Mythologie au rendez-vous
Chapitre 4 : Mission compliquée au pays des dieux
8039 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 12/11/2023 20:39
Mélinda, Jim Clancy et Élie James arrivent à Athènes à bord d'un avion militaire conduit par Arès lui-même et Athéna comme co-pilote. Ils arrivent en trente-quatre heures sans escale dans la capitale grecque. Arès ordonne aux mortels de se rendre proche du Parthénon. Mais ils doivent avant envoyer leur éclaireur, Ivan Petrovich Pavlov, faire une mission de reconnaissance.
Alors qu'Ivan Petrovich Pavlov est parti en éclaireur. Athéna informe les mortels d'un ton sérieux, professionnel et quelque peu distant, des informations confidentielles :
— Élie James, Mélinda Gordon-Clancy et Jim Clancy, je dois vous informer des derniers mouvements de nos ennemis. Un secret militaire, mais vous devez le savoir. Ainsi, les Titans, ces sales nazis, que le Diable les emporte, ont établis leur QG sur le mont Othrys depuis dix ans. De 1970 à 2000, les Titans avaient leur QG entre les monts Otish, dans le Bouclier canadien, au Canada, dans la province du Québec. S'ils se sont établis si loin de la Grèce, dans ce grand et froid pays de neige et de glace, c'est en raison d'une confusion de leur chef Cronos, pour qui Othrys et Otish sonne presque au même…
Les trois mortels éclatent de rire à la confusion du grand-père des dieux de la guerre. La déesse, petit sourire dans le coin des lèvres à leur comportement, continue son monologue sur un ton froidement sérieux, agissant comme un douche d'eau froide sur les mortels :
— … De leur visite au Canada, ils se sont liés d'amitié avec Romano qu'ils manipulent à leur fin. Ce sombre esprit errant est l'éclaireur des Titans. En plus d'être leur recruteur de nouvel allié parmi les dieux et créatures fantastiques des autres mythologies…
Athéna baisse soudainement sa voix pour devenir un murmure à peine audible pour les mortels, une voix glaciale qui donne un frisson aux mortels, et ses yeux brillent d'une colère à peine contenue.
— … Et je sais que certains des nôtres nous ont trahis… Je ne vais pas dire de noms, mais Arès, nous les connaissons… C'est un secret d'État…
Le dieu de la guerre opine du chef, fier d'être détenteur de ce secret, et tout aussi enragé des traîtres tellement une lueur meurtrière était dans son regard.
— … Et nous les avons à l'œil…, affirme froidement la déesse. Tout en évitant de mentionner nos prochains pas devant eux, voire même que nous jouons les plus stupides que ce que nous sommes... Il faut bien duper l'adversaire... Mais revenons à vous, chers mortels. Je vous informe qu'en venant ici, sur notre terre, dans le pays des dieux, soyez prêts à prouver votre valeur. Il ne sera pas facile pour vous... Mais ne vous inquiétez pas, nous vous seconderons, n'est-ce pas mon vieux collègue ? Vous ne serez pas laisser à vous-même...
Le dieu approuve les propos de sa collègue d'un geste de la tête et ajoute :
— De toute manière, il faut conjuguer nos efforts pour le blitzkrieg. On ne vous laissera jamais seul, Athéna et moi. Nous sommes solidaires, comme tout bon soldat! Allons-y! Nous marcherons au rythme de l'Adieu de Slavianka, Прощание славянки en russe, Allons-y! Entonnons en nos cœurs le refrain.
Sur ces mots, Arès fait un salut militaire à sa collègue immortelle et aux trois mortels. Chacun lui rend le même salut et se range en ordre et marche comme un seul homme. Après quelques minutes de marche, Arès annonce de sa voix de stentor, la voix d'un militaire habitué à commander des régiments :
— Arrêtons-nous ici. Bivouaquons. Attendons que notre éclaireur revienne de sa mission. Mais je suggère qu'Athéna prenne l'aile droite avec notre protégé Élie James et que je prenne l'aile gauche avec le couple.
— À vos ordres, mon Commandant, réplique ironiquement la déesse.
Mélinda maugrée en entendant l'ordre du dieu. Déjà qu'elle n'aime pas le camping avec son mari, la version militaire lui déplaît encore plus, mais elle sait qu'elle n'a guère le choix.
Les mortels et les dieux se préparent pour leur mission, attendant que l'esprit errant du militaire soviétique donne des nouvelles de la position de leur ennemi. Il arrive trois minutes plus tard et annonce :
— Polkovnik et ma protectrice, je reviens avec de précieuses informations. Cronos a laissé dans le Parthénon la division de Japet. Mais il n'est pas seul, le fasciste. Il y a des Nymphes, des Satyres, des Amazones et des Valkyries nazies qui sont des renforts... Les deux premiers sont postés sur le côté sud et ouest et les deux dernières sont au nord et à l'est du Temple.
— Merci Ivan Petrovich, commente le dieu, se tournant vers Athéna. Ma chère collègue, je vous suggère que vous me laissez les plus difficiles, les nazies féminines. Vous prenez les autres et nous nous rejoindrons au milieu. Ainsi, Athéna, tu attaques du côté sud, moi, du côté nord, encerclant peu à peu la bande nazie. Je recommande que nous ne divisons pas nos forces en essayant sur les deux côtés, sinon nous nous essoufflerons rapidement... Surtout pour les mortels... Toi, Ivan Petrovich et moi ne ne essoufflons pas si facilement... Eh! Eh! L'avantage d'être un dieu ou un esprit, n'est-ce pas ?
La déesse et le militaire approuvent d'un signe de tête. Athéna suggère :
— Arès, mon vieux collègue, je suis d'accord avec la répartition des groupes d'attaque, mais je pense qu'il est plus facile d'attaquer à l'ouest et à l'est et non au nord et au sud, pour la simple raison que le fronton est du Parthénon représente ma naissance et la Gigantomachie... Et, si je suis de ce côté-ci, je décuple la puissance représentée... N'oublies pas que j'ai poussé un cri de guerre lorsque je suis née. Cri qui avait étonné tout le monde... L'effet de la panique, de la frayeur, de Phoibos et de Deimos, tes fils, sont redoutables... Jouons sur cette carte mon vieux... Si on parvient à les chasser sans trop fatiguer notre régiment, c'est encore mieux. On sortirait vainqueur sans épuiser nos forces sur des guerriers ridicules... Et le fronton ouest représente ma dispute avec Poséidon et l'Amazonomachie. Si tu parviens à semer le désordre et la discorde dans les rangs ennemis, nous allons gagner sans perdre un gramme de calories! C'est alors un coup de génie! Une tactique qui doit être inscrite dans le Livre Guinness des records pour les militaires! Tous bons chefs d'armée fantasment d'une telle réussite, d'où le développement des drones et d'autres appareils télé-guidés... Et nous, nous prouverons qu'il est possible, avec une poignée d'hommes... bon plus précisément trois mortels, un esprit et deux dieux..., de gagner une guerre sans grand effort, mais sans avoir recours à ces technologies modernes que j'abhorre...
Arès réfléchit à la suggestion de sa collègue et se rend à son avis. Chacun des deux régiments se divisent comme prévu... Et Athéna, avec le terrible égide orné de la tête de la pétrifiante Méduse, combinée avec le cri de guerre assourdissant de la déesse, sème rapidement la panique dans les rangs des Satyres et des Nymphes. Arès, avec son cri de guerre de mille hommes, suivi de Peur panique et de Terreur, sème un désordre dans le rang des redoutables guerrières. Le dieu de la guerre prend un malin plaisir à administrer quelques coups d'épée aux Valkyries et aux Amazones, ses filles disent les mythes. Peuh! pense le dieu, elles, ses filles ?, il les abhorre et les renie... Elles ne peuvent être ses filles tellement elles lui sont immondes...
Athéna et Arès, après avoir dévasté des rangs entiers de Valkyries, d'Amazones, de Satyres et de Nymphes, décident non pas de se rejoindre au milieu, parce qu'alors leur régiment serait encerclé et forcé à capituler, ou pire à ne plus exister, mais plutôt décident d'attaquer au sud et au nord. Les régiments ennemis ont battus en retraite devant les dieux, les trois mortels et l'esprit errant une heure après le début de la bataille.
Les deux dieux font un signe à l'esprit et aux mortels de rester sur leur position le temps qu'ils pénètrent dans le temple avec l'ordre strict de ne jamais entrer indépendamment des cris et bruits de bataille qui pourraient leur parvenir. En arrivant au naos, les dieux sont attendus par le frère de leur grand-père paternel Japet qui leur sourit narquoisement et annonce fièrement :
— Le bonjour fils et fille de mon neveu... Mais aujourd'hui, vous ne sortirez pas vivants de cette pièce... À l'attaque!
À peine l'ordre était lancé que des centaines de Valkyries et Amazones encerclent les deux déités militaires. Ces derniers, se protégeant mutuellement le dos, n'hésitent pas à tuer et blesser habilement leur ennemi. Heureusement qu'ils sont des dieux, sinon, ils se seraient fatigués de la bataille depuis longtemps. Après deux heures de combat à trancher à gauche et à droite dans les rangs ennemis, Athéna, qui commençait à ressentir la fatigue, se métamorphose en une immense chouette armée. Arès, lui, continue à combattre, tout en ayant un œil sur sa collègue... Il ne veut pas qu'Athéna soit grièvement blessée comme il l'avait été lors de la Guerre de Troie... C'était particulièrement douloureux...
Soudainement, les yeux d'Arès s'agrandissent d'effroi, ses bras tremblent de rage et ses jambes s'agitent nerveusement, en voyant Japet s'avancer perfidement avec un arc et une flèche pour viser le bas-ventre d'Athéna, seule partie que l'armure ne couvre aucunement... Rapide comme l'éclair, le dieu se métamorphose en un immense vautour fauve et vole vers sa collègue. La flèche destinée à Athéna se plante dans l'armure d'Arès, rentrant légèrement dans sa peau. Athéna, étonnée de se retrouver si près de son collègue, lui lance un regard interrogateur, mais en voyant la flèche, sa mine s'obscurcie, inquiète que la blessure soit profonde et douloureuse, et en un claquement de plume, la chouette militaire devient une chouette infirmière. Retirant la flèche, Athéna constate que la blessure n'est pas trop profonde. Rassurée, elle redevient chouette militaire et lance un puissant hululement qui couvre tout le bruit de la bataille à leurs pieds. Arès lance un cri encore plus fort, faisant cesser net le combat.
Tous les regards sont tournés vers les deux déités militaires. Dans un mouvement parfaitement synchronisé, sans dire un mot, d'un air entendu, les deux collègues volent silencieusement au-dessus de l'armée de Japet pour fondre, plus rapidement que la lumière, sur le Titan et, avec leur serre, crever ses yeux et le griffer partout où sa chair n'est pas protégée. Des flèches sorties des arcs des Amazones pleuvent autour des dieux, les blessant au passage, mais les dieux continuent à s'acharner sur le Titan jusqu'à le faire tomber par terre. Dès que le Titan était couché sur le sol, hurlant de douleur, les deux collègues immortels s'élèvent dans les airs pour éviter encore les flèches des filles d'Arès. Au moment où le dieu atteint le plafond du temple, il ressent une flèche se planter perfidement dans son bas-ventre. ll pousse un tel hurlement que tout le temple en tremble, toutes les Amazones cessent de tirer sur les dieux, Japet sursaute d'effroi et Élie James, Mélinda et Jim sont très inquiets pour leurs éducateurs et chefs.
Les trois mortels distinguent clairement devant eux Arès, sous sa forme de vautour, et Athéna, en chouette, qui s'approchent d'eux, volant en rase-mottes. Ivan Petrovich Pavlov salue militairement les dieux et attend qu'ils disent un ordre. Les deux collègues millénaires reprennent leur forme humaine et tous remarquent la blessure profonde au bas-ventre du dieu qui essayait de ne pas grimacer sous la douleur lancinante. Athéna, qu'une lueur d'inquiétude traverse son regard pendant une fraction de seconde en voyant son collègue, s'active rapidement autour de lui pour retirer la flèche et lui mettre un onguent sur sa blessure et évaluer sa profondeur. Jim propose timidement son assistance à la déesse, ce qu'elle ne lui refuse pas. Ainsi, le dieu, en quelques minutes, se trouve avec un pansement au bas-ventre et un ordre de prendre des bains réguliers et d'appliquer de l'ambroisie sur sa blessure chaque deux heures pendant une journée. Arès maugrée au traitement, mais obéit. Le dieu est plus fâché d'être ralenti dans son élan militaire que rien d'autre. Il avait déjà imaginé mettre en marche la petite troupe pour leur prochaine destination... Mais il devra attendre au lendemain matin. Cette idée le frustre particulièrement. Malgré toutes ses protestations, Athéna ne se laisse pas attendrir. Son ordre est clair : On ne bouge pas jusqu'à demain matin des positions actuelles. Demain, seulement si la condition d'Arès le permet, le régiment se déplace pour sa prochaine destination. Destination connue des deux dieux.
Le lendemain matin, Arès, malgré la douleur encore présente dans le bas-ventre, incorrigible militaire qu'il était, affirme aux mortels et à l'esprit errant de sa voix de stentor qui ne tremble jamais sous la douleur ou devant le danger :
— Maintenant, du Parthénon, nous irons à la Basilique de la Panaghia Katapoliani, à Paros. Nous avons cent-quatre-vingt-huit kilomètres qui nous séparent des deux centres ennemis. Proche de la Basilique, la division de Mnémosyne s'est installée avec des Sirènes, des Harpies, des Licornes, des Russalki et des Cyclopes. Êtes-vous tous conscients du danger que représente les Sirènes et les Harpies ?...
Les mortels approuvent d'un geste de la tête.
— ... Très bien. Alors armez-vous comme Ulysse de bouchons d'oreilles ou de casques anti-bruit, si vous voulez apporter une touche de modernité, pour ne pas tomber dans leur piège. L'essentiel est d'avoir quelques chose qui empêche le son d'arriver à vos oreilles. Compris ? Pour les Cyclopes, le coup d'Ulysse ne pourra pas fonctionner, alors évitez-les le plus possible. Sinon, appelez ma collègue, Athéna, ou moi.
— Collègue, intervient la déesse aux yeux pers, permettez-moi d'ajouter un petit détail.
— Allez-y! Je vous écoute.
— Je propose d'envoyer Ivan Petrovich en éclaireur lorsque nous serons à dix kilomètres de notre destination pour être apte à trouver la meilleure stratégie d'attaque...
Le dieu approuve le plan de sa collègue immortelle, tout en jouant nerveusement avec le bout de son vêtement entre ses doigts.
— ... Mais, continue la déesse avec une lueur d'inquiétude dans le regard, Arès, tu dois te reposer.
— Non, éructe le dieu, pas de repos tant que l'ennemi est à nos portes! Allons à Paros maintenant!
Athéna, alarmée de l'état de santé d'Arès, soupire, détournant son regard de lui pour fixer le vide devant elle, réfléchissant à sa réplique, mais surtout pour cacher son état émotif de son collègue. Elle ne peut se permettre qu'il doute de son imperturbabilité habituelle, mythique. Elle lui répond maternellement :
— Arès, je comprends bien que tu es fort impatient de reprendre le combat, mais il faut que tu te ménages un peu. Je ne veux pas qu'un coup aussi terrible que celui de Diomède ne t'arrive, parce que, et tu n'es pas sans le savoir, nos ennemis communs n'ont aucune pitié.
Arès approuve d'un geste de la main les propos de sa collègue et prépare le régiment spécial pour le voyage.
Et ainsi, le petit groupe de dieux, de mortels et d'esprit partent à bord d'un avion militaire privé.
Lors du vol, les trois militaires chantent la Священная Война [Guerre sacrée]. chanson anti-fasciste russe de la Seconde Guerre Mondiale pour donner une motivation aux troupes, comme les appellent les deux dieux de la guerre, et pour s'encourager mutuellement à ne pas abandonner la bataille.
Вставай, страна огромная,
Вставай на смертный бой
С фашистской силой тёмною,
С проклятою ордой.
Пусть ярость благородная
Вскипает, как волна!
Идёт война народная,
Священная война!
Дадим отпор душителям
Всех пламенных идей,
Насильникам, грабителям,
Мучителям людей!
Пусть ярость благородная
Вскипает, как волна!
Идёт война народная,
Священная война!
Не смеют крылья чёрные
Над Родиной летать,
Поля её просторные
Не смеет враг топтать!
Пусть ярость благородная
Вскипает, как волна!
Идёт война народная,
Священная война!
Гнилой фашистской нечисти
Загоним пулю в лоб,
Отребью человечества
Сколотим крепкий гроб!
Пусть ярость благородная
Вскипает, как волна!
Идёт война народная,
Священная война!
Traduction française.
Lève-toi pays de la grandeur !
Lève-toi pour la bataille !
Face au Fascisme, à la terreur,
Face à la horde de canailles.
Laissons l'immense noble rage
Monter comme une vague !
Une guerre populaire s'enrage
Une guerre sacrée !
Nous repousserons les massacreurs
Des idéaux ardents,
Tous les violeurs, tous les voleurs
Tous les bourreaux-tyrans !
Laissons l'immense noble rage
Monter comme une vague !
Une guerre populaire s'enrage
Une guerre sacrée !
Les ailes noires ne doivent pas
Survoler la Patrie !
L'ennemi juré ne doit pas
Piétiner nos prairies.
Laissons l'immense noble rage
Monter comme une vague !
Une guerre populaire s'enrage
Une guerre sacrée !
À chaque vermine fasciste pourrie
Une balle dans son front.
À cette engeance de mépris
Une forte rafale de plomb.
Laissons l'immense noble rage
Monter comme une vague !
Une guerre populaire s'enrage
Une guerre sacrée !
Mélinda traduit les paroles pour son mari. Ce dernier sourit à l'enthousiasme des dieux militaires, à défaut de ne pouvoir visualiser la joie de l'esprit errant. Après avoir répétée trois fois la chanson que les dieux et le militaire soviétique connaissait par cœur, Athéna rejoint Jim Clancy et l'informe :
— Monsieur Clancy, je vous suggère d'avoir proche de vous vos vêtements d'ambulancier, votre drapeau avec l'insigne du personnel médical et votre trousse de premiers soins... Je vous précise, comme vous le saviez sans doute, qu'en temps de guerre, si vous êtes moindrement civilisé bien sûr, personne n'attaque le personnel médical. Tout le monde le laisse faire son travail. Utilisez ce subterfuge pour sauver votre vie et celle de votre épouse lorsque la situation est trop dangereuse... Aussi, vous constaterez que nous n'avons aucun drapeau blanc... Pour la simple raison qu'il n'y a jamais de capitulation devant l'ennemi. C'est un combat jusqu'au bout, jusqu'à l'anéantissement de nos ennemis! Ces nazis titanesques! Que le Diable les emporte! J'ai, moi aussi, mes vêtements d'infirmière pour aider avec les premiers soins... Bon, ce n'est pas trop pour mon cher vieux collègue d'Arès que mon rôle d'infirmière est au premier plan... Avec lui, les premiers soins consistent en des pansements et du repos avec régime à l'ambroisie et au nectar... Sans oublier un coup de pied dans le derrière lorsqu'il m'ennuie trop... Vous l'ignorez, mais il est très costaud et est beaucoup plus fort et moins stupide qu'il le laisse paraître...
La déesse millénaire sourie avec nostalgie, le regard perdu dans les vagues.
— ... Il a quand même été bien élevé par sa mère il y a plusieurs millénaires... Au moins, il avait une enfance... Certes, enfance rapide, mais une enfance néanmoins. Moi, même pas. Je n'ai jamais vu ma mère et je suis née adulte.
Jim regarde la déesse très interloqué du traitement médical du dieu de la guerre et de la nostalgie de la déesse, mais ne dit rien et prépare l'équipement d'ambulancier. Athéna se téléporte instantanément proche de son collègue.
Deux heures plus tard, la petite unité spéciale arrive à destination. Arès est clairement impatient d'en découdre avec l'ennemi, il agite nerveusement ses armes entre ses mains et il ne cesse de tambouriner le bord de son armure, irritant les oreilles de sa collègue. Athéna explose après cinq minutes à l'entendre :
— Arès ! Arrête avec ton tambourinage ! Tu ne peux pas imaginer comment tu m'énerves ou tu es un sadique psychopathe !
Le dieu, étonné de la réaction soudaine de sa collègue, se tourna vers elle et comprend qu'elle est sérieuse. Lorsqu'il rencontre le regard brillant de colère d'Athéna, il cesse de tambouriner immédiatement.
Arès pense que provoquer sa collègue la veille d'une importante opération militaire est une folie pure.
Athéna ordonne au petit régiment spécial de s'arrêter à la Villa Artemis pour la nuit. La déesse a bien remarqué que Mélinda ne se réjouissait pas du camping. Ivan Petrovich Pavlov commente :
— Il faudrait alors demander trois chambres, l'une pour le couple marié, une autre pour Élie James et une autre pour vous, Polkovnik et ma protectrice Athéna. Et moi, en bon militaire, je veillerai sur les mortels, je ferai la garde.
Les dieux approuvent d'un geste de la tête et Arès ajoute :
— Et ma collègue et moi aussi feront une tournée avec vous, Ivan Petrovich. N'oubliez pas que nous aussi n'avons point besoin de dormir.
— Merci, j'avais oublié ce détail, commente l'esprit errant.
— Alors pourquoi louer une chambre ? demande Jim.
— Il ne faut pas que la réceptionniste doute de notre réelle nature, répond sur un ton ennuyé le dieu, comme s'il dit une évidence répétée maintes fois.
Les trois mortels se taisent et attendent que quelqu'un procède à la réservation.
Arrivant à la réception, Athéna loue, pour la nuit, trois chambres. Jim et Mélinda partent tout de suite s'endormir dans le confortable lit qui leur manquait tant; de même pour Élie James; les dieux, eux, discutent de leur prochaine stratégie d'attaque. Une fois le plan établi, ils partent veiller sur les mortels avec l'esprit errant. Ce dernier les salue respectueusement et, se tournant vers le couple marié endormi depuis longtemps, commente en murmurant pour ne pas réveiller Mélinda avec une pointe de nostalgie :
— Polkovnik et ma protectrice, à voir ce couple dormir si paisiblement, je me rappelle de mes nuits passées aux côtés de ma chère et douce Sofia Fedorovna. Un si joli couple. Avouez qu'ils sont mignons à voir ? …
Les deux dieux approuvent le propos de l'esprit errant en opinant du chef.
— … Et que vous aussi vous aimerez bien être aux côtés de votre déesse bien-aimée ou du dieu cher à votre cœur ? Je ne me trompe pas.
Athéna et Arès, ayant brièvement détournés le regard l'un de l'autre et du couple de mortels, rougissant à leur pensée d'être aux côtés de leur partenaire impossible et inaccessible et ne voulant pas que son collègue comprenne sa pensée, se tournent vers l'esprit militaire et lui répliquent à l'unisson, haussant la voix, réveillant le couple :
— Ivan Petrovich, vous outrepassez vos compétences ! Vous nous devez obéissance, mais à commenter sur notre vie privée, ce n'est pas de vos affaires !
Les deux dieux s'entr'observent, gênés que la même idée leur soit venue à l'esprit, et s'en vont, trouvant trop oppressant l'air les environnant, laissant uniquement en garde l'esprit militaire. Ce dernier sourit au comportement des dieux et murmure pour lui-même :
— C'est vrai que ma protectrice et mon Polkovnik formeront un joli couple ensemble, ils s'entendent tellement bien autour des stratégies militaires, mais j'ai l'impression, sauf si je me trompe, qu'un autre dieu et une autre déesse occupe leur pensée. Dommage.
Jim et Mélinda, encore dans les bras de Morphée, grommellent quelques mots incompréhensibles, se retournent dans leur lit et s'endorment à nouveau. Ivan Petrovich s'en va veiller sur Élie James. Athéna revient dans leur chambre et Arès fait une tournée autour de la villa pour chasser de ses pensées sa déesse inaccessible, mais surtout pour éviter l'interrogatoire d'Athéna sur son identité, parce qu'il sait qu'il ne pourra pas taire son nom. Après sa tournée, il revient dans la chambre et s'étonne de retrouver sa collègue pleurer, replier sur elle-même, les genoux remontés qui servent de soutien à ses bras et à sa tête, se berçant dans un mouvement de va-et-vient comme un enfant entre les bras de sa mère et murmure quelques vagues paroles. Arès tend les oreilles pour ne capter que les mots suivants, chuchoter d'une voix entrecoupée de sanglots :
« Impossible… qu'il m'aime… Impossible… Je lui suis certainement horrible et ignoble… Et il ne m'aime pas… en plus… Normal, qui m'aimerait ? Qui… m'aimerait ? Qui voudrait… me prendre… comme sa femme ? … Personne, pas même Ulysse, que je hais énormément, ne me voudrait. … On s'est trop de fois opposé, lui et moi, … pour réparer le gouffre qui nous sépare… Gouffre incommensurable... Depuis longtemps, ma chance m'échappa… Plus rien à faire… Plus rien à espérer. Être vieille fille pour l'éternité … est une punition … et est simplement impossible et insoutenable psychiquement… Les Moires, filles terribles de Zeus et de Thémis, pourquoi vous acharnez-vous sur moi ? Pourquoi ? Que vous ai-je fait de mal ? »
Arès, gêné de ces mots de sa collègue, lui qui la tenait en estime et la prenait pour plus intelligente et imperturbable que lui, est déstabilisé de voir une facette si fragile de la déesse. Il voudrait bien la prendre dans ses bras et la rassurer, la bercer contre lui comme un père son enfant, mais il s'abstient de faire tout geste. Il a peur que sa collègue comprenne mal son soutien ou qu'il soit tenté à un soutien moins innocent, plus approprié à un couple qu'à une collègue de travail. Il chasse l'idée de ses pensées et tousse fort pour signifier sa présence à Athéna. Cette dernière sursaute en réalisant qu'elle n'est pas seule et relève la tête pour rapidement la terrer entre ses mains, pour cacher son visage rougissant de honte, laissant ses jambes retomber mollement contre le sol, n'ayant pas la force de se relever et croasse à Arès :
— Qu'est-ce qu'il y a Arès ? Es-tu ravi de me voir faible ? J'espère que mon discours ne t'a pas trop ennuyé ?
— Non, non, Athéna aux yeux pers. Au contraire, je n'ai presque rien entendu... Mais je suis bien intrigué, ma chère collègue, de connaître l'identité de ton mystérieux amoureux, la taquine le dieu de la guerre, petit sourire dans le coin des lèvres. Athéna amoureuse est signe que la fin des temps et la Révélation sont arrivées. Et je pourrai toujours t'aider pour le rejoindre.
Athéna, rire forcé, baisse les yeux et essaie de se relever pour s'assoir sur le bord du lit. Arès la soutient galamment jusqu'au lit et s'assoit à côté d'elle, la fixant, mais baisse rapidement son regard, gêné de contempler indiscrètement sa collègue sous un angle qu'il n'avait jamais pensé : voir sa collègue comme une femme, être fragile et délicat, être qui a besoin d'une attention masculine à ses côtés.
Après plusieurs minutes dans un silence oppressant, le dieu murmure à Athéna :
— Collègue, Athéna aux yeux de chouette, je comprends bien que des moments de faiblesse peuvent survenir, et voulez-vous bien accepter un soutien de ma part, un câlin fraternel et masculin pour vous consoler ?
Comme la déesse garde toujours la tête baissée, les joues en feu, jouant de sa main droite avec le coin de sa robe, et ne répond pas, Arès continue d'une voix forte et rassurante :
— Bien sûr, mon honneur, je n'abuserais pas de votre faiblesse, se défendit le dieu. Je ne suis pas un maniaque. Certes, je ne suis pas marié et je n'ai pas de maîtresse depuis plusieurs siècles, mais je sais me comporter. Héra, ma mère, m'a bien élevé.
À sa remarque, un petit sourire se dessine sur le visage de la déesse qui accepte, d'un geste de la tête son soutien.
La déesse s'engouffre dans les bras musclés du dieu, appuyant sa tête contre son épaule droite, et se bercer entre ses bras. Le dieu passe ses mains sur ses épaules pour la bercer fraternellement, sentant la belle odeur des cheveux de la déesse, un doux parfum féminin à base d'ambroisie, un doux parfum à l'odeur du miel. Le dieu fait tout un effort pour ne pas enlacer trop fort sa collègue.
Après plusieurs heures, plus exactement le lendemain matin, chacun perdu dans le soutien de l'autre et perdu dans ses pensées ne voit pas le temps passé. Les dieux sont sortis de leur rêverie par une voix moqueuse, celle d'Ivan Petrovich Pavlov. Ce dernier les apostrophe après un salut militaire :
— Polkovnik et ma protectrice, bon matin. Je constate que vous semblez très bien vous entendre. Heureusement, vous êtes encore présentable... Je n'aimerai pas vous voir moins habillé... Mais vous êtes mignons ensemble, un joli couple.
Les dieux lui lancent simultanément un regard foudroyant et Arès lui réplique :
— Ivan Petrovich, je vous conseillerai de faire preuve de plus de respect envers vos supérieurs, surtout envers Athéna, une déesse vierge. Même envers moi, qui suis un coureur de jupons notable, semble-t-il, veuillez être plus poli. Notre vie privée et nos fréquentations amoureuses sont affaires personnelles, n'est-ce pas Athéna ? De toute manière, il n'y a rien entre nous deux. Vous êtes très tordu. Mais merci de nous avoir rappeler que l'Aurore aux doigts de rose s'est levée.
Sur ces mots, les deux dieux se détachent prestement de leur étreinte, font un salut militaire et sortent rejoindre les mortels qui les attendaient depuis quelques minutes.
Les mortels attendent les ordres de leurs chefs immortels. Ces derniers envoient l'esprit soviétique en éclaireur pour déterminer leur plan d'attaque. Ivan Petrovich avertit les dieux que le régiment de Mnémosyne est répartie aux environs de la Basilique et est composé de dieux mineurs et de Naïades, en plus que Seth et Odin se sont joints à eux avec des Valkyries et Osiris avec une armée d'âmes ailées, les bâs. Les Grecs sont au sud-est, les étrangers au nord-ouest.
Le dieu de la guerre informe les mortels :
— Notre stratégie sera de déployer nos deux ailes au sud et à l'ouest. Je prends l'ouest avec Élie James et Ivan Petrovich et Athéna, avec le couple, prendra le sud. Ainsi, le côté sud-ouest sera dégagé. Puis, nous prendrons l'est et le nord, naturellement, en laissant aux dames l'est. Nous, les hommes, prendront le nord. Athéna, es-tu d'accord ?
— Oui, entièrement d'accord, répond brièvement la déesse.
L'esprit errant est étonné que sa protectrice n'a rien contesté du plan d'attaque de son collègue, mais il ne commente pas, pensant que la nuit entre les deux dieux avaient pris une tournure amoureuse qui laisse Athéna euphorique.
Ainsi, les deux ailes du régiment spécial se divisent pour prendre leur position et attaquer les ennemis.
Arès, après quelques coups d'épée bien appliqués à gauche et à droite, discerne Seth au loin. Il se réjouit d'en découdre avec l'Égyptien, il a une dent contre lui depuis plusieurs millénaires, surtout depuis qu'il avait essayé de violer sa collègue alors qu'elle était en civil. Heureusement, Arès avait remarqué l'attention trop prononcée et indiscrète de l'Égyptien vers Athéna et l'avait suivi discrètement. En voyant le dieu égyptien empoignait la déesse dans la ferme intention de soulever sa robe, Arès vit rouge et fonça sur lui, sauvant sa collègue in extremis. Depuis ce jour, Seth a peur d'Arès et le fuit.
Arès, en voyant Seth, affiche son sourire le plus sadique et carnassier de son existence, donnant un frisson à Élie James et aux Valkyries, et lui hurle ironiquement sur un air de défi :
— Bonjour Seth, il y a longtemps que nous ne nous sommes pas vus. Et je vous répète que vous n'aurez pas la déesse, objet de vos fantasmes. Sinon, vous aurez affaire à moi. Compris ? Un duel pour en finir entre nous, celui qui perd doit se tenir loin de l'autre. Si je gagne, vous vous tenez loin d'Athéna et de moi. Si je perds, ce que je ne souhaite pas, je n'ai pas de raison de vous bloquer le passage jusqu'à Athéna.
Pendant une fraction de seconde, les yeux de l'interpellé se teintent de peur, ses paupières tressaillent, mais il se reprend rapidement en main et réplique au Grec :
— Arès, toujours si arrogant ! Avez-vous oublié votre lamentable échec devant Athéna ? Votre cuisante défaite par cette belle déesse à Troie ? Un coup dur pour votre virilité, non ? Battu à plate couture par une femme...
— Cessez de fanfaronner, le coupa violemment le dieu de la guerre, grandement irrité qu'un étranger lui rappelle cet évènement qui n'est guère glorieux dans sa carrière militaire. Je suis Arès, dieu de la Guerre, de l'Offensive et de la Destruction, fils de Zeus et d'Héra, eux-mêmes enfants de Cronos à l'esprit retors et de Rhéa. Ouranos et Gaïa, le Ciel et la Terre, sont mes grands-parents. Je suis garant des serments. Je suis très vengeur si un serment est négligé. Je vous avertis de ne pas me provoquer, ni d'essayer de violer notre présente entente de duel.
Arès s'avance en face du dieu égyptien avec toute son armure et ses armes, prêt à l'attaquer.
Le dieu égyptien lui réplique :
— Je suis Seth, dieu du chaos et du désert, le dieu désordonné et sans mesure, force violente et désordonnée, celui qui manie l'orage et la foudre, maître du désert stérile, fils de Geb et Nout, la Terre et le Ciel, mari de ma sœur Nephtphys. Je suis le gardien de la barque de Rê, combattant Apophis tous les soirs. Je n'ai pas peur de vous. Vous me faites rire.
— Alors faisons un duel.
Les deux dieux, face à face, sortent leur arme qu'ils déploient devant l'autre, éblouissant Élie James, les bâs et les Valkyries qui cessent tout combat et tournent leur regard vers les deux dieux. Athéna blêmit en les voyant prêts à combattre, mais ne bouge pas de sa position, continuant à combattre des dieux grecs mineurs, tout en gardant un œil sur le duel divin.
Arès et Seth se fixent longtemps avant de s'attaquer à l'autre, chacun attendant que l'autre tire en premier son arme. Après plusieurs minutes, l'Égyptien attaque le Grec, mais il pare le coup avec son bouclier. Le dieu grec blesse l'Égyptien au bras. Et les coups d'épée volent rapidement des deux côtés, à un point tel que les deux dieux en sortent essoufflés et avec des blessures profondes. Seth aurait atteint Arès au bas-ventre si Athéna, soudainement arrivée sous forme de chouette, pousse un hululement puissant, le déconcentrant du coup dangereux et douloureux. Ce qui laisse le temps au dieu grec de réagir. Seth est écrasé au sol par Arès qui lui murmure froidement à l'oreille droit, avec une lueur de colère sur-humaine dans son regard :
— Seth, enregistrez bien dans votre cerveau animal ce que je vous dis. Tenez-vous loin d'Athéna. Loin, très loin. Sinon, la prochaine fois, je vous tue. Je vous blesse d'une telle façon que votre mère même ne pourra vous reconnaître. Et je vous tranche tout ce que vous avez entre les jambes, un eunuque.
Il lâche sans cérémonie Seth qui se relève et déguerpit en voyant le regard brûlant de haine du Grec. Ce dernier, métamorphosé en vautour, pousse un cri strident qui force les mortels, les Valkyries, les bâs, les dieux mineurs, les licornes, les Russalki, les Harpies et l'esprit errant à cesser tout combat pour protéger leurs oreilles de l'agression sonore. Athéna, en entendant son collègue, sous la forme d'une immense chouette militaire, s'envole récupérer les mortels pour les déposer près d'eux. Les dieux ressemblent à un couple de rapaces qui protègent leurs petits de l'attaque ennemi et qui les surveillent pour qu'ils les apprennent à voler.
Après plusieurs heures d'âpre combat, les mortels, épuisés depuis longtemps, sont en sécurité auprès d'Apollon qui s'occupe des blessés. Apollon est venu entre-temps à la demande d'Athéna. Les dieux de la guerre continuent de se battre, mais ils deviennent de plus en plus fatigués. Arès, en immense vautour fauve militaire, avec sa collègue, sans dire mot, partent fondre sur Mnémosyne, la griffant, la blessant. Les yeux de chouette de la déesse s'agrandissent encore plus en voyant Odin s'approcher perfidement d'Arès. La déesse s'envole rapidement entre les deux dieux, évitant à son collègue le coup douloureux. Elle reçoit le coup d'épée au ventre. Elle tombe par terre, recroquevillée par la douleur insoutenable. Arès se retourne, étonné de voir Athéna blessée d'un coup si atroce. Une lueur d'inquiétude et de colère traverse ses sombres yeux. Il fonce sur Odin, le blessant à son œil valide. Le Germain disparait du champ de bataille aveuglé. Arès se retourne pour tomber nez-à-nez avec Mnémosyne elle-même. Cette dernière, sourire narquois, l'analyse avec intérêt et arrogance pendant quelques secondes et lui lance :
— Arès... Le militaire en chef des troupes olympiennes, non ? Je remarque que vous êtes seul... piètre commandant. Vous ne pouvez rien contre nous... Comment votre chère amie et ennemie vous appelait déjà ? Tête brûlée, immortel impétueux et farouche...
Arès, énervé que la Titanide le provoque, s'avance vers elle, lance à la main, prêt à lui transpercer la gorge, mais une flèche se plante soudainement dans le bras droit de la déesse qui quitte immédiatement le champ de bataille. Le dieu se retourne et discerne Artémis. Cette dernière, avec son mari à ses côtés, salue l'Olympien et revient auprès de son frère comme infirmière.
Un cesse-le-feu est immédiatement entendu, les deux opposants se retirent dans leur retranchement, guérissant leur blessure. Arès part s'informer de l'état des mortels et surtout de sa collègue. Artémis, avec son mari, Selvans, dieu étrusque des forêts, qui veille à la frontière entre les lieux habités et les lieux sauvages, sont autour d'Athéna. Cette dernière, allongée sur le dos, les yeux fermées, la respiration saccadée, semble dormir. Arès s'assoit à côté de sa collègue, la tenant par la main, lui murmure :
— Désolé, ma vieille, j'espère que tu te rétabliras rapidement. Je suis plus coriace que toi, ça ne m'aurait pas mis dans cet état. Il faut que tu soit rapidement fonctionnelle, ma chère collègue. Tu en es capable! Tu es suffisamment forte! Vas-y! On a besoin de toi au front.
Athéna ne lui répond pas, libère sa main de la sienne et murmure, à peine audible pour les oreilles divines :
— J'ignore si un dieu peut mourir, mais je regrette ne pas être mère avec mon amour, mon... Attend! Arès, tu es à ma droite! Tais-toi Athéna! Tais-toi méchante vieille chouette! Je sais bien que tout est perdu. Pas besoin qu'Arès se moque de toi.
Arès, perplexe, dégage quelques cheveux du visage de la déesse pour les placer derrière ses oreilles et remarque son regard, habituellement toujours brillant éteint, comme si sa lumière naturelle, fascinante et effrayante l'avait quitté. Le dieu est très inquiet pour la santé de sa collègue. Ivan Petrovich Pavlov, du cadre de la porte de la chambre, commente au dieu la situation :
— Polkovnik, je vous informe qu'Athéna, selon Apollon, doit se reposer deux jours. La blessure est sérieuse, mais un repos et des pansements d'ambroisie sont nécessaires. Ne vous inquiétez pas, ma protectrice s'en sortira bien du coup bas d'Odin.
Le dieu se retourne et demande à l'esprit errant :
— Comment vont nos troupes ? Comment vont les mortels ? Rien de dangereux, j'espère.
— Polkovnik, les mortels vont bien. Demain, leur blessure sera guérie.
— Merci de l'information.
Arès sort de la chambre, regardant tristement sa collègue pour rejoindre les mortels et les autres dieux dans la salle voisine. Mélinda, la mieux rétablie du groupe, berce Aiden entre ses bras. Le petit bébé apporté par Artémis en venant prêter main-forte à son frère est tranquille, endormi entre les bras de sa mère.
Le cœur d'Arès s'attendrit en voyant la petite famille si heureuse malgré la situation de guerre. Une larme s'échappe de ses yeux sombres qui ont connus trop d'horreur. Mélinda salue le dieu et lui demande :
— Arès, j'espère que vous allez bien. Nous avons deux jours de repos. Je suis tellement contente de revoir mon fils, mon petit Aiden. Il a tellement grandi. Je pourrai enfin le nourrir de mon lait, après une petite dose de lait divin, de retour à sa maman.
Le dieu lui sourit, sourire nostalgique, ému en son cœur de la joie de la jeune mère et de Jim Clancy, lui rappelant sa propre joie lorsqu'il était père il y a plusieurs millénaires. Tout est tellement trop loin pour le dieu qu'il verse même, loin du regard des mortels, dans une autre salle, une larme de tristesse et de nostalgie...
Calliope, l'épouse d'Apollon, informe Arès de l'état de Jim Clancy, d'Élie James et d'Athéna :
— Les deux mortels sont très chanceux, leurs blessures, certes nombreuses, sont superficielles. Demain, en après-midi, ils seront de retour à leur état de santé normal. Pour Mélinda, elle est déjà en bonne santé. Apollon s'est consacré à l'aider en premier. Pour Athéna, demain en après-midi, nous aurons un meilleur aperçu de son état de santé.
Arès opine du chef et quitte la salle. Il revient dans la salle où était les mortels et leur annonce le prochain plan d'attaque :
— Mortels, protégé et esprit, nous avons une pause des combats jusqu'à après-demain. Je propose de changer de stratégie. Prenons le nord-est et essayons de piéger Mnémosyne pour la blesser et la réduire à néant. J'attends qu'Athéna se rétablisse pour mettre en action notre stratégie.
— Et, murmure le dieu pour lui-même, propos que l'esprit soviétique capte, Odin, tu le paieras pour oser attaquer perfidement une femme, salaud sans manière!
Le lendemain matin, Arès aux côtés d'Athéna l'observe attentivement, très angoissé pour elle, surtout qu'il s'inquiète pour sa santé. Certes, la respiration n'était plus saccadée, mais elle demeure toujours allongée dans le lit, les yeux fermés. Le dieu lui murmure de sa voix la plus douce et paternelle :
— Athéna aux yeux de chouette, déesse aux yeux pers, destructrice des cités, m'entends-tu ? Es-tu vivante ? Rien ne te fait mal ?
Le dieu lui serre la main droite pour lui signifier son soutien. Athéna ouvre les yeux et lui chuchote en sifflant légèrement :
— Arès ? C'est toi. Bien toi, en chair et en os. J'ai l'impression de sortir d'un long rêve... J'ai entendu Apollon m'informer qu'il fera tout pour me sauver, le coup d'Odin était retors et magique. Il m'a plongé dans un sommeil et une douleur que je ne pensais pas pouvoir m'en sortir. Mais surtout, je crains le pire...
La déesse éclate en sanglots devant un collègue confus. Mais Arès la berce doucement pour la rassurer, ne comprenant pas le sens de ses paroles.
Apollon s'avance vers les deux dieux et murmure à Arès :
— Je vais vous expliquer la situation.
Le dieu de la guerre se relève et fait signe à son interlocuteur de continuer son discours.
— Le coup bas, très bas d'Odin est un coup magique qui affaiblit celui qui reçoit le coup, le plongeant dans un sommeil et une douleur innommable pendant cinq jours, mais, avec mon traitement, j'ai accéléré en deux jours la torture. Demain, je vais faire un test à Athéna, pour vérifier certaines fonctions. Je crains que certaines soient irrémédiablement affectées.
Arès, certain qu'Apollon lui cache une importante information, ne cherche pas à en savoir plus et s'éclipse de la chambre, laissant le médecin faire son travail. Il revient auprès des mortels, ne parvenant à cacher son inquiétude. Dès que le dieu s'est éloigné pour réfléchir à la prochaine attaque contre les Titans, Ivan Petrovich salue Mélinda et lui affirme sérieusement :
— J'ai l'impression qu'Arès n'est pas trop dans son assiette depuis que ma protectrice est aux soins intensifs, je me demande s'il ne l'aime pas... C'est vrai qu'ils forment un joli couple.
— Vous êtes comique! lui réplique en riant la jeune mère, Vous êtes le seul à voir de l'amour entre eux, alors qu'une collaboration entre collègues est uniquement présente. Vous êtes très romantique.
L'esprit errant se renfrogne et maugrée :
— Vous ne me prenez pas au sérieux. Un peu de respect pour le vieux militaire que je suis.
Mélinda soupire de l'attitude de l'esprit soviétique et berce Aiden entre ses bras.
Le lendemain matin, Artémis et Selvans, avec Aiden, reviennent à Vladivostok. Arès attend qu'Apollon termine les derniers tests sur Athéna pour déterminer leur prochain plan d'attaque. Une heure plus tard, Athéna sort de la chambre très fatiguée, des cernes immenses sous les yeux, les cheveux en bataille, des traces de larmes dans le coin des yeux. Arès est très alarmé de son apparence. La déesse sourit faiblement aux individus de l'unité spéciale et écoute Arès avant de suggérer son propre plan. Elle affirme :
— Arès, je refuse votre plan. J'ai une meilleure idée. Laissons Mnémosyne et son régiment en attente. Nous irons en Béotie, à Livadia où une unité de Thémis est sur les lieux. Ivan Petrovich nous informera de l'importance des forces.
— D'accord, collègue, réplique Arès, mais êtes-vous certaine de ne pas vouloir vous reposer ? Vous êtes très livide ?
— Non. C'est correct. Il ne manque que mon pauvre corps se rétablisse du coup bas du nazi. Sinon, je me sens beaucoup mieux, toutes mes fonctions vitales sont excellentes, mon appétit est de retour. Tout est correct pour moi.
Arès opine du chef, grommelle quelques vagues paroles incompréhensibles et ordonne à la troupe de se préparer pour le voyage jusqu'à Livadia.
Arès conduit l'avion militaire de Paros jusqu'à Athènes. Et depuis Athènes jusqu'à Livadia, l'unité spéciale prend une voiture. En passant devant Thèbes, Athéna exige à son collègue de s'arrêter. Sourire énigmatique aux lèvres, entièrement rétablie du coup d'Odin, elle clame à Élie James :
— Mon protégé, maintenant nous arrivons à l'étape où vous devez prouver votre héroïsme, autant en usant de la force de vos bras et de vos jambes, que de votre intelligence et de vos connaissances philosophiques et psychologiques. Bienvenue à Thèbes.
Le professeur de psychologie de l'Université Rockland ravale sa salive et opine du chef, ramassant son courage pour se préparer à affronter les créatures mythiques qu'il rencontrera dans la ville grecque.
À suivre.