-ce une voix blanche ? Des ondes radios changeantes ? Des messages dans votre ordinateur ou dans le marc de café ? Des fantômes ? Un sabotage ou une turbulence ? Une interférence surnaturelle, voire extraterrestre ? Dites ce que vous savez ou croyez savoir !

Ravie de la crédulité de l’agent, Donna boit son verre d’eau pour se laisser le temps d’élaborer son discours. Elle tient à être crédible, pour ne pas trop se moquer de l’agent qui persiste dans son erreur. Elle dépose sa main droite sur la table.

— Un message dans mon glaçage de gâteau au chocolat qui disait « Retrouver le pilote, danger imminent. » Et je suis tombée nez à nez avec l’esprit du pilote.

Matt prend note dans son calepin « Message codé dans le dessert et défunt ». Il toussote et l’interroge :

— Et quelle est l’apparence de ce défunt ? Vous les voyez, donc donnez-moi des précisions ! Mais faites attention, je suis capable de savoir si vous mentez, j’ai des amis coroners.

Donna sent une montée d’adrénaline, mais elle tâche de ne rien laisser paraître. Elle tente de se remémorer les informations du journal télévisé qu’elle a récemment visionné afin d’en extraire des informations dignes de confiance.

— Oui, très certainement, je peux vous le décrire. Le défunt, pilote de métier au regard des insignes sur son veston, est un homme d’un certain âge aux cheveux blancs. Il portait un complet bleu marine.

— Je m’excuse de vous interrompre, mais Ken Nilsen était presque chauve, impossible qu’il ait des cheveux blancs. Sans oublier qu’il n’était pas si âgé que cela.

— Oui, oui, lui réplique rapidement la pseudo-médium en tenant fermement son verre. Mais le froid, le givre, la glace, ça donne l’apparence de cheveux blancs, se justifie-t-elle en affichant un petit sourire forcé.

Matt approuve de la tête, il semble accepter son explication.

— … Où en étais-je ?, chuchote-t-elle, pensive. Ah oui ! Donc le pilote est venu à moi, apparemment informé par les autres défunts. Vous savez, le monde des esprits est même plus bruyant que celui des vivants ! Parfois, ça me donne mal à la tête ! Visiblement, ils se passent vite le mot, les rumeurs courent très vite ! Eh ! C’est une des raisons pour laquelle j’ai si peu de temps pour vous aider ! Vous savez, entre la boutique, les défunts, la maison et mon mari, j’ai un planning assez chargé et vingt-quatre heures ne sont pas toujours suffisantes !

Matt affiche un sourire compatissant, tournant le stylo entre ses doigts. Donna est ravie de son coup, certaine qu’il la croit.

— Et que vous a dit ce pilote qui pourrait être révélateur pour comprendre le crash de l’avion ?

— Il a dit que c’était inévitable.

— Pourquoi ? Comment ?

Il cesse de jouer avec son stylo prêt à prendre des notes. Donna se lance dans une improvisation inspirée des derniers faits divers dans les journaux et de quelques ouvrages dans le style new age qu’elle a lu ce matin avant de venir à Grandview.

— Une dépression de l’air rattachée à une loi karmique. Cette loi tire son origine d’un événement survenu en 1950… Tout invraisemblable que cela puisse vous paraître…

Elle porte une main à son front, plissant les sourcils dans un effort de réflexion et, surtout, pour mieux camoufler un petit sourire espiègle et réprimer un fou rire.

— … Si je me rappelle bien des paroles d’un autre esprit errant, il s’agissait d’une indigestion d’une hôtesse en 1950... Désolée, ma mémoire me fait défaut … 

Elle balaie du regard la salle comme si elle cherchait quelqu’un.

— … Et mon informateur des lois karmiques n’est pas maintenant dans la salle… Malheureusement !

Kyle McCall se matérialise à la droite de Matt, bien décidé à lui faire une farce. Il s’amuse avec l'interrupteur de la lampe, l'allumant et l'éteignant à plusieurs reprises en peu de temps. Les yeux de l’agent vont de la pseudo-chuchoteuse d’esprits vers la lampe. Il affirme posément et semble imperturbable, mais une lueur de crainte persiste dans son regard, trahissant une frayeur : 

— Cet esprit, est-il fâché contre moi ? Je dois avouer qu’ils sont un peu angoissants tous ces mystérieux défunts.

— Qui vous a dit que c’est facile de travailler avec les esprits errants ? l’interroge ironiquement Donna, croisant ses bras nonchalamment en dessous de sa poitrine et baissant le regard pour camoufler la frayeur qui peut s’y lire.

— Vous avez raison. De mes expériences de séances spirites, je conclus que c’est dingue et invraisemblable ces tables tournantes. Rien n’est impossible avec les morts, comme avec les vivants, d’ailleurs. Sauf que les défunts sont mêmes plus inquiétants lorsqu’on ne les voit pas.

L’esprit de l’ancien mari de Donna prend possession du corps de l’agent. Il lui fait écrire dans son calepin :

« Je veux trouver la paix ! Et je ne la trouverais pas tant que vous ne seriez pas informé de la cause réelle de mon décès et ne sauriez qui est l’imbécile responsable de ma mort ! »

— Je parviendrai à mes fins, ma chère, affirme d’une voix sépulcrale le possédé, lueur étrange dans le regard en fixant son interlocutrice. Rien ne saurait m’empêcher ! Mais auparavant, je souhaite bien me délecter de la naïveté de ce quidam par trop crédule !

Donna blêmit, ayant remarqué le changement dans le comportement et la voix de l’austère homme, et ne souffle mot, reconnaissant une possession. Elle promène frénétiquement le regard dans la salle, espérant trouver une échappatoire. Elle songe que si Mélinda est dans ce café, elle saurait la sortir de sa délicate situation. Elle cache le tremblement de ses mains en les appuyant sur le bord de la table et observe Matt avec inquiétude.

Lorsque l’âme de l’agent réintègre son corps, il lit, yeux écarquillés, ce qui est écrit. Il marmonne pour lui-même : 

— Cet esprit est si étrange ! 

Il tousse pour reprendre contenance.

— … Sinon, Madame Gordon-Clancy, que s'est-il passé ? Je suis en pleine confusion !

Donna affiche un petit sourire, ravie de contrôler la situation plus tôt qu’elle ne le pensait.

— Vous avez été possédé par un esprit, plus exactement le pilote dont je vous ai parlé ! ment-elle.

Matt approuve d’un signe de tête.

— Ainsi, Donna, commente sur un ton sarcastique l’esprit du défunt qui se tient près de l’agent, je deviens maintenant pilote ! Wow ! Quelle belle réorientation professionnelle !

— C’est ce que je pensais aussi, ajoute Matt. J’ignorais que les possessions pouvaient se faire spontanément !

— Oui, tout dépendant des affinités intellectuelles, psychologiques et ésotériques qui vous unissent avec le défunt. C’est très complexe ! lui annonce sérieusement Donna, mine pensive, main sur le menton. Même moi, avec mes nombreuses années d’expérience, je n’ai pas encore saisi parfaitement ces liens !

— Définitivement, ce monde des esprits est des plus étranges ! Alors pourquoi avoir feint ne pas me voir ou m’entendre lorsque j’étais possédé, mon esprit, chassé de mon corps, n’étant plus qu’un spectateur ? Je voulais vous demander ce qui s’est passé.

Elle détourne son regard pour se réserver un instant de réflexion, puis elle lui adresse un sourire et réplique chaleureusement :

— Parce que je sais que vous êtes vivant. Votre énergie n’est pas la même ! Et je préfère parler avec les vivants qu’avec les morts ou les mi-vivants, mi-possédés ! Donc, je vous ai ignoré.

— Logique !

L’agent se lève de son siège et affirme d’une voix de stentor : 

— Merci Madame Mélinda Clancy-Gordon pour votre collaboration ! Je vous invite à venir demain à la même heure, sur le lieu de l’accident, non loin de l’autoroute A9, pour voir si le défunt accepte de vous parler. Je préfère que vous m'avisez de sa volonté plutôt que d’être possédé ! C’est étrange comme sensation ! 

— Très bien ! Alors à demain !

Les deux s'apprêtent à quitter le café.


Soudain, le regard de l’agent tombe sur Mélinda qui entre insouciante dans le café. Vêtue d’une ample robe verte, lunettes de soleil entre ses mains, petit sourire sur son visage délicat, la médium est contente de sa journée. Les yeux de l’agent s’agrandissent en constatant la nébulosité de la situation. Matt serre ses mains en poings, se rendant compte de son erreur. La médium est entourée d’une aura mystérieuse, alors que c’est nullement le cas de son interlocutrice.

— J’ai interrogé la mauvaise personne ! explose-t-il.

— Je vous l’ai dit que je ne suis pas Mélinda Gordon, répond posément Donna en haussant les épaules. C’est vous qui ne vouliez rien entendre. Alors j’ai joué le jeu ! Vous ne pensez pas que j’allais vous raconter que cette journée j’ai passé chez moi à faire le ménage au rythme d’une musique des années 90, ni que ma dernière conversation téléphonique c’était avant-hier avec ma mère pour m’informer de son état de santé, alors que vous êtes convaincu que je suis une médium spirite ?

— Je pense que j’ai besoin d’un verre de whisky pour me détendre et tout mettre en ordre ! Mais la possession, elle, était bien réelle, non ?

Ne laissant pas le temps à Donna de répondre, il s’approche de Mélinda qui a acheté deux cafés et deux muffins, l’un pour son mari et l’autre pour elle-même. 

Il la somme :

— Mélinda Gordon ! 

L’interpellée se retourne, étonnée.

— Je souhaiterais vous interroger à propos d’un événement récent et de votre conversation téléphonique, mais pas maintenant, cela ira à demain à 9 h 00, au parc de la ville.

Avant que la médium ne dise un mot, Matthew revient à la table où il a laissé Donna et ramasse sa valise. Il revient au comptoir, paye généreusement sa consommation et quitte le café sous le regard éberlué des deux femmes. Certains clients le suivent du regard, curieux et étonnés par son étrange comportement, mais Matthew les ignore. La médium s’approche de Donna et, en la reconnaissant, la salue d’un geste de la tête. Une lueur d’étonnement dans le regard, elle fixe une entité invisible aux autres à sa droite.


Un silence plane entre les deux femmes après le départ précipité de l’homme, puis la chuchoteuse d’esprits commente à Donna : 

— Je suis très perplexe sur ce qui vient de se passer et du discours peu avenant de cet homme. Es-tu certaine que ton ancien mari, Kyle, ne serait mêlé à cette affaire ?(2) Je pensais qu’il était parti dans la Lumière après notre dernière conversation.

La médium se souvient parfaitement de cette ultime discussion. Kyle feignait l’amnésique et se cachait d’elle, dans l’ombre. Il lui a demandé ainsi d’informer Donna de sa mort. En rencontrant celle-ci, Mélinda a été frappé de leur similitude. Après quelques jours à affronter le scepticisme de la jeune femme et l’énigme de son ancien petit-ami, Mélinda a fini par connaître la vérité, lorsque Kyle s’était présenté en pleine lumière devant elle.

— Je l’ignore, si Kyle est pour quelque chose dans la possession de Matthew Mallinson, mais ce dernier est un agent du FBI. Pourquoi penses-tu que mon ancien mari voudrait se jouer de lui ?

— Je l’ai vu rôder autour de lui dès que je suis entrée. D’ailleurs, il est à ta droite.

— Eh oui !, commente le défunt, bras croisés. C’est cet homme, Matthew Mallinson, qui m’a écrasé avec son auto, alors j’ai voulu me venger. Ce qui est fait. Je suis fier de moi !

Il bombe son torse et tourne la tête vers le comptoir. Un large sourire radieux se dessine sur son visage. Il irradie d’une joie sereine.

— Kyle, vois-tu une Lumière ? l’interroge de sa voix mélodieuse la médium.

— Oui, je la voie, murmure-t-il, ému. Tellement belle et divine ! J’entends son doux appel ! Mélinda, promets-moi que nous serons à nouveau ensemble. Je te jure que je ne répéterai pas la même erreur.

— Nous verrons. Laissons les vies futures pour l’instant ! Allez, bon voyage !

Et Kyle marche vers cette Lumière, se laissant entourer par elle. Il disparaît progressivement du regard de la médium.

— Un esprit errant de moins ! commente Mélinda, les larmes aux yeux. Je suis toujours aussi émue par les départs et la paix tellement indescriptible que je vois sur leur visage ! Je comprends mieux maintenant, Kyle s’en est pris à cet agent parce qu’il est responsable de sa mort ! Heureusement, il est moins vindicatif que je ne l’avais pensé.

Elle salue poliment Donna et murmure, en sortant du café : 

— Par contre, Kyle, pour être ensemble, tu peux toujours rêver ! Pour rien au monde je ne voudrais être à nouveau avec toi !

Donna revient à Eastwick et Mélinda rentre chez elle où son mari l’attend.




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(1) Dans la série, Mélinda Gordon et Donna Ellis se ressemblent de manière assez frappante.

(2) Dans la série Ghost Whisperer, il est exact que Kyle McCall est mort écrasé par une voiture alors qu’il voulait revenir de la gare pour récupérer des papiers oubliés. Mais l’automobiliste n’est aucunement identifié et n’est pas l’agent du FBI mentionné dans ce chapitre. Ici, nous avons pris une certaine liberté par rapport aux épisodes. Kyle McCall a été l’ancien petit-ami de Mélinda lors du temps de leurs études. Plus tard, il se marie à Donna, puis divorce. Aussi, les deux épisodes n’ont aucun lien, puisque la rencontre de Mélinda avec l’ex-épouse de Kyle survient après l’écrasement de l’avion, alors que l'interrogatoire de l’agent du FBI est peu après l’écrasement de l’avion. Nous avons décidé de combiner les deux dans cette fanfiction pour expliquer la connaissance mutuelle de Mélinda et de Donna et la présence de Kyle.

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